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Le drame de l’incendie de souk Melilia, Oujda

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Souk Melilla d’Oujda est en cendre après un incendie qui l’a ravagé tôt le matin du 26 août 2011. Le soir du même jour vers 23 heures, il fumait toujours. C’est un drame économique, écologique, humain et social.

Economique, car des millions de dirhams sont partis en fumée à un moment où les commerçants ont investi toutes leurs économies dans leur commerce pour satisfaire la clientèle à la veille de l’Aid Al Fitr et de la rentrée scolaire : les commerçants sont sur la paille, ruinés, surtout que beaucoup d’entre eux, optimistes ou clairvoyants, ont acheté à crédit espérant réaliser des bénéfices et payer après.

Le souk n’est plus qu’un mélange de traînée d’eau noire, de bois calciné, de cendre chaude, de fumée âcre, de taule tordue, de plastique rongé et informe, de  restes d’articles consumés ou à moitié consumés encore fumants, de rideaux éventrés, de débris de verre et de céramique, de matières de toutes sortes et de toutes nature, pèle mêle, dans un désordre d’apocalypse ; le tout constitue un amas aux ingrédients marinés dans la suie et agencés selon la géométrie de la laideur et de l’horreur. La veille encore   au soir, le souk grouillait de femmes empoignant leurs progénitures circulaient  entre les ruelles devenues trop étroites à cause des étals richement arrangés, des mannequins magnifiquement habillés et des articles pendus comme des étendards  au dessus des têtes des chalands venus en grand nombre acheter ou flâner. Aujourd’hui, c’est la désolation totale, c’est noir, c’est terrifiant. Le souffle de la géhenne a soufflé sur le souk.

Les commerçants qui ont investi toutes leurs économies dans leur commerce, et dont beaucoup l’ont fait à crédit chez les grossistes de Casablanca, regardent impuissants leurs boutiques se faire dévorer par les flammes et leur commerce partir en fumée. Le cœur gros, ils considèrent le feu ravager leurs boutiques avec leur contenu sous le regard des agents de la protection civile, qui, faute de pouvoir pénétrer dans le labyrinthe tortueux du souk que les flammes dévorent avec appétit, eux aussi contemplent le brasier qui saute de boutique en boutique, et de ruelle en ruelle. Plus rien ! Ils n’ont plus rien ! Du jour au lendemain, ils se retrouvent sans capital, sans fonds de commerce. Comment surmonter la catastrophe ?

Pendant que le feu ravageait les premières boutiques, les pillards étaient déjà à pied d’œuvre, comme s’ils s’étaient donné rendez-vous. Armés de gourdins, de couteaux et d’épées, ils s’en prenaient aux commerçants qui tentaient de sauver ce qu’ils pouvaient sauver de leurs marchandises. Quant aux boutiques dont les propriétaires avaient fermé un peu plus tôt, elles ont été ouvertes et saccagées. Il y avait plus de pillards que de commerçants. Et les pillards    ont pris plus que les flammes du feu n’ont ravagé. Voilà ce qui fait le plus mal au cœur : l’un des articles de la constitution dit que tous les Marocains sont solidaires en temps de guerre et pendant les catastrophes naturelles. Cela suppose que toutes les personnes présentes sur le lieu du drame doivent venir en aide aux sinistrés : éteindre le feu, sortir les marchandises des boutiques en feu, secourir les marchands pris dans l’incendie,  brûlés ou blessés…Les sinistrés sont donc plus vulnérables pendant les catastrophes. Or ce qui s’est passé à souk Melilla constitue une grave atteinte à l’esprit de la constitution. S’il s’était agi de pickpockets opérant discrètement dans les poches des personnes distraites ou insensibles, la chose serait moins grave car elle relève du quotidien, mais il est question de brigands, de voleurs de grand chemin, de bandes armées. Les marchands de souk Melilla avaient donc deux ennemis, un ennemi naturel et un ennemi humain.

Toute leur peine leur venait de ce dernier.

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