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Qui contrôle vraiment la SNRT.Remplit-elle bien son devoir d’information?

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Il faut connaître l’histoire de ce que l’on appelait avant  la RTM ou la radiodiffusion et la télévision marocaine ;aujourd’hui elle a son nom nouveau de société nationale de radiodiffusion et de  télévision ou la SNRT. Son ancêtre ,la radio Maroc a commencé à émettre  déjà en 1928 sous le protectorat.Longtemps autonome ,celle-ci diffusait sous la tutelle de l’Office chérifien des postes et télégraphes.Puis ,elle est passée à une société française TELMA dans les années 50 .En 1962,le Maroc ,pays indépendant la  chaîne publique commença émettre tout en conservant son autonomie financière .En 1968,elle est passée dans le giron de l’administration  et en 1978 ,elle est directement dépendante du ministère de l’information.En 2005,avec la vague de la libéralisation de l’audio-visuelle au niveau mondial,la RTM devient la SNRT.

Comme toutes les chaînes des pays démocratiques et modernisés,cette société a son statut ,la charte de l’HACA ,son code déontologique et le cahier des charges que les journalistes de la SNRT  sont tenus de respecter et d’appliquer de façon judicieuse et pointilleuse.En consultant la charte de la Haute Autorité de la Communication Audio visuelle(HACA),j’ai retenu entre autres quatre mots clés du code professionnel:le respect des droits de l’homme dans la vie privée et vie publique,l’objectivité de l’information,l’indépendance dans le métier du journaliste et la transparence de l’information .

On peut comprendre donc que les journalistes de la SNRT obéissent textuellement aux lois et aux règles en vigueur édictées par la charte déontologique de l’HACA.

Depuis quelques années ,le Maroc a connu de grands changements tant structurels que conjoncturels.Actuellement,Il connaît aussi des crises ,notamment sociales  (chômage,crimes,et mouvements sociaux parfois violents ,comme ceux qu’il avait  connus durant l’année écoulée (2011). Pourtant au niveau de l’information ,contrairement à la presse écrite qui rapportait des faits tels quels et suivait des événements au fur et à mesure de leur évolution ,la SNRT semblait ne pas  avoir le courage de tout dire ni de tout montrer.Si elle donnait des informations ,elle le faisait au compte-goutte tout en étant d’une prudence excessive.On l’a vu avec les manifestations du mouvement des jeunes 20 février et les séries de violences qui s’ensuivaient ou avec les diplômés –chômeurs lors des affrontements avec la police dans les rues du royaume ou lors des récentes immolations en série de quelques chômeurs envahis par la rage de sacrifier leur vie plutôt que de subir l’injustice sociale

. On peut considérer que la télévision nationale  était un peu timorée car elle n’avait pas eu le courage de montrer les images violentes de la rue alors qu’il y avait le net qui montraient tout  ou la presse écrite indépendante  qui avait  la liberté de tout dire et de tout montrer dans le souci d’informer le citoyen.Nous pouvons dire que cette »presse du peuple » si l’on peut admettre cette expression sympathisait avec le lecteur mieux que ne l’aurait fait la télévision nationale. Pourtant ,il est dit dans la charte de l’HACA que le journaliste doit être animé par le souci   du devoir d’informer le citoyen..Je cite un extrait du texte : »Dans tous les cas ,la SNRT s’efforce de concilier le respect du public et l’obligation d’être fidèle à la réalité ,de rendre compte de la réalité aussi complète que possible ».Un image violente  n’est diffusée que si elle comporte une information indispensable à la compréhension de l’événement »(B-5-1 –  paragraphe concernant la protection du jeune public -la violence). Même si ,peut-être ,il n’y a pas de statistiques à ce sujet , la presse écrite surtout indépendante,peut apparaître  au x yeux de son lectorat comme  une source de fiabilité et de crédibilté,contrairement à ce que l’on peut penser.Les journalistes de la SNRT semblaient distiller des informations de façon parcimonieuse ou s’interdisaient de montrer des images qui pourraient gêner ou heurtaient l’administration de tutelle ou encore le système politique.

. Depuis un an , le monde arabe a connu des révoltes populaires souvent violentes  qui ont conduit à de véritables révolutions ..Le Maroc lui aussi a connu des manifestations populaires au nom du changement.Heureusement ,le Maroc a lâché du lest et proposé une réforme importante de la constitution  qui a conduit à ce que l’on voit aujourd hui ,à un gouvernement démocratique issu des urnes. Il est regrettable de constater que la télévision nationale  n’avait  pas couvert  les événements de rue de l’année écoulée .Il était désolant de constater aussi que les moments forts de la colère populaire entre autres le mouvement des jeunes 20 février  à travers le royaume ont été tout simplement sinon  ignorés du moins timidement appréhendés par les médias officiels ,notamment l’audio-visuel.Pourtant la charte déontologique est claire:le droit inaliénable du public à accéder à l’information ,à la réalité des faits tels qu’ils se sont déroulés dans le respect des lois,aussi fidèlement que possible.

Alors ,pourquoi la SNRT ne joue-t-elle pas son rôle tel qu’elle doit le faire?On peut invoquer deux raisons possibles.Ou les journalistes n’arrivent pas à se libérer des textes coercitifs de la charte et sont tellement prudents qu’ils n’osent pas aller plus loin au risque de se voir rappeler à l’ordre par leur hiérarchie  ou sont-ils sous l’ influence  du système politique  tout simplement et aller au-delà de ce qu’on leur demande de faire ,cela voudrait dire franchir les lignes rouges.D’où le recours à la censure ou plutôt à l’auto-censure des journalistes pour éviter tout problème avec leur hiérarchie.A mon sens ,les deux raisons vont ensemble et expliquent le manque d’indépendance des journalistes de la SNRT malgré la générosité de la charte qui est d’une clarté douteuse.

En conclusion,  si la question de responsabilté dans le devoir d’informer le public conformément au respect de la charte est quelque chose de fondamental pour la sécurité du pays et le service public ,l’indépendance ,  la transparence et le courage dans le métier du journaliste   ne peuvent que démocratiser encore davantage le champ audio-visuel marocain.Quant à la question de savoir qui contrôle la SNRT ,seule la convergence du politique ,de l’administratif  et du texte de la charte permet d’y répondre .Encore faut-il  savoir si les membres du conseil d’ administration de cette société  sont indépendants et libres d’agir conformément à la charte ou sont sous influence?.

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