Le prochain forum sur la lutte contre la corruption se tiendra à Johannesburg

Par Andrzej Zwaniecki
Washington – Des ministres, de hauts fonctionnaires et des spécialistes du monde entier vont se réunir en avril, à Johannesburg (Afrique du Sud), afin de renforcer la coopération destinée à découvrir la corruption, à poursuivre en justice les agents publics qui sont corrompus et à récupérer les fonds publics qu’ils ont détournés, ont indiqué de hauts responsables américains.
Le Cinquième Forum mondial sur la lutte contre la corruption et le respect de l’éthique, qui aura lieu du 2 au 5 avril, permettra aux participants d’échanger des informations sur les meilleures méthodes de lutte et d’envisager ce qu’ils peuvent faire pour s’acquitter des engagements tels que ceux qu’ils ont pris lors de conférence qui s’est tenue en décembre 2006, en Jordanie, à propos de la mise en œuvre de la Convention des Nations unies contre la corruption.
Document de portée mondiale, cette convention peut devenir une arme puissante dans la lutte mondiale contre ce fléau, a indiqué un haut responsable du département d’État, M. David Luna.
Elle exige que les pays criminalisent les actes de corruption et qu’ils prennent des mesures de prévention. Elle facilite la coopération internationale et établit un cadre pour la récupération des fonds publics détournés. Cent quarante pays l’ont signée et 85 l’ont ratifiée depuis son ouverture à la signature le 9 décembre 2003, à Mérida (Mexique).
La première réunion en 2006, en Jordanie, des États parties à la convention leur a permis de se rapprocher d’un consensus sur les meilleurs moyens de récupérer les fonds publics détournés et de renforcer la coopération internationale, a indiqué M. Luna.
Toutefois, la mise en œuvre de la convention peut être, selon des responsables américains, décourageante pour des pays dotés d’institutions peu solides et manquant de moyens en matière de répression.
« Alors que les États-Unis appliquent la convention dans son intégralité, la communauté mondiale ne fait que commencer d’entreprendre cette tâche », a fait remarquer un haut responsable du ministère de la justice, M. Benjamin Longlet.
Afin de faciliter l’application de la convention, a-t-il dit à l’USINFO, les pays qui l’ont ratifiée vont recevoir sous peu une liste destinée à établir leurs besoins en matière d’assistance technique. « À Johannesburg, nous allons encourager les parties à la convention à remplir sans tarder cette liste de façon que nous puissions commencer à avoir une idée de là où ils en sont en ce qui concerne l’application des principales dispositions de la convention. »
Les forums mondiaux sur la lutte contre la corruption ont un rôle important à jouer pour ce qui est de veiller à ce que la convention devienne un instrument pratique au lieu d’être seulement une noble déclaration et à ce que la communauté internationale encourage les nouvelles connaissances et les solutions novatrices.
Le prochain forum ne se limitera pas cependant à encourager l’application de la convention. Depuis plusieurs années, a dit M. Luna, on observe une volonté croissante dans diverses parties du monde d’élaborer des stratégies judicieuses contre la corruption en vue de contribuer au renforcement du respect de l’éthique dans les secteurs public et privé, du développement économique, de la stabilité et de la sécurité régionales.
Par exemple, les dirigeants des pays d’Amérique centrale se sont engagés en 2006 à œuvrer en faveur de la création d’un climat défavorable à la corruption dans les domaines économique et politique d’ici à 2010. En outre, les États membres de la zone du forum de Coopération économique Asie-Pacifique, qui comprend les États-Unis, ont pris l’engagement la même année d’interdire l’entrée sur leur territoire à des agents publics corrompus et à des fonds publics détournés.
Ces initiatives, a dit M. Luna, constituent des signes d’une volonté politique croissante de lutter contre la corruption et de prendre des mesures en vue de favoriser la bonne gouvernance.
Le forum de Johannesburg, a-t-il indiqué, devrait apporter un appui aux efforts régionaux et favoriser les systèmes nationaux de respect de l’éthique en concentrant son attention sur la façon dont les pays peuvent améliorer les mécanismes de surveillance et d’évaluation, accroître les partenariats entre le secteur public et le secteur privé et appliquer des mesures efficaces pour prévenir la corruption.
Ce fléau demeure pour le ministère de la justice des États-Unis une question prioritaire car il est un élément central de nombreux autres problèmes mondiaux tels que le financement du terrorisme, le blanchiment de capitaux et d’autres formes de criminalité organisée.
La répression destinée à réduire le terrorisme et la criminalité transnationale au moyen des mesures de lutte contre la corruption sera aussi à l’ordre du jour du forum de Johannesburg.
Le gouvernement sud-africain a indiqué qu’il considérait ce forum comme une occasion d’examiner les effets de la corruption sur la pauvreté dans le monde ainsi que la manière dont elle porte atteinte à la capacité de gouverner des États.
M. Luna a souligné que le fait de s’attaquer à la « kleptocratie » grâce à la coopération internationale en matière de lutte contre la corruption de haut niveau et de récupération des fonds publics détournés était particulièrement important dans le cadre de la campagne mondiale destinée à réduire la pauvreté, à renforcer la confiance de la population et à mettre l’accent sur le devoir de transparence, alors que la corruption empêchait les pays de tirer pleinement parti de leurs possibilités et leurs habitants d’avoir un avenir meilleur.
L’échange d’informations lors du forum de Johannesburg sur les moyens de priver d’un refuge les agents publics de haut rang qui sont corrompus ainsi que sur les moyens de découvrir, de bloquer et de récupérer les fonds qu’ils ont détournés contribuera à favoriser la réduction de la pauvreté.
C’est en 1999 que les États-Unis ont organisé pour la première fois, à Washington, un forum mondial sur la lutte contre la corruption. Depuis lors, ce forum se tient tous les deux ans dans un pays différent. Le président de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, présidera l’ouverture du forum de 2007.
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