L’oriental en quête de stratégie de développement agricole.
-Un riche potentiel agricole peu valorisé
– De nombreux dysfonctionnements à éradiquer
– Donner de la visibilité au secteur
Une quarantaine de professionnels ont pris part aux travaux de la journée de réflexion sur la stratégie de développement agricole de la région de l’oriental sous la présidence de Mohammed Brahimi, wali de la région. Cette rencontre qui a duré plus de 7 heures, a permis de débattre l’état actuel du secteur agricole de la région, ses forces et faiblesses ainsi que les mesures à entreprendre pour tirer ce secteur à fort potentiel vers le haut afin qu’il puisse jouer le rôle qui lui sied dans le développement régional et national.
Le chef du service agricole de l’ORMVAM Berkane, les chefs de directions régionales d’agricultures d’Oujda, Nador et Figuig qui ont présenté, tour à tour, leurs zones respectives, ont d’abord mis en exergue la grande diversité agro écologique de la région. Ils ont présenté, avec chiffres à l’appui, l’immensité des terres agricoles- 830.000 hectares – et des parcours de la région, dotée d’un riche patrimoine forestier étendu sur 4,9 millions d’hectares. Le patrimoine animal qui se chiffre à 2.700.000 têtes, représente 12 % du cheptel national. Les intervenants ont surtout mis l’accent sur les filières phares qui offrent d’importantes opportunités d’investissements de l’amont à l’aval. De son côté, le directeur du centre régional de la recherche agronomique a donné un aperçu sur les travaux de R& D réalisés ou projetés pour accompagner le développement agricole de la région. Autres atouts ont été signalés par les participants dont Mohammed Badraoui, directeur général qui vient d’être nommé à la tête de l’institut National de la Recherche Agronomique- INRA-
Par ailleurs, les grands projets structurant la région et sa position géographique favorisent et encouragent les échanges avec les régions du Royaume à l’ouest, les pays du Maghreb à l’Est et d’Europe au nord.
Toutefois, même si la région dispose d’un fort potentiel de développement agricole, les participants soulignent que de nombreux dysfonctionnements entachent le secteur agricole et continuent à entraver son développement en l’absence d’une politique concertée et cohérente, d’une vision stratégique. L’une des principales causes de cette déficience est, selon M.Brahimi, l’éclatement institutionnel de la décision agricole. Au fait l’intervention de plusieurs acteurs, chacun de son côté, ORMVAM, 3 DPA, Agence du bassin hydraulique, Centre Régional d’Investissement, organismes, élus…. fait en sorte que le secteur est gouverné par une logique qui manque de visibilité. Par ailleurs, le manque de documents cartographiques et le statut du foncier collectif prédominant dans la région ne permettent pas de valoriser la production et n’encouragent guère l’investissement. En terme de ressources humaines, l’absence d’une main d’œuvre qualifiée impacte négativement la production. La formation et l’encadrement sont toujours en déphasage par rapport aux besoins du secteur qui, selon le DG de l’INRA doit faire son intégration globale. Au chapitre capital, Les mécanismes de financement et de garantie ne répondent pas aux exigences de développement du secteur, souligne-t-on. En terme de technologie, Le taux de mécanisation est très faible. On recourt toujours à la collecte manuelle, cite à titre d’exemple le wali. Le marché n’est pas non plus maîtrisé.
L’eau, question centrale, a été soulevée avec beaucoup d’acuité. Outre la rareté et l’irrégularité des précipitations, les ressources hydriques de la région ne répondent que partiellement aux besoins d’irrigation. En somme, cette richesse est dévalorisée tant au niveau de sa collecte et de son exploitation que de son utilisation.
En clair, le secteur agricole de la région, en l’absence de feuille de route, n’arrive pas à extérioriser son important potentiel sa production. Aussi, propose-t-on un forum « de réformes » qui tiendra régulièrement des rencontres de tous les acteurs locaux, institutionnels et professionnels publics et privés pour l’élaboration d’une véritable stratégie de développement agricole de la région de l’oriental.
Mohammed Zerhoudi
Encadré
Chiffres clés
Les terres agricoles de la région de l’oriental qui représentent 9 % du total national, s’étendent sur 830.000 hectares dont 86,5 % en bour et seulement 13,5 % en irrigué, en majorité concentré dans le périmètre relevant du ressort de l’ORMVAM. Quant aux surfaces agricoles utiles – S.A.U -. elles ne représentent que 10 % des 830.000. Le cheptel de la région est, cependant, important. Ce patrimoine animal permet à la région de détenir, selon les saisons, la première ou deuxième place sur le plan de l’effectif du cheptel ovin disponible à l’échelle nationale. Les hauts plateaux sont réputés par la qualité de leur viande ovine de la race locale Béni Guil, candidate à l’obtention d’un label I.G.P.. Le patrimoine forestier, composé surtout de nappes alfatières, et P.A.M couvre 4,9 millions d’hectares.
La région compte 3 grandes infrastructures hydrauliques : barrages Mohammed V et Machrae Hammadid et Hassan II de capacités respectives de 400 millions, 6,6 millions et 200 de mètres cubes.
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bravo