L’acte criminel perpétré par un élève contre son professeur ne peut être qualifié que d’abominable, d’horrible et de répréhensible qu’il faut dénoncer et condamner avec vigueur comme il faut soutenir la victime de cet acte odieux par sa barbarie.

Comment en est-on arrivé  à des actes aussi ignobles contre son maître et professeur ? Depuis quand les disciples s’en prennent-ils à leurs maîtres ?

Depuis un certain temps, l’image du professeur se fait flétrir et faner. Nous remarquons avec horreur et amertume que le professeur, hélas ! est devenu la cible des mauvaises langues et des personnes malintentionnées parmi les profanes et les lettrés avec souvent l’assentiment ou la complicité des responsables. Beaucoup d’anecdotes ont été tissées sur sa personne que certains se plaisent à répéter avec un accent moqueur dans les cafés, sur les trottoirs ou pendant les cérémonies familiales. De même, certains lui attachent des sobriquets à consonances méchantes et malsaines sur fond de comique noir ; il est également devenu sujet à caricature.

Le professeur n’est même pas épargné par certains cadres de l’enseignement qui n’éprouvent aucun scrupule à faire de lui la dinde de la farce en l’accusant de manquer à son devoir, de mal le faire quand il le fait, de rester indifférent aux choses qui touchent au métier de la classe, d’abandonner son rôle de guide et de maître pour d’autres tâches sans rapport avec la pédagogie.

Propos malsains par-ci, sobriquets moqueurs par-là, anecdotes, caricatures, farces, moqueries, critiques, etc.…sont  de nature à fragiliser le professeur, à l’amoindrir aux yeux des autres fonctionnaires de l’Etat,à dresser contre lui l’opinion publique, à faire de lui une proie facile à dévorer sans forme de procès. L’immunité de l’uniforme et du pouvoir dont bénéficient les autres fonctionnaires de l’Etat les prémunissent contre la raillerie dont il est victime, lui, car il ne bénéficie d’aucune protection contre l’acharnement de certains esprits malveillants.

Allez aux souks hebdomadaires de la ville d’Oujda, pour ne citer que ceux de cette ville. A peine vous pointez-vous devant le marchand de légumes et de fruits qu’il vous appelle par ‘’Oustad’’1. Il suffit d’être un peu bien mis pour que l’ouvrier, le maçon, le sans travail, le policier, le chauffeur, le gendarme, le fripier, l’émigré, l’escroc, l’infirmier, le badaud…deviennent dans la bouche du marchand un ‘’Oustad’’. Comme si toutes les personnes venues faire leurs courses dans ces souks ne sont que des professeurs de l’enseignement, des avocats ou des notaires.

On entend souvent autour de nous que dans tel lycée ou tel collège, un tel professeur a été agressé par l’un de ses élèves. Le professeur est en effet quotidiennement l’objet sans défense de violences perpétrées contre lui par ses élèves : injures, offenses, menaces, coups et blessures ; ou par certains cadres pédagogiques qui le critiquent par ignorance ou par un désir latent de vengeance ou enfin par son administration qui falsifie impunément ses notes ou exerce sur lui sa tyrannie.

Ainsi s’explique donc la dissolution de la notoriété du professeur et l’effritement de sa personnalité pour faire place à la pitié ou au mépris dont il est devenu l’objet.

1- Oustad= professeur, maître.