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RESUME DU SPECTACLE LA TRAVERSEE DE LA MORT

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Après « Antigone ou la quête du bonheur », la Compagnie des Nouveaux Disparus présente sa nouvelle création, écrite par Jamal Youssfi à partir de témoignages et d’histoires réelles reprises dans la presse. 

« La Traversée de la mort » raconte l’histoire de cinq femmes qui se retrouvent enfermées dans une prison espagnole après avoir tenté l’impossible, la traversée de la Méditerranée en barque pour rejoindre l’Eldorado européen, ce chimérique pays de Cocagne.
 

Nos barques deviennent des radeaux

Suicides.

Nous sommes les nouveaux terroristes,

la vague des immigrants

qui se déverse sur l’Europe,

Estomac chargé d’explosif pour imploser l’Europe d’immigration

Extrait de La Traversée de la Mort

De Jamal Youssfi
 

Ces cinq destinées s’affrontent et se croisent au moment où leur sort se joue dans les bureaux de l’administration espagnole. Entre espoir et désespoir, entre fantasmes et lucidité, entre rires et larmes, entre chansons et débats, « La Traversée de la mort » raconte comment et pourquoi les gens du Sud sont prêts à risquer leur vie pour changer de continent. Ces cinq femmes échangent pendant le temps de leur réclusion leur histoire, leurs envies, leurs rêves.

Du dialogue naîtra peut-être un changement de cap…
 

La Compagnie intègre ce thème grave d’une brûlante actualité dans son propre univers fait de poésie, d’humour et de chansons. 
 

Note de Jamal Youssfi, auteur de La Traversée de la mort 

Cette pièce fait partie du travail que j’ai commencé dès la création des Nouveaux Disparus et dès l’écriture de mon premier spectacle « Les histoires merveilleuses ». Mon travail d’écrivain m’a toujours permis d’illustrer la vie des gens d’ici, dans notre ville, dans notre communauté, les gens d’origines différentes, les gens des quartiers, bref de cette population brassée qui donne naissance à la multi culturalité de notre société.

Dans ce texte, j’ai eu envie de parler du chemin qui amène ici les gens aujourd’hui. Ceux dont le rêve est unique : venir en Europe faire leur vie. Ceux dont le choix est de quitter son pays pour devenir quelqu’un d’autre ailleurs. Ceux qui voient nos pays comme des pays de Cocagne.

« Pars et ramasse l’argent. Saloperie ! Il n’y a que des cailloux et de la merde de chien par terre », disait Younes dans « Chez Aziz ». L’image de l’Europe – et des Etats-Unis – est largement faussée en terre africaine. Cette image d’Eldorado continue à faire rêver les gens dès leur plus jeune âge.

A la question « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? », les enfants répondent souvent « partir en Europe ! ». J’ai reçu ces réponses au Maroc dans ma contrée d’origine, mais aussi lorsque j’ai voyagé plus au sud en Afrique noire et un peu partout. Ce rêve existe donc dans tout le continent africain. Les réussites existent et font rêver une petite communauté qui s’expatrie par tous les moyens possibles.

Et dans cet esprit, il est clair que le Maroc est une véritable porte d’entrée de l’Europe. Seulement trente kilomètres séparent Ceuta et Algesiras. Les candidats au départ viennent de toute l’Afrique. Les maghrébins sont plus ou moins respectés car ils sont blancs et arabes. Mais les noirs sont maltraités, considérés comme des animaux par les passeurs marocains. Ceux-ci les prennent en charge pour leur faire traverser le Sahara, la totalité du Maroc et les amènent devant les murs de barbelés au bord des camps espagnols, à Ceuta. « Voilà, leur disent-ils, de l’autre côté, c’est l’Espagne ! » 

C’est souvent là qu’interviennent les soldats marocains qui dépouillent les gens de ce que les passeurs ne leur ont pas pris. Puis pour les candidats à une traversée, il faut encore disposer de 4.000 euros pour payer une place sur une barque, souvent un petit zodiaque muni d’un moteur de 80 CV. Une traversée sans gilet, même pour ceux qui ne savent pas nager. Une traversée menée à toute allure sur l’eau avec pour perspective, soit un emprisonnement à l’arrivée avec un rapatriement à la clé, une espèce de retour à la case départ, soit un accident parfois volontairement causé par les passeurs pour éviter d’affronter la police espagnole. 

Mon idée principale dans l’écriture de ce texte est de dénoncer le mécanisme qui fait croire à ces gens que le pays de Cocagne existe ici, que leurs chimères n’existent pas, que l’avenir n’est pas dans la fuite, mais dans la construction d’autre chose là-bas.

Je cherche aussi à dénoncer ceux qui font commerce de cette situation, les passeurs et trafiquants de tout poil, policiers et douaniers, qui profitent de ces pauvres gens à la poursuite d’un chimérique sésame pour l’Eldorado. Dénoncer la devise « c’est combien, mon frère ? » qui règne aux confins de notre espace européen.

Je pense que ce spectacle peut contribuer à éveiller les esprits, à faire prendre conscience de la catastrophe qui se met en place aux portes de l’Europe. Je souhaite qu’il permette un débat sur la manière dont les autorités européennes considèrent la question et sur la nécessité de dégager les moyens humains et financiers pour organiser l’aide à ces gens qui se retrouvent confronter au choix de rebrousser chemin ou risquer de mourir.

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1 Comment

  1. Ethna.
    25/04/2009 at 00:32

    Hélas! certains croient qu’il vaut mieux finir dans la houle ou dans la gueule d’un requin que vivre sous un régime dictatorial, intolérant, oppressant, totalitaire, discriminatoire, fanatique, corrompu, … wzid wzid.

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