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Une analyse pré-électorale sur l’Algérie (3ème partie)

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Une analyse pré-électorale sur l’Algérie (3ème partie)

Pour mémoire, je rappellerais que les deux premiers papiers traitaient de la situation sociale et sécuritaire en Algérie. Ce troisième papier  a pour objet de dresser un état des lieux de la diplomatie algérienne.

Tout d’abord, s’il existe en Algérie un domaine où il est préférable de se taire c’est la conduite de la politique étrangère.

Dans ce pays, le peuple et la presse n’ont pas voix au chapitre et à la moindre infraction ils sont rappelés sèchement à l’ordre par le Ministère des Affaires Etrangères. Le Parlement, outrageusement dominé par le FLN, le RND et le MSP,  n’a jamais interrogé le titulaire du ministère sur la gestion de son département et encore moins sur le traitement diplomatique de telle ou telle affaire.

Cet état de fait s’explique aisément par le fait que la conduite de la politique étrangère dépend essentiellement et exclusivement du Chef de l’Etat et de son staff mais surtout de la toute puissante DRS du général Médienne. Toute prise de position ou décision diplomatique au plan international  doit avoir reçu au préalable l’accord du patron de la DRS. Plus, tous nomination des ambassadeurs et fonctionnaires diplomatiques doivent recevoir obligatoirement l’agrément du général.

Ceci étant dit, la première question à laquelle je tenterais de répondre est celle-ci :

1/ que représentait la voix de l’Algérie sur la plan diplomatique ?

Il n’est pas difficile de répondre à cette interrogation. L’Algérie, dès son indépendance en 1962, s’est attelée, grâce à ses importants revenus pétroliers et son aura acquise suite à sa victoire sur le colonisateur, à développer ses relations avec le monde arabe, le continent africain et les pays d’Europe de l’Est.

Il est vrai, que la voix de l’Algérie comptait parmi les plus importantes de la scène internationale, notamment au sein de l’organisation des pays non-alignés.

Dans ce cadre, la diplomatie algérienne a exercé des pressions sur les pays occidentaux lors de la débâcle des pays du front en 1967 face à Israël, et même rompu ses relations diplomatiques avec les USA. Alger a également contribué grandement aux mesures de restrictions prises par l’OPEP en octobre 1973 après le conflit israélo-égypto-syrien.

On mettra également à l’actif de la diplomatie algérienne son rôle majeur dans le dénouement du litige frontalier entre l’Irak et l’Iran avec la conclusion de l’accord d’Alger en mars 1975.

Autre fait majeur des diplomates algériens la résolution de la crise des otages de l’ambassade américaine à Téhéran par la signature des accords d’Evian.

Autre intervention réussie de la diplomatie algérienne est celle qui a mis fin à la guerre civile au Liban avec les accords de Taef sous l’égide de la commission tripartite composée de l’Algérie, de l’Arabie Saoudite et du Maroc.

Ces succès diplomatiques avaient positionné l’Algérie sur la scène internationale comme l’un des pays en capacité de traiter avec tout le monde ou presque, et qui pouvait intervenir en médiateur et proposer des solutions de sortie de crise dans les différents conflits.

Dernière réussite diplomatique algérienne, la signature du traