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Peut-on faire face à l’Algérie ?

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Alger a dépensé 16 milliards de dollars en2012 pour l’achat d’armes, contre à peine 3 milliards pour le Maroc. Les généraux Algériens veulent faire plier Rabat.

Par Mustapha Sehimi

Comment ne pas se préoccuper du surarmement dans la région et en l’espèce de la course aux dépenses militaires au Maroc et en Algérie? Cette équation n’est pas nouvelle et elle paraît même structurante dans cette zone. Une forte progression des budgets, une évolution des forces armées : voilà bien en effet deux indicateurs objectifs.

Mais il faut se demander dans quel contexte ces faits sont intervenus et pourquoi ils continuent de peser en ce début 2013.

A un premier niveau d’analyse, l’on peut mettre cela sur le compte des politiques de défense et de sécurité de deux États soucieux de la préservation de leur indépendance, de leur souveraineté nationale et de la défense de leur intégrité territoriale. Mais il reste à définir alors le niveau conséquent requis pour que cette mission soit assurée. N’a-t-on pas affaire à un format surdimensionné, chacun des deux pays étant confronté à des contraintes propres? Autrement dit, quelles peuvent être les justifications, déclarées ou non, d’une telle course aux armements?

Dans la rétrospective du demi-siècle écoulé, ce qui s’est passé en octobre 1963, lors de la «guerre des sables», a sans nul doute pesé fortement sur les perceptions réciproques.

Le Royaume a fait face à l’occupation par l’ANP des localités Marocaines de Hassi Beida et de Tinjoub; l’Algérie, elle, a instrumentalisé les affrontements intervenus en les imputant à l’expansionnisme de la monarchie désireuse de mettre à bas la révolution…

L’armée de Boumédiène, alors ministre de la Défense, a connu à cette occasion-là une cuisante défaite. Et deux générations d’officiers généraux de l’ANP sont encore marquées par ce “TrafAlgar”.

Hégémonisme régional

S’y ajoute, au cours des décennies écoulés, une deuxième strate : l’échec historique du modèle Algérien, dans toutes ses composantes, face à celui du Royaume chérifien. Il faut retourner à la littérature politique officielle d’Alger et à sa production de propagande pour mesurer comme il se doit le coût de ce constat; il est intolérable.

Enfin, une dernière composante doit être mise en relief : l’hégémonisme régional de l’Algérie.

L’armée au pouvoir

Nourri par un tiers-mondisme progressiste, il a été conforté par une politique soutenue d’armement durant des décennies.

Cette approche serait cependant incomplète si elle n’intégrait pas également un paramètre fondamental : celui de la place et du rôle de l’armée dans le régime. Le système repose sur une colonne vertébrale constitutive de sa nature même qui est l’ANP; en affinant, il faut observer que celle-ci a un noyau dur, l’appareil sécuritaire représenté jusqu’en 1990 par l’ex-Sécurité militaire et depuis par le Département Renseignement et Sécurité (DRS) dirigé par l’inamovible général Mohamed Médiéne, dit «Taoufiq». Cette institution est centrale, au cœur donc du pouvoir Algérien, quelles que soient les variables électorales et politiques. Elle s’apparente, mutatis mutandis, au statut d’un «grand frère», l’ex-KGB soviétique, baptisé FSB dans la Russie d’aujourd’hui.

Cet hégémonisme, tel qu’il continue à s’articuler, a conduit l’Algérie à être partie prenante dans le dossier du Sahara. Et cela dure depuis près de quatre décennies.

Pourquoi? Pour amputer la vocation africaine du Maroc, pour grever son économie et lui faire supporter un coût élevé en entretenant un contentieux artificiel, pour amoindrir son influence régionale aussi. Le tout en s’obstinant dans un état de «ni guerre, ni paix», avec des variations cependant, mais sans une montée des périls, c’est-à-dire une véritable confrontation militaire.

Légitime défense

L’une des thèses courantes à cet égard est celle du statu quo : pas de règlement mais un seuil d’hostilité de basse intensité.

Tout le monde paraît d’ailleurs s’en accommoder, semble-t-il, au vu de la marginalité du dossier du Sahara et de son enlisement dans les dédales des Nations-Unies. S’il est vrai que cette question n’est pas au premier rang des préoccupations de la communauté internationale–telles celles du Sahel, de l’Iran, de la Corée du Nord et bien sûr du Proche-Orient– il n’en reste pas moins que son classement secondaire, marginal même, peut précisément pousser à une escalade.

Tel n’est pas évidemment, en l’état, la position de principe de Rabat. Dans la doctrine du Royaume, depuis l’indépendance –c’est dire qu’elle est pratiquement un invariant– il n’y a pas lieu de s’en éloigner.

Mais que les atteintes aux fondamentaux de la Nation (indépendance, souveraineté, intégrité territoriale) soient faites ne peut que déclencher une légitime défense, expressément prévue d’ailleurs par la Charte des Nations-Unies (art.51).

C’est que la tentation aventuriste n’est pas à écarter dans le pays voisin. Elle peut être lancée en prétextant des «incidents» frontaliers provoqués par des éléments des FAR; toute une gamme de faits peut être dressée aux fins d’une prétendue justification de réplique à de Marocaines. Elle peut également prétendues «agressions» prendre la forme d’affrontements aux confins sahariens placée sous le couvert d’une reprise des armes par le Polisario, les contingents de l’ANP prêtant alors main forte aux éléments séparatistes – comme à Amgala, en 1976… Enfin, elle peut encore mettre à profit la guerre antiterroriste au Mali et dans l’espace sahélo-saharien pour opérer instrumentalisation de celle-ci et son débordement au flanc sud du Sahara Marocain.

Intérêts mafieux

Au stade actuel de la situation, la paix n’est pas assurée ni garantie avec l’Algérie, mais la guerre est-elle pour autant improbable?

Rien n’est moins sûr. Un budget Algérien de plus de 9 milliards de dollars en 2012, tel que annoncé officiellement, n’est pas neutre.

Ce montant qui avoisine en réalité les 16 milliards, fait l’affaire, bien sûr, des généraux qui engrangent ainsi des commissions mirifiques partagées dans la chaîne de commandement militaire et civil.

Mais au-delà de ces intérêts mafieux d’une junte de généraux et de ses obligés, ce surarmement traduit une capacité potentielle de projection de forces couplée à une politique d’influence et de régulation régionale. Et dans ce schéma-là, le statut du Maroc n’est pas admis; il est contrarié dans tous les champs possibles; et il peut même être considéré comme intolérable.

La menace pour la paix n’est donc pas virtuelle. La culture politique et diplomatique des officiels d’Alger les pousse à persister dans un programme de surarmement dont la dimension est bien au-delà des stricts besoins de la défense de leur pays. Ils sont, par ailleurs, dans une logique de compensation de déficit démocratique en privilégiant une politique de puissance régionale avec laquelle les uns et les autres doivent compter.

Et puis comment évacuer que l’impasse politique actuelle liée à l’après –Bouteflika, qui n’a pas trouvé une formule consensuelle, peut pousser à redistribuer les cartes entre les clans.

Et quelle meilleure relance alors qu’une situation conflictuelle avec le Maroc! Pour bloquer la démocratisation. Et, dans le même temps, régénérer la «légitimité» d’un corps militaire sans vision d’avenir, si ce n’est la perpétuation de son statut et de ses intérêts ■

MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1017 – Du 22 au 28 Mars 2013

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8 Comments

  1. Anonyme
    04/11/2013 at 17:29

    Tous dans cet article éhonté est faux. Les chiffres et les évènements sont manipulés sans vergogne aucune.
    Ainsi d’après cet écrivaillon, c’est l’Algérie qui aurait agressé le Maroc en 1963. Les mensonges marocains sont tellement gros que plus personne, mis à part les Marocains eux même, n’y fait attention.
    Ils sont les seuls à ne pas se rendre compte à quel points les manipulations de l’histoire leur sont contre-productives. Il n’y a qu’à voir la réaction de l’opinion internationale à leur propagande et les succès que remporte la causes sahraoui pour s’en convaincre.
    Qu’ils continuent à se mentir, le réveil est pour bientôt est sera très douloureux.

