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LE BAC : VERS UN EXAMEN SANS FRAUDE (S)!!??

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LE BAC : VERS UN EXAMEN SANS FRAUDE (S)!!??

La session de Juin 2012 du baccalauréat a été caractérisée par un événement largement commenté par l’opinion publique. Il s’agit du dispositif sans précédent mis en place par le ministère de l’éducation nationale pour lutter contre la fraude. Ce département a été épaulé par d’autres intervenants étatiques, essentiellement ceux dépendant du ministère de l’intérieur, dans le cadre d’une mobilisation  totale.

Les informations livrées par Monsieur le Ministre de l’éducation nationale aux députés de la nation lors de la séance plénière du 18 juin 2012 font état de quelques 1390 cas de fraudes (dont 60 déférés devant la justice) sur un total de près de 465000 candidats.

Voilà une opération qui n’a certainement pas nécessité un effort financier important ou, à tout le moins, exceptionnel. Elle n’a pas ainsi exigé un bouleversement spectaculaire de la loi des finances. En tout cas, à ma connaissance, le ministre de l’éducation nationale n’a pas évoqué cet aspect, à l’inverse de certains de ces collègues qui ne manquent pas, dans la plupart des cas, de décliner cet aspect, comme s’il s’agissait d’une charité consentie aux citoyens. Ce qui ne manque pas d’induire un sentiment de frustration à l’ouie de ce genre d’informations, même si on peut mettre cela sur le dos de la transparence. Sinon, pourquoi ne pas étaler cette autre catégorie d’ « effort financiers » au sujet  de ces primes de motivation et indemnisations comme  leurs bénéficiaires se plaisent à classer dans leurs rubriques budgétaires.

Mais revenons à cette opération pour dire qu’il existe bon nombre de mesures qui « ne coûtent rien » au plan financier à l’Etat et que ce dernier, inexplicablement, rechigne à prendre.

Inutile donc de préciser que cette mesure a été accueillie très favorablement par les uns et les autres, à l’exception , bien évidemment, des fraudeurs eux-mêmes, des faucons qui gravitent autour d’eux et du monde véreux qui s’est alimenté pendant des décennies de cette sauce nauséabonde.

Même la classe politique, notamment lors de la séance parlementaire du 18 juin 2012, a manifesté le satisfecit,  y compris l’opposition qui n’a pas, malgré cela, manqué d’émettre des remarques à Monsieur le Ministre en charge du département. C’est son droit le plus absolu pour autant que la surenchère politique n’y soit pas associée.

Inutile non plus de développer et de disserter sur les conséquences fâcheuses de ce fléau qui a gangrené depuis longtemps notre système éducatif et par effet induit le tissu socio-économique et culturel de notre pays.

Inutile enfin d’enregistrer le soulagement affiché par les intervenants immédiats et directs dans l’examen :

  -les élèves sérieux, travailleurs et désireux de mériter leur diplôme ;

  -leurs enseignants assistant, impuissants, à la déperdition de leurs efforts durant toute l’année face à ces fraudeurs qui faussaient et rendaient invalide et inutile leur dispositif d’évaluation ;

 -le staff administratif de l’établissement scolaire subissant l’insuffisance, voire l’absence de tout appui des décideurs centraux  par la médiocrité des moyens mis à sa disposition ( budget, ressources humaines, outils juridiques ….) ;

-les parents enfin des élèves studieux constatant la récompense de leurs efforts.

Un effet non moins important induit par ces mesures réside, bien évidemment, en la crédibilité du diplôme au niveau tant national qu’international pour la suite du cursus de nos élèves

Ceci étant, voyons les choses d’un peu plus près.

Ainsi, tous ces intervenants proches du système devraient être plus confiants en l’avenir du déroulement futur de ces examens et penser, comme Pangloss, que tout (sera) pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Au-delà de l’effet psychologique incontestable de dissuasion auprès des élèves tentés par la fraude et du sentiment d’encouragement et d’espoir gagné par les enseignants ( cours et administration), il serait illusoire de croire que ce fléau sera éradiqué  et qu’on s’acheminera inéluctablement vers un examen sans fraude.

Le doute est donc permis pour moult raisons dont la plus évidente et la plus importante est l’assurance d’une volonté politique pour s’attaquer aux maux qui rongent notre système éducatif. Ajoutons à cela, d’autres facteurs, notamment :

– Ces pratiques se sont enracinées dans l’esprit des gens ( pas uniquement les élèves) durant des décennies. D’autant plus profondément qu’elles constituent une composante indissociable des tares de notre société. Ainsi, frauder à l’examen et/ou contribuer à cette opération s’est inscrit, au fil du temps, dans le domaine du banal et du normal, à l’instar de cet autre fléau qu’est la corruption. Disons tout de suite que cela n’excuse point une abdication devant ce phénomène. La preuve réside justement en ces dernières mesures. Mais ce n’est pas une mince affaire.

