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A Baudelaire , la balade sur le Nil ou l’ivrogne réprouvé

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A Baudelaire

«   La balade sur le Nil ou l’ivrogne réprouvé »

Les mucosités du cul qui ptose nous tiraillent

A frotter jusqu’aux sangs les restes des entrailles.

Les béliers ont perdu leurs cornes dans le val

Les rivières ont mortes, les mers épuisées.

Les tortues se sont écaillées sans les sables

Les poissons ne ‘bandent’ plus sur nos rives

Les pluies de slogans vantent les vents.

Les nuages voisins gâchent la couche d’ozone.

Dans sa pauvreté, ce fils de grande famille,

Chômeur, ivrogne quand il trouve de quoi,

Eût un clair d’intelligence: un miracle sans foi !

Sissi, l’impératrice est devenue pharaonne.

Il ira mendier les voisins, les fils de nantis.

Fermiers, entrepreneurs, Crésus et rois.

Il les interpelle, à l’aide aux noms des aïeux !

Des séides, du prophète, des saints et de Dieu.

Rendez-moi mon tyran ! Sauvez-moi du Général.

C’est la géhenne du printemps à la place Tahrir

Ivre, tapis derrière le muret du portail

Il clame avec insistance, je veux boire !

Voisin, je te connais, tu es un bon médecin.

J’ai soif, ce n’est pas encore le Ramadan,

Apporte-moi un café, Sidi ou Moulay !

Ritournelle qui agace, ses échos m’interpellent.

Il chantonne en mendiant blotti sous la muraille.

Il me donne des sueurs, il est dangereux, ce gars.

Nos villes, nos prisons sont pleines de fous,

D’assassins, de notables froussards et de poux !

Même si je l’appelais, la police ne viendra pas.

Il est une armée qui délire pour ouvrir un bar

Il m’empêche de chanter dans la baignoire

De prier Dieu ou de faire des poèmes,

Cet énergumène, ce triste ‘bachar’ !

Au nom du ciel, je ne veux pas d’examen.

Je ne désire ni conseils ni médicaments

Juste un café noir, un bon et pas d’argent !

Ah, bon !

O cœurs blancs, ô musulmans, je saigne.

Le monstre qui m’habite dévore mes os.

Mon estime pour moi, git tel un cadavre.

O cœurs blancs, ô musulmans, je saigne.

Qu’ai-je d’humain dans ce pays de haines?

Je n’ai pas choisi d’y naître ni d’y mourir.

Avatar, zombi, dans la poussière, je traine.

Je suis la honte qui vous attise et vous inspire, le trou.

La tombe, où vous devez gésir et geindre, ô frères !

Comme ces fosses des trottoirs où je bute,

Cet hôpital qui m’a d’une jambe amputé,

Ces chaussées révulsées, ô esprits étroits !

Ô cœurs arrogants des blessures écarlates !

Je suis l’homme fatal qui souvent vous interpelle.

Je suis le maréchal fatidique qui ne mourra jamais.

L’armée qui me guide est aux ordres de mes colères.

Je suis la richesse et la paix, dans le travail.

Pieds nus, j’ai mal, sans chaussures ni sandales

Pour vous les riches, je suis un fou, un vilain,

Un mendiant malade, un gros scandale !

Une grande honte, qui ne doit pas exister.

Qu’ai-je demandé à ces pieux musulmans,

Démocrates viciés ou preux intégristes ?

La vie sauve, la santé, un livre, une pension ?

Non, rien, juste un café, de chagrins noir !

Noir avec du marc, pour vous voir dedans,

Voir votre avenir, si gros de mes colères !

J’admire vos villas, vos enfants, leurs écoles

Je vous sais en vacances, le cerbère me chasse.

Vous êtes en fêtes ? Dépensez mon argent !

Non le vôtre, le nôtre, c’est pareil !

Car, il ne me rapportera jamais rien.

Mais qu’il reste là, sans sortir des frontières !

Ça m’apprendra de voter pour vous !

Vos images analphabètes, vos tests liminaires.

Rien que pour ça, je ne veux pas mourir,

Afin de vous voir éloignés de mes quartiers.

Déchus des milliards volés aux hères mes pairs,

Vous sentir en taule, loin du Caire, sans compères.

Dans une tombe inconnue, sans coran ni prières,

En pèlerinage à vie, une vipère accrochée, comme fers.

Sans jugement ni défense dans quelques enfers !

Ou coulés dans le ciment, une stèle en mer,

Comme ce funeste idiot qui fit haïr les frères.

Qui mettrais-je à votre place, si je reste déçu ?

Les guides de pacotille, les zélés éternels ?

M’abaisser, ployer la tête, courber de l’échine,

Je ne sais dire que oui, j’ai appris à le faire !

Les maîtres des émules, les bergers des ânes,

M’inspirent la crainte et me réconfortent !

J’ai appris à les chérir, je les veux, je hihane.

Ils sont ma défense et mes premiers amours

Je les respecte, je les vénère, mes saigneurs.

Quand les serpents ou le moindre crocodile,

Me font aimer les démons et craindre les lémures,

Les hérauts, leurs slogans, leurs lois me sont pires.

Où sont ces chanteuses, ces légendes vivantes ?

Ces voix musquées, leurs parfums langoureux ?

Le monde s’est tu, sans cet Orient de culture et de rêves.

Les manœuvres ordurières, continuent  ordinaires,

Orfèvres militaires, lobbies de la Suprématie,

Sans démocratie aucune ni libertés réelles.

Demandez au fou de vous dire son mystère.

Les pyromanes nous regardent sombrer dans le réel

Alors que là, non loin de là, chez les voisins on entend dire…

Du bas de ces pyramides,

Un air s’envole et vous chante.

Pour me réveiller du rêve qui me hante.

Je veux juste un café, un café noir, sans rien.

Si, si, Sissi, cessez, cessez de dépenser mes biens,

Pour vous construire des pyramides, mais redressez la pente,

Afin me redonner des forces et me rendre mes espoirs.

Dr Idrissi My Ahmed, Kénitra, le 08 Juin 2014

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