  2. Yahya
    05/11/2013 at 17:01

    Mr anonyme! Je vous plains et vous devais être malheureux de voir les marocains agir, progresser et se moderniser à vitesse grand V et tout cela sans pétrole et gaz.
    C’est l’union des peuples qu’il faut clamer et pas « le réveil est pour bientôt est sera très douloureux », la douleur risque d’être pour vous Mr anonyme!
    Vivez votre vie à ce qu’elle soit bonne et généreuse et ne pas attiser la haine.
    Le Maroc et les marocains ont compris cela, la majorité des algériens aussi d’ailleurs mais pas tous.
    Réveillez vous, au lieu de regarder votre voisin qui à déjà pris 30 ans d’avance, faites de même!

  3. Anonymous
    06/11/2013 at 02:01

    ON ressent très fort combien mal la morsure de 1963 ne cesse de faire à notre ami « anonyme » et ses semblables ,passéistes à en vomir, en Algérie. CE pourquoi il leur serait fortement conseillé de prier leur président de ne plus se comporter envers le Maroc de manière à leur causer une autre morsure encore plus venimeuse. Et ce n’est pas votre « jabha » qui fait rire même les petits chez nous qui pourrait l’en empêcher, si jamais le seuil du tolérable est franchi. ;
    Bonne « nfakha » for ever

  4. Karim
    06/11/2013 at 03:38

    Mr yahya de quelle avance parlez vous ? le Maroc est un pays misérable avec une façade moderne destiné aux touristes et à la bourgeoisie marocaine.
    Vous ne faites preuve d’aucune auto critique, c’est pathétique.

    quand à anonymous, c’est bien d »être confiant, mais attention, on est plus en 63 et l’Algérie pourrait non seulement vous écrasez militairement mais en plus vous mettre au fond du trou économiquement. Ne jouer pas au plus malin, vous n »êtes pas en position de force.

  5. ARABO_BERBERE
    06/11/2013 at 19:17

    @ Anonyme ,madame marine le PEN fille du leader du «  »front national » »,je l’ai entendu dire un jour dans un interview sur l’Algérie «  »qu’avez fait l’Algérie de son indépendance? » » elle voulait dire par la ,si l’Algérie rester colonialiser par la France elle sera bcp mieux que maintenant ,et tu viens ouvrir ta gueule ici , y a et y en aura tjrs des hommes aux Maroc oohh Mr Anonyme les Marocains sont vraiment prêt a mourir pour la cause Marocaine ,et tu sait bien de quoi je veux parler

  6. Anonymous
    12/11/2013 at 01:11

    « On est plus en 63 » Ce est exactement ce que les passéistes militairo- politiques chez vous n’arrivent toujours pas à réaliser, très malheureusement, Mr Karim. Quant à tes fantaisies militaires, j’en passe tout simplement !

  7. BEN BARKA
    24/11/2013 at 21:10

    L’ensemble du peuple Algerien est prêt à liberer ses freres Sahraouis et marequins du joug moyens ageux de la monarchie fantoche et sioniste de moshe6. Et je ne donne pas 3 jours à nos troupes pour defiler dans les rue de casa et de voir cet usurpateur fils de Ass an 2 fuir et joindre ben ali du coté de l’autre royaume des tenebre saoudien. Bientôt le Sahara Occidental libre et le Maghreb Arabe Unis in challah!

  8. HOUFANI Youcef
    13/06/2015 at 15:42

    Je vis depuis trente ans en France, ej je viens de tomber par hasard sur cet article: cela m’attriste au plus haut point!
    Les peuples marocains, algériens et tunisiens, ne sont en fait qu’un seul et même peuple.
    Au lieu de se chamailler, faites tomber les frontières et construisez une seule et même nation.
    Pour ma part, je n’ai jamais regardé un marocain autrement que comme un frère, et je pense que la réciproque est vraie, d’ailleurs j’en ai même dans la famille, et ceux de ma famille vivant au Maroc aussi: tous cela est absurde et indigne d’une aussi vielle civilisation que la civilisation maghrébine.

    Il faut s’occuper des vrais problèmes, le monde Arabo- musulmans est à la traine de toutes les nations occidentale et asiatiques
    Ce n’est qu’un avis personnel, qui ne pèse rien en vue de ce qui se dit, mais espère qu’il sèmera un petit quelque chose dans le cœur de quelqu’un.
    Dieu est avec le gens de bonne volonté ; soyons-le !
    Amen !

    Un grand salut au de la part d’un d’algérois à tout le peuple marocain

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