Femmes: Faible accès aux sphères de décisions

· La représentation politique des femmes en régression
· Les partis ne respectent pas leurs engagements sur la question
Si la Constitution et toutes les lois électorales stipulent l’égalité des deux sexes en droits politiques, la pratique à tous les niveaux a dépourvu ce principe égalitaire de tout bon sens. Les échéances électorales ont, en effet, montré que les femmes, même aspirant à jouer pleinement leur rôle d’acteurs politiques, demeurent de simples spectatrices du champ politique national, éloignées des sphères de décision.
Intervenant lors d’une journée d’information-sensibilisation au profit de plusieurs associations de l’Oriental, organisée dernièrement à Oujda par l’Association des femmes démocrates au Maroc avec l’appui de l’Union européenne et en partenariat avec le Réseau associatif de développement de l’Oriental (RADO), Rachida Tahiri a expliqué, chiffres à l’appui, que le rôle des femmes est limité à soutenir les candidats hommes. Et aussi à voter et, partant, elles ont très peu de chances d’accéder aux mandats électoraux et fonctions électives. Ainsi, souligne-t-elle, la représentation politique des femmes «reste formelle tant au niveau central que local». Et de rappeler dans ce cadre que «le Maroc qui occupait le 62e rang au plan international et le deuxième au niveau arabe a régressé respectivement aux 92e et 7e places entre 2002 et 2007. Au fait, le nombre de femmes candidates aux différentes échéances électorales est encore dérisoire pour ne pas dire insignifiant, souligne-t-elle. Au terme des élections communales de 2003, sur les 122.609 candidatures, les femmes ne représentaient que 5%, soit à peine 6.024 candidates dont seulement 127 ont été élues (soit 0,53% par rapport à l’ensemble des sièges).
Ce recul résulte du fait que les femmes n’ont pas été associées aux débats sur les lois électorales, le code électoral, le découpage électoral, la liste nationale, la loi sur les partis.
C’est pourquoi, explique de son côté Khadija Errabah, le mouvement pour le tiers des sièges, composé de plus de 500 associations, revendique, à travers ses différentes structures de coordination, au moins 33% de l’ensemble des sièges des différents organismes élus. Dans ce contexte, la lutte menée par les femmes démocrates, rappelle Errabah, s’articule autour de trois axes.
D’abord, une action socioculturelle sensibilisatrice de toutes les composantes de la société civile, ensuite une action législative visant l’institutionnalisation des mesures et dispositions positives relatives aux lois électorales dont notamment la discrimination positive (le quota), et enfin une action politique à même d’impliquer les partis en les poussant à adopter des stratégies appropriées favorables à l’accès des femmes aux sphères de décision, encore monopole exclusif des hommes.
De leur part, Fatima Benazza, avocate au barreau d’Oujda, et Abdellah Idrissi, professeur à la faculté de droit de la même ville, n’ont pas mâché leurs mots dénonçant les décideurs politiques qui oeuvrent au maintien du statu quo. Les partis politiques ont également été mis à l’index pour leur faible engagement envers la représentation politique des femmes.
Les deux intervenant estiment que, outre les lois positives, la culture politique n’est guère favorable à une représentation équitable des femmes.
Lors des débats, animateurs et participants ont déploré la non-association des femmes aux concertations et discussions menées autour des élections, la non-institutionnalisation des mécanismes et mesures garantissant une meilleure représentation des femmes en tant que citoyennes à part entière et l’instauration d’un seuil trop limité vidant le principe du quota de tout bon sens.
Equitable représentativité
Le nécessaire renforcement des capacités des femmes a été également évoqué lors de cette journée.
Toutefois, la représentativité politique des femmes, quel que soit son volume, ne devrait pas profiter aux seules femmes du centre, principalement l’axe Rabat-Casablanca, ont estimé certaines intervenantes. Toute représentation doit être équitablement déclinée au niveau local aussi. D’autres soutiennent que la consolidation du processus démocratique de notre pays passe d’abord par la promotion du vote utile qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes.
Mohammed ZERHOUDI
L’ECONOMISTE




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