– Ces pratiques ne constituent qu’une composante des avatars de notre système éducatif, accumulés également depuis le début de l’indépendance et que les innombrables tentatives de redressement  n’ont pas réussi à corriger. Les mesures de cette année, aussi louables soient-elles, sont loin de s’attaquer au fond du problème.

– ces pratiques ont été rendues faciles et surtout difficilement détectables grâce aux « merveilles » de la technologie de la communication. Néanmoins, loin de baisser les bras, les responsables devront à leur tour développer les moyens de lutte et mettre en place les dispositifs appropriés. Mais ils devront , dans ce dispositif, atténuer grandement le facteur humain pour neutraliser les intentions perverses qui trouveront toujours le moyen de contourner les systèmes les plus sophistiqués.

Loin d’achever cet écrit par une note pessimiste et éviter la critique stérile, gageons que la lutte contre la fraude aux examens augure d’une prise en charge plus sérieuse et d’une volonté politique intégrant la problématique dans sa globalité. Espérons que ce ne sera pas au gré des conjonctures politiques et sociales, de la volonté personnelle des responsables et des échéances électorales.

                                                 MEZIANE AHMIDA

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6 Comments

  1. Acteur pédagogique
    20/06/2012 at 23:39

    LES initiatives du MEN cette année pour lutter contre la fraude sont louables, certes. Ceci étant, et concernant la région de l’oriental, rien n’a changé au niveau de la délégation de Nador ou, et comme à l’accoutumé, en trouve des dizaines de copies d’exams semblables au point d’être similaires. Pis, il existe des paires de copies rédigées par la même personne ! On a tout simplement l’impression que les candidats de Nador prennent l’examen du Bac sans surveillance aucune, ou que ces candidats se présentent aux centres d’examens juste pour signer leur présence et rendre des copies parvenant de l’extérieur. Il vraiment grand temps de regarder les choses en face

  2. meziane ahmida
    22/06/2012 at 10:02

    l’article intitulé « la fraude au kit dans un lycée de berkane » et écrit sous la ^plume de zaid tayeb en juillet 2009 – trois ans déjà- est édifiant à plus d’un titre, en dépit de son ancienneté. Edifiant d’abord car il tirait déjà à cette époque la sonnette d’alarme sur ce recours à la fraude « à la mode » fsisant appel à la technologie de la communication. Edifiant ensuite car il montre , si besoin est, que les responsables ne tiennent pas compte,ou pas assez, de ce que leur rapportent les intervenants régionaux et locaux dans l’enseignement ( enseignants, chefs détablissemsnt et autres collaborateurs). Edifiant enfin car il montre qu’il était grand temps que l’Etat prît des mesures, comme celà l’a été cette année, bien qu’il faille continuer et attaquer le problème dans son fond et en analyser la relation de cause à effet.
    Je saisis cette occasion pour saluer Monsieur Zaid et lui dire que je lui dois une dette : la réponse de LUKY LUKE à son article titré du même nom de ce célebre « poor cow boy…. ». Patience, il sera servi.

  3. Zaid tayeb
    23/06/2012 at 09:14

    Je recommande à Monsieur Ahmida Meziane d’enterrer la hache de guerre, de rentrer sous le wigwam et de fumer ensemble le calumet de la paix. Nous n’allons pas nous chamailler éternellement comme des squaw ou comme les visages pâles à la langue fourchue et que Manitou nous recommande de scalper.
    je vous remercie d’avoir tiré le bon parti de mon article même si celui-ci est vieux.
    Avec mes sentiments de respect.
    Zaid tayeb

  4. meziane ahmida
    24/06/2012 at 12:16

    j’apprécie et j’accepte la recommandation de Monsieur zaid tayeb de fumer le calumet de la paix et enterrer la hache de guerre. je propose en sus de demander au sorcier du village de danser et de faire sept tours autour du wigwam du grand sachem pour éloigner les mauvais esprits et les renvoyer dans les vertes prairies de Manitou. UGH!!
    Je fais tout de même remarquer à Monsieur Zaid que je n’ai jamais pensé que j’étais sur le sentier de guerre
    Je présume et espère que Monsieur Zaid a reconsidéré certains passages de son écrit  » luky luke tire …..etc ». No comment
    respects et considérations. AHMIDA MEZIANE

  5. Zaid Tayeb
    24/06/2012 at 21:39

    Il serait préférable de ne rien reconsidérer mais de tourner la page et de voir vers l’avenir.Ce sera mieux ainsi.
    Avec tous mes respects.
    Zaid Tayeb

  6. B.M
    22/06/2015 at 16:17

    tout montre bien le long de cet article que son auteur n’est point un imbécile , tel qu’il a été indirectement désigné dans un précédent article. sa réflexion sur le phénomène de la fraude et ses propos à l’égard de notre système éducatif confirment bien son degré élevé de conscience, outre son très haut niveau d’instruction, sa maturité et sa sagesse.Que les membres du corps pédagogiques en tirent profit pour rectifier le tire et par la même occasion transmettre le bon message aux apprenants ! A BON ENTENDEUR.

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