Home»Correspondants»Le soulèvement des couteaux

Le soulèvement des couteaux

0
Shares
PinterestGoogle+

Après les  soulèvements des pierres vient  celui des couteaux. Au terme ‘’soulèvement’’ on préfère celui d’Intifada : il rend mieux le sens car propre à la cause d’un peuple à qui le mot revient de droit et d’usage. A défaut d’armes modernes, des armes d’une autre époque ressurgissent et tout ce qui sert à couper et à contondre est une arme. La pierre et le couteau sont des armes qui ne manquent pas et que la nature offre généreusement aux opprimés et aux persécutés dont il est voulu qu’ils n’en aient pas d’autres. En plus des  armes, elle leur offre la science de l’usage, la force du bras, l’adresse du geste. Ce qui se prend par la force, s’arrache par la force, dit-on, et les Palestiniens sont plus que jamais soudés et décidés à arracher leur patrie aux griffes l’ennemi sioniste. Les forces semblent inégales et disproportionnées, profitables à l’agresseur plutôt qu’à l’agressé, cela paraît vrai si l’on considère la nature des armes dont chacun des antagonistes fait usage et celle de l’homme qui en fait usage. Mais le courage est proportionnel à la distance qui sépare les adversaires. La lâcheté et le courage s’évaluent à la distance qui sépare les uns des autres.
Or, comme les palestiniens ne disposent que des pierres et des couteaux, la nature des armes dont ils disposent conditionne la distance qui doit les séparer de l’ennemi et l’inverse est vrai : ceux-ci tirent de loin, derrière leurs jeeps ou leurs boucliers anti- émeutes, ceux-là sont à découvert, à chaque jet de pierre, ils demandent à Dieu d’ajuster leurs tirs. Les premiers tirent sur des cibles mobiles, les seconds sur un ennemi en chair et en os, bien réel. D’un côté, des professionnels de la mort, entraînés pour tuer à distance grâce à des armes à feu, de l’autre des enfants dans la fleur de l’âge, des écoliers, ayant abandonné leurs bancs de classe pour aller reprendre leur liberté que leur a ravie l’ennemi, ont pour seules armes des couteaux qui exigent le corps à corps et des pierres qu’ils jettent à la force du bras. La lutte des peuples pour la libération du colonialisme, de l’occupation ou du joug des dictatures leur a enseigné  que la force n’est pas dans la nature de l’arme mais dans le courage et la vaillance qui puisent leur force dans une foi inébranlable en la cause.
En temps normal, le plus faible, le plus insignifiant, le plus poltron d’entre les hommes couve en lui en temps de guerre un vaillant combattant face à l’ennemi et à l’usurpateur. Le vieillard, la femme et l’enfant, qui ne sont en temps de paix  que des êtres fragiles et vulnérables, deviennent  des guerriers redoutables face à un ennemi menaçant, impitoyable et qui ne craint pas, se sachant protégé par l’impunité dont il jouit et à l’abri de toute condamnation, de faire usage des armes des plus dévastatrices.
Que représentent les jets de pierres des jeunes palestiniens contre les salves des armes à feu des soldats sionistes ? Quand il y en a un de blessé de ce côté il y en a des dizaines de morts de l’autre. Et le plus insolite, permettez cette digression, dans tout cela est que, quand il y a un blessé dans les rangs des soldats israéliens, tous les médias occidentaux crient à la barbarie et au terrorisme, et quand des dizaines de morts tombent sous les balles des Israéliens, cela s’appelle la légitime défense. Le combat semble inégal et disproportionné quand il se déroule dans un champ de bataille, avec une stratégie militaire déterminée. Mais quand le combat revêt un caractère populaire et anarchique, quand il est engagé pour une cause juste, quand il s’éternise, quand la rage motive celui qui subit l’injustice et endure le mépris, le rapport de force du plus armé s’émiette, s’effrite.
La guerre d’usure à moindre frais des Palestiniens engage l’ennemi vers des dépenses excessives en armement. La guerre d’usure profite donc aux plus défavorisés en armes car plus déterminés, car animés par la volonté de récupérer ce qu’il leur a été pris : la patrie et la liberté. Elle est pernicieuse économiquement et psychologiquement à Israël dont le ramassis qui forme ce qu’il appelle un peuple finit inéluctablement par se disloquer, par se dissoudre, par se désagréger. Et chacun des Israéliens retournera là d’où il est venu car il ne peut pas supporter les risques d’une vie sur une terre sur laquelle il se sent étranger, où rien ne le retient, où l’avenir radieux promis leur paraît incertain, douteux, mensonger. Israël est un ennemi et un usurpateur qui tire sa force de son impunité, et celle-ci du soutien inconditionnel de l’occident chrétien qui l’arme, l’équipe et le défend devant les instances internationales qui fonctionnent selon les lois et les règles qu’il a lui-même taillées à sa mesure et dont l’élasticité des mailles est conçue pour l’élasticité des interprétations.
L’occident démocratique et humain, ainsi se plait-il à s’entendre désigner avec un peu de fierté et beaucoup d’insolence, et ainsi l’avions-nous vu et ainsi l’avions-nous pris en estime  jusqu’à ce que le masque qui cachait sa hideuse face soit tombé, offre aux Juifs soutien et protection en leur faisant croire qu’ils ont été victimes d’un prétendu génocide auquel il a été donné le sinistre nom d’holocauste , lui qui est l’auteur de toutes les souffrances des Palestiniens dont il a fait des réfugiés, a greffé un peuple sans patrie sur une patrie qui a un peuple. L’histoire retiendra cette injustice universelle du monde judéo chrétien contre les Palestiniens qui se font massacrer chez eux par les Juifs que les Chrétiens arment et soutiennent de manière inconditionnelle.

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

Aucun commentaire

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *