FRIHA était le surnom que nous lui donnions au quartier.En vérité,son vrai nom est S…..Friha(le vrai) était un joueur de foot-ball qui avait fait les beaux jour du M.C.Oran.A l’époque glorieuse de ce joueur, Salah habitait Oran au quartier EL HEMRI fief du fameux club oranais.C’était là où’il avait appris à jouer au ballon rond.Fraichement débarqué à Oujda,il gardait tout d’Oran et ne jurait que par cette ville.Tout ce qu’il nous racontait nous fascinait: sa scolarité difficile chez les pères de St Augustin,ses écoles buissonieres aux Andalouses,ses prises de bec avec les enfants de son age qui l’insultaient souvent à cause d’un but marqué par lui « marroki kalb »(chien de marocain) lui dirent ils souvent, et bien sûr l’ambiance au stade d’El Hemri animée par une musique d’arène espagnole à l’entrée des deux équipes comme s’il aurait s’agit d’un duel meurtrier entre un matador et un taureau….
Comme toutes les amitiés,la nôtre naquît par hasard. Je me souviens encore du jour où FRIHA m’avait approché en me montrant un cahier-album où il avait collé avec art et goût de belles photos des stars de la chanson française,anglaise et américaine qu’il découpait de la revue culte « Salut les Copains ».Ce fut le coup de foudre entre nous deux. Je ne savais ce qui lui plaisait en ma personne et qui l’aurait poussé à s’y attacher

.Quant à moi, les raisons de mon attachement à lui étaient plus claires :FRIHA représentait un modèle car il incarnait la modernité.C’est ainsi qu’on se voyait chaque jour.FRIHA m’ouvrit ,par ses récits, d’autres horizons.C’était ainsi que
je découvris Pierre et Marie Curie (lycée où il étudiait),je pus connaitre par leurs noms ses profs, ses camarades de classe de tous bords: français,espagnols,juifs,algériens et que sais-je encore ? Chaque soir (quand c’était possible/où le dimanche), il me faisait le compte-rendu de tout ce qu’il avait vécu au lycée, Cela ressemblait énormément à des contes de mille et une nuit.
La tâche de Salah ne s’arrêta pas là…Il m’initia à l’histoire de France, à la littérature française,à ses penseurs,ses poètes,ses philosophe et ses romanciers .Chaque fois qu’il lisait un roman,il m’en faisait le résumé oral.Je suivais ce qu’il me racontait avec enthousiasme et jalousie.A cette période, ces œuvres là m’étaient inaccessibles vu le niveau très modeste que j’avais de la langue française.C’est grâce à lui aussi que je m’étais fait une culture de la musique occidentale et du cinéma.Que de fois,nous sommes allés nous régaler d’un film projeté en séance spéciale au Colisée et dont nos faisions le commentaire après.!!!

Aussi,jamais, je n’oublierai cet après-midi de fin de juin quand FRIHA à l’occasion d’une kermesse de fin d’année m’introduisit dans son lycée Pierre-Marie Curie à ses risques et périls car l’ accès était strictement interdit aux étrangers de l’établissement .C’était comme s’ il voulait me faire découvrir ce monde dont il me parlait souvent et qui me faisait rêver.Cet après-midi là,je priai Dieu que l’on ne m’ interpelle pas en français car ma timidité m’aurait trahi et je serais peut être mort de honte!!!
FRIHA et moi nous étions aussi les confidents l’un de l’autre .Que d’amourettes nos nous sommes racontées.!..Que de soupirs! Que de rêves! Que de rigolades!!!!!
Après son bac, FRIHA alla en France pour terminer ses études.Cette période était ponctuée par une correspondance plus au moins régulière,mais nous n’avions
jamais coupé les ponts.Des années après,il rentra au Maroc où il s’installa définitivement à Rabat…
Il y a des amitiés qui sont tellement scellées qu’elles résistent aux aléas du temps.La nôtre,celle de FEIHA et moi, n’en est pas une paraît-il. Son mariage en était pour beaucoup. Friha que je connaissais n’est plus le même.Il a préféré prendre ses distances..c’est dommage!!!
A Dieu FRIHA ;Je t’aimais bien !!!
C’est dure…trés dure l’AMITIE non ?