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Les cours de soutien, encore une fois

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La pratique des cours de soutien ne se limite pas au seul cas de notre pays comme elle ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, seuls les enfants des familles aisées pouvaient se permettre d’en bénéficier, car, d’une part, les parents sont cultivés et de l’autre, ils en ont les moyens. Deux atouts que la plupart des parents n’avaient pas ou n’ont toujours pas. Actuellement, cette pratique a tendance à se répandre à toutes les familles, riches ou pauvres, cultivées ou analphabètes. Et quand un fait se généralise, il se vulgarise et quand il se vulgarise, il nait de cela des convoitises, des commérages fondés ou non.

Les parents, fait positif, faut-il le faire remarquer, ont pris conscience de l’utilité des études pour leurs enfants. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux se serrent la ceinture pour leur payer des cours de soutien dans les matières scientifiques en particulier et dans les langues étrangères dont nul n’ignore que, le baccalauréat obtenu, tout est dispensé en langue étrangère. Comme ils ont pris conscience de la médiocrité de l’école publique avec ses équipements vétustes, ses programmes inappropriés, ses méthodes désuètes, ses moyens d’un autre âge et ses sureffectifs étouffants. Autant d’inconvénients qui rendent nécessaire le recours aux cours de soutien. Ils ont également pris conscience de la qualité des professeurs de leurs enfants. En effet, les parents savent à présent qu’untel ou unetelle des professeurs, est connu (e) pour sa médiocrité, ses absences, son laisser aller, que tel(le) autre est intègre, travailleur et compétent. Aussi les voit-on se rendre à l’école pour solliciter des responsables administratifs de placer leur enfant dans telle classe, chez tel professeur, ou, s’il est déjà inscrit dans une classe, de le mettre dans une autre …La présence de leur enfant chez  l’un(e) ou l’autre des professeurs détermine la prise de décision des parents à faire suivre à leurs enfants des cours de soutien ou pas. L’ère est à la compétitivité, et les parents ont pris conscience avant l’Etat, hélas ! de l’effondrement du système éducatif et scolaire et avec lui de l’école publique et de l’émergence de l’école privée qui est une école de l’apparat et de l’ostentation. Aussi sont-ils pris en étau entre l’une et l’autre des écoles : une école publique pauvre qui n’a pas grand-chose à offrir mais qui demeure digne et une école privée fondée sur le profit  mais qui paie bien en notes surréalistes. Le mal est là : que l’enfant soit dans une école publique ou dans une école privée, les cours de soutien s’imposent. Aussi les parents choisissent-ils un juste milieu : envoyer leurs enfants dans une école publique gratuite et leur faire suivre des cours de soutien payants. D’un autre côté, comme les parents sont conscients de l’intérêt de la note du contrôle continu, ils inscrivent leurs enfants dans une école publique jusqu’à la fin de la première année du baccalauréat, puis ils les placent dans une école privée afin de moissonner les notes du contrôle continu de la deuxième année.

En conclusion, un professeur de peu de mérite en classe ne peut pas être excellent en cours de soutien. Malheureusement, c’est cette tranche de professeurs qui nuit aussi bien à l’école publique par sa nullité qu’à la pratique des cours de soutien puisque les plus zélés d’entre eux vont jusqu’à dire ouvertement à leurs élèves de s’inscrire aux cours qu’ils donnent. Aussi les élèves et leurs parents prennent-ils cela comme une obligation. Les parents craignant les représailles de ces professeurs à l’encontre de leurs enfants, mâchent tout bas leur colère et mettent tous les professeurs dans le sac pourri des nullards. Or les cours de soutien sont un signe de maturité culturelle des parents qui suivent la scolarité de leurs enfants depuis l’école primaire jusqu’à la fin de leur parcours.

Zaid Tayeb professeur au lycée Oued Eddahab

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