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Taourirt : L’ESPACE DE PROJETs d’Al Aïoune

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L’ESPACE DE PROJETs d’Al Aïoune

1. Caractéristiques générales

Le bassin d’Al Aïoune correspond à une plaine relativement large, faisant partie du grand couloir de Taourirt–Oujda. Il est dominé par les hauteurs des Bni Znassene au nord et par celles des Bni Bou Zaggou au Sud. Le climat y est, de ce fait, relativement moins aride que dans la partie ouest du couloir. Les précipitations qui sont de l’ordre de 250 à 300mm en moyenne par an, mais généralement la pluviométrie est beaucoup plus faible. L’absence de cours d’eau pérenne est relativement compensée par l’existence de ressources en eaux souterraines appréciables et les sources sont parfois assez bien fournies (d’où le nom même de la ville d’Al Aïoune). Elles ont permis le développement fort ancien d’une véritable oasis au pied de la qasbah qui a joué un rôle historique remarquable dans le passé.

Sur le plan administratif, cet espace de projets se compose de la ville d’Al Aïoune, du petit centre de Naïma et des trois communes rurales de Aïn Lahjar à l’ouest, enveloppant la ville précitée, celle de Bouhria au nord-est et celle de Mastfarki au sud, auxquelles il faudrait ajouter l’extrémité Est de la commune de Rislane et l’extrémité Ouest de la commune rurale de Naïma.

1.1. Perspectives démographiques

La population de cet espace a connu une évolution contrastée dans les deux milieux de résidence. En milieu urbain, c’est-à-dire la ville d’Al Aïoune  principalement, la population a augmenté de 58% entre 1982 et 1994, au moment où la population rurale a connu une diminution de 14%. Dans l’ensemble, la population totale de cet espace de projets est passée de 45.750 habitants en 1982 à 54.000 en 1994, soit  une augmentation globale de 18% environ, au cours de la dernière période intercensitaire. Ainsi, le poids de la ville d’Al Aïoune au sein de la population totale de l’espace de projets, est passé de 45% à 57% en 12 ans. Ce poids ira, sans doute, en se renforçant davantage à l’avenir, pour représenter près des 4/5 vers 2020.

Perspectives démographiques, par milieu de résidence

 
Milieu    2000    2005    2010    2015    2020    2025      
Urbain     38000    44000    51000    58000    66000    76000      
Rural     20000    18000    17000    15000    13000    11000      
Total     58000    62000    68000    73000    79000    87000      
Taux d’urbanisation (%)    66    71    75    79    84    87     
Source: élaboration  Edesa

Le renforcement de ce poids s’explique bien sûr par les mouvements d’immigration d’origine rurale et le maintien d’un niveau de fécondité assez élevé dans la ville d’Al Aïoune. Parallèlement, on devra assister à une réduction importante de la population rurale non seulement en pourcentage, mais également en effectif absolu, ce dernier devant chuter de près de moitié au cours du quart de siècle à venir, pour tendre vers une dizaine de milliers d’individus à partir de 2025.

1.2. Atouts et  potentialités de développement

La ville d’Al Aïoune et son arrière-pays bénéficient d’un certain nombre d’avantages naturels et disposent de diverses ressources susceptibles de constituer des atouts de développement, si quelques obstacles seront levés. Les avantages les plus importants qui se présentent à ce niveau sont :

Une intéressante situation de centralité, puisque cet espace se trouve dans une zone intermédiaire entre quatre parmi les cinq agglomérations urbaines les plus importantes de l’Oriental, à savoir : Oujda, Barkane, Taourirt et Jrada ;

Une position médiane entre des espaces touristiques potentiels importants de la Région, à savoir le massif des Bni Znassene au nord et celui des Bni Bou Zaggou, faisant partie de la chaîne des horsts, au sud ;

La localisation sur l’axe de communication structurant de l’Oriental, composé de la route nationale et de la voie ferrée Fès – Oujda, axe que devrait consolider davantage la construction de l’Autoroute du Levant.

La combinaison de ces avantages d’ordre géographique fait  d’Al Aïoune un point relais, particulièrement intéressant entre les espaces complémentaires qui l’entourent, d’une part, et une étape précieuse sur l’artère de circulation qui relie l’ensemble de la Région de l’Oriental au Maroc atlantique, d’autre part.

Cette position géographique vient d’être appuyée par la construction de la route menant à Jrada, ce qui ouvre pour Al Aïoune l’espace des Hauts plateaux et en fait un nœud routier si on ajoute la route qui mène vers Barkane, via Tafoughalt, et celle qui se dirige vers Nador et Machraa Hammadi.

Ainsi, Al Aïoune se positionne, dorénavant, comme nœud potentiel dans les communications Est-Ouest et Nord-Sud, dans la partie dynamique Nord-Est de la Région.

Cet atout de centralité et de proximité pourrait être un levier précieux pour mieux valoriser les ressources et les potentialités locales, bien diversifiées, représentées par :

L’existence de ressources hydriques non négligeables, que constituent des nappes assez bien nourries et de bonne qualité qui expliquent un certain nombre de résurgences, tant au pied des Bni Znassene que sur le piémont des horsts. Ces ressources hydriques ont été exploitées de bonne heure pour organiser une irrigation traditionnelle sous forme de petits périmètres, mais aussi pour développer la grande oasis d’Al Aïoune. Plus récemment, des forages ont permis l’extension de l’agriculture irriguée par pompage, vers le sud et le sud-est de cet espace;

La disponibilité de terres agricoles de qualité assez bonne à moyenne qui portent des cultures céréalières en sec, dont les rendements peuvent s’avérer importants lorsque les précipitations sont assez copieuses et bien réparties dans l’année;

La présence d’une vieille agglomération qui, après celle d’Oujda, peut s’enorgueillir de son patrimoine citadin, que caractérise une élite entreprenante, ainsi qu’un niveau culturel respectable;

La disponibilité de sites touristiques appréciables tant dans la ville même que dans les environs : Qasbah prestigieuse, sites des Bni Znassene et des Horsts…

L’existence de la grande unité industrielle de HOLCIM (ex CIOR), qui explique le développement relatif du petit centre de Naïma, mais surtout l’animation insufflée à Al Aïoune, par l’installation du Club des cadres et l’organisation d’activités culturelles et sportives, ainsi que les retombées partielles de la masse monétaire salariale générée par la grande usine ;

Les transferts des émigrés qui représentent des revenus substantiels pour une bonne partie des ménages et qui peuvent constituer des sources consistantes de financement de projets.

2. Stratégies d’aménagement et projets de développement

Les actions à mener dans cet espace de projets diffèrent selon qu’il s’agit de la ville d’Al Aïoune qui abrite le gros de la population et à qui incombe le rôle de locomotive pour l’ensemble de l’espace, d’un côté, ou du monde rural et des petits centres ruraux dont les problèmes et les activités sont d’une toute autre nature, de l’autre.

2.1. La ville d’Al Aïoune

 

2.1.1. L’alimentation en eau 

Comme partout dans la Région de l’Oriental, le nerf du développement est ici la disponibilité de l’eau. En matière d’AEPI, les besoins projetés se présentent comme suit :

Evolution des besoins annuels en AEPI pour la ville d’Al Aïoune
(en millions de m3)

 
Besoins    2000    2005    2010    2015    2020    2025      
A raison de 100 litres par personne et par jour    1,4    1,6    1,9    2,2    2,5    2,8      
A raison de 120 litres par personne et par jour    1,7    1,9    2,3    2,6    3    3,4     
Source : Elaboration Edesa

Tenant compte de l’augmentation de la population et du développement d’activités économiques diverses, notamment la petite industrie et le tourisme, la demande en AEPI connaîtra un accroissement fort important, au cours des 25 prochaines années que représente la période du SDAR.

Ainsi, sur la base d’une consommation journalière d’une centaine de litres par jour et par habitant, les besoins annuels en eau potable pour la ville d’Al Aïoune s’établiront au niveau de 2 millions de m3 par an dès 2010 et près de 3 millions de m3 en 2025. Si l’on envisage le relèvement de cette dotation quotidienne de 20% seulement, les besoins seront alors de l’ordre 2,5 et 3,5 millions de mètres cubes respectivement.

Or, le problème de l’eau potable se pose déjà aujourd’hui avec acuité, puisque le forage qui alimente la ville ne fournit plus qu’un débit de 30 litres/ seconde, c’est-à-dire une production annuelle inférieure à 1 million de m3; ce qui est déjà en-deçà de la demande actuelle. Par ailleurs, la capacité de stockage, assurée par un réservoir de 1000 m3, est déjà saturée.
 
Ceci étant, il est constaté que de nombreux ménages s’approvisionnent par leurs propres moyens, par l’intermédiaire de puits, avec tous les risques de contamination que cela peut entraîner au niveau sanitaire, sachant que plusieurs quartiers, où ce type d’alimentation hydrique est largement pratiqué, manquent de raccordement au tout-à-l’égout. De plus, d’autres quartiers de la ville ont des taux de branchement au réseau d’eau potable particulièrement bas.

Ainsi, la question de l’alimentation en eau potable, qui se pose en termes aigus, ne trouvera sa solution, du moins à moyen terme, que dans l’exécution en cours du projet d’adduction à partir de Machraa Hammadi et qui intéresse également Oujda.

 Parallèlement à cela, des efforts importants nécessitent d’être fournis pour assurer l’alimentation convenable de la grande cimenterie toute proche, mais également les centres de Naïma, Bouhria et Mastfarki, en plus des agglomérations rurales, en mobilisant surtout les ressources hydriques locales.

2.1.2. L’assainissement

Vu la situation d’Al Aïoune en tant qu’espace urbain et en même temps agricole, et vu l’alimentation d’une partie de la population par les eaux de puits, et considérant les risques de pollution que cela peut engendrer, l’installation d’un réseau d’assainissement fiable est tout à fait impérative. Une étude approfondie doit être réalisée, pour doter la ville d’un système de traitement des eaux usées en vue de leur réutilisation. Ceci est de nature à éliminer les dangers de contamination, non seulement des puits mais aussi du réseau d’adduction d’eau, et de sauvegarder la quantité des eaux de l’oued Laqçob qui joue actuellement le rôle de réceptacle des eaux usées.

En matière d’assainissement solide, il faut souligner le mauvais état de la décharge actuelle qui, tout en bénéficiant d’un site relativement acceptable, manque totalement du système de contrôle et d’entretien.

La situation préoccupante de l’assainissement à Al Aïoune oblige à doter cette ville d’un Schéma Directeur en la matière, traitant à la fois le côté solide et le côté liquide du problème.

2.1.3. L’urbanisme et l’habitat

L’interpénétration de l’espace construit et de l’espace cultivé, ainsi que l’intime relation qui s’est établie depuis longtemps entre ces deux composantes, qui font l’originalité de cette cité–oasis, militent en faveur de la conception d’un document d’aménagement «urbano–agricole» (DAUA), susceptible de refléter la personnalité d’Al Aïoune. Autrement dit, il serait aberrant de couper la ville de son cadre environnant, en élaborant un plan d’aménagement banal. Il faudrait plutôt concevoir un Schéma  Directeur qui combine l’aménagement de l’ensemble de l’aire urbaine et de son assiette oasienne, à l’instar de ce qui doit se faire pour Taourirt.

Un tel schéma est appelé à traiter de manière intégrée les différentes composantes de l’écosystème complexe de cette « ville-jardin », qui se trouve d’ailleurs vécu par bon nombre de ménages «citadins-exploitants agricoles» tenaces, qui ont résisté à la spéculation foncière et à la pression de la demande urbaine en terrains de construction. Des mesures d’encouragement doivent être prises en faveur de cette catégorie de ménages, pour consolider ses comportements et en faire un exemple à suivre en la matière.

Le corollaire indispensable de cette orientation est la restructuration de l’habitat non réglementaire, qui représente une grande proportion du tissu urbain, se développant de plus en plus à l’intérieur de l’espace agricole. A cet effet, l’action des organismes publics chargés des opérations de lotissement et de construction, est fortement interpellée pour aménager des zones d’habitat réglementaire, s’adaptant parfaitement aux caractéristiques recherchées d’une « ville–jardin » (ERAC, ANHI, CGI…).

Cette stratégie de sauvegarde et de protection des jardins et des vergers intra-urbains est de nature à préserver le cadre naturel, mais aussi de permettre à des espaces agricoles productifs de contribuer à l’approvisionnement des marchés en produits de qualités et de procurer des revenus substantiels aux ménages. Il faut souligner que certains propriétaires ont modernisé leurs exploitations en ayant recours à l’irrigation localisée et à la plantation d’arbres fruitiers. Ces améliorations qui visent une réelle intensification de la production agricole est la meilleure parade contre l’urbanisation de l’oasis.

De même, l’encouragement de la construction en hauteur, dans les secteurs appropriés, permettra d’économiser l’espace urbain et surtout agricole fort précieux, ainsi que les dépenses d’infrastructures et d’équipements. Les revenus des agriculteurs et de la municipalité peuvent être également augmentés par l’introduction de ces espaces «agro-urbains» originaux dans l’activité touristique, comme aire de restauration et de récréation dans une ambiance champêtre, en offrant aux visiteurs les produits «bio» locaux..

Représentant un patrimoine assez rare dans l’Oriental, la Qasbah, qui constitue la mémoire d’Al Aïoune, appelle une attention tout à fait particulière en vue de sa réhabilitation et de sa refonctionnalisation. Cela demande non seulement de restaurer la muraille dont plusieurs pans sont tombés en ruine, mais surtout de dégager l’habitat non réglementaire, en grande partie insalubre, qui l’occupe, afin d’y implanter des activités susceptibles de contribuer à recréer la dimension historico-culturelle d’Al Aïoune (maison de la culture, structures d’accueil touristique, musée, bibliothèque municipale, atelier de sauvegarde…) et d’induire l’animation dans ce cœur patrimonial, mais  malheureusement abandonné, de la ville.

Il s’agit donc de concevoir pour Taourirt un plan général de développement et d’aménagement urbain de type particulier, qui marie les actions d’habitat et de logement à celles destinées à asseoir les bases économiques de la ville sur des activités traditionnelles qu’elle maîtrise, tout en réhabilitant le tissu ancien.

Il est évident que pour être exhaustif et logique, un tel document doit insérer dans sa vision prospective, deux autres composantes fondamentales  pour la ville, à savoir la question de l’assainissement, déjà traitée, et celle de la circulation et du transport.

2.1.4. Circulation et transport

Compte tenu de sa condition de « ville-oasis », de sa situation sur le grand axe de communication routière et ferroviaire de l’Oriental et de son évolution progressive en carrefour de relations entre le nord de Bni Znassene et le sud des horsts, Al Aïoune, doit bénéficier d’un plan de circulation, certes sommaire, mais fonctionnel, répondant à ses besoins actuels, et surtout futurs.

Ce plan de circulation qui doit respecter la nature de la « ville-jardin » et protéger l’environnement, devra revoir la situation de la voirie, avec entre autres, prévoir une voie d’évitement du centre par les poids lourds (Cimenterie) et concevoir une gare routière fonctionnelle. De même, il doit prendre en considération le passage futur de l’Autoroute du Levant. Enfin, le réaménagement de la gare ferroviaire actuelle s’impose, parallèlement aux travaux qui doivent affecter la ligne de chemin de fer Fès-Oujda.

Notons aussi l’importance du projet routier programmé à l’horizon 2006, qui consiste à :

renforcer la liaison entre Al Aïoune et le barrage Machraa Hammadi, sur une longueur de 16 km ;
construire la liaison Al Aïoune -Sidi Saïd, sur une longueur de 12 km ;
aménager la liaison Laâouinate-Mastfarki, sur une longueur de 13 km ;
aménager la liaison Mastfarki-Matrouh, sur une longueur de 8 km.

2.1.5. Les projets sociaux et administratifs

Outre les équipements d’enseignement et de santé habituels prévus par les départements concernés, qui devraient permettre de faire face aux besoins normaux à l’avenir, et à la lumière de l’évolution démographique attendue, il est nécessaire de préconiser l’ouverture de créneaux et de filières de formation appropriées pour accompagner les changements, les actions et les projets préconisés par le SDAR et de faire face aux exigences de l’ouverture économique en cours :

·    En matière de formation, il est nécessaire de doter la ville d’Al Aïoune d’établissements performants dispensant les spécialités suivantes :

Filières d’apprentissage et de formation dans les métiers traditionnels, en vue de relancer la production artisanale et de contribuer, par la même occasion, à la restauration de la Qasbah, en utilisant les compétences locales ;
Filières de formation dans les domaines de l’horticulture, pour répondre aux besoins de modernisation de l’agriculture et contribuer à l’entretien, la conservation et le développement des jardins potagers et vergers de la ville et de ses environs.

·    En matière de santé, les besoins exprimés par les populations et les élus vont dans le sens de la dotation d’Al Aïoune d’une structure de santé à la mesure de ses besoins actuels, mais qui devra répondre à une demande accrue et diversifiée à l’avenir, formulée non seulement par la clientèle de la ville même, mais aussi par la population de l’espace rural et des centres satellites.

Sachant que la population de cet espace de projets devra compter près de 100.000 âmes dans trois décennies, l’installation d’un hôpital sous-régional s’impose, avec les diverses spécialités requises, en plus des prestations de planification familiale, des services de maternité et des services d’urgences.

·    Sur le plan administratif, les facteurs géographiques, démographiques et socio-économiques, pourraient justifier la promotion d’Al Aïoune en province, du moins à moyen terme (2010-2015).

De la sorte, Al Aïoune pourra mieux encadrer son arrière-pays, pour que ce dernier s’intègre dans l’espace régional et puisse jouer le rôle d’espace de soudure entre les quatre grandes agglomérations urbaines de l’Oriental qui l’entourent et qui sont Oujda, Barkane, Taourirt et Jrada

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