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PROFESSIONNELS ET AMATEURS

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   PROFESSIONNELS ET AMATEURS

          La représentation de l’intellectuel se trouve au cœur du sujet. Quand nous pensons à un intellectuel, est-ce sa personnalité propre qui  nous intéresse et retient notre attention, ou est-ce  plutôt le groupe ou la classe dont il est membre ? La réponse à cette question nous renseigne certainement sur la nature de notre interrogation.

   Accuser tous les intellectuels d’être vendus du seul fait qu’ils gagnent leur vie en travaillant dans une université ou pour un journal ne saurait être qu’une grossièreté qui ne rime à rien, et c’est pousser loin le cynisme.

   Il n’est pas non plus crédible de brandir l’image de l’intellectuel individuel sous les traits d’un être idéal et parfait pur et noble chevalier de l’esprit au- dessus de tout soupçon d’intérêt matériel.

   L’intellectuel n’est pas supposé se mettre à l’abri comme étant neutre et inoffensif. L’intellectuel. d’aujourd’hui n’est presque plus qu’un professeur de littérature, jouissant d’un revenu sûr et n’attachant plus d’intérêt pour le monde extérieur à sa salle de classe. Cette sorte d’individu écrit dans une langue ésotérique avec pour objectif principal la promotion de sa carrière professionnelle. Cela s’avère pour lui d’une ultime importance .

  Alors que malgré sa relative ignorance du code de leur langage, Chomsky, était souvent accueilli avec respect et intérêt, par des publics de mathématiciens. Il lui suffisait d’évoquer la politique étrangère des U.S.A. pour que ces derniers tentent aussitôt de l’empêcher de prendre la parole.

    Rien n’est plus répréhensible que la disposition à fuir, cette désertion si caractéristique d’une position de principe difficile dont on sait pertinemment qu’elle est juste. Cette peur  de paraître trop politique et revendicatif, ce besoin d’approbation de la part d’un tenant de l’autorité ; ce désir de maintenir une réputation d’objectivité et de modération dans l’espoir d’être sollicité, consulté ou de siéger dans quelque comité prestigieux, afin de se maintenir au sein du courant dominant, et de recevoir peut-être un jour un  diplôme, un prix, une nomination.

    Ce mode de pensée et de comportement est profondément corrupteur par excellence, et si quelque chose peut dénaturer, neutraliser, et finalement tuer une vie intellectuelle passionnée, c’est bien l’intériorisation de telles pratiques. C’est l’expérience faite avec l’une des questions les plus difficiles des temps modernes, celle de la Palestine : quand la peur de parler ouvertement de l’une des plus grandes injustices de l’histoire moderne entrave , aveugle, muselle ceux qui savent la vérité et sont en position de la servir. Le seul fait de critiquer ou de suggérer passerait pour une prise de position contre le fait accompli.

   Quelle que soit la désapprobation  et le dénigrement que s’attire tout partisan convaincu  des droits et de l’autodétermination des Palestiniens, la vérité n’en mérite pas moins d’être dite sans peur et sans réserve.

   Pour un intellectuel professionnel, la vérité est un principe sacré, inoxydable. Procéder par des moyens de détournement ou de contournement de la vérité,  c’est synonyme de lâcheté, d’hypocrisie, de collaboration.

   Et c’est ainsi que fonctionne le système de pensée de certains intellectuels amateurs./.

   DE VIVE VOIX :Mohammed Essahlaoui

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