Home»Economie»LA CONURBATION DE NADOR-MLILIA

LA CONURBATION DE NADOR-MLILIA

0
Shares
PinterestGoogle+

LA CONURBATION DE NADOR-MLILIA

1. Un espace urbain original

1.1. Une conurbation « frontalière »

La zone de Nador-Mlilia représente un espace urbain bien particulier, non seulement dans la Région de l’Oriental, mais aussi à l’échelle nationale, et ce en raison de sa localisation géographique et géopolitique, ainsi que de sa composition polynucléaire complexe groupant plusieurs organismes hétérogènes, s’éparpillant sur plus de 600 km², et de la diversité de ses fonctions, où l’économie parallèle est tout à fait exubérante, envahissant la plupart des domaines de la vie urbaine et même rurale.

Les composantes de cet espace sont de cinq types :

l’enclave colonisée de Mlilia,
la ville de Nador qui représente l’élément central et le cœur socio-économique de la zone,
les centres urbains satellites de Zghanghane, Bni Ançar, Salouane, Al Aroui et Qariat Arekmane,
les communes attenantes, à caractère urbain de plus en plus affirmé, notamment Farkhana, Ihaddadene, Iksane et Bou Arg,
les communes périurbaines de Bni Chiker, Iaazanene, Bni Sidel Jbel, Bni Sidel Louta et Bni Bou Ifrour, à caractère plus rural, mais où apparaissent de petits centres émergents.

Il s’agit là, non seulement de la porte maritime de l’Oriental, mais aussi de son premier pôle industriel et de son appareil commercial le plus expansif qui, fortement connecté à la zone franche de Mlilia et, de là, à l’économie espagnole et internationale, lance ses tentacules tous azimuts pour inonder de produits très divers  non seulement les marchés de la Région, mais également ceux de l’ensemble du pays, de concert avec son homologue de Tétouane-Sabta.

Ce dynamisme multiforme et, dans une large mesure, spontané, est fortement sous-tendu par des conditions foncières particulières, une circulation monétaire puissante et une présence très prononcée du phénomène migratoire vers l’Europe. 

La combinaison de l’ensemble de ces éléments fait de la conurbation de Nador-Mlilia un espace de projets qui possède des atouts rarement réunis dans beaucoup d’autres agglomérations marocaines, mais qui n’ont pas produit les effets escomptés au niveau du développement socio-économique et de l’aménagement du territoire, alors que la plupart de ses facteurs le prédisposent à jouer le rôle de locomotive pour tracter l’économie régionale en tandem avec Oujda, afin de l’arrimer à l’espace marocain et l’aire économique euro-méditerranéenne.

1.2. Une imbrication de problèmes aigus

Au cours des cinq dernières décennies, l’urbanisation explosive et non planifiée de la ville, diversement nourrie par la dominance de l’auto-construction multinucléaire,  a produit un organisme urbain qui souffre de problèmes innombrables dont les principaux sont les suivants :

L’éclatement exagéré du tissu urbain, s’étirant sur une quarantaine de kilomètres, depuis Mlilia au nord jusqu’à Al Aroui au sud, avec une forte dispersion de l’habitat qui envahit les espaces interurbains, escalade les hauteurs qui dominent ce dernier et s’insinue, de plus en plus, au sein des excellentes terres agricoles irriguées du périmètre de Bou Arg. Cette extension démesurée du tissu urbain génère une multitude d’autres problèmes et, en premier lieu, ceux qui relèvent des infrastructures, des équipements et de la gestion urbaine.

La question foncière, complexe, source de litiges nombreux et inextricables, obstacle à tout ordonnancement de l’habitat et à toute croissance harmonieuse de la ville. C’est que la persistance tenace du statut foncier dit « khalifien » empêche la constitution de réserves  foncières pour la ville, d’un côté, et crée une situation d’ambiguïté et d’incertitude quant à la propriété du sol, tout en attisant le feu de la spéculation foncière qui fait flamber les prix du terrain, les mettant souvent hors d’atteinte pour la plupart des investisseurs, que ce soit dans les activités économiques ou dans la promotion immobilière normalisée, de l’autre.

Le commerce frontalier non réglementaire, particulièrement envahissant, la multiplication des marchés au gré des circonstances, produisant une circulation automobile intense, alimentée par les flux d’approvisionnement et de distribution des produits de contrebande et par la prolifération de véhicules importés par les migrants et dont le marché est particulièrement florissant.

Face à ce problème de circulation qui génère une pollution atmosphérique accrue et produit des masses de déchets et de ferrailles, la conurbation souffre d’un déficit criard au niveau des aires de stationnement et de la voirie.

Cette urbanisation explosive, dans un contexte foncier non apuré, et en l’absence de documents d’urbanisme opérationnels, a conduit inévitablement à une consommation effrénée et inconsidérée de l’espace et, du coup, à un environnement urbain qui souffre d’innombrables problèmes écologiques d’autant plus graves que le milieu physique est particulièrement fragile. Les problèmes les plus saillants à ce niveau sont : la pollution de la Sabkha Bou Arg en raison des déversements qui s’y effectuent, au moment où ce milieu abrite une importante activité d’aquaculture (Marost); la pollution des plages; la multiplication des décharges sauvages dont la plus scandaleuse est celle qui dénature l’admirable site du Jbel Gourougou, sans oublier les dégâts causés par les pluies torrentielles qui dévalent  les versants surplombant l’espace urbain, ainsi que les abords du secteur balnéaire de Qariat Arekmane.

La gestion urbaine cloisonnée, puisque chaque municipalité n’agit que dans les limites de son espace légal, sans coordination de l’action entre les différentes composantes de la conurbation alors, qu’en fait, celles-ci constituent au niveau économique un corps aux fonctions complémentaires ; ce qui devrait en amener logiquement une gestion coordonnée et concertée, dans le cadre d’une préfecture indispensable à mettre en place, préalable à l’organisation de la conurbation en wilaya, afin d’instaurer l’unité de la ville et, donc, de sa gestion et de son fonctionnement.

1.3. Le doublement de la population dans trois décennies

Si dans les faits, l’espace urbanisé évolue de plus en plus en taches continues, en raison de la coalescence des tissus urbains en présence, administrativement cela représente des entités distinctes.

Cet espace de projets abritait déjà, en 1994, un peu moins de 310.000 habitants. Les perspectives d’évolution démographique de ce grand ensemble urbain estiment le volume de population globale à 635.000 personnes environ, vers l’an 2025. A cela, il faudra ajouter la population de Mlilia dont l’évolution de l’effectif dépendra évidemment de celle du statut de l’enclave occupée (libération et rattachement direct à la mère-patrie ; statut spécial de type Hong Kong ; continuation du statut colonial actuel !), d’un côté, ainsi que de l’impact qu’auront les Accords de Libre Echange et de la création éventuelle d’une zone franche commerciale à Nador. Ainsi, il faudra tabler, au total, sur une population de l’ordre de 680.000  à 700.000 personnes au minimum, avec tout ce que cela nécessitera comme actions de développement et d’aménagement.

Perspectives démographiques (Mlilia non comptabilisée)

 
Milieu    2000    2005    2010    2015    2020    2025      
Urbain *    254.000    310.000    368.000    420.000    465.000    510.000      
Périurbain    112.000      113.000      115.000    117.000      120.000    125.000      
Total    366.000    423.000    483.000    537.000    585.000    635.000     
* y compris les centres émergents                                    Source : Élaboration Edesa

S’agissant des grandes composantes urbaines de cet énorme organisme tentaculaire, l’évolution attendue de la population pourrait se présenter comme suit :

Perspectives d’évolution de la population
des agglomérations urbaines actuelles
(Mlilia non comptabilisée)
 
Villes    2000    2005    2010    2015    2020    2025      
Nador    148 000    176 000    208 000    235 000    255 000    275 000      
Al Aroui     36 000      44 000      52 000      60 000     68 000      75 000      
Bni Ançar     32 000     40 000    46 000     52 000    58 000      64 000      
Zghaneghane    24 000    29 000    34 000    38 000    43 000     48 000      
Salouane    10 000     15 000    21 000    27 000    32 000     37 000      
Q.Arekmane       4 000       6 000     7 000      8 000       9 000      11 000     
Source : Élaboration Edesa

Il faut souligner le poids croissant de la conurbation de Nador-Mlilia dans l’ensemble de la population régionale, et tout particulièrement la population urbaine, au sein de laquelle elle représentera plus du quart d’ici l’an 2025, au même titre qu’Oujda.

2. Stratégie et grandes actions d’aménagement

La stratégie d’aménagement de la conurbation de Nador-Mlilia doit tendre vers quatre objectifs fondamentaux, complémentaires, à savoir :

Restructurer le tissu urbain sur des bases institutionnelles nouvelles, de nature à instaurer l’unité du corps urbain ;

Doter l’agglomération du Grand Nador, d’une base économique solide, avec des activités de production et de services modernes capables de se substituer progressivement à l’économie parallèle envahissante qui devra devenir tout à fait marginale ou s’évanouir dans les deux décennies à venir ;

Renforcer les équipements et les fonctions actuelles de l’agglomération et lui en donner d’autres, pour l’habiliter à jouer son rôle d’espace moteur et de pôle de développement régional, d’une part, et assumer sa vocation de porte de relations essentielles avec l’espace méditerranéen et maghrébin, d’autre part;

Offrir au Grand Nador, qui abritera plus d’un demi-million d’habitants dans moins de deux décennies, les moyens et les possibilités de construire un environnement attractif, digne d’une grande métropole, susceptible de stabiliser les élites, d’assurer un niveau de vie acceptable et de drainer les investisseurs et les promoteurs.

Atteindre ces objectifs suppose le lancement de chantiers énormes, sous-tendus par une politique volontariste affirmée de la part des pouvoirs publics, une implication vigoureuse et durable du secteur privé ainsi que l’adhésion et la participation effective des diverses composantes de la population et de la société civile.

2.1. Restructuration et réaménagement du tissu urbain

De par ses fonctions futures de moteur de développement régional et de pôle d’équilibre au niveau national, le Grand Nador a besoin d’un document d’aménagement urbain d’une nature tout à fait particulière, devant intégrer scrupuleusement les options du Schéma de Développement et d’Aménagement Régional (SDAR) et s’insérer logiquement dans le contexte du Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT). Autrement dit, il ne s’agira pas de procéder à une révision du SDAU existant qui a été élaboré dans des circonstances bien différentes de la conjoncture actuelle et des impératifs de l’évolution future, car le document existant devrait être considéré comme caduc parce que les circonstances dans lesquelles il a été établi sont de nos jours largement dépassées et que son élaboration ne répond nullement aux exigences de l’avenir.

Aujourd’hui, prévaut une nouvelle donne d’ordre économique, profondément conditionnée par les termes de l’Accord de Libre Echange avec l’Union Européenne, les exigences de la mondialisation et le désengagement de plus en plus effectif de l’Etat, d’un côté, et par des impératifs d’ordre géopolitique mus par la volonté de résorber l’effet perturbateur de l’enclave-zone franche de Mlilia et la perspective de la construction du Grand Maghreb, de l’autre. Le SDAU que le Grand Nador appelle ne pourra être élaboré qu’à la lumière de ces éléments nouveaux, afin de préparer l’agglomération aux nouvelles  fonctions qu’elle doit remplir et au contexte urbain performant qu’elle doit offrir aux investisseurs et aux populations.

Dans ces conditions, un Plan Général d’Aménagement Urbain (PGAU) devrait s’écarter de l’approche classique habituellement adoptée par les SDAU jusque-là élaborés, d’autant plus qu’il s’agit là d’une agglomération pas comme les autres. Adoptant une approche innovante, ce Plan Général devra cadrer entièrement et orienter de manière synthétique, l’élaboration de l’ensemble des documents techniques qui auront à être produits pour l’équipement, la gestion et l’administration de cette grande agglomération polynucléaire et polyfonctionnelle.

Dans ce sens, les actions suivantes sont à entreprendre :

Identification et consolidation des réserves foncières nécessaires ;
Normalisation des régimes fonciers, puisque la complexité des régimes actuels et leurs multiples effets ne sont pas compatibles avec la réalisation du modèle de développement souhaité ;
Elaboration d’un cadre réglementaire favorable pour canaliser les investissements dans le domaine de l’immobilier ;
Fourniture et équipement d’une quantité suffisante de terrains urbanisables ;
Développement de l’habitat social, sur la base de mesures d’architecture et d’urbanisme rénovées et adaptées au milieu ;
Révision et modernisation des procédures d’urbanisme, en équipant les zones de développement des activités économiques en infrastructures convenant à des entreprises modernes ;
Création d’une cellule chargée du suivi de l’exécution et de l’évaluation du PGAU, en concordance avec les recommandations du SDAR.

En d’autres termes, les plans d’aménagement à confectionner pour les différentes composantes de l’espace urbain, ainsi que les schémas directeurs d’eau potable, d’assainissement, de circulation, d’habitat, de même que les programmes et les actions concernant les sites particuliers (lagune, littoral, montagne, périmètre irrigué…) et les grandes infrastructures (port, zone industrielle, zone franche…) doivent s’inscrire dans le cadre du Plan Général d’Aménagement Urbain, tout en étant en conformité avec sa vision et sa stratégie. Ce n’est qu’au prix de cette cohérence de l’intervention dans l’économie et l’espace urbains que les objectifs visés ci-dessus peuvent être atteints.

Agencement des documents de développement
et d’aménagement urbains du Grand Nador
SNAT
PGAU
SDAR

PA
PA
PA
Inspection Régionale de l’Aménagement du Territoire
Préfecture et Wilaya de Nador
Agence Urbaine de Nador
   

2.2. Le Schéma Général d’Assainissement du Grand Nador (SGAN)

Le Schéma d’Assainissement du Grand Nador représente le pendant obligatoire et indispensable du Plan Général d’Aménagement Urbain et ce, pour quatre raisons essentielles :

Il s’agit d’une agglomération polynucléaire, exagérément éclatée et occupant un site particulièrement vulnérable;
C’est un tissu  urbain en grande partie produit par l’auto-construction et sur des lotissements privés spontanés (n’obéissant pas aux normes);
La prolifération d’activités polluantes générées tout aussi bien par l’industrie que  par une intense circulation automobile et une activité commerciale débordante;
La situation sur un site littoral et une lagune vulnérables, avec la proximité du périmètre irrigué de Bou Arg et des hauteurs du Gourougou.

Ces conditions particulières obligent à concevoir un plan d’assainissement approprié qui prend en compte la conurbation dans son ensemble, avec toutes ses composantes continentales, maritimes et lagunaires, sans oublier l’espace agricole attenant du périmètre de Bou Arg.

Ici, plus qu’ailleurs, s’impose la mise en place d’une importante station de traitement des eaux usées, en vue de leur recyclage à des fins d’arrosage des futurs espaces verts qui font presque totalement défaut au grand Nador, ainsi qu’à d’autres usages économiques ou sociaux.

Une vision tout aussi globale devra présider en matière d’assainissement solide afin d’éviter la démultiplication des décharges et de procéder à un traitement d’ensemble de tous les déchets de l’agglomération, ce qui permettra de gagner en termes d’économie d’échelle et de protection de l’environnement.

2.3. Le Schéma Général de Circulation et de Transport (SGCT)

Autant l’élaboration du Plan Général d’Aménagement Urbain est déterminante pour l’harmonisation de la croissance de la conurbation, et autant le Schéma d’Assainissement est vital pour assurer un environnement sain et attrayant, autant l’élaboration d’un Schéma Directeur de Circulation et de Transport est primordiale et incontournable pour garantir le bon fonctionnement de ce corps urbain tentaculaire, composite et polynucléaire. La production urgente d’un tel document est dictée par la configuration même de l’espace urbain dont la forme étirée s’organise autour de plusieurs noyaux aux fonctions diverses, comprenant la porte maritime de l’Oriental (tandem portuaire Nador – Mlilia), la future zone franche préconisée par le SDAR, ainsi que les zones industrielles, actuelles et futures, sans parler des multiples zones d’habitat réparties dans toutes les directions.

En plus du trafic de plus en plus intense généré par ces différentes fonctions, il faut ajouter celui, fort important, qui découle du rôle du Grand Nador comme pôle de distribution de produits du commerce frontalier et celui que devra entraîner la mise en service de la route méditerranéenne programmée et en cours de construction.

La combinaison de l’ensemble de ces flux internes et externes fait de la conurbation de Nador-Mlilia un nœud de circulation et de communication complexe, d’une dimension de plus en plus importante, comportant toutes les composantes des activités de relations, à la fois terrestres (routières et prochainement ferroviaires), maritimes (ports de marchandises et ports de voyageurs) et aériennes (aéroport d’Al Aroui).

Afin d’assurer le bon fonctionnement de tous ces modes de transport et une desserte convenable à l’ensemble de ces composantes, et les mettre en synergie  pour produire leur rendement optimal, avec la fluidité et la sécurité nécessaires, tout en veillant à éviter les problèmes de pollution et d’atteinte à l’environnement que cela devra générer, un ensemble de projets d’envergure, bien conçus et parfaitement coordonnés, doivent être lancés au plus tôt dans différents domaines de transport et de circulation.

Les actions les plus structurantes sont les suivantes :

Percement d’une voie rapide pour desservir le port de Bni Ançar et la zone franche qui devra être créée à proximité. Cet axe qui devra avoir des caractéristiques autoroutières (double voie), devra aussi éviter de traverser les zones habitées et les espaces fonctionnels de la conurbation, sans que son tracé n’hypothèque les terrains qui seront destinés à être ouverts à l’urbanisation (cf. le Plan Général d’Aménagement urbain du Grand Nador – Mlilia) ;

Réalisation de la route nationale dédoublée entre Oujda et Cassita vers Ahfir, Barkane, Zaïo, Salouane, Al Aroui, Driouch et Midar, sur environ 200 km ;

Etablissement de la liaison « Salouane-Mlilia », à 3×2 voies ;

Amélioration et élargissement (à 7 m) de la route nationale 15, reliant Al Aroui et Saka ;

Amélioration de l’axe interne (R607) reliant Nador et Imzourene (sur la rive gauche du Nakkor) ;

Elargissement de la liaison Farkhana-Zghaneghane (sur une longueur de 7 km) ;

Construction de la liaison Al Aroui-Bni Sidel (sur 4 km) ;

Construction de la liaison Farkhana-« Triforka »(Cap des Trois Fourches) sur une trentaine de km ;

Construction des routes classées  qui se trouvent encore à l’état de pistes ;

Amélioration de la desserte rurale, par la construction de routes de désenclavement, des agglomérations les plus importantes ;

Aménagement d’un grand carrefour au niveau de Salouane, avec les caractéristiques d’un échangeur qui devrait distribuer les flux de circulation et de transport dans 7 grandes directions : vers Nador – Mlilia; vers le port et la zone franche; vers Taourir; vers Zaïo – Barkane – Oujda; vers Driouch – Midar; vers la route littorale Est (Ras Al Ma – Saïdia) et la route littorale ouest (Farkhana-Al Houceima). Cet échangeur devra être conçu pour aménager un site où viendront se rencontrer les futures autoroutes Oujda-Nador (Autoroute de la Méditerranée) et Nador-Taourirt (Autoroute de la Moulouya);

Revoir la trame viaire de l’ensemble de la conurbation, afin de l’adapter aux contraintes du trafic routier attendu, interne et externe, consécutivement à l’intensification et la diversification des moyens et modes de transports et de circulation, d’un côté, et  des aménagements urbains programmés ou prévus par les schémas directeurs et les plans d’aménagement, ainsi que par les divers programmes dans les différents domaines de l’activité économique et les équipements sociaux, de l’autre. Il s’agit donc de recalibrer les artères, de redimensionner les axes de circulation, d’aménager les aires de stationnement appropriées et de réaliser les ouvrages d’art nécessaires, pour mieux assurer la fluidité de la circulation future appelée à connaître une intensification de plus en plus importante, parallèlement à la dynamisation de l’économie, à l’amélioration du niveau de vie des populations et à l’accentuation de l’urbanisation ;

Réaliser une grande gare routière centrale desservant toute la conurbation, qui devrait être localisée entre Salouane et Nador, à proximité du grand échangeur précité. Afin de ne pas trop encombrer cette gare centrale et de répartir le trafic, et étant donné la grande extension actuelle de l’espace urbain et la croissance qui devra être induite à l’avenir par les différentes fonctions et par l’accroissement démographique, il serait judicieux de doter chacune des grandes entités de la conurbation de sa propre gare, tout en assurant à chacune d’elles une bonne connexion avec  la gare centrale.

La construction prévue de la voie ferrée entre le port de Bni Ançar et Taourirt implique logiquement de penser à la construction de gares ferroviaires :  une gare centrale de voyageurs, avec un emplacement proche du centre de gravité de la conurbation, une gare de marchandise contiguë au port et à la zone franche et une autre gare à Salouane au service de la zone industrielle et de la grande unité sidérurgique SONASID. Là, il serait édifiant d’aménager un parc industriel pour recevoir des activités nouvelles, travaillant dans une ambiance de synergie et disposant des services d’appui et de desserte nécessaires.

Dans ce même domaine ferroviaire, il serait intéressant d’explorer les possibilités de réutiliser l’ancienne voie de chemin de fer (qui servait au transport de minerai de fer) reliant Zghaneghane à Nador et Bni Ançar, à des fins de transport de voyageurs, sous forme de navettes rapides, desservant le gros de la conurbation, comme il ressort du schéma, ci-contre, élaboré à ce sujet.

Le complément souhaité à ce schéma de circulation devra être l’établissement d’un système de navette pour desservir l’aéroport d’Al Aroui et le connecter aisément aux centres urbains. Cette correspondance pourrait se faire au moyen d’un service  d’autocar dans un premier temps, en attendant la construction de la voie ferrée Taourirt-Nador sur laquelle une brettelle reliant l’aéroport pourrait bien se greffer ; ce qui permettrait aux gens de Taourirt de bénéficier aisément des services de l’aéroport d’Al Aroui, devenant ainsi plus proche et mieux accessible pour eux que celui d’Oujda-Angad.

Afin d’améliorer les relations entre les différentes composantes de la conurbation, des liaisons directes entre elles devraient être établies pour ne pas encombrer un axe central déjà fortement sollicité par les trafics internes et les relations régionales, tout particulièrement au moment du retour des MRE. 

Enfin, il y a lieu de revoir la voirie qui, par son tracé et l’état de la chaussée, sans parler de l’absence de trottoirs et d’aires de stationnement, complique davantage les problèmes aigus de circulation dans cette conurbation polynucléaire fort éclatée. C’est là l’un des facteurs essentiels de la rénovation nécessaire pour préparer l’environnement urbain aux fonctions qui lui permettront d’évoluer harmonieusement au cours des décennies à venir.

3. Principaux  projets  économiques et sociaux

Les grandes actions d’aménagement territorial exposées plus haut se composent d’un grand nombre de projets structurants qui relèvent de la compétence de la puissance publique notamment, concernant essentiellement l’établissement de documents d’orientations et de gestion de la croissance du Grand Nador. D’autres projets, à caractère social et économique, devront venir appuyer ces grandes actions fondamentales, afin d’améliorer le cadre de vie et de créer un environnement propice à l’investissement et à l’épanouissement des populations.

3.1. La création d’une zone franche

Rêve longtemps caressé, mais nécessitant beaucoup de conviction pour sa réalisation, l’installation d’une zone franche à Nador devient aujourd’hui une nécessité incontournable, parce que cela représente le moyen de doter la conurbation d’un atout efficient de compétitivité sur les plans à la fois national et méditerranéen. La plupart des responsables locaux sont désormais convaincus de la nécessité impérative de la concrétisation de ce projet pour lequel le port de Bni Ançar semble être le mieux indiqué.

Ce projet destiné à introduire le Grand Nador sur l’échiquier industriel et commercial méditerranéen, préparera notre espace de projets à travailler dans les conditions qui devront bientôt prévaloir, une fois l’Accord de Libre Echange entre l’Union Européenne et le Maroc entrera effectivement en vigueur, dans une dizaine d’années, en principe.

La réussite de cet important projet structurant qui constituera un tournant décisif dans l’évolution économique,  voire même sociale (résorption du commerce transfrontalier), reste tributaire des grands aménagements au niveau de l’infrastructure routière, de la desserte du port et de l’aménagement de celui-ci en conséquence. De même qu’il est nécessaire d’instituer au sein de cette zone franche un régime fiscal attrayant (exonération des droits d’enregistrement et de timbre, des impôts sur les patentes pendant 15 ans, réduction de l’impôt sur les sociétés, exonération de la taxe sur les produits des actions, exonération de la TVA sur les marchandises, etc).

Par ailleurs, on signalera que le plan de développement économique et social (2000-2004) a retenu la création d’un parc industriel à salouane (cf.PDES, volume 2, page 135).

3.2. Dotation de la conurbation d’un Centre d’Affaires et de Commandement  (C.B.D : Central Business District)

Un tel ensemble urbain, une activité économique aussi diverse, le rôle d’espace moteur pour la Région et de porte maritime d’une grande partie du Maroc, sont autant d’éléments qui confèrent à la conurbation de Nador-Mlilia une dimension particulière, rendant indispensable l’aménagement d’un véritable centre d’affaires et de commandement, qui abritera les activités du tertiaire supérieur, tout à fait nécessaires pour gérer les affaires économiques, financières, administratives et intellectuelles pour les décennies à venir. Ces tâches ne peuvent aucunement être remplies par les structures actuelles, fort réduites et peu performantes et, de surcroît, dispersées, conçues au départ pour un organisme urbain tout modeste.

Aussi, faut-il prendre les dispositions nécessaires pour doter le Grand Nador d’un quartier d’affaires et de commandement intégré, mettant en synergie l’administration supérieure, les organismes bancaires et d’assurances, ainsi que les services de conseil et d’ingénierie, structures que requiert la mise en œuvre des projets préconisés par le présent SDAR.

L’aménagement de l’aire de l’ancien aéroport de Taouima par l’ONDA, constitue à cet égard une aubaine pour l’agglomération de Nador-Mlilia, en raison de la disponibilité du terrain et de la localisation de celui-ci dans une position centrale par rapport à la conurbation, bénéficiant, en plus, d’une situation remarquable au bord de la lagune Bou Arg.

Il va sans dire qu’un tel centre d’affaires et de commandement, nécessite une conception architecturale à sa mesure et requiert un organisme de gestion de type managérial approprié, ouvert sur le monde extérieur des affaires;  ce qui aiderait à faire entrer le Grand Nador et, partant, la Région de l’Oriental, dans l’ère de la modernité, à condition, toutefois, que les grands projets structurants du SDAR, soient réalisés en parallèle et au moment opportun.

3.3. Le renforcement de l’alimentation en eau potable

Le développement d’une grande agglomération urbaine de plus d’un demi-million d’habitants dans deux décennies, d’une part, destinée à jouer la fonction de pôle économique tractant, d’autre part, nécessite la réalisation des équipements adéquats pour alimenter la population et l’activité économique en eau de manière régulière et en quantités suffisantes, avec la qualité requise.

Pour le court terme (2005), certaines actions sont programmées dans ce domaine, portant sur l’amélioration du débit de traitement des eaux à niveau de 210 l/s, l’installation de conduites d’eau supplémentaires et la construction d’un réservoir d’une capacité de 10000 m3.

Concernant l’espace périurbain, le programme d’alimentation en eau potable porte sur :

Le prolongement des conduites de distribution sur 36 km et la construction de 25 bornes-fontaines. Cette opération est destinée à alimenter 23 douars dans les zones de Taouima, Al Aroui, Zghaneghane et Ihaddadene,
L’installation de conduites de distribution sur une longueur de 20 km, avec la réalisation de branchements individuels et la construction d’une station de pompage et d’un réservoir de 150 m3 de capacité. Cette action permettra d’alimenter 8 douars autour de Salouane,
Le prolongement des conduites de distribution sur une longueur de 26 km avec la construction de 25 bornes-fontaines et la réalisation de 3 stations de pompage ainsi que 3 réservoirs. Cette action permettra d’alimenter 29 douars dans la commune de Farkhana.

Toutefois, pour le moyen et le long termes, des efforts importants doivent être accomplis pour assurer la fourniture d’eau nécessaire pour généraliser le branchement de l’ensemble des ménages au réseau de distribution, sachant qu’il s’agit d’une conurbation fort éclatée et dispersée sur plus de 600 km2, d’un côté, et d’un pôle économique plurifonctionnel où il faut appuyer à la fois l’activité industrielle et touristique requise, de l’autre. Les ressources hydriques locales ou proches sont tout à fait incapables de répondre à cette demande qui devra dépasser les 50 millions de mètres cubes par an à l’horizon 2020-2025, dont plus de la moitié pour les seuls besoins domestiques, à raison d’une dotation moyenne journalière de 120 litres.

En conséquence, le renforcement de l’adduction d’eau à partir du barrage de Machraa Hammadi est indispensable. Toutefois, il y a encore beaucoup d’économie à faire au niveau du réseau de distribution caractérisé par d’importantes pertes. La rationalisation de la gestion de la chaîne de l’eau est une obligation incontournable pour assurer la bonne marche de la ville et de son économie. Le facteur hydrique ne devra pas s’imposer comme entrave au développement normal de la grande porte économique de l’Oriental qui pourrait devenir aussi, dans 3 ou 4 décennies, sa première agglomération urbaine.

3.4. Des équipements de formation technologique

La nature des fonctions économiques capitales dévolues désormais au Grand Nador, et les perspectives d’une agglomération de plus d’un demi-million de personnes, appuyée sur un arrière-pays densément peuplé, appellent la création de structures d’enseignement, de formation et de recherche de niveau supérieur, susceptibles d’alimenter les différents domaines de l’économie et de la gestion en cadres et en compétences nécessaires.

A ce titre, le Grand Nador devra être doté d’établissements et d’institutions qui répondent à ses besoins comme pôle de développement de l’Oriental et s’inscrivent dans le cadre de la réforme en instance préconisée pour l’enseignement et la formation supérieurs, tournés vers la modernité, l’opérationnalité et la compétence, en vue de sous-tendre le développement économique et social dans un environnement international de plus en plus ouvert et de plus en plus compétitif.

Ainsi, on insistera ici surtout sur la nécessité de promouvoir un enseignement axé sur la technologie, avec la création :

d’une Ecole Supérieure de Technologie, ayant des départements spécialisés dans les nouvelles technologies de l’Industrie, le Commerce et le Transport ;
d’un Institut Supérieur de Gestion, d’Informatique et de Communications ;
d’un Institut Supérieur de Recherche et de Formation sur l’Environnement Littoral et Marin et de recherche halieutique ;
d’un Institut spécialisé dans l’étude et la Migration en Europe ;

Ces établissements, qui doivent voir le jour incessamment, constitueront les structures sur lesquelles s’appuiera la toute récente Université de Nador (ouverture d’une Faculté de Lettres), qui pourra ainsi se partager, avec celle d’Oujda les fonctions d’encadrement culturel de la Région de l’Oriental.

3.5. Des équipements de santé performants

Les infrastructures de santé, dont dispose l’agglomération du Grand Nador,  ne sont nullement à la hauteur des services requis par des populations urbaines et rurales localesfort nombreuses.

Sachant que le volume démographique de l’actuelle province de Nador sera de l’ordre du million de personnes à l’horizon 2025-2030 et que les besoins en service de santé seront, non seulement plus importants, mais également plus sophistiqués afin de répondre à l’attente d’une formation sociale plus complexe et plus exigeante, le niveau de demande qui sera formulée par la population locale devra s’élever encore plus pour répondre aux besoins d’un centre économique portuaire étroitement lié à l’étranger.

Par ailleurs, les équipements de santé à installer à Nador devront concurrencer ceux dont dispose Mlilia et qui sont sollicités par une bonne fraction de l’élite de l’Oriental.

De la sorte, Nador a besoin d’un Hôpital de niveau performant disposant des spécialités requises pour encadrer convenablement un million de résidents et offrir les services d’urgence que nécessite un centre économique largement ouvert sur l’extérieur, et où doivent s’installer des investisseurs, promoteurs et experts étrangers. L’amélioration du niveau de compétitivité économique d’un espace passe également par sa sécurisation sur le plan sanitaire et médical.

De même, les différentes composantes urbaines de l’agglomération nécessitent chacune son établissement hospitalier lui permettant de disposer des services sanitaires et médicaux de proximité, vu les effectifs de population qu’abriteront ces agglomérations, dépassant 50000 personnes pour la plupart, dans moins de deux décennies seulement.

3.6. La consolidation du secteur de la pêche

Le port de Bni Ançar demeurera, pour très longtemps encore, le port de pêche le plus important de l’Oriental. La confortation de ce secteur, à la fois pour augmenter et diversifier la production et pour améliorer le niveau de l’emploi, appelle un certain nombre d’actions, parmi lesquelles on insistera sur les suivantes, sachant que des aménagements fort importants ont déjà été réalisés dans le port de Bni Ançar :

Exécution des aménagements et des équipements pour améliorer les conditions de vie et de travail des pêcheurs ;

Amélioration de la qualité des captures débarquées et leur mise en vente afin d’éviter les pertes de production et l’augmentation des prix unitaires lors de la première mise en vente ;

Amélioration de la mise en concurrence lors de la vente des captures pour augmenter ainsi les revenus des pêcheurs ;

Création de villages de pêcheurs et de points de décharge du poisson ;

Promotion du site de Qariat Arekmane dans le cadre du programme d’appui de la pêche artisanale dans la province de Nador (ONG italienne Movimento Africa 70, en partenariat avec l’Agence de Promotion et de Développement des Provinces et Préfectures du Nord), en vue de mettre à la disposition des jeunes diplômés des locaux professionnels à des conditions de travail intéressantes ;

Développement d’un site de « nursery » dans l’enceinte du port de Ras Al Ma en partenariat avec Marost, société d’aquaculture ;

Constitution de l’Institut National de Recherche Halieutique.

3.7. La promotion du tourisme

Le Grand Nador est particulièrement riche en sites touristiques de valeur, dont la plupart  sont restés pratiquement en friche, alors que certains n’ont fait l’objet que d’aménagements sommaires qui ont beaucoup plus porté préjudice à la ressource qu’ils ne l’ont mise en valeur. Parmi les nombreux atouts touristiques, on peut au moins reconnaître cinq grands éléments naturels importants, rarement réunis avec autant de densité sur un espace aussi réduit, ce qui pourrait propulser Nador et son environnement immédiat au rang de haut lieu du tourisme, non seulement dans l’Oriental, mais au niveau national tout entier. Il s’agit de :

la Sabkha Bou Arg qui constitue incontestablement la lagune la plus importante et la plus attrayante du Maroc, s’étirant sur une bonne vingtaine de km de long, et 7 à 8 km de large, limitée par un « lido » tout à fait remarquable, qui la ferme du côté de la mer et en fait un lac d’une extrême beauté ;
la série de plages qui s’égrènent tout le long du littoral allant de Qariat Arekmane à Iaazanene, sur plus de 70 km ;
la presqu’île de Mlilia qui s’avance en promontoire élevé à l’intérieur de la mer, offrant des vues inégalées sur les splendeurs de l’azur de la Méditerranée ;
le Cap des Trois Fourches qui représente la terminaison de la presqu’île de Mlilia avec laquelle il constitue une curiosité unique en son genre ;
les hauteurs qui surplombent la ville, la mer et la Sabkha, permettant d’avoir des panoramas tout à fait extraordinaires. Une mention particulière doit être faite au Jbel Gourougou qui, de par sa localisation et sa belle couverture forestière, s’impose comme site touristique d’une grande valeur ;
l’arrière-pays rural immédiat constitué à l’est par le riche secteur irrigué de la plaine de Bou Arg, et à l’ouest par la zone de collines et de basses montagnes de Farkhana, Bni Chiker, Iksane et Bni Ifrour aux paysages agraires bien diversifiés .

Nous avons là un complexe naturel unique au Maroc qui mérite des aménagements touristiques de qualité aptes à en valoriser les nombreux atouts, tout en sauvegardant la beauté des sites, le potentiel naturel et la qualité de l’environnement. On pourrait ventiler ces aménagements en quatre grandes catégories, en fonction des types de sites disponibles :

·     Les aménagements balnéaires à entreprendre sont au moins de trois types, correspondant à des catégories de sites bien différents et aux potentialités inégales : la plage de Qariat Arekmane, le lido de la Sabkha Bou Arg et les petites plages et criques qui ponctuent le littoral qui va de Nador à Iaazanene, ceinturant la presqu’île de Mlilia.

·     La plage de Qariat Arekmane porte déjà de nombreux aménagements balnéaires et touristiques. Mais cela a été fait sans aucun document directeur, ce qui a abouti à une consommation très peu rationnelle d’une plage de bonne qualité naturelle. L’action ici consiste à doter ce site remarquable d’un document d’aménagement urbain et touristique capable de restructurer le centre et de réhabiliter la plage, afin d’en faire une station balnéaire mixte, au service des estivants du Grand Nador, mais comportant également un secteur de standing pour le tourisme international, ainsi que pour les ménages à hauts revenus aux niveaux régional et national. Les MRE constituent ici une clientèle de choix.

A cet égard, il faudrait procéder aux opérations essentielles suivantes :

apurement du foncier, sachant bien qu’il s’agit là encore du fameux régime khalifien, source de tracas et de litiges infinis ;
renforcement de l’alimentation en eau potable pour faire face à une demande estivale sans cesse plus importante ;
établissement d’un plan d’assainissement liquide et solide approprié à la mesure d’une station de gabarit important ;
traitement de la plage et protection des eaux littorales contre la pollution ;
amélioration concrète des structures d’accueil, de restauration, de récréation et d’animation ;
aménagement d’aires de stationnement et organisation de la circulation qui prend, en été, des proportions insoupçonnées, posant des problèmes fort aigus.

·     Le lido qui limite la lagune du côté de la mer, offre sur celle-ci des possibilités de baignade. Considérant l’étroitesse de ce cordon, les aménagements qui doivent y être réalisés ne peuvent se faire sous forme de constructions lourdes, mais plutôt de structures légères, afin de ne pas gâcher le paysage lacustre à l’ouest et marin à l’est. La plage de Bouqanna devrait être aménagée dans cet esprit.

·     Les petites plages du littoral de Nador à Iaazanene offrent des opportunités multiples et intéressantes pour des aménagements balnéaires et touristiques limités, pour le compte des populations du Grand Nador, de Mlilia, des MRE et des touristes européens. Une étude de faisabilité pour chaque cas est à réaliser.

Il faut souligner que l’activité touristique trouve dans cet espace, en complément à ces atouts d’ordre naturel diversifiés, d’autres facteurs économiques et humains favorables qui ne peuvent qu’en accroître le dynamisme. Nous citons notamment :

la présence du port de voyageurs de Bni Ançar par lequel transitent, de plus en plus, des centaines de milliers de vacanciers MRE revenant chaque année au pays, et qui constituent une clientèle de choix en raison de leur pouvoir d’achat, de leur mode de vie de plus en plus occidentalisé et de leur propension de consommer le balnéaire ou l’écologique.
la proximité de Mlilia, autre porte ouverte sur l’Europe, constitue un levier de taille à mettre en œuvre pour dynamiser l’activité touristique, à condition de pouvoir offrir des produits originaux, tant au niveau des plages qu’à celui de l’écotourisme et du culturel.
L’afflux d’une importante clientèle venant faire emplettes à Nador et se ravitailler en produits divers issus du commerce frontalier.

L’ouverture de la Route Méditerranéenne confortera amplement le tourisme local, en promouvant le Grand Nador en tant que place touristique de choix, intermédiaire entre le littoral de Tanger-Tétouane et Al Hoceïmah, à l’ouest, et Saïdia-Ras Al Ma à l’est.

Le tourisme pourra représenter, en somme, un créneau tout à fait porteur qui aidera sérieusement à réduire l’impact des activités parallèles dans la vie économique et sociale de la conurbation du Grand Nador, en offrant des emplois en nombre croissant et en créant des richesses encore insoupçonnées.

3.8. Le développement d’une agriculture de banlieue

Parallèlement aux reconversions qui devront toucher l’activité agricole dans le périmètre irrigué de Bou Arg limitrophe, et dont l’impact se fera bien sentir sur Nador et ses centres satellites, notamment au niveau de l’approvisionnement en produits frais, les campagnes qui jouxtent la conurbation du côté ouest connaîtront sans doute des transformations importantes dans leur mode de production et leur paysage, en réponse aux mutations qui toucheront l’espace urbain et à l’augmentation de sa population et à l’amélioration de son niveau de vie.

C’est que l’aridité est relativement modérée dans ces communes périurbaines et que les sols y sont parfois d’assez bonne qualité. La grande conurbation représente un vaste marché pour les produits de l’agriculture. Les investissements potentiels n’y manquent pas pour sous-tendre cette activité. Toutefois, trois facteurs essentiels contrecarrent ici le développement d’une véritable agriculture de banlieue : le régime problématique du foncier ; l’importance des apports du commerce parallèle transfrontalier vu la proximité de l’enclave occupée et zone franche de Mlilia, et les transferts de l’émigration en Europe.

Toutefois, le déblocage de la situation foncière par l’ancrage de l’immatriculation et du cadastre et, du coup, la sécurisation de la propriété, pourra ouvrir le marché foncier rural à des initiatives locales, régionales ou nationales pour venir investir dans la banlieue de l’une des plus grandes agglomérations urbaines du Maroc, en développant des spéculations agricoles nouvelles et des productions rentables pour satisfaire un marché en pleine expansion et à pouvoir d’achat appréciable (maraîchage, produits fruitiers, produits de l’élevage, aviculture, etc…)

Il faut souligner que ces transformations de l’agriculture sont étroitement tributaires de plusieurs actions structurantes :

mobilisation des ressources en eau que véhiculent les nombreux cours d’eau locaux, au moyen de petits ouvrages de retenue, afin de développer l’irrigation ;
renforcement de l’alimentation en eau potable des communes de banlieue ;
généralisation de l’électrification des agglomérations rurales, avec encouragement du solaire ;
renforcement du programme routier pour désenclaver les zones de peuplement de producteurs agricoles ;
consolidation des équipements sociaux, en matière d’enseignement, de formation professionnelle, de santé, de culture et de loisir, afin de retenir les jeunes en milieu rural.
Élaboration de plans d’aménagement et de développement des communes de banlieue, de leurs chefs-lieux et des centres émergents.

3.9. L’environnement

 La conurbation de Nador est destinée à jouer un rôle primordial dans l’attrait de l’investissement vers l’Oriental et dans la revitalisation de son économie. Ceci est tributaire, bien sûr, des structures, des infrastructures et des grands équipements qu’elle pourra mettre au service de ce développement. Mais le drainage de l’investissement, la fixation des élites et des promoteurs se fondent également sur la nature du cadre de vie que la ville pourra offrir.

Dans cette perspective, celle-ci est appelée à soigner son image de marque, et ce en soignant son environnement, dans toutes ses dimensions. Des travaux d’embellissement sont nécessaires au niveau de la voirie (percement de grandes artères, aménagement d’aires de stationnement appropriées, aménagement de voies piétonnes,…), du traitement paysager des hauteurs qui surplombent les quartiers du côté ouest notamment, de l’aménagement d’espaces verts et d’aires de détente, ainsi que d’une véritable corniche le long de la Sabkha Bou Arg. Il faudra également établir un programme de reboisement des reliefs dominants pour modérer les effets du ruissellement, mais aussi le long de la côte, notamment à Qariat Arekmane, pour en rehausser la qualité de l’environnement.

Conclusion

La conurbation complexe et dynamique de Nador-Mlilia est un organisme urbain original au Maroc. Sa localisation sur la Méditerranée, sa proximité de l’Europe, son commerce exubérant, son port en activité accrue, son nouvel aéroport, ses entreprises industrielles, sa masse monétaire considérable… constituent des atouts indéniables pour en assurer le développement et en faire une locomotive au niveau économique pour toute la partie orientale et méditerranéenne du Maroc.

Toutefois, des éléments perturbateurs et parasitaires nombreux contrecarrent la valorisation rationnelle et optimale de l’ensemble de ces potentialités. Le dépassement de ces entraves, d’un côté, la qualification de l’espace et des hommes, de l’autre, ne peuvent que hâter l’épanouissement souhaité des forces et des énergies latentes, sous-tendues par les multiples formes de l’investissement financier, technologique et humain, susceptibles de mettre le Grand Nador sur la voie du progrès réel, en tandem et en synergie avec l’assainissement de la situation inacceptable de l’enclave occupée de Mlilia, libérée, « désenclavée et réintégrée ».

 

—ASUIVRE —

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

1 Comment

  1. boussaboun
    14/11/2008 at 22:48

    نحن في حاجة الى مزيد من الأعمال من هذاالنوع يا اخوة
    جزاكم الله خيرا

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *