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Le courage d’éviter le mariage à risque

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Mustapha HMIMOU

Certains projets d’union semblent à priori parfaits, mais derrière l’amour ou la hâte de fonder enfin  une famille se cachent parfois des dynamiques capables de fragiliser durablement un couple et d’empoisonner la vie de ses futurs enfants innocents. Des drames de ce genre, on en trouve suffisamment autour de nous pour comprendre qu’ils ne sont ni rares ni anodins. Pour le bien de tout futur couple, et plus encore pour celui des enfants à venir sans y avoir leur mot à dire, il est donc crucial, avant même de s’engager, de reconnaître les signes qui annoncent des tensions futures.

Par exemple, la future épouse possessive ou jalouse au point d’être excessive dans son contrôle, qui cherche déjà à isoler le prétendant de sa propre famille, représente un danger réel pour le futur couple. Son partenaire risque de se retrouver étouffé, placé devant l’obligation injuste de choisir entre la loyauté conjugale et ses liens familiaux naturels. Quant aux enfants à venir, ils seraient condamnés à grandir dans un climat de tensions persistantes, pris dans un étau de loyautés impossibles qu’ils n’auraient pas choisies et qu’ils ne pourraient comprendre. Dans une telle configuration prévisible, la souffrance touchera toutes les parties, y compris les deux familles qui assisteraient, impuissantes, à une relation minée de l’intérieur.

Dans un tel cas, l’époux victime de son imprudence n’aurait guère de difficulté à mettre fin à cette union cabossée et à refaire sa vie à tout âge. L’épouse, responsable de ce gâchis, n’aurait alors qu’à assumer les conséquences de ses excès. Mais si des enfants sont nés de cette union, le drame prend une dimension véritablement tragique, car ce sont eux qui en paieraient le prix fort, en tant que victimes innocentes d’un engagement irréfléchi dans une relation impossible, conclu à une époque où ils n’existaient même pas pour avoir leur mot à dire.

Inversement, dans le cas du prétendant déjà avéré « fils à maman » parce qu’incapable de se détacher de sa mère, la situation risque d’être encore plus grave en cas d’échec : l’épouse imprudente, qui se serait engagée malgré les signaux d’alerte, ne pourrait pas refaire sa vie aussi facilement que l’époux fautif, et l’éventuelle enfance innocente en subirait lourdement les conséquences. Pourtant, un tel futur mari pourrait ne pas être si problématique, ni pour le couple ni pour les enfants. Pourquoi donc ?

L’affection indéfectible entre parents et enfants est tout à fait naturelle et saine. Même lorsqu’elle s’avère excessive, elle peut ne pas nuire au couple dans deux cas précis. D’abord, si la belle-mère reste bienveillante et non intrusive. Un mari très attaché à une mère équilibrée et respectueuse des limites peut, avec le temps, trouver sa place d’époux mûr et indépendant. Dans ce contexte l’attachement excessif et prolongé à la mère ne constitue aucune menace pour l’équilibre conjugal.

Ensuite, il arrive que la mère du mari « fils à maman » soit intrusive, mais que celui-ci, quand même conscient du danger, soit soucieux de protéger son épouse. Dans cette configuration, lui et sa compagne peuvent, de connivence, gérer la situation avec tact. Ils ménagent la mère excessive, en faisant semblant de se plier à ses attentes, tout en préservant discrètement leur autonomie.. Cette stratégie permet de maintenir l’harmonie familiale et d’offrir aux enfants le nécessaire environnement d’un foyer apaisé.

Mais le véritable danger apparaît lorsque la mère du mari « fils à maman »  se révèle possessive et envahissante, et que son rejeton, habitué depuis l’enfance à se soumettre à ses attentes, n’a ni la force ni la volonté de protéger son épouse. Dans ce cas, la belle-mère perçoit la femme de son fils comme une rivale qui lui enlève son enfant chéri. Elle s’immisce dans les décisions du jeune ménage, critique l’épouse, exige, surveille, manipule et cherche à maintenir son pouvoir, quitte à compromettre l’union, même au détriment des malheureux enfants innocents.

Un tel mari, incapable de hiérarchiser ses loyautés, cède, se tait, ou pire encore, prend systématiquement le parti de sa mère. Il croit alors bien faire, persuadé d’honorer un devoir religieux sacré envers celle qui lui a donné la vie. Mais ce faisant, il oublie une vérité essentielle : l’épouse qu’il laisse persécutée est elle aussi une mère, celle de ses propres enfants, et mérite à ce titre la même considération, le même respect et la même protection.

Un tel couple se retrouve alors piégé dans une dynamique triangulaire où l’épouse à l’origine imprudente est sacrifiée, tout comme ses enfants innocents. Les tensions s’accumulent, les conflits deviennent quotidiens, et la vie commune se transforme en une épreuve infernale, insupportable, qui finit souvent par devenir un drame marquant à jamais la vie de l’épouse, de ses enfants et de sa propre famille élargie.

Pourtant dans ce scénario, faut il le réitérer, l’épouse, bien que victime d’une situation profondément injuste, elle porte malgré tout, avec sa famille, une part de responsabilité: celle d’avoir manqué de prudence dès le départ pour discerner la réalité de son futur mari, ou celle d’avoir identifié le risque et d’avoir malgré tout choisi de s’engager dans une aventure vouée à l’échec.

L’amour ou tout juste la crainte de perdre l’occasion de se marier avec l’âge qui avance, pousse parfois la jeune fille et peut être sa famille aussi, à ignorer les signes annonciateurs d’un avenir difficile. Or, dans un projet d’union, cette prudence et cette clairvoyance ne sont pas du tout un luxe, mais une nécessité vitale pour se protéger soi-même, et pour éviter à de futurs enfants innocents d’être pris au piège d’une union conflictuelle qu’ils n’ont pas choisie.

Enfin, le cas de l’épouse possessive tout comme celui de l’époux fils à maman ne sont que deux exemples parmi bien d’autres situations dramatiques, voire tragiques, qui sont à l’origine de crises conjugales prévisibles. Les tribunaux en sont remplis, et les victimes en sont presque toujours les mêmes : la femme et sa propre famille qui sont à l’origine imprudentes, et surtout l’enfance innocente, prise au piège d’un couple en conflit qu’elle n’a pas choisi

La morale de l’histoire est claire, et la sagesse populaire l’a déjà résumé depuis des générations en quelques mots qui valent mieux que de longs discours. Tel cet adage : Zouaj leïla tedbir ‘âm pour dire une nuit de noces nécessite une année de réflexion et de préparation. Ou bien cet autre qui dit: Miât tkhemima ou’w tkhemima awla darbâ bel-m’kass, soit cent et une réflexions plutôt qu’un coup de ciseaux précipité.

Avant donc de s’engager dans toute union future, il faut de la lucidité pour observer sans naïveté, du discernement pour mesurer les risques, et surtout le courage de renoncer au projet si nécessaire. Cette vigilance ne concerne pas seulement la jeune fille, mais aussi toute sa famille : mère, père, frères et sœurs, qui doivent l’aider à voir avec clairvoyance ce que l’amour, ou parfois simplement la hâte d’avoir enfin un foyer, peut masquer. Mieux vaut donc renoncer à un mariage voué à l’échec que condamner deux familles et de futurs enfants innocents à des souffrances que l’on pouvait prévenir.

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