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Enquête : Nador traque lescontrebandiers pour sauver son commerce

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La meilleure solution pour contrecarrer la contrebande c’est de préconiser le recours à une politique des prix attractifs et compétitifs. Dans l’Oriental, on en est de plus en plus convaincu.

Comme toutes les zones frontalières du monde, la région de l’Oriental n’a pas échappé aux aléas d’un commerce frauduleux et illicite. Que ce soit au Nord via Melilla ou à l’Est avec l’Algérie, les réseaux contrebandiers ont resserré l’étau sur une économie fragile. On a souvent pensé l’Oriental dans sa dimension maghrébine. Chose qui a failli l’asphyxier. Mais depuis le discours royal du 18 mars 2003, des efforts louables ont été entrepris pour stimuler l’investissement, doter la région d’équipements de base nécessaires et encourager les grands structurants pour assurer le décollage convoité.
La rocade méditerranéenne, la liaison ferroviaire Taourirt – Nador et l’autoroute Oujda – Fès, le dédoublement de la voix Oujda –Nador, le port de Nador les deux aéroports d’Angad et de Arouit ont pour finalité de désenclaver l’Oriental et de l’intégrer dans le tissu économique national.
Pourtant, des foyers de «résistances» persistent car il n’est pas facile de tout effacer du jour au lendemain. Ensuite, il y a une différence entre le taux de diminution enregistré à Nador et celui constaté à Oujda. A Nador, la contrebande a pris un vrai coup de massue. Elle a régressé de plus de 70 %. D’ailleurs, tous les commerçants de la ville sont unanimes pour confirmer cette baisse. Même les commerçants de Melilla ont formulé des demandes à la Chambre du commerce et d’industrie pour délocaliser leurs activités vers Beni Nssar ou Selouane.
Aux contrebandiers de Melilla, un champ d’action est limité. Le gain est important, car que ce soit la serrurerie sous ses multiples formes (jusqu’à 2000 dhs la pièce), ou les boissons alcoolisées (à plus de 400 dhs la bouteille), ils sont acheminés en cachette vers Fès, Casa et même Agadir. Le plus souvent ce sont des fonctionnaires qui fraudent avec des autorisations de déménagement pour dissimuler leurs marchandises avec un linge et une vaisselle usités. Ce trafic illicite se fait par camions la nuit, rapportent quelques habitants de Bouarg. Quant aux marchandises destinées à Oujda et sa région, le plus souvent, c’est à travers les cinq ponts de la Moulouya après avoir emprunté soit la routes de Bouarg- Zaio, d’Elkaria- Berkane ou la rocade par Saïdia.
En dépit de ces petites fuites, dans deux ou trois ans, la contrebande n’existera plus à Nador. C’est ce qu’affirme Houcine El Hamouti, directeur de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Nador. Cet optimisme trouve sa raison dans l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’UE qui a commencé en 2000 et qui se parachèvera en 2010.
Les contrebandiers ne seront plus compétitifs, puisque l’approvisionnement se fera de manière légale. «Cela se ressent déjà au niveau de Bab Melilla puisque plusieurs hommes d’affaires de la ville occupée veulent investir à Nador et délocaliser leurs commerces vers Beni Nssar. Ils seront d’un bon apport vu leur riche expérience en affaires avec le marché asiatique et européen», a ajouté M. Hammouti. Ce sont des Marocains qui sont à l’origine de la prospérité de Melilla et qui veulent saisir les opportunités d’investissement au parc industriel de Selouane qui comporte 204 lots modulables qui peuvent être déclinés en 300 lots et la zone franche de Beni Nssar qui permettra la création de plus de 370 unités industrielles créera 20.000 emplois et réalisera un chiffre d’affaires à l’export d’environ 6 milliards de DH. Aussi les glas ont déjà sonné pour la contrebande du Nord surtout que l’inter land du port de Nador, qui va s’élargir avec l’arrivée du chemin de fer en 2008, sera plus attractif sur le plan de la compétitivité.
Qu’en est -il de la contrebande avec l’Algérie ?
Tout se vend et tout s’achète entre le Maroc et l’Algérie de la boîte de sardines à l’électroménager, mais en quantités moindres qu’il y a une année. Une régression qui s’accentuera, selon les économistes de l’Université Mohamed Premier avec l’ouverture de Marjane en décembre et Asouak Essalam par la suite. La flambée des prix de certains produits importés de l’Algérie, de la Turquie ou de la Corée en est aussi pour quelque chose. La boîte moyenne de fromage est passé de 13 à 20 dhs alors que les prix de certaines pâtes ont carrément doublés.
Dans les souks informels d’Oujda ou Beni Drar qui s’approvisionnent auprès des réseaux de contrebandiers, des yaourts sont exposés sans aucun respect du réseau du froid. En passant de 1dh 20 à 1dh 70, la tentation n’est plus la même. Carburant, farine et autres produits connaissent des augmentations continues. Avec le même prix que celui du yaourt marocain j’opte pour le local qui est mille fois meilleur renchérit Ahmed Bachiri, un habitué de Souk El Fellah (le souk des produits algériens).Pour ce qui est des produits marocains qui assurent l’échange; ils varient de la confection de jeans, baskets, boissons alcoolisées, fruits et légumes. Ces derniers jours, c’est la volaille marocaine qui prend des ailes. Elle est très demandée chez le voisin algérien et est exportée illégalement en grande quantité surtout après la flambée des prix qui a touché le marché avicole algérien. Des dizaines de milliers de poulets sont transportés quotidiennement dans des camions bien équipés immatriculés à Oran et Mostaganem transitent via la zone frontalière des «Atamna» et approvisionnent plusieurs villes algériennes. Et puisque tout le monde sait que les contrebandiers de gros sont dotés de dateurs et falsifient les références initiales. Les consommateurs commencent à éviter ces produits ou vérifient soigneusement la date de péremption.
Quant aux routes empruntées par les trafiquants, c’est presque un tamis frontalier avec des parcours connus comme celui d’Ahfir, Sidi Yahia, Bouchtate, Beni Drar. Mobylettes, voitures de luxe avec des plaques falsifiées, camionnettes bourrées à l’extrême, convoi de voitures chargées de carburant sèment la terreur sur la rue Bouknadel à l’intérieur même d’Oujda.

Ali KHARROUBI

Aujourdhuit le Maroc

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