Autrefois, dans la région de l’oriental, on avait cette habitude héritée des arabes d’appeler les gens selon leur appartenance tribale : Znasni (beni znassen), loukili(beni oukil)….etc C’est pourquoi ce marchand de beignets de renommée était appelé de la sorte (bouzagaoui) car il était, parait-il, originaire de la tribu de Beni Bouzagou entité amazigh qui habitait le flanc oriental des monts de beni znassen cotoyant la nationale Oujda-Laayoun. echarkia El Bouzagaoui était un excellent faiseur de beignets. Il avait la main comme on dit chez nous.

Il tenait un coin du café maure de Lakhdar le manchot ( sise bd Al Maghreb el Arabi)t. Là, étaient installés, son fourneau,son poêle bien fixé à une paillasse au carrelage blanc. A droite, était posé un bac en zinc dont le couvercle était troué d’une dizaine de points pour laisser passer l’huile qui égouttait de ces friandes pâtisseries populaires A gauche, il rangeait ses bûches de bois..

El Bouzagaoui modelait la pâte en forme de petits cercles et les posait gracieusement sur de l’huile bouillonnante. Mohamed,son aide, s’occupait de la cuisson et de la distribution. On ne savait pas qui rendait ces beignets si appétissants et si délicieux à croquer. Est-ce El Bouzagaoui qui savait seul le secret de la recette de la pâte ou c’était son lieutenant qui savait cuire? El Bouzagaoui travaillait debout les yeux fixés tout le temps sur un miroir accroché au mur.

Pour les indifférents, c’était un miroir tout court alors que c’en était autrement. Ce carré de verre faisait la fonction d’un rétroviseur duquel il pouvait contrôler toutes les tables à qui il avait servi sa marchandise. Que de fois, Mohamed devait poursuivre certains clients oublieux ou malintentionnés jusqu’ au dehors pour leur rappeler qu’ils devaient s’acquitter de leur du… Des années plus tard, le café maure ferma et la beignerie » avec .El Bouzagaoui devait déménager non loin à une autre boutique petite et sombre et qui ne pouvait contenir qu’une seule table…mais l’ambiance et les affaires n’étaient plus les mêmes.. Mohamed quitta son patron. El Bouzagaoui n’avait plus besoin ni d’un aide ni de son miroir-rétroviseur!!!!