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Les chefs d’état arabes et leurs peuples

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Les chefs d’Etat des pays arabes en poste actuellement, renversés ou sur le point de l’être sont au pouvoir depuis 10, 20, 30, et 40 ans ! Ils sont là assis dans leur fauteuil à regarder tourner les aiguilles de l’horloge du temps pendant que le pays s’enfonce encore plus dans la ruine et le sous développement et leurs peuples dans la misère.

Qui a remis à ces chefs d’état le sceptre  du commandement ? Qui les a faits monter sur le trône sur lequel ils sont depuis tant d’années? Un coup d’état militaire? Ou  un vide politique créé par l’assassinat d’un autre dictateur non moins tristement célèbre ? Ou par celui de la débilité et du crétinisme  d’un soi disant père de la nation dont seules la sénilité et la décrépitude avaient raison? Ou bien l’usurpation du pouvoir volé aux élus dûment mandatés par le peuple ? Ou encore le legs  d’un père à son fils? Ou encore la spoliation du pouvoir au père, par le fils?

Les chefs d’état arabes sont venus au pouvoir de manière illégale, c’est pourquoi ils s’entourent  de personnes dignes de leur confiance : membres de la famille, représentants du parti politique du pouvoir, hommes d’affaires alléchés par l’odeur du fisc. Comme ils ont peur de se faire renverser comme ils ont eux-mêmes renversé leur prédécesseur, ils installent un régime policier, réduisent les libertés individuelles, interdisent les rassemblements, instaurent l’état d’urgence, pratiquent la censure sur les médias, partent à la chasse des sorcières contre les opposants, gouvernent sans conseillers, modifient la constitution…Ils confortent leur place pour y rester de leur vivant et céder le pouvoir au rejeton en partant.

Le régime lâche alors sa police sur la population civile: la police, aussi misérable que le reste du peuple dont elle est issue et avec qui elle vit au quotidien, vit du peuple qu’elle dépouille par la pratique de la corruption et de la terreur. Le pouvoir encanaille les petits esprits.

Les opposants au régime sont envoyés dans des centres de détention et  dans des prisons où ils doivent croupir pendant le temps qui leur reste à vivre. D’autres s’exilent dans des pays étrangers ; d’autres, plus fragiles et plus hypocrites surtout, craignant pour leur vie,  pour celle de leur famille et leur avenir, se rapprochent du régime en place dont ils apprennent à faire l’apologie en vantant les vertus et les mérites.

Un langage nouveau vient occulter tous les autres : appareil policier, police secrète, deuxième bureau, collaboration, dénonciation, traitrise, corruption, torture, représailles, arrestation, incarcération, procès,…, le tout accompagné de rumeurs chuchotées à mi-voix, de nouvelles introduites par ‘’on dit que…on raconte que…’’. L’incertitude,  le doute et la terreur règnent parmi la population et chacun craint pour soi, doute du voisin, du passant qui le regarde de biais….S’effacent alors des bouches et des mémoires le langage des belles lettres, des sciences et de la recherche, de l’art, de la musique, de la poésie et de l’expression de la grandeur de l’homme et de son entreprise. La ruine du pays, sa décadence et celle de ses valeurs entraînent avec elles la dégénérescence des arts et leur nullité.

Les chefs d’état arabes, leurs familles et leurs proches s’enrichissent des régimes autoritaires et oligarchiques qu’ils ont installés. Des milliards de dollars sont déposés dans les banques étrangères, et des biens immobiliers : hôtels, villas, immeubles, terrains…sont acquis de manière gratuite ou à des prix dérisoires dans le pays ou achetés en dollar ou en euro dans les pays étrangers : Ils amassent ainsi des sommes colossales, pendant que le peuple vit de rien et dans la terreur. Un fossé se creuse alors entre les uns et les autres. Le fossé devient abîme.

La colère du peuple que la peur du régime étouffe, gronde en sourdine dans les cœurs. Elle devient avec le temps brasier, volcan. La poudrière saute à la suite d’une étincelle. Et le peuple sort dans la rue. Rien ne peut alors arrêter le peuple en ébullition.

Les chefs d’état se mettent donc à tomber les uns après les autres comme des fruits blets. Ils quittent le pays qu’ils avaient dirigés d’une poigne de fer à la sauve qui peut pour aller trouver refuge dans d’autres pays qui leur offrent l’hospitalité. Bientôt les chefs d’état arabes déchus se retrouveront tous à Djeddah comme les six rois de Candide à Venise(1) :’’ Le maître de Cacambo prit alors gravement la parole, et dit en italien : « Je ne suis point plaisant, je m’appelle Achmet III. J’ai été grand sultan plusieurs années ; je détrônai mon frère ; mon neveu m’a détrôné ; on a coupé le cou à mes vizirs ; j’achève ma vie dans le vieux sérail ; mon neveu le grand sultan Mahmoud me permet de voyager quelquefois pour ma santé, et je suis venu passer le carnaval à Venise. »

Un jeune homme qui était auprès d’Achmet parla après lui, et dit : « Je m’appelle Ivan ; j’ai été empereur de toutes les Russies ; j’ai été détrôné au berceau ; mon père et ma mère ont été enfermés ; on m’a élevé en prison ; j’ai quelquefois la permission de voyager, accompagné de ceux qui me gardent, et je suis venu passer le carnaval à Venise. »

Le troisième dit : « Je suis Charles-Édouard, roi d’Angleterre ; mon père m’a cédé ses droits au royaume ; j’ai combattu pour les soutenir ; on a arraché le cœur à huit cents de mes partisans, et on leur en a battu les joues. J’ai été mis en prison ; je vais à Rome faire une visite au roi mon père, détrôné ainsi que moi et mon grand-père, et je suis venu passer le carnaval à Venise. »

Le quatrième prit alors la parole et dit : « Je suis roi des Polaques ; le sort de la guerre m’a privé de mes États héréditaires [1] ; mon père a éprouvé les mêmes revers ; je me résigne à la Providence comme le sultan Achmet, l’empereur Ivan et le roi Charles-Édouard, à qui Dieu donne une longue vie, et je suis venu passer le carnaval à Venise. »

Le cinquième dit : « Je suis aussi roi des Polaques ; j’ai perdu mon royaume deux fois ; mais la Providence m’a donné un autre État, dans lequel j’ai fait plus de bien que tous les rois des Sarmates ensemble n’en ont jamais pu faire sur les bords de la Vistule ; je me résigne aussi à la Providence, et je suis venu passer le carnaval à Venise. »

Il restait au sixième monarque à parler. « Messieurs, dit-il, je ne suis pas si grand seigneur que vous ; mais enfin j’ai été roi tout comme un autre. Je suis Théodore ; on m’a élu roi en Corse ; on m’a appelé Votre Majesté, et à présent, à peine m’appelle-t-on Monsieur. J’ai fait frapper de la monnaie, et je ne possède pas un denier ; j’ai eu deux secrétaires d’État, et j’ai à peine un valet ; je me suis vu sur un trône, et j’ai longtemps été à Londres en prison, sur la paille. J’ai bien peur d’être traité de même ici, quoique je sois venu comme Vos Majestés passer le carnaval à Venise. » ‘’

1-Voltaire : Candie ; chapitre 26’’D’un souper que Candide et Martin firent avec six étrangers, et qui ils étaient’’

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