Home»International»« Mon alliance n’atteindra pas les injustes »

« Mon alliance n’atteindra pas les injustes »

0
Shares
PinterestGoogle+

Mustapha HMIMOU

«Nous, juifs, nous avons été chassés de la Terre Sainte et dispersés à travers le monde parce que nous avons failli à la mission que Dieu nous avait confiée. Il nous avait choisis pour porter Sa parole, mais, dans notre orgueil obstiné, nous avons cru qu’Il avait fait de nous le “peuple élu” pour notre seul avantage. En agissant ainsi, nous L’avons trahi. Il ne nous reste donc plus qu’à nous repentir et à purifier nos cœurs. ».

 

Telles furent en 1922 les paroles de Jacob de Haan, juif orthodoxe hollandais et professeur de droit, devenu correspondant spécial du Handelsblad d’Amsterdam et du Daily Express de Londres à Jérusalem.Paroles contre le sionisme en vogue alors, qui lui  coûtèrent la vie l’année suivante, lorsqu’il fut assassiné par des terroristes sionistes. Paroles qu’il
répéta à maintes reprises à Mohammed Assad, encore juif à l’époque, avant sa
conversion à l’islam en 1926, et qu’il rapporta bien plus tard dans son ouvrage
Le Chemin de La Mecque, achevé en 1953.

 

Ses propos sont extraordinaires, car en totale contradiction avec ses références et son éducation religieuses. Je ne sais donc d’où il a puisé une telle interprétation, si conforme plutôt à l’enseignement du Coran auquel il ne croyait pas.

Selon le Coran, la Torah révélée à Moïse est bien, entre autres, et principalement un message de monothéisme universel, c’est à dire  destiné à toute l’humanité. Il s’agit de l’héritage d’Abraham que Dieu a décrété monothéiste exemplaire pour les gens et non pas pour sa seule descendance. Le Coran le rappelle explicitement en des termes dont voici le sens : « Quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : Je fais de toi un exemple à suivre pour les gens. – Et parmi ma descendance ? demanda Abraham. – Mon alliance, dit Allah, n’atteindra pas les injustes ». (Coran 2 : 124). Cet héritage messianique ne revient donc qu’aux justes parmi sa descendance, c’est-à-dire ceux qui préservent et propagent sa foi monothéiste universelle, et non se l’approprier comme un privilège tribal.

Et selon le Coran toujours, Abraham laissa deux lignées de sa descendance. La première, issue d’Isaac, reçut la mission de prêcher par l’exemple le monothéisme auprès de l’humanité, comme héritage messianique. Mais il lui a plutôt plu d’en faire une succession immobilière, telle cette prétendue promesse de dieu à Abraham : « Je te donnerai, et à tes descendants après toi, le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu » [Genèse 17:8]. Et s’en suivit cette interprétation talmudique encore plus radicale : «Le monde a été créé uniquement pour le bonheur des enfants d’Israël. Les enfants d’Israël sont les seuls enfants de Dieu, et eux seuls sont les bien-aimés de Dieu». [TALMUD : Tractate Gerim.1].

 

Or selon le Coran, la dimension messianique universelle du monothéisme s’est déjà manifeste avec Moïse. Il prêcha la parole de Dieu au Pharaon, qui n’était pas israélite. L’un de ses hauts dignitaires, lui aussi non israélite, y crut en secret. Et Pharaon lui même finit par y croire à son tour, comme Moïse l’avait bien voulu, mais trop tard.

 

Plus tôt encore, Joseph, l’un des propres fils d’Israël, transmit le message monothéiste à ses codétenus, pourtant non israélites, comme prélude à l’interprétation de leurs songes. Plus tard encore, Salomon fit de même avec la reine de Saba, elle non plus israélite et qui adopta la foi en Dieu unique. Enfin, Jésus, issu également de la lignée d’Isaac, prêcha lui aussi le monothéisme universel, héritage de son ancêtre Abraham. Mais pour cette raison, il fut rejeté par ses frères israélites. Et puis son message monothéiste universel, fut par la suite déformé en trinité sous l’égide les Romains païens au concile de Nicée en 325.

 

Au lieu donc d’hériter d’Abraham ce message monothéiste universel destiné à toute l’humanité comme le dit si bien déjà en 1922 le juif Jacob de Haan et le veulent la chrétienté et l’islam, les israélites en firent et en font toujours non seulement un héritage exclusif et tribal, mais bien plus et surtout une revendication territoriale prétendue promise par dieu et dont souffre le peuple palestinien depuis plus de huit décades et de nos jours plus que jamais.

 

Selon la Genèse (15:18) : « En ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abram et dit : Je donne ce pays à ta descendance, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate.». Prétention qu’on ne cache plus et qui inquiète sérieusement les peuples des pays tout autour de la Palestine.

 

Certains pourraient dire que le Coran reconnait aux israélites cette concession territoriales en des termes dont voici le sens : «Nous avons fait hériter les peuples qui étaient opprimés les parties orientales et occidentales de la terre que Nous avions bénies. Et la belle promesse de ton Seigneur envers les fils d’Israël s’accomplit pour ce qu’ils avaient enduré avec patience. Nous avons anéanti ce que Pharaon et son peuple faisaient et ce qu’ils construisaient. » [Coran 7 : 137].

 

Or ce n’est pas un héritage immobilier, mais plutôt la terre qui devait servir de point de départ messianique. Lieu bénit par dieu pour être source de la lumière monothéiste qui devait éclairer toute la terre de l’Orient à l’Occident. Promesse divine  qui s’accomplira complètement et définitivement avec l’ultime message monothéiste, mais cette fois-ci à partir de la Mecque.

 

En effet la seconde descendance d’Abraham, issue d’Ismaël, reprit plusieurs siècles plus tard ce même héritage monothéiste abrahamique, et l’accomplit pleinement à travers le message universel de l’islam. Et voilà ce qu’en dit justement Mohammed Assad dans son même ouvrage Le Chemin de La Mecque : « La connaissance s’imposa avec une certitude éclatante aux hommes du désert, avant de se répandre ailleurs. Ce fut du buisson ardent dans le désert de Madian que la voix de Dieu interpella Moïse. Ce fut dans la solitude du désert de Judée que Jésus reçut le message du Royaume de Dieu. Et ce fut dans la caverne de Hira, sur les collines désertiques proches de La Mecque, que le premier appel fut adressé à Muhammad d’Arabie.

 

… Il fut une affirmation universelle de la vie, tant de l’esprit que de la chair. Il allait aussi donner forme et but à une nation qui n’était jusqu’alors qu’un ensemble incohérent de tribus et, par elle, se répandre en quelques décennies, comme une flamme et une promesse, vers l’ouest jusqu’à l’océan Atlantique et vers l’est jusqu’aux confins de la Chine.Plus de treize siècles plus tard, il demeure aujourd’hui une grande puissance spirituelle, qui défie toutes les décadences politiques et survit même à la civilisation qu’il avait fait naître. Tel fut l’appel adressé au Prophète d’Arabie« . Et tel doit être interprété le verset [Coran 7 : 137] précité.

 

Cela ne m’étonne pas d’Assad converti très tôt à l’islam. Sa bonne lecture du Coran lui a permis de bien comprendre la faute historique de ses aïeuls israélites et ses tragiques prolongements jusqu’à nos jours. Mais ce qui m’étonne encore, c’est que Jacob de Haan ait perçu si tôt la même vérité en 1922. Vérité pourtant et manifestement en contradiction avec ses références et son éducation judaïques. Quoi qu’il en soit, il avait parfaitement raison.

 

Mais tôt ou tard cette vérité triomphera.  Ce qui se passe de nos jours en Palestine, comme on le voit un peu partout au monde, ne fait qu’accélérer cette prise de conscience par tous les peuples, n’en déplaise aux puissants régimes qui soutiennent encore et malgré tout ces atrocités insupportables.

 

 

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

Aucun commentaire

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *