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L’inspection pédagogique : Le défi d’une refonte en perspective.

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Akabbach Mohammed
Sincèrement nous devons être d’accord pour dire qu’un corps appelé inspection pédagogique doit faire partie de l’héritage et des convenances pédagogiques d’un temps révolu. Ce n’est pas un secret de dire que son existence, dans les conditions actuelles, peut hypothéquer la bonne marche de la chose pédagogique. Il y a d’ailleurs plus d’une raison pour tirer la sonnette d’alarme allant dans le sens logique d’envisager une refonte conséquente du dispositif en question pour le reconduire dans une autre piste, celle de l’accompagnement pédagogique qui peut intégrer aussi bien la dimension de l’encadrement que celle du contrôle, et garantir ainsi , par un engagement omniprésent, la bonne gouvernance su secteur dans les normes de l’équité, d’efficacité et la collaboration et non plus dans celles de la hiérarchie, de la mainmise ou de l’humeur .
Il n’est nullement exagéré de dire que ce dispositif tant controversé dans les milieux scolastiques est constamment confronté à une crise d’identité parsemée d’écueils d’ordre organisationnel et pratique, à même de rendre obsolète sa contribution à toute éventuelle réhabilitation du système éducatif. Nous avons donc affaire à une inspection pédagogique qui doit impérativement rompre avec les procédés évaluatifs désuets pour se reconvertir en accompagnement pédagogique si elle veut vraiment servir le secteur dans le sens de la pérennisation et l’optimisation du rendement éducatif.
Allons donc dans le vif des prérogatives accordées à cette institution pour en déceler quelques failles et impertinences : Le manque de concordance entre la notation numérique et les appréciations verbales laisse entrevoir un paradoxe qui n’a rien à envier avec l’équité et l’exactitude sur le plan docimologique. Comment attribuer un 20/20 dans un rapport d’inspection x alors que la plupart des appréciations formulées vont à l’encontre de la justification de cette note.
Faut-il aussi rappeler, à chaque fois, que le temps où nous sommes fortement imprégnés par les approches scientifiques, il existe encore des pratiques archaïques chez certains de nos inspecteurs privilégiant le dictat des instructions figées à l’innovation prônée par les nouvelles stratégies d’encadrement et de supervision pédagogique. Ceux qui n’hésitent pas à chaque occasion d’inspection ou de visite de nous faire part d’un travail redondant et stéréotypé , parfois insignifiant , pour ne pas dire dégradant ; cela s’avère bien quand une série de recommandations ,enveloppée d’invectives vient s’abattre sur un rapport d’inspection, avec un diviseur commun ; la stigmatisation systématique de tout effort ou pratique quoiqu’ils témoignent de leur bien fondé , avec tout de même une petite lueur d’espoir à même de laisser éveillé le sentiment d’abnégation et de sacrifice qui est foncièrement l’apanage du corps enseignant .
Et puisque l’enseignant, aux yeux de nos chers inspecteurs, est un accusé jusqu’à preuve du contraire, ils n’hésitent pas à lui imposer leur manière d’agir en se basant sur le simple constat de la première visite /inspection pour établir une grille évaluative généralement figée et loin d’obéir aux normes du changement perpétuel des stratégies évaluatives.
Comment par exemple des inspecteurs se permettent de qualifier dans un rapport un enseignant qui frôle l’âge de la retraite, de déficitaire en matière de connaissances professionnelles, sachant que ce dernier a déjà justifié à travers son long parcours des compétences acquises par une formation initiale ardue et une escalade record des échelles de la fonction publique (promotion interne) . Comment donc  ‘’mesurer’’ les capacités et le potentiel de quiconque sans qu’on lui aie effectué un entretien aussi protocolaire soit-il ?
Comment gérer une classe de 49 élèves et disposer un tel effectif pléthorique en forme de « U » ? chose qui est pratiquement impossible.
Comment qualifier la pratique de l’enseignant de ‘’traditionnelle’’ sans pour autant spécifier les aspects tangibles de ce traditionalisme à travers des exemples puisés dans le corpus de la matière enseignée ou dans les détails de son déroulement ?
En somme, ce que nous avons évoqué précipitamment ci- dessus, n’est en fait que la pointe de l’iceberg. Ce qui pousse à dire que l’inspection pédagogique que l’on désirait être un levier de réforme et de soutien aux efforts consentis par les profs et un accompagnement conséquent pour ceux qui sont en difficultés ou fraichement installés , est devenue en réalité une source d’inhibition et une mainmise sur les destinées du professeur/praticien , l’empêchant de toute tentative d’innovation sous prétexte d’infraction aux instructions officielles .et l’induisant dans une voie où il serait contraint à amadouer l’inspecteur pour obtenir sa ‘’grâce’’ , par l’exécution scrupuleuse des directives officielles dans le seul but est de satisfaire «l’hégémonie savante » du corps des inspecteurs. Pourquoi ces mêmes inspecteurs ont laissé leurs plumes dans la bataille pour le rejet de la nouvelle appellation ‘’ superviseur’’ proposée il y a quelques années et qui semble ne pas pouvoir combler leur besoin à la dominance et à la suprématie. N’est- il pas pour la seule raison de perpétuer l’hégémonie savante avec l’adoption du terme ‘inspecteur’ qui incarne transversalement, à travers les secteurs de l’activité humaine, toutes les notions du pouvoir de coercition allant même à l’intimidation .
Il est temps aujourd’hui plus que jamais de repenser la fonction d’inspection pédagogique et de redéfinir son profil dans le sens de l’amélioration des prestations fournies par le biais d’implication effective dans le processus de l’enseignement-apprentissage ( par exple : charger l’inspecteur de la tâche enseignante en classe pour dispenser des cours pilotes) . Bref, la supervision pédagogique se doit d’assumer d’autres rôles à même de redoubler sa fonction initiale jusque-là obsolète , il faut l’avouer , par celle d’innovation et de prospective au risque d’être déphasée d’ un rythme de développement tous azimuts et en perpétuelle métamorphose .
Akabbach Mohammed . P.E.P / Kénitra

 

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