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Le rôle de l’inspecteur

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Les inspecteurs dont certains ont été, il n’y a pas longtemps de cela, les porte parole de l’institution, d’autres son porte voix, d’autres encore son tambour de ville d’autres enfin son épouvantail, se voient à présent laissés à l’abandon après des années de fidèles et loyaux services.

L’institution avait-elle une nouvelle méthode d’enseignement importée d’Europe ou du Canada, montée et huilée usine, à adopter dans son système éducatif ? Elle faisait appel à l’inspecteur qui venait, leçon apprise par cœur, réciter aux professeurs qui étaient sous sa jurisprudence ce qu’il lui avait été inculqué, avec la verve et l’enthousiasme d’un missionnaire. Il louait les bienfaits de cette nouvelle méthode- testée en laboratoire-, glorifiait ses aspects positifs, son apport à l’enseignement, ses profits pour les élèves, ses facilités d’adoption pour les professeurs , citait en exemple les pays- d’où elle avait fait le voyage- où elle a été adoptée avec bonheur et succès ; puis il se retournait contre l’ancienne méthode qu’il avait lui-même défendue auparavant pour la bafouer, la critiquer, la traiter d’être la cause de la faillite de l’école publique , de la baisse du niveau des élèves, de l’échec scolaire…Combien de méthodes l’inspecteur avait-il d’abord soutenues puis critiquées depuis ‘’à vous de parler’’, en passant par ’’l’apprentissage par les exercices structuraux’’, ‘’l’enseignement par objectifs’’, ‘’l’enseignement par compétences’’ avant d’arriver à ‘’l’enseignement par pertinences’’ ?

L’institution avait-elle un nouveau programme à introduire dans son système scolaire ? Elle mobilisait l’inspecteur qui, tout doux, tout doux, venait en exposer le bien fondé aux professeurs avec les arguments d’autorité nécessaires qu’il fallait pour cela. Combien de programmes l’inspecteur avait-il vu défiler tout au long de sa carrière d’inspecteurs depuis ‘’les manuels scolaires’’ jusqu’aux ‘’œuvres littéraires ‘’?

L’institution avait-elle une grille d’évaluation ou un mode passation à tester sur les élèves ? Elle désignait l’inspecteur pour la faire appliquer par les professeurs avec toute la rigueur que cela supposait.

Jamais l’inspecteur n’a mis en cause ni la méthode, ni le programme, ni la grille d’évaluation, ni le mode de passation…Jamais il n’a discuté avec l’institution qui l’a chargé de sa lourde charge sur les retombées de telle méthode ou de tel programme sur les élèves, sur leur apprentissage, sur leur niveau, sur leurs capacités d’assimilation.

Les inspecteurs, dont beaucoup sont à la retraite, d’autres attendent leur tour, d’autres encore ont gravi les échelons de la hiérarchie administrative pour se retrouver sur la plus haute marche du podium de la délégation d’où d’ailleurs certains n’ont pas pu tenir assez longtemps, alors que d’autres continuent à s’agripper tant bien que mal ,ont oublié qu’ils étaient des professeurs : ceux qui sont devenus délégués ont la tête au ministère et les pied à la délégation, ceux qui sont toujours au poste d’inspecteurs ont la tête et les pieds à la délégation. Les uns et les autres ont tourné le dos à leur passé d’anciens professeurs : ils ont préféré respirer le parfum du ministère et de la délégation plutôt qu’inhaler à pleines poumons l’odeur de la classe et de ses élèves, plutôt que de se pencher sur les programmes qui sont beaucoup plus larges que profonds, sur les cartables des élèves qui sont plus lourds, sur les difficultés du métier d’enseigner, sur les écueils de la mise application des méthodes. Ils se sont détournés de la mission pour laquelle ils ont été investis à savoir la conduite de l’école vers un lendemain meilleur, l’accompagnement des professeurs pour la réussite de l’école publique, l’adaptation des programmes au niveau réel des élèves, l’appropriation des méthodes aux contenus enseignés. Bref, la conduite de l’école vers sa réussite.

Ils réalisent à présent que l’école publique s’effondre et ils se sentent responsables de sa chute. Que faut-il faire pour la redresser ? Il faut retrousser les manches et se remettre au travail car très bientôt l’institution va les appeler à elle pour leur confier un nouveau programme, de nouvelles méthodes, de nouvelles grilles d’évaluation, de nouveaux modes de passation. Ils doivent placer pour cela l’intérêt de l’école et celui de l’élève au-dessus de toutes les considérations.

Ils sont sur la colline, ils doivent regarder en bas car la hauteur donne le vertige.

Ceux parmi les inspecteurs qui sont restés dignes sont certes peu nombreux mais ils ont donné leur temps et leur sang à l’école et continuent à le faire avec abnégation et amour pour leur profession qui est de guider à un moment où l’école a besoin de guide. Ils se sentent seuls, abandonnés, mais n’abandonnent pas. Ceux-là, ils dormiront du sommeil des justes et se réveilleront la conscience tranquille.

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7 Comments

  1. Abdelhamid RIYAHI
    21/05/2008 at 22:50

    Salam M. Zaid:
    Je salue cette critique qui, tout compte fait, est constructive.
    Je ne crois pas que les inspecteurs toutes catégories et disciplines confondues (Primaire, secondaire, Orientation, Planification, Services économique, Encadreurs des bibliothèques, régionaux des services administratifs, centraux ou généraux), oublient ou omettent qu’ils sont passés par l’exercice en classe. Il faut exclure certains cas qui n’ont jamais été enseignants; ils sont rares d’ailleurs.
    Les inspecteurs ont critiqué en tout temps, les curricula et les programmes. Seulement, c’était informel, depuis l’indépendance.
    Depuis quelques années, la critique est devenue systématique et de façon organisée, avec la venue du syndicat des inspecteurs de l’enseignement (visitez: synd-inspect.org).
    Cela ne change rien à la politique éducative au Maroc, parce que les responsables « désignés », et non pas élus, acquièrent l’immunité du makhzen. Critiquez ou même proposez ce que vous voulez, cela ne fait aucun effet…
    Je n’ai pas la prétention de vous influencer ou même de vous convaincre de mon point de vue, ou de celui de mes collègues.
    Vous êtes assez grand, pour avoir votre parti pris, et pour acquérir des attitudes qui facilitent la perception claire des phénomènes qui pourrissent notre société.
    Je vous remercie, de toutes façons …

  2. AH
    21/05/2008 at 22:50

    En lisant cet article j’ai pas pu cerner le problème que vous traiter . Le role d’inspecteur est d’encadrer , former et veiller à l’application des instructions et programmes officielles
    De quel droit il doit mettre en cause ces derniers et ne pas les
    appliquer?
    IL faut distihguer deux choses : critiquer , donner son opinion
    et appliquerl’officielle
    Comme on est dans un pays democratique il y a plusieurs voix pour changer des methodes ou des programes:
    Les reunions – les conseils – les associations …..

  3. محمد المقدم
    21/05/2008 at 22:50

    عجبت لهذا المقال من رجل تعليم يعمم ويصنف ويلقي اللوم والعتاب ويتهم فئة عريضة من المفتشين ,وليست هذه المرة الآولى ,مما يدل على اتهام مبالغ فيه .فقد يكون بعض المفتشين من هذا الصنف ,لكن الصبف المجد المثابر أيضا موجود بكثرة .بل كان عليك تتبع بعض الأعمال والملتقيات واللقاءات والندوات والدراسات لتعلم أن الكثيرين عكس ما تدعي ,وأنك بعيد عن عالم التاطير والمراقبة ,وحتى تكون مرتاحا لست مفتشا تربويا ولكنني أجالسهم واجتمع معهم وأعلم ما لا تعلم أنهم يعدون العدة لكل عمل وبشكل جماعي وعلى سبيل المثال لمجرد يوم تكويني واحد أقل المفتشين جدية يهيء له ما يزيد على خمسين ساعة أو أكثر بل وصل بعضهم الى أشهر ,وان كانت أقلية من زمن الماضي زمن الغفلة لكن دورهم بدأ يتقلص والتحدي اصبح يفرض عليهم الانخراط . وما بالك اذا علمت أن بعض الأساتذة اصبح يرفض التفتيش لأنه لم بمنح نقطة كاملة أي 20 على 20 ,ونحن نعمل معهم على تهدئة الأجواء ومحاولة التركيز على التاطير والزيارات التكوينية عوض الأسلوب الذي تحدثت عنه ولو كان كل مفتش يحاسب المدرس بقدر ما تنص عليه المذكرات لكانت الأمور كارثية,وما بالك بالأستاذ الذي يمنح أصفارا لنصف تلامذة القسم ,وما بالك بالأستاذ الذي يحضر الى القسم بدون أية وثيقة ووما بالك بالأستاذ الذي لا يملك دفترا للنصوص وما بالك …وما بالك …ان الوضع يحمل الكثير من الوقفات ولا داعي لكتابات واتهامات مجانية كلنا مسئولون عن التردي وكلنا ساهمنا في التردي وكلنا لانعمل الكثير لاصلاح الأوضاع.

  4. zaid Tayeb
    22/05/2008 at 14:05

    Monsieur Lamkaddam, j’ai beaucoup de respect pour votre personne et je lis tout ce que vous écrivez. V ous n’êtes pas de ceux qui ont la vue à portée de leur nez; Mon article ne généralise pas et ce qu’il dit ne s’applique aucunement à tous les inspecteurs comme vous dites. ceux à qui il s’adresse se reconnaissent à travers ce qu’il dit et la langue avec laquelle il est dit. J’ai des amis inspecteurs, et ils sont nombreux , travaillaurs et actifs: je m’incline devant ce qu’ils font.
    très bientôt, vous lirez un article sur la catégorie des professeurs dont vous avez parlé sans ménagement.
    Avec tous mes respects.

  5. zaid Tayeb
    22/05/2008 at 14:05

    M.RIYAHI, bonjour: ma critique ne vise aucunement les personnes mais la façon dont ces personnes travaillent. Que gagnerai-je si je me fais des ennemis parmi les inspecteurs alors que j’enai parmi eux des amis très intimes que je respecte et qui me respectent?
    Ce que vous ne savez certainement pas c’est que si les inspecteurs discutent des programmes et des méthodes entre eux de manière officieuse, ils ne le font jamais avec les professeurs pendant les réunions officielles. Ils posent les programmes et les méthodes comme un tabou et cherchent à ce que les professeurs les appliquent de manière systématique. je veux, personnellement, que les inspecteurs discutent avec les professeurs, avisent les responsables des faiblesses de telle méthode, de la lourdeur de tel programme.
    Et merci pour votre intervention.

  6. zaid Tayeb
    22/05/2008 at 14:05

    à la personne qui s’est fait désinger par AH: je ne suis pas d’accord avec vous car le rôle de l’inspecteur pédagogique diffère du tout au tout de celui de l’inspecteur de police: Le rôle de l’inspecteur de l’enseignement ne doit pas se limiter à laseule mise en application des directives de l’institution. L’inspecteur doit réfléchir avec ses professeurs sur les programmes et les méthodes et rendre compte à ses supérieurs hiérarchiques: il doit constituer des cellules de travail pour trouver des solutions aux problèes que pose telle partie du programme, tel point de la méthode: il doit essayer de résoudre les problèmes de l’inadéquation de telle méthode à telle discipline ou à telle partie de cette discipline.
    Pour beaucoup d’inspecteurs, ils servent beaucoup plus l’institution que l’action pédagogique, ils font en sorte que tout aille bien ou ait l’air d’aller bien

  7. Yahya TORBI
    29/05/2008 at 15:06

    Si les inspecteurs veulent vraiment apporter leur aide et faire en sorte que l’enseignement, voué d’ores et déjà à léchec, soit redressé et réhabilité, il faut qu’ils assurent eux-mêmes les séances de soutien aux élèves les plus faibles et les plus démunis et prendre en charge les classes dont les professeurs bénéficient d’un congé de maladie, de matérnité,… Ainsi, ils contribueront à la compensation du déséquilibre dans lequel oscille notre système éducatif et feront d’une pierre deux coups: participer à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et combattre l’absentéisme de quelques profs.

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