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La sécheresse des muqueuses en débat à l’hôpital Cheick Khalifa

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L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), en partenariat avec l’hôpital Cheick Khalifa, organise la 5ème rencontre entre patients et professionnels de santé sur la sécheresse des muqueuses (le syndrome sec) et  sa forme la plus grave, la maladie de Gougerot-Sjogren, le samedi 8 juillet à 15h, à l’amphithéâtre de l’hôpital  Cheick Khalifa à Casablanca.

Larmes et salive : des lubrifiants naturels au rôle fondamental

La diminution des sécrétions de certaines glandes provoque  une sécheresse, le plus souvent buccale et  lacrymale mais pouvant aussi toucher d’autres organes tels la peau, les bronches, le nez, ou le  vagin.  Ces sécrétions jouent un rôle de première barrière de défense contre les bactéries et leur déficit va laisser la porte ouverte aux inflammations oculaires, caries, infections du système digestif… Cette pathologie à un nom : le syndrome sec

C’est  un phénomène fréquent mais encore trop négligé au Maroc : un quart des personnes de plus de 60 ans en particulier en sont atteintes à cause du vieillissement naturel de l’organisme.  Le travail et la lecture sur ordinateur, tablettes ou téléphone portable avec écran provoque aussi  une sécheresse oculaire qui concerne  beaucoup de personnes,  et en particulier les enfants  et adolescents dont près de 10 % seraient atteints de ce trouble. La sécheresse buccale a, quant à elle, des conséquences néfastes sur la nutrition.

 Ces atteintes peuvent également  s’expliquer par la prise de certains médicaments ou substances (plus de 400 spécialités pharmaceutiques sont susceptibles de provoquer un syndrome sec), par des infections virales (telle l’hépatite C) ainsi que par certaines pathologies dont la maladie de Gougerot-Sjögren est la plus importante.

Le Gougerot-Sjögren fait partie des pathologies auto-immunes où le système immunitaire attaque les propres constituants de l’organisme. Il touche entre 0,2  et 0,4 % de la population et concerne essentiellement les femmes dans une proportion de 9 femmes atteintes pour un homme, soit plus de 60 000 femmes au Maroc. Souvent difficile à diagnostiquer, il se complique ou s’associe à de nombreux autres troubles : polyarthrite rhumatoïde, lupus, affections de la thyroïde, du foie, du sang… De plus, le Gougerot accroît de quarante fois les risques de survenue de cancers, et en cas de grossesse, l’éventualité d’une altération du cœur du fœtus.

Des traitements pour rétablir la qualité de vie

 Les symptômes de ces troubles, trop souvent négligés au début, deviennent dans certains cas, très handicapants, alors que de nombreuses solutions existent pour les résoudre ou au moins les diminuer.

Les traitements principaux consistent à assurer l’humidité nécessaire des organes en cause (emploi de larmes ou salives artificielles, stimulation de la production de ces substances par des médicaments…)  et à prévenir  les facteurs d’irritation (exercices oculaires et pauses pour le travail sur écran, bonne hygiène bucco-dentaire, suppression du tabac…).

La maladie de Gougerot-Sjögren, quant à elle,  n’est pas encore guérissable.  Outre les traitements déjà évoqués  pour soulager le manque de sécrétions, elle doit faire l’objet d’un suivi régulier pour maitriser ces éventuelles complications qui nécessitent souvent l’usage de thérapeutiques plus lourdes (corticoïdes, médicaments immuno-suppresseurs…).  La mise au point actuelle de nouveaux traitements – les biothérapies issues des  biotechnologies – laisse entrevoir de grands espoirs pour la résolution  de cette pathologie dans l’avenir.

On ne peut que regretter cependant que,  dans une  maladie complexe comme le  Gougerot qui peut s’attaquer à plusieurs organes, beaucoup de patients marocains sont souvent diagnostiqués tardivement ou même jamais diagnostiqués et ne sont soignés que sur l’expression de leurs symptômes. Un nomadisme médical parfois incontrôlé, l’absence de dossier médical unique et d’un médecin référent qui centralise les informations et coordonne les soins comme en Europe rendent en effet difficile une bonne prise en charge.

Casablanca,  le  6 juillet  2017

Dr Moussayer Khadija

Spécialiste en Médecine Interne et en Gériatrie

Présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques

(Ammais)

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