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Réformer l’école ou – dégraisser le mammouth

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« L’école », un mot si ressassé, ces jours-ci, à en rebuter les plus optimistes. Justement le mot n’est pas creux, il est plein de sens aussi faut-il le manier avec précaution. En effet, comme à l’heure de chaque « réforme », une pléthore de discours fuse de toutes parts allant de la critique la plus alarmantes annonçant la faillite totale de l’école aux jérémiades les plus absurdes. S’il est légitime que ce secteur, socle de tout projet sociétal, suscite autant d’intérêt, la qualité des discours cache mal les réticences des intervenants (pédagogues, parents d’élèves…) à s’affranchir des clivages et à penser l’école comme un bien commun, au-delà des divergences d’intérêt et d’opinion. Or, cette démarche se révèle hors d’atteinte, du moins aujourd’hui, surtout dans l’absence d’une culture de débat pour confronter les arguments et dissiper les convergences ; car si l’unanimité sur l’urgence de la réforme ne peut être niée, poser les problèmes n’est pas suffisant, il faut les décomposer et on ne répéterait jamais assez que « la critique est aisée, mais l’art difficile »

L’heure est au changement et il ne s’agit pas de réformer pour le plaisir de réformer, mais la Réforme à opérer doit être mûrement réfléchie, surtout consciente de ses objectifs, des objectifs pragmatiques définis par les besoins réels, à l’aune des moyens disponibles…Une réforme mesurable, soutenue par des critères d’évaluation palpables et précis.

La réforme de l’école n’est pas une mince affaire, c’est un ajustement bien proportionné, et quand on demande peu ou trop à l’école, celle-ci ne suit pas, elle finit même par nous rire au nez, car le secteur est fondamental, une pierre angulaire qui soutient tout l’édifice social. Tricher donc sur les assises d’une société c’est sûrement les scier. Un ancien ministre français de l’Education nationale a parlé lors d’une réforme de « dégraisser le mammouth », je dirais pour notre cas qu’il faudrait d’abord le dégeler pour voir à quoi il ressemble, sans compter encore une fois sur les chaleureux discours et le zèle ardents de cette gente de pédagogues qui a hérité du sort de notre enseignement et qui a déjà à son actif plusieurs « réformes/prouesses » jetées aux oubliettes sans rendre le moindre compte.

L’école d’aujourd’hui et de demain a besoin d’un souffle nouveau, des individus compétents pour relever les défis et assez courageux et clairvoyants pour porter le projet éducatif, en rendre compte devant la nation. L’école de demain a besoin d’un nouveau souffle qui réhabilite son identité, la crédibilise et lui insuffle assez d’énergie pour s’inscrire dans l’ère de la mondialisation. L’équation est certes difficile, mais ce n’est pas la quadrature du cercle ; il s’agit, aujourd’hui plus qu’autrefois, de revaloriser à l’aune de la mondialisation le séculaire rôle de l’école qui est de doter nos générations d’un Savoir partagé (socle de citoyenneté nécessaire à toute vie en communauté). Cette revalorisation devrait relever le défi de conforter notre identité, lui donner les moyens de compétitivité nécessaires pour s’affirmer aussi bien au niveau national que mondial. L’école est appelée, dans ce sens, à réhabiliter le savoir, à le mettre au centre de l’action pédagogique, quitte à détrôner l’élève de ce dit centre qui n’a fait que dévaloriser le savoir et survaloriser l’élève. L’école est au rabais, parmi autre mais principalement, à cause de ce nivellement vers le bas du savoir ; d’ailleurs le constat est là, nos apprenants dans leur majorité se font une idée médiocre des programmes, rebutent l’effort intellectuel et ne considèrent le savoir que comme un moyen, pour passer d’un niveau à l’autre, et non comme un but.

Enfin, il faut repenser l’école loin des clivages politiques, syndicaux, sociaux ou ethniques…Il est temps de la repenser en citoyen, au-delà des petites visions et des intérêts personnelles, car c’est une affaire de tout le monde et chacun (responsables, enseignants, parents d’élèves…) doit commencer par faire sa propre remise en question.

* Behri Abdelaaziz, prof agrégé
Lycée Guénon Rabat

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1 Comment

  1. abdelaziz.s
    23/07/2008 at 23:52

    C’est un article que je trouve interessant ,bon continuation et bon

    chance a vous

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