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Candide (3

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-3-

« Ecoutez-moi, monsieur, vous avez couru le monde à la recherche du bonheur, comme tout un chacun. C’est une lutte acharnée que vous avez menée ! ça vous a demandé du courage, de l’abnégation et de la persévérance. Ce sont là de très bonnes qualités qu’un être humain doit avoir. Mais ne croyez-vous pas qu’il soit temps pour vous de vous installer et vivre votre vie, au lieu de courir et chercher une autre qui ne peut jamais être la vôtre ? Vous scrutiez bien l’horizon; or j’ai l’impression qu’actuellement vos yeux n’ont plus cette capacité. Donc regardez juste devant vos pieds, le bonheur est certainement là. Il est comme ce lys que vous pouvez piétiner. En fait, vous me rappelez l’histoire de cet escargot qui …Oh ! Je sens que vous n’êtes nullement intéressé par les sornettes d’un vieillard


– Au contraire, monsieur, je trouve en vous – je le sens – ce que ma raison cherche … Continuez, je vous en supplie, je suis tout ouïe …

– Bien, puisque vous le demandez ! Mais attendez d’abord que je mette pied à terre, mon âne est fatigué … Il y avait autrefois, un escargot, pas comme les autres escargots. Il était intelligent et son intelligence était toute naturelle et d’une simplicité sans exemplaire. Il se posait beaucoup de questions sur sa destinée. Il n’était pas satisfait de sa vie; il ne cessait de se demander pourquoi il était tout le temps collé contre la tige d’un laurier. Ses semblables lui répondaient toujours qu’il était destiné à vivre là où il se trouvait. Il ne devait pas se poser trop de questions. Il était écrit que sa vie devait se passer entre les feuilles d’un laurier. Il était un peu convaincu. Il avait surtout peur de l’inconnu, de perdre l’avantage qu’il avait, à savoir la nourriture et l’eau pour ne pas parler de la sève nourricière qui était juste à sa portée. Seulement, voilà qu’un jour, un vent fort souffla. Si fort qu’il secoua la tige du laurier, et notre escargot ne pouvant plus s’agripper à la tige du laurier, tomba. A peine fut-il remis de son choc et de sa peur qu’il découvrit un bien joli monde : de l’herbe en abondance, de l’eau qu’il ne trouva point amère comme la sève du laurier. Il se félicita d’avoir eu cette chance. Il leva la tête et se dit :

« Les autres ont peur de ne point trouver ce qu’ils ont à leur portée. Ils ne savent pas qu’il y a l’amer et le sucré. Eh bien, il leur faut beaucoup de bonne volonté, une bonne conscience et un bon vent favorable pour qu’ils se retrouvent dans le même paradis où je suis ! ». Ainsi notre escargot fut satisfait. Mais il se rendit compte qu’il était tout seul, et l’envie de créer une famille lui passa par la tête. Seulement, comme vous le savez certainement, l’escargot ne peut pas vivre seul. C’est la loi de la nature ! Il mourut avant de réaliser son rêve. Vous comprenez peut-être à quoi je veux en venir. Vous êtes cet escargot, vous avez échoué dans ce monde, à Constantinople. Vous avez goûté à l’amer, rien qu’à l’amer ; et le vent, ça ne peut être que les mésaventures que vous avez vécues. Il vous faut goûter au sucré, vous en avez quand même le droit, comme tout être humain!.. »

(A suivre)

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4 Comments

  1. aziz
    13/01/2008 at 19:00

    désolé M. Elarjouni
    je voulais seulement demander si vos articles sont des resumés de Candide ou au contraire ilsforment une copie integrale de Candide?

  2. Mohammed El Arjouni
    14/01/2008 at 14:39

    M. Aziz
    D’abord ce ne sont pas des articles, et c’est pas une copie intégrale! C’est une réécriture de la fin de Candide, c’est-à-dire j’ai imaginé à ma manière tout en préservant plus ou moins la même portée philosophique de l’oeuvre en l’imbibant à ma manière par notre spécificité culturelle comme tu vas certainement le constater à la fin, dans la quatrième partie que je n’ai pas encore envoyée à oujdacity!
    Voilà, M. Aziz, j’espère t’avoir expliqué ce que tu voulais savoir!
    bonne lecture alors!

  3. Aziz
    16/01/2008 at 20:22

    Merci Mohammed El Arjouni pour ces précisions qui m’ont cependant, attiré l’attention à formuler d’autres questions:
    D’abord, je porte à votre connaissance que je n’ai jamais eu l’occasion de lire Candide ;
    Ensuite, votre réécriture de Candide m’a davantage incité à faire prochainement une lecture de Candide;
    Enfin, quelle valeur vous souhaitiez ajoutée à la version originale de Candide ?
    Cordialement

  4. Mohammed El Arjouni
    19/01/2008 at 22:18

    M. Aziz je suis très flatté par ton intervention pertinente!
    Mais comme tu devrais le savoir, il est très difficile pour celui qui a accouché d’un travail, artistique surtout, de se prononcer sur son expérience… Ce que je voulais soulever par ce texte, c’est surtout l’importance du dialogue civilisationnel, et le mariage qui devrait s’opérer entre toutes les civilasations, notamment entre la nôtre et « l’autre » ou si tu veux les « autres , surtout actuellemnet, nous en avons largement besoin, n’est-ce pas?
    cordialement !
    Merci pour ton intérêt

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