Jusqu\’où ira l\’armée égyptienne face à la colère de la rue?

De toutes les spéculations qu’on entend ici et là sur l’issue de la crise égyptienne,une grande question fait la une de tous les commentaires de la presse internationale:l’armée qui jusqu’ici était neutre et n’intervenait pas dans la répression des manifestants s’interpose entre le pouvoir de Housni Boubarek et le peuple.Si les forces de l’ordre,entre autres ,les forces d’intervention rapide (la police) ,marquaient une nette rupture avec le peuple par la violence de sa répression et les manquements à son devoir de citoyenneté(parce que désignée du doigt lors de pillages et accusée de fuite devant ses responsabilités),l’armée , elle, a tenu bon et est saluée par l’ensemble de l’opinion.
Cependant ,le temps passe et la situation s’aggrave de plus en plus;le peuple égyptien dans toutes ses composantes (jeunes ,vieux ,femmes ,intellectuels et opposants politiques )garde ,serein,un bon moral;il ne désarme pas et prêt à continuer sa marche pacifique.L’armée sympathise avec lui.Pendant que le président constitue son nouveau gouvernement et crée de nouveaux postes,le peuple continue sa révolution.Déjà l’Egypte d’avant 25 janvier est totalement différente de celle d’après.La question urgente qui se pose à l’esprit des observateurs est de savoir si son régime tiendra encore longtemps.Pour cela ,trois scénarios sont possibles:
– Premier scénario:On peut tout simplement imaginer le départ pur et simple de Moubarek .Sa démission entrainerait la nomination d’Omar Soleimen à la tête de la présidence égyptienne.Celui-ci maintiendrait tout naturellement le gouvernement nouvellement constitué par le président sortant. Mais Cette hypothèse serait-elle acceptée par les manifestants? il est difficile de répondre par l’affirmative sans suivre le cours des événements .Malgré la position radicale de quelques voix qui s’élèvent et exigent le départ de toute l’équipe de Moubarek,les civils comme les militaires,.cette hypothèse parait ,pour l’instant la plus en vue , la plus faisable ,la plus réaliste.
-Deuxième scénario:On peut imaginer un coup d’état militaire à la tête de l’armée .De ce coup de force militaire ,sortirait un général à la trempe d’un « Amar Rachid » de Tunisie;il soutiendrait la révolution du peuple égyptien ;il écarterait les généraux pro-Moubarek et ferait appel à toute les élites politiques de gauche comme de droite pour un gouvernement de transition.Ce gouvernement provisoire dissoudrait les deux chambres de députés (Majliss Achaab et Majliss Achoura) et organiserait des élections libres pour l’élection du futur président et les deux chambres de représentation ,ainsi pour un gouvernement issu des urnes où tous les grands partis démocratiques et la société civile seraient représentés.
L’armée issue du peuple maintiendrait toujours sa neutralité et défendrait les institutions et la sécurité du pays comme elle le fait maintenant comme dans tous les pays démocratiques ,exactement à la manière de l’armée tunisienne .Mais l’armée de Moubarek lâcherait -elle le gâteau tout facilement après trente ans de règne?Là aussi ,c’est une question de jours voire de semaines.
Le troisième scénario:le plus terrible.L’armée toujours unie autour de l’homme fort du pays Housni Moubarek,soucieuse de ses intérêts et de ses profits qu’elle tiraient du régime depuis des décennies,confortée dans le soutien que la Maison Blanche porte à Moubarek (car aujourd’hui Obama a parlé d' »une transition en bon ordre »c’est à dire un changement à la tête de la présidence sans le changement du régime.),eh bien l’armée dans ce cas de figure n’hésiterait pas à écraser les manifestants dans un bain de sang ,à semer la frayeur et la terreur quitte à sacrifier des centaines voire des milliers de morts pour se maintenir au pouvoir.Les opposants seraient jetés en prison.
La liberté d’expression serait surveillée comme avant ,sinon réprimée.Cette hypothèse est d’un digne scénario- catastrophe et nous rappelle le printemps de Prague et les pires moments des années 60 et 70 en Europe de l’Est où les dictatures s’étaient instaurées à coup de chars en pleines villes pour l’installation des régimes communistes.
Si le troisième scénario est à écarter en raison de son caractère irréaliste sinon impossible ,les deux premiers sont cependant envisageables .Tout dépend de la manière dont le peuple continuera sa révolution ,de sa résistance à tenir face aux imprévus,aux événements qui pourraient se produire et surtout devant une armée qui est « muette « pour l’instant.




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