L’ex-Bibliothèque Municipale du temps où le livre était roi…. الخزانة البلدية(س): يوم كان الكتاب ملكا

C’était une belle villa coloniale. Elle se dressait face à la place
16 Août., toute fière d’être le témoin de son temps. Des années durant , elle a réussi à résister à ses détracteurs jusqu’au dernier souffle avant d’être démolie sans aucun égard ni respect ni pour sa beauté ni pour son passé. Dès que vous franchissiez le petit portail de cette résidence, une pelouse .des mieux entretenues. des plus fraîches plantée d’un palmier presque centenaire vous accueillait et vous invitait,si l’envie vous prenait,à vous reposer sur un banc public installé à cet effet .Sitôt les trois marches de marbre escaladées,une véranda au carrelage poli par les ans et aux murs bas vous invitait les bras ouverts à entrer dans le temple du savoir gardé, il faut bien le rappeler, par un irascible Chaouch tel le sphinx protégeant les trésors des pyramides car il s’agissait de vrais trésors : les livres. A l’intérieur régnait un silence de sanctuaire
.La bibliothèque était composée de deux salles de lecture : l’une d’elle était vaste,aérée et bien illuminée,la moins vaste donnait sur le jardin et était réservée aux adultes vue qu’elle renfermait des ouvrages de valeur :des encyclopédies,des livres jalousement enfermés dans des placards à double tour car traitant des questions religieuses qu’on aimait séparer des autres écrits « profanes »contrairement aux autres publications du « salon public » qu’on pouvait approcher, caresser affectueusement retirer même de leur place,les consulter et les remettre là où ils étaient avec la dignité qu’ils leur revenait mais toujours sous l’œil vigilant et le sourire aimable des sympathiques Reda et Debbouza. C’est dans cet espace spirituel, mystique et presque religieux que toute une génération a fait sa formation intellectuelle. Je suis persuadé que ceux ,des oujdis(es), et celles qui avaient frotté leurs pantalons et leurs jupes sur les chaises de cette bibliothèque,et qui sont devenus(es) par la suite des enseignants(es),des avocats(es),des politiques, de hauts cadres de l’Etat doivent beaucoup à cet espace légendaire.Ils se rappelleront avec gratitude les bienfaits de ces années passées parmi les graphies des lettres et le parfum du papyrus en train de bûcher, de glaner la connaissance,la lumière à la manière des moines ou des soeurs retranchés dans un couvent ou un monastère.
Aujourd’hui,ce bel et mythique endroit plein de souvenirs n’existe plus hélas !!! La bibliothèque municipale a été transférée, à tort , au BD Saoura d’où son nom d’ailleurs, car cela va à l’encontre de l’esprit de proximité qui régit les services publics en général.
Le conseil de la ville devrait revoir cet état de fait. Une bibliothèque municipale est avant tout la propriété de la ville et non d’une telle ou telle tendance idéologique. Nos élus devraient travailler dans ce sens afin de doter notre ville d’une bibliothèque de proximité car .heureusement, l’espace renouvelable ou « réaménageable » existe encore. Notre future bibliothèque municipale doit être imaginée au sein d’autres espace culturels : cinémathèque, salle de conférence, galerie d’exposition d’art,une estrade de représentations…Cette bibliothèque doit être dirigée et gérée par un intellectuel intègre et apolitique et ouvert qui doit respecter un cahier de charges bien défini et prêt à rendre les comptes…
C’est vrai que la culture dans notre ville connaît ses années les plus maigres depuis bien longtemps,mais celà ne doit pas être perçu comme une fatalité.Pour celà,il faut mobiliser toutes les synergies en faisant un pas vers les
gens des lettres et des arts car, oujdis qu’ils sont, nos créateurs ont leur petite fièrté au bout du nez !!!




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