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Les Suisses rejettent la réforme scolaire!

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La Suisse vient de rejeter la réforme scolaire qu’elle avait engendrée il y a quelques années. Cette réforme, qui a servi de modèle à plusieurs pays, a subit un autre revers dans le canton de Genève, en Suisse. Un référendum demandant le retour des notes, des moyennes de classe et de la promotion annuelle a obtenu dimanche 75,6% d’appui de la population. Prenant acte de ce désaveu, le ministre genevois de l’Éducation, Charles Beer, a promis le retour à une école plus traditionnelle pour la rentrée 2007.

Les électeurs "ont donné le coup d’arrêt" à la réforme, selon le numéro du 25 septembre 2006, du quotidien suisse Le Temps. Ils ont "exprimé leur ras-le-bol de la frénésie des réformes appliquées depuis les années 1970". Le taux de participation au référendum a été de 54,7%, ce qui est élevé.

Le ministre Beer avait proposé un compromis l’an dernier, après 10 ans de réforme à Genève. Des notes -traduisant l’évolution de l’élève par rapport à lui-même- étaient apparues.

Quant aux cycles d’apprentissage, ils étaient passés de quatre à deux ans. Cela n’a pas suffi : les électeurs ont voté pour des "cycles" d’un an et des notes liées aux objectifs à atteindre.

"La solution appliquée en 2005 a été jugée insuffisante, a constaté Charles Beer. C’est un échec." Indiquant que le vote était pour lui "un signal fort", le ministre a précisé qu’il n’était "plus question de se lancer dans des grands changements sans avoir le souci d’être compris", tel que rapporté par La Tribune de Genève.

L’Association refaire l’école (ARLE), qui a lancé ce référendum après avoir fait signer une pétition par 28000 électeurs, était très heureuse du résultat. "Nous remercions les citoyens très chaleureusement pour cette preuve de bon sens", a indiqué hier à La Presse André Duval, président de l’ARLE. Le groupe tient maintenant au retour "des notes certificatives avec des moyennes et des programmes annuels ", a-t-il précisé.


Cette réforme était basée sur le pragmatisme philosophique de Charles Sanders Peirce, école de pensée d’origine américaine mais qui a eu des émules en William James et John Dewey. La maxime principale du pragmatisme philosophique est la suivante : toute théorie se distingue d’une autre par les effets qu’elle produit une fois qu’elle est posée dans la vie pratique. Conséquence : toute connaissance est acquise uniquement dans la perspective de l’action et non de la contemplation. La connaissance pour elle-même n’a aucune utilité : elle doit être bannie de tout système d’éducation.

La pensée spéculative n’a plus sa place dans le pragmatisme philosophique. La pensée est uniquement empiriste : la notion pratique est étroitement liée à la question de savoir quels effets une théorie peut avoir dans l’expérience.

La vérité n’existe plus : chacun la trouve en inventant et en construisant son propre savoir. Le vrai, c’est ce que chacun expérimente, découvre, a une certaine utilité pour le fonctionnement de la vie de tous les jours. Le bien, c’est ce qui est utile pour le fonctionnement de la vie pratique. En ce sens, tout l’aspect des grandes questions métaphysiques, comme le sens de l’existence, l’existence de Dieu, l’âme immortelle, les croyances, et autres problèmes connexes, réalités qui n’ont aucune utilité, sont évacuées de la réflexion humaine.

L’élève devient son propre maître. Il ne peut être évalué puisque sa connaissance progresse au rythme de ses recherches. La pédagogie par projets a remplacé la transmission de la connaissance. Le bulletin scolaire n’a plus sa place : chacun devient son propre évaluateur et forcément, la note est toujours bonne puisque l’élève n’a d’autres points de repères que sa propre recherche et sa démarche personnelle.

Les Suisses, à l’origine d’une réforme qui s’inspirait largement de la pensée de Peirce et des ses disciples James et Dewey, viennent de rejeter très majoritairement cette approche pédagogique que les Québécois tentent d’appliquer dans tout le système scolaire québécois. Le ministre de l’Éducation doit prendre acte du résultat du référendum helvétique. Il doit procéder, de toute urgence, au démembrement d’une réforme honnie par la majorité du corps enseignant québécois.

Source : ** N. Turcotte, Cyberpresse
**M. Allard, La Presse

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