Home»Régional»Un Oujdashore en préparation

Un Oujdashore en préparation

0
Shares
PinterestGoogle+

Entretien avec Mohamed Mbarki, directeur de l’Agence de l’Oriental

L’Oriental prépare un ambitieux programme de développement. Zones industrielles, zone franche à Nador, technopôle touristique à Figuig et Saïdia, etc… Autant de niches identifiées par l’Agence de l’Oriental, créée officiellement en février 2006 et dirigée par Mohamed Mbarki.

· L’Economiste: L’Agence de l’Oriental a identifié deux secteurs, le tourisme et l’agro-industrie comme vecteurs de développement. Comment se décline cette stratégie? Et quelle spécialité pour chaque région?

– Mohamed Mbarki: Nous avons préféré commencer par le sud, particulièrement Figuig, qui n’a jamais figuré dans les priorités de l’Agence du Nord. Avec ses oasis, c’est pourtant une région qui peut devenir, par excellence, un pôle de tourisme multi-niches: rural, chasse et de pèlerinage. Dans sa configuration géographique, la région comprend ainsi un chapelet de petites oasis, sises entre Figuig et Errachidia, avec un potentiel important et de grands atouts (site de Bni Znassen, les grottes de Taourirt). Du reste, de grandes personnalités du showbiz, comme Jamel Debbouze, s’y intéressent et cette synergie peut contribuer au développement du secteur.

Enfin, la région de l’Oriental, si elle est replacée dans un espace euro méditerranéen, peut conquérir de grandes parts de marché.

· Mais l’Oriental, ce n’est pas uniquement Figuig, mais d’autres provinces et villes comme Nador, Berkane, Taourirt, Jerrada. Quelles autres industries peuvent éclore dans ces régions ?

– Justement, on s’est attelé depuis la création de l’agence à mettre en place une sorte de spécialisation des régions. Nous avons ainsi identifié et lancé plusieurs initiatives à l’instar du programme de développement industriel de l’Oriental, conduit avec le ministère de tutelle. Il s’agit d’aménager des zones industrielles et, à travers cela, développer des filières industrielles et d’exportation. 11 ont été identifiées, mais seules quatre d’entre elles sont programmées en priorité. Elles sont dédiées notamment à l’export. Il y a d’abord la technopôle d’Oujda, et qui, j’espère, pourrait bientôt accueillir un Oujdashore. Ensuite, le site de Boughriba où sera mis en place une zone franche avec un pôle de développement maritime industriel.

· Y a-il un dead-line pour ces projets?

– Une étude menée par le cabinet Ernest Young est en cours pour vendre ces quatre zones à l’international, tout en ouvrant le champ à des nationaux. Si tout se présente bien, ces zones auront des aménageurs d’ici fin 2007.

· Pôle touristique et industriel… La région aura besoin d’une grosse main-d’oeuvre finalement. Y avez-vous déjà pensé ?

– Pour l’ensemble des pôles de compétences, il nous faudra évidemment des ressources humaines. On en est conscient. D’où un programme initié par l’agence afin d’inciter l’université d’Oujda à favoriser des passerelles avec le milieu des entreprises. Il s’agit de créer des pôles de compétences dans les secteurs porteurs identifiés et les soutenir par le financement de nouvelles filières de formation, d’étude et de recherche. Il s’agit aussi de soutenir  les lycées, notamment ceux qui préparent les bacheliers aux grandes écoles d’ingénieurs.

· L’Oriental souffre de nombreux clichés dont beaucoup sont fondés, notamment en matière de contrebande. Que comptez-vous faire pour corriger cette image ?

– Effectivement, on ne peut nier la réalité. La contrebande s’est développée dans la région en raison du différentiel d’économies frontalières. Aussi, l’objectif est de réorienter cette créativité dynamique qui existe chez les jeunes vers des alternatives dans des secteurs plus légaux.

· Une partie de la région n’a pu se remettre de la fermeture de Jerada. Il faut dire que les plans de reconversion n’ont été nombreux. Qu’en pensez-vous ?

– A mon avis, le développement de l’Oriental passe aussi par une requalification des villes minières. Jerrada a fait objet d’un plan de règlement et réfléchi de l’après-mine. Un investissement colossal à travers la centrale thermique à cycle combiné va y être réalisé par l’ONE. Sise à Aïn Béni Mathar, cette centrale sera la plus puissante en Afrique avec 500 MW. Du reste, un projet de filière en agriculture et élevage est en cours de réalisation. Il y a aussi des filières de plantes aromatiques et médicinales à mettre en place. Bref, les alternatives ne manquent pas.

Chiffres

Dotée de 1,9 million d’habitants, la région de l’Oriental abrite aussi les communes les plus pauvres communes du pays. Le taux de pauvreté est supérieur à 30% dans 34 communes rurales, dépassant largement la moyenne nationale à la campagne (22%). Sans activités pérennes, le taux de chômage y est élevé chez les jeunes. 47 communes ont un indice communal de développement humain (ICDH) inférieur à 52%, loin de la moyenne requise pour l’épanouissement de la ressource humaine. L’accès à l’eau potable, à l’électricité et au réseau routier est une des plus faibles dans 16 de ces communes rurales.

Propos recueillis par

Badra BERRISSOULE

L’ECONOMISTE

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

Aucun commentaire

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *