Monseigneur, comme tout bon pasteur, craint pour ses brebis dont beaucoup quittent le bercail pour ne plus y revenir. Au lieu de s’inquiéter, Sa Sainteté doit s’interroger pourquoi ses pauvres brebis le quittent. Elles doivent manquer de bons pâturages bien clôturés contre les méchants loups qui rôdent et dévorent celles qui s’égarent ou s’éloignent du reste du troupeau. Elles doivent manquer d’herbes hautes, vertes, variées et nourrissantes. Un bon pasteur à l’œil vigilant, à la présence apaisante et imposante qui les rassure contre le méchant loup doit leur faire défaut. Mais les pâturages de Sa Seigneurie sont maigres, leurs enclos lâches, leurs herbes indigestes et le pasteur un vulgaire profane. Mais comme l’instinct de survie l’emporte sur tous les autres instincts, les brebis de Monseigneur le Pape changent de pâturage où l’herbe fraîche pousse en abondance, où l’eau rafraîchissante coule à flot, et où il n’y a pas de pasteur parce qu’il n’y a pas de loup .Que Monseigneur dorme sur ses deux oreilles : Il ne doit pas s’inquiéter pour ses brebis qui paissent gloutonnement, broutent abondamment et ruminent paisiblement. Il doit plutôt s’inquiéter pour celles restées enfermées dans ses enclos. Qu’il se rassure. Bientôt toutes ses brebis passeront dans nos pâturages et il restera tout seul, si déjà l’idée de suivre ses brebis ne le taraude pas lui-même.