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Un peu de pédagogie pour panser les insuffisances (suite et à suivre)

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Zaid Tayeb


3-Le pouvoir de l’enseignant sur le champ cognitif

Il ressort de ce que j’ai dit et de ce qui va suivre que la tache de l’enseignant est beaucoup plus ardue qu’il ne parait à première vue et qu’il n’est pas donné au premier venu de se servir d’une langue comme moyen pour enseigner une matière comme fin à des apprenants dans un cadre pédagogique. La maitrise de l’enseignent, dans les deux cas, est plus que nécessaire mais elle n’est pas suffisante.

Le troisième point que je me permets de soulever dans cette petite réflexion sur la pédagogie concerne le pouvoir que l’enseignant doit avoir sur le champ cognitif. J’appelle par champ cognitif l’ensemble des connaissances qui se rattachent aussi bien à la matière enseignée qu’à la langue d’enseignement. Dans cette perspective, je prends le français comme fin et comme moyen. Il ne suffit pas à mon sens de connaitre la langue française et de la parler comme la parlent les Français de naissance pour se croire bon enseignant. Et il ne sera pas dit que tel enseignant parle le français mieux qu’un Français, par simple rapprochement pour simplifier les choses et leur donner un sens beaucoup plus au-dessus de ce qu’elles sont et ce qu’elles valent réellement, le cas échéant, tous les Français, ouvriers, chauffeurs, mécaniciens, commerçants seraient de bons enseignants de langue française. Or les choses ne vont pas dans ce sens. J’ai dit en amont que la langue française comme matière ne suffit pas à elle seule à faire d’un enseignant un bon enseignant tout au plus si elle l’aide à mieux s’exprimer pour mieux communiquer. Elle doit être complétée par la connaissance d’autres sciences. Tout au long de son expérience dans l’univers de la pédagogie, l’enseignant sera sûrement confronté à des situations qui ne relèvent pas de la langue comme matière, comme fond, comme discipline. Il fera sûrement face à des situations où il sera question des théories de l’évolution et de la relativité, des théorèmes de Pythagore et de Thalès, de la tectonique des plaques et de la dérive des continents, du cogito de Descartes et de la dialectique de Hegel, des guerres et des conquêtes de l’espace, du déluge et des miracles, du destin et du libre arbitre, de l’intelligence artificielle et de ses applications. Autant le champ de référence de l’enseignant est vaste et riche et varié, autant il a d’atouts pour se prémunir contre les imprévus et les coups qui viennent à l’improviste et qui peuvent désarçonner et faire culbuter. L’enseignant est comme le guerrier, il peut faire de tout bois, arme, feu ou gîte. Lui aussi, il peut faire face à toutes les situations qui se présentent à lui et d’y remédier sans avoir à s’alarmer.

La langue comme moyen de communication ne suffit pas à elle seule à l’enseignant pour mener à bien son œuvre pédagogique car elle n’est en fin de compte qu’un outil et comme tel elle devra être surélevée. L’enseignant aura besoin du concours d’autres domaines qui gravitent autour de la langue pour l’expliquer, la structurer, la baliser, la parfaire. Ces domaines à quoi, pour des besoins de communication, j’attribue le nom d’affluents, offrent à l’usager de la langue une large panoplie de moyens qui lui permettent de l’écrire ou de la parler de manière plus correcte, plus sûre et plus élégante. Les affluents de la langue sont nombreux et variés.

La grammaire normative avec la rigueur dans l’application de ses règles de syntaxe, d’orthographe, de dérivations lexicales, de prononciation, et de ses exceptions aux règles établies et admises par l’usage, constitue la plate-forme indispensable pour la connaissance et l’acquisition de la langue. Toutefois, il convient de ne pas oublier les écarts à la norme. A la rigidité de la norme, correspond la flexibilité des écarts.

La phonétique, quant à elle, offre à l’enseignant la possibilité de corriger la prononciation des voyelles orales et nasales proches par leur timbre, leur mode et leur point d’articulation, de varier les débits en fonction des situations qui peuvent engendrer des assimilations, de veiller au respect des liaisons et des enchaînements vocaliques…

L’orthographe d’usage et grammaticale exige la connaissance et la mise en application des règles et des exceptions qui ne manquent en français dont on dit, à juste titre, que dans cette langue, il y a autant de règles que d’exceptions.

L’enseignant de la langue française, pour mieux asseoir sa notoriété, doit élargir ses connaissances à la stylistique et ses registres littéraires et niveaux de langue, la rhétorique et ses figures de discours, la pragmatique ses dit et dire, la sémantique, la sémiotique, la linguistique et la littérature et leurs différentes écoles

Tout est bon qui peut être utile. Plus l’enseignant sait, plus il aura encore envie de savoir et plus il donne mieux, avec aisance et assurance.

A suivre

Zaid Tayeb

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