QUAND LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS
QUAND LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS
Avant, les choses étaient simples. On payait. Des rançons plus ou moins élevées, selon la médiatisation de l’otage.
On jurait ses grands dieux qu’on ne céderait jamais au chantage, mais on payait. La gauche comme la droite payaient. Pour le coup, l’intervention militaire française décidée est une vraie rupture. Le paradoxe, c’est que cette décision est saluée unanimement par la classe politique. Comme un hommage du vice à la vertu. Qui ne durera sans doute pas.
La France est entraînée dans une escalade sanglante dont on ne connaît pas l’issue. La mort de nouveaux otages pris au hasard pour racheter le sang des ravisseurs tombés sous les balles de l’armée française. Ou des attentats sur le sol français qu’on a déjà connus dans les années 80,90.
A l’époque, c’était la politique française en Algérie ou le soutien de l’Irak contre l’Iran qu’on voulait punir.
Aujourd’hui, ce sont les réflexes laics d’une République qui interdit le voile intégral dans la rue qu’on vitupère et l’image d’une ancienne puissance colonisatrice qu’une Aqmi venue d’Algérie ne cesse de vomir. On ne sait jusqu’où
une opinion pacifiste éduquée dans une culture consumériste et hédoniste où la vie humaine et la paix sont sacralisées acceptera de lutter contre des fanatiques au jeu sanglant de l’honneur et de la mort. Pendant des décennies, en plus des rançons qu’on réglait rubis sur l’ongle, la politique arabe de la France était sa police d’assurance.
Là aussi la France vit une rupture. Nicolas Sarkozy n’est pas vu comme le protecteur des Palestiniens, comme le furent François Mittérrand ou Jacques Chirac. Le climat a radicalement changé. Il est obscurci par la multitude de violences contre les chrétiens dans le monde arabe , En Egypte et en Irak.
En France on continue de distinguer entre l’islamisme et l’islam, selon la dialectique du bon et du méchant, ne serait-ce que pour protéger les compatriotes musulmans. Mais combien de temps faudrait-il pour que cette digue dialectique, fragile, de surcroît, tienne-t-elle.
Et n’oublions pas l’Afghanistan, le Sahel, la Syrie, la Libye, l’Irak, autant de points chauds où la France a posé ses pieds, et a risqué ainsi la perte de ses soldats pour une cause qui n’est pas la sienne.
Aujourd’hui , il en est de même. Il suffit d’accuser un suspect de radicalisme, pour en faire l’ennemi n°1 de la société
(A suivre)
DE VIVE VOIX: Mohammed Essahlaoui
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