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OUJDA : Les livres du marché aux puces

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A chaque rentrée scolaire la vente des livres et des fournitures scolaires connaissent une intense activité. Certains font leurs achats dans des librairies alors que d’autres optent pour les marchés aux puces.

Partout dans le monde la brocante des livres fait partie du paysage culturel et scolaire. On peut y trouver le livre rare adulé depuis son enfance comme on peut tout simplement enrichir sa collection et peaufiner sa bibliothèque par des chefs d’œuvre littéraires.
Il y a aussi des bibliothèques municipales et des associations d’échanges internationaux concernant la brocante annuelle de livres déclassés à l’occasion des rentrées scolaires ou des campagnes de vulgarisation de la lecture. On peut à ces occasions acheter des livres pour des sommes dérisoires. Code de la route, guides touristiques, bandes dessinées, livres scolaires, Ouvrages de valeur… sont étalés au grand plaisir des bourses au revenu limité.
Le marché aux puces du Foundouk Jaîi est la plus importante concentration de brocanteurs de la ville d’Oujda. Il est considéré à juste titre comme la plaque tournante de ce commerce de la rentrée scolaire. Les objets étalés suivent le cycle de la demande et les «moussems» de vente. Avec l’arrivée des RME ce sont les bicyclettes, les télés, les appareils photos, les ordinateurs portables… qui sont prisés. L’été c’est aussi la saison des mariages, alors les meubles, fauteuils, les réfrigérateurs et même des objets de valeur sont exposés au grand plaisir des ménages intéressés. Le Dimanche matin est réservé aux femmes qui vendent leurs volailles ou des habits confectionnés par des tailleurs de quartiers. Les jeunes en quête d’un cellulaire, d’un MP3 ou 4, d’un baladeur, d’un DVD ou CD rare, sillonnent cet espace pour satisfaire leurs hobbys.
De son côté le mois de septembre est réservé aux bouquinistes qui submergent cet espace par leurs livres. Des dizaines de milliers de manuels couvrant les programmes du primaire au Bac, des sections littéraires, techniques et scientifiques transitent par ce foundouk. Tout y est. Il suffit de faire un tour pour être tenté. Pourquoi ne pas acheter ces livres. Ils sont presque neufs et à des prix abordables, confie à ALM Halima S. mère de trois enfants qui n’arrive pas à comprendre pourquoi le ministère de l’Education nationale change souvent les programmes à tel point que les livres de l’aîné qui est au lycée ne servent pas au cadet qui le suit de deux classes.
Plusieurs parents d’élèves se ruent en grand nombre sur le marché aux puces pour s’approvisionner en livres de seconde main et en fournitures scolaires made in China. Ce rush sur les manuels d’occasion et la fourniture scolaire, non signée, trouve son explication dans le faible pouvoir d’achat d’un certain nombre de famille et l’obligation de se procurer tous les livres du programme. Plusieurs familles qui ne peuvent assurer des cours de soutien à leurs enfants préfèrent acheter les livres des autres zones afin de pourvoir un choix de révision et une multitude d’exercices à la maison.
Les «transactions commerciales» entre élèves convertis en fournisseurs et vendeurs rodés à ce type de «négoce» se font à un rythme accéléré. «Soit tu me vends le programme complet de la 9ème du collège à 145 DH ou tu me laisses tranquille» avance un commerçant de la place à un élève vendeur qui hésite mais qui réplique qu’un ami du collège lui a proposé 160 DH.
Les alentours du foudouk Jaîi se transforment en «librairies ambulantes» et espaces fréquentés par les bibliophages, collectionneurs, ou élèves. Et à chaque rentrée scolaire c’est le même manège avec ses tables d’étalage de circonstance ou l’on trouve des livres d’occasion de toutes les branches. Du livre d’initiation à l’informatique au bouquin de comptabilité tout en passant par les manuels des programmes, les dictionnaires et les livres de grammaire. La qualité de ces livres varie selon deux critères: l’ancienneté et l’usage fait par le premier propriétaire. «J’ai là des livres presque neufs et à des prix raisonnables», lance Ahmed Yaguami la cheville ouvrière de ces lieux, aux passants. «Ils ne sont pas tout à fait neufs et tu demandes des prix qui effleurent ceux de la librairie» lui rétorque un père qui accompagne sa fille pour lui procurer les manuels du tronc commun Sciences.
Les brocanteurs louent des espaces d’exposition pour 400 ou 700 DH le mois. Ce sont des échoppes dérisoires constituées de quelques planches clouées ensemble qui servent d’étalage à des milliers de livres. Ils sont au total trente cinq bouquinistes qui étalent plus de mille cinq cent livres chacun. C’est plus de cent mille livres qui transitent par ce marché aux puces. Les marchands confirmés peuvent gagner jusqu’à cinq mille dirhams en trois semaines. D’autres vendront les livres qui leur restent au kilo pour les boutiques des épices. Ce négoce se fait en deux temps. Une dizaine de jours réservée à la vente et une semaine pour la collecte des livres chez les jeunes qui veulent se faire un peu d’argent de poche. «À quoi bon garder ces livres du moment que le ministère les changera dans quatre ou cinq ans», rétorque un élève qui préfère échanger ses livres pour quelques dirhams de moins. Et d’ajouter qu’il est habitué à ce type de business depuis qu’il était au primaire. En faisant comme cela, j’aide mon père qui a d’autres chats à fouetter, explique t-il fièrement.
«Je farfouille tout, comme si les perles rares existent encore et ne sont nulle part ailleurs», déclare sur un autre registre un lecteur assidu qui assure que sa propre bibliothèque est garnie essentiellement de chefs-d’œuvre littéraires qu’il a acheté dans ce marché aux puces. On y trouve des livres durant toute l’année chez cinq bouquinistes juste à côté au Souk Tanja, explique ce mordu des livres rares et d’ajouter que les prix baissent à la fin de septembre lorsque les commerçants occasionnels changeront leurs articles.

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