SAIDIA…dans un Entretien avec Mohammed Brahimi, wali de la région de l’Oriental

Comment réhabiliter Saïdia
Entretien avec Mohammed Brahimi, wali de la région de l’Oriental
· De grands dysfonctionnements à éradiquer
· Une grande opération de lifting à réussir
· Un plan d’aménagement en préparation
Mohammed Brahimi, wali de la région de l’Oriental ne mâche pas ses mots pour dénoncer la grave dégradation dans laquelle se trouve la ville de Saïdia. Qui pourtant devrait offrir un produit de haut niveau. Brahimi fait également le point sur l’avenir de cette belle station balnéaire de la Méditerranée.
· L’Economiste: Comment évaluez-vous la situation prévalant dans la ville de Saïdia ?
– Mohammed Brahimi: Cette belle station d’estivage, qui devrait offrir un produit de haut niveau, connaît, en effet, une forte dégradation. Ni le territoire, ni la trame viaire, ni le périmètre maritime ne permettent de recevoir en période estivale un flux d’environ 300.000 estivants alors que la ville ne compte que 3.000 habitants. Il y a un déficit énorme en matière d’espace, de voirie et d’organisation. La pression est forte sur l’espace urbain, l’armature maritime, la plage, l’offre de logements.
Le réseau commercial et l’infrastructure en pâtissent aussi, d’où un étouffement du centre ville et une trop forte pression démographique sur l’espace urbain. Les différentes infrastructures exploitées entraînent une détérioration des services publics (voirie, éclairage public, collecte d’ordures ménagères, services de santé, sécurité urbaine et maritime…), ce qui donne l’apparence d’un vrai désordre urbain, d’un décalage énorme entre la demande en ces deux mois (juillet et août) et la capacité d’accueil pour laquelle Saïdia n’est pas prête, d’autant plus que les 12 km prélevés du littoral ne sont pas une longueur dimensionnée et que la seule pénétrante de la ville est devenue un lieu de conflits.
Par ailleurs, l’occupation du bien public et maritime est démesurée et illégale, les implantations commerciales désordonnées. Quant au développement urbain incontrôlé au cours des 5 dernières décades, il explique les incohérences urbaines, les constructions non réglementaires et la prolifération de l’habitat clandestin.
Cette dégradation est encore aggravée par l’absence d’infrastructures et d’équipements adéquats, du réseau d’assainissement. La collecte d’ordures ménagères est déficitaire. Les moyens logistiques, humains et financiers mis en place sont insuffisants pour faire face à la pression estivale.
· Que faut-il faire pour contenir cette situation et redonner à la ville son lustre de belle station d’estivage?
– Une mise à niveau est programmée sur instructions royales. Cette mise à niveau suppose la possibilité d’apporter des réponses à tous ces déficits. Il s’agira de régler le problème de la circulation avec une grande fluidité à assurer à travers l’ouverture de pénétrantes à double voie, l’élargissement des boulevards, des dessertes urbaines, le renforcement de la trame viaire, l’amélioration de l’offre en parkings ainsi que la mise en place d’un réseau d’assainissement dimensionné par rapport à ce pic estival. Au programme du plan projeté, devrait figurer aussi la création d’un système de ramassage des ordures ménagères avec une gestion déléguée tout comme le renforcement du système de distribution de l’eau potable et la réfection du réseau d’éclairage public.
· On constate une anarchie flagrante dans l’urbanisation de la ville. Envisage-t-on des mesures pour stopper ce phénomène?
– Au volet de l’urbanisme, une étude du plan d’aménagement vient d’être lancée et le marché d’étude déjà adjugé.
Ce plan a pour but de redéfinir une meilleure cohérence urbaine et de planifier de façon plus pertinente et maîtrisée le développement urbain futur de cette cité balnéaire. En outre, des actions de redressement, d’aménagement et de restructuration sont à entreprendre pour dédensifier le centre ville, améliorer les infrastructures et les prestations de services publics dans les différentes zones urbaines et reconfigurer la ville, selon des normes modernes qui exigent de Saïdia le standard d’une véritable station balnéaire.
Le 3e type d’actions concerne les aménagements de mise à niveau de ce site balnéaire. Il s’agit en particulier d’aménager une vraie corniche, de bien traiter le front de mer (ordonnancement architectural, amélioration des façades, du design des commerces et des zones d’animation, voie piétonne, éclairage public, etc.).
Dans ce contexte, il est question aussi de segmenter la plage en zones à vocations différentes: sports de plage, sports de mer, zones de commerce et d’animation de plage, zones de baigneurs… et ce dans le respect des normes de sécurité, de tranquillité publique et l’élimination de toutes les formes de risques de pollutions physiques et sonores.
Les occupations sur le littoral seront également revues avec l’ouverture de percées visuelles et l’amélioration de l’occupation minérale et végétale du front de mer.
Il s’agira enfin de renforcer l’offre en résidences, en campings de standing honorable et en activités d’animation culturelle et festive à travers une meilleure distribution de ces activités sur l’espace urbain et le domaine maritime.
En somme, l’objectif global demeure le renforcement des infrastructures, l’amélioration de l’esthétique urbaine et de l’organisation des occupations du domaine et des activités marchandes. Il s’agira aussi de renforcer et d’améliorer le confort de l’estivant. Le niveau d’aménagement urbain, d’architecture tout comme la physionomie générale du centre de Saïdia devraient être relevés afin d’éviter une trop grande rupture avec le projet Fadesa.
Les études du plan de mise à niveau, initié sur instructions royales, sont lancées et confiées à un cabinet d’urbanisme et d’architecture.
La restitution des résultats sera remise à Sa Majesté le Roi et le gouvernement mettra en place les moyens nécessaires à la réalisation de cette grande opération de lifting et de mise à niveau de Saïdia.
Propos recueillis par
Mohammed ZERHOUDI
d’aprés L’ECONOMISTE
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