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Lettre Ouverte : GAZA OU UN – CRIME GENOCIDAIRE – PASSE SOUS SILENCE

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Lettre Ouverte :

GAZA OU UN « CRIME GENOCIDAIRE »[1] PASSE SOUS SILENCE

Madame, Monsieur,

Le constat : une situation dramatique….

Plus de 570 morts et plus de 3000 blessés au cours des neuf derniers jours, des hôpitaux qui ne parviennent plus à faire face à l’afflux des blessés et des personnes décédées, des convois humanitaires bloqués aux frontières de la Bande de Gaza voire directement menacés par l’armée israélienne[2], des journalistes intimés de ne pas se rendre dans la Bande de Gaza, d’autres qui sont interpellés et arrêtés[3], Richard FOLK, rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du respect des droits de l’Homme dans les Territoires Palestiniens, expulsé dès son arrivée à l’aéroport de Tel Aviv le 14 décembre 2008, l’utilisation d’armes contenant de l’uranium appauvri par l’armée israélienne à l’encontre de la population civile de Gaza, un blocus pratiqué depuis plusieurs mois par le gouvernement israélien entraînant l’isolement total de la population de Gaza….Tels sont les constats alarmants auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Pourtant la communauté internationale brille par son inertie et son silence.

…passée sous silence avec la complicité de la communauté internationale

Cette situation est intolérable, dramatique et inhumaine. Elle l’est de surcroît que chaque crime perpétré à l’encontre des palestiniens l’est au su et à la vue de chacun.
 
Aucune condamnation ferme n’a été formulée au sein de l’Union Européenne. Les déclarations qui ont pu être faites ne s’apparentent à aucun moment à une condamnation de ces crimes. Au contraire, elles traduisent un silence, une tentative de justification, voire même une complicité criante. Cela est pourtant inadmissible et tel est notamment le message porté par des centaines de milliers de manifestants dans toutes les villes européennes en particulier, et dans le monde de manière générale depuis maintenant plus d’une semaine. Des centaines de milliers de citoyens européens ne peuvent plus tolérer que des crimes, à défaut d’être empêchés, ne fassent même pas l’objet de la moindre condamnation de leurs Responsables politiques.

« Grâce » à ce silence, à cette complicité de la communauté internationale, des crimes se produisent chaque jour. Dimanche 4 janvier 2009, les troupes terrestres israéliennes se dirigeaient dans la Bande de Gaza. Bilan : des dizaines de palestiniens tués en moins d’une journée. Ce bilan n’est que provisoire, et les responsables israéliens l’ont affirmé avec force: leur opération criminelle ne fait que commencer.

De par son inertie et son silence, la communauté internationale se rend complice de crimes qualifiés de « génocidaires » par Robert FALK lui-même, et ce avant même que les opérations meurtrières israéliennes aient débuté.

A la veille des élections européennes, des centaines de milliers de citoyens européens font  face à de nombreuses interrogations : Pourquoi un tel silence ? Pourquoi la vie de palestiniens ne mérite t-elle pas la moindre attention ? Pourquoi un tel déni et un tel mépris à l’endroit du peuple palestinien ? Nos interrogations sont nombreuses, les réponses apportées sont inexistantes à ce jour.
 
Notre attente : une réaction ferme à l’égard du gouvernement israélien

En tant que Responsables politiques et/ou Elus de pays de l’Union Européenne, et à l’approche de échéances électorales européennes, il vous appartient d’adopter une position ferme à l’égard du gouvernement israélien. A cet effet, nous vous invitons avec vigueur d’adopter les mesures ci-après formulées :

(a)   Contraindre Israël à respecter les conventions internationales et les nombreuses résolutions qui ont été adoptées par l’ONU à son encontre

Le silence de la Communauté Internationale en générale, et des pays de l’Union Européenne en particulier, n’est plus acceptable. Il appartient clairement aux Responsables politiques et autres Elus de faire face à ses responsabilités et à adopter une position plus ferme et visible à l’égard d’Israël. Une telle position suppose de :

(i)                  Remettre en cause dans les meilleurs délais l’accord de rapprochement des relations bilatérales entre l’Union Européenne et Israël

En effet, le 8 décembre 2008, le Conseil des Affaires Générales et Extérieures de l’Union Européenne a adopté un rapprochement des relations bilatérales entre l’Union Européenne et Israël. Cette décision précise notamment que « ce rehaussement doit être fondé sur les valeurs partagées des deux parties, en particulier sur la démocratie et le respect des Droits de l’Homme, de l’Etat de droit et des libertés fondamentales, la bonne gouvernance et le droit humanitaire international ». Or, depuis plusieurs années, et encore plus depuis ces sept derniers mois et ces neuf derniers jours, Israël ne respecte manifestement pas ni les Droits de l’Homme, ni les libertés fondamentales des palestiniens et encore moins le droit humanitaire international.

Cet accord de rehaussement des relations bilatérales entre l’Union Européenne et Israël, condamnait également l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens et rappelait la nécessité d’y mettre un terme sans délai :

« L’Union européenne reste profondément préoccupée par l’accélération récente de l’extension des colonies de peuplement. Il est urgent de mettre fin à la poursuite de la colonisation, ce qui inclut l’expansion naturelle, y compris à Jérusalem-Est. Celle-ci est contraire au droit international et elle compromet la création d’un Etat palestinien viable. Les entraves à la circulation vers les Territoires palestiniens occupés et à l’intérieur de ceux-ci doivent être levées, notamment pour favoriser le développement économique. La situation humanitaire à Gaza doit s’améliorer de toute urgence, grâce à la poursuite de la trêve, à la réouverture des points de passage et à la fourniture des biens et services au bénéfice de la population. La capacité des agences en charge de l’assistance, notamment de l’UNRWA, à fournir leur aide doit être assurée. Il importe enfin que les prisonniers palestiniens soient libérés en plus grand nombre, en priorité les mineurs ».

Par conséquent, cet accord doit être dénoncé dans les meilleurs délais compte tenu des crimes constamment commis par l’armée israélienne. L’on ne peut favoriser des relations économiques, culturelles, sociales et diplomatiques avec un Etat qui ne respecte aucun des engagements prévu par l’accord même de renforcement des relations bilatérales avec l’Union Européenne, mais surtout lorsque ce même Etat viole de manière délibérée et constamment réitérée le droit international et le droit humanitaire.

Il convient donc de revenir très rapidement sur ce « statut privilégié » accordé à Israël : tel est le leitmotiv de l’ensemble des citoyens européens qui se sont manifestés de manière massive ces derniers jours dans toutes les villes de l’Union Européenne (mais également dans tous les pays du monde).

(ii)                Soumettre tout accord ultérieur ou tout partenariat à venir au respect effectif des conventions internationales et des résolutions de l’ONU

L’ensemble des accords et/ou partenariats qui serait envisagé avec Israël ne pourra l’être qu’à condition qu’Israël s’engage effectivement au rétablissement des droits des palestiniens au regard notamment du droit international, du droit humanitaire et des résolutions adoptées par l’ONU (dont le nombre total est supérieur à 200 !!). A cette fin, nous vous invitons à prévoir, dans chaque accord ou partenariat envisagé :

    * une clause contractuelle générale en vertu de laquelle Israël s’engage à respecter le droit international, le droit humanitaire et les résolutions prises par l’ONU. A défaut, l’accord qui serait conclu se trouverait de facto dénoncé ;

    * la mise en place d’un comité de suivi des engagements d’Israël. Chaque violation des engagements pris par Israël devra entraîner l’application de la clause contractuelle ci-dessus évoquée.

En tout état de cause, et compte tenu des crimes actuellement perpétrés par Israël en sus de ceux commis depuis plusieurs années, il appartient aux Responsables politiques et Elus de l’Union Européenne de s’opposer systématiquement à tout accord ou partenariat en faveur d’Israël tant que cette situation perdure. A défaut, cela serait nécessairement interprété comme une acceptation sans réserve des crimes constamment perpétrés par cet Etat.

(iii)             Condamner systématiquement et fermement toute violation du droit international et humanitaire par l’Etat d’Israël

Enfin, il importe que chaque Responsable politique et/ou Elu européens de condamner systématiquement et fermement les inexactions commises par Israël. Les condamnations doivent être claires, sans réserve ni indulgence.

(b)  Soutenir le peuple palestinien dans sa quête de justice et d’indépendance

En tant que Responsables politiques et/ou Elus de l’Union Européenne, il convient d’apporter enfin un soutien plus fort au peuple palestinien, lequel se trouve abandonné depuis plusieurs années maintenant.  Une telle démarche suggère de votre part d’agir :

(i)                 Pour mettre un terme à l’ensemble des inexactions commises à l’égard du peuple palestinien

Une telle initiative suppose de mettre un terme dans les meilleurs délais à la punition collective infligée au peuple palestinien depuis plusieurs années. Cela suppose également de mettre fin très rapidement au blocus imposé aux palestiniens de la Bande de gaza : la population y est affamée, une crise humanitaire sans précédent en découle.

(ii)               Pour mobiliser une force européenne d’interposition destinée à sécuriser le peuple palestinien
Il est clairement urgent de ne pas laisser le peuple palestinien sans défense. Malgré les nombreuses inexactions véhiculées par les responsables israéliens et les médias, le peuple palestinien est livré à lui-même, ne disposant ni d’armée ni de soldats pour veiller à leur sécurité de manière efficace.

(iii)             Pour mettre en place une commission d’enquête européenne et/ou internationale visant à déterminer la nature des crimes commis à l’égard du peuple palestinien, et à déterminer les responsabilités afin que celles-ci fassent l’objet de poursuites judiciaires

L’aspiration à une justice pour les palestiniens implique que les crimes commis à leur encontre soient enfin jugés. Pour cela, une étape préliminaire d’enquête est nécessaire. Celle-ci devra s’effectuer en territoires palestiniens et Israël ne devra, à aucun moment, tenter d’empêcher une telle initiative.

(iv)             Agir dans les plus brefs délais en faveur de la mise en place d’un Etat Palestinien indépendant et souverain

La mise en place d’un Etat Palestinien semble de plus en plus éloignée. En effet, Israël multiplie l’instauration de colonies dans les territoires palestiniens, a érigé un mur déclaré d’ailleurs illégal par la Cour Internationale de Justice et multiplie les actions afin de rendre impossible la création d’un Etat Palestinien.

Nous ne pouvons plus faire preuve de naïveté fasse aux projets inavouables mais plus que visibles d’Israël. Il s’agit pour cet Etat de disposer de l’ensemble des territoires palestiniens grâce à une politique de terreur mener contre les palestiniens et à une politique de communication à l’attention de la Communauté Internationale. Cet Etat est contre la mise en place d’un Etat Palestinien, et agit en ce sens. Les crimes actuellement perpétrés à Gaza ne sont qu’une illustration des visées de l’Etat d’Israël.

Il appartient aux Responsables politiques et/ou Elus de l’Union Européenne de mettre un terme aux projets d’Israël et d’agir concrètement en faveur de la mise en place d’un Etat Palestinien. Une telle initiative ne peut plus attendre et l’Union Européenne doit s’impliquer activement.

(v)               Respecter le processus démocratique dans les territoires palestiniens

En juin 2007, des élections démocratiques ont été menées au sein des territoires palestiniens. Les nombreux observateurs internationaux ont souligné avec force la transparence et l’organisation exemplaire de ces élections. Pourtant, l’ensemble de la Communauté Internationale a condamné l’issue de ces mêmes élections, à savoir la victoire du parti du Hamas.

Il est important de souligner qu’il vous appartient de respecter ce processus électif. En aucun cas, la communauté internationale n’a le droit de « choisir » ses partenaires qui représenteront le peuple palestinien. Pourtant, c’est une telle démarche qui a été adoptée niant ainsi aux palestiniens le droit de disposer de représentants que eux estiment légitimes.

Le Hamas a fait l’objet de campagnes de décrédibilisation et de « diabolisation » afin de mieux légitimer un autre parti qui lui n’avait pas été choisi par le peuple palestinien. Une telle démarche est totalement condamnable. Qu’on le veuille ou non, le Hamas est un parti politique qui a un écho certain auprès du peuple palestinien. Pourquoi serait-il considéré comme mouvement terroriste ? Ses actions si elles sont estimées comme étant condamnables par Israël et la Communauté Internationale, ne le sont certainement pas moins que celles commises par Israël et totalement passées sous silence par la Communauté Internationale.

On ne choisit pas ses interlocuteurs, on respecte ceux qui ont été régulièrement désignés par le vote des palestiniens, de la même façon que l’élection de Responsables politiques israéliens élus par le peuple israélien est respectée bien qu’ils appartiennent à un parti politique d’extrême droite qui soutient avec force une politique de violence à l’égard des palestiniens et la négation de tout Etat Palestinien futur.

Le Hamas doit donc être respecté en tant que parti politique élu par le peuple palestinien et être donc un interlocuteur pour représenter ce même peuple. Il est condamnable de négocier avec un responsable politique qui ne dispose d’aucune légitimité élective. Une telle démarche aurait été qualifiée d’insensée si elle avait été menée à l’égard d’Israël ou de tout autre Etat. Pourquoi ne serait-ce pas le cas pour les palestiniens ? Force est de constater qu’Israël veut choisir ses interlocuteurs, ce qui est fortement condamnable. Il doit être mis un terme à cette stratégie, et nous vous demandons d’agir en ce sens.

A l’aune des élections européennes, il vous appartient de faire face à vos responsabilités et de prendre une position claire et ferme sur le sort tragique des palestiniens dont le paroxysme est plus qu’atteint aujourd’hui. Il vous appartient d’agir rapidement et de manière concrète.

Tel est le sens de cet appel. Nous vous demandons d’en tenir compte au moment où l’irréparable se produit sous nos yeux.

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de notre considération la meilleure.

Mohamed BECHARI
Président de la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF)
Secrétaire Général de la Conférence Islamique Européenne (EIC/CIE)
Vice-Pdt de la Fondation des Oeuvres de l’Islam de France (FOI)

Président Recteur de l’Institut Avicenne des Sciences Humaines (IASH)
4 Place du TEMPLE
59000 LILLE
Tel : 0320211620 Fax : 0320579958
www.avicenne.eu

[1] Propos de Richard FOLK, rapporteur auprès de l’ONU sur les droits de l’Homme dans les Territoires Palestiniens.

[2] Le 30 décembre 2008, un navire du « Free Gaza Movement » transportant du matériel médical et des médecins volontaires, a été attaqué à l’aide de munitions réelles par des navires de l’armée israélienne dans les eaux internationales.

[3] Deux journalistes de la chaîne Al Jazeera ont été arrêtés par l’armée israélienne dans la Bande de Gaza à ce jour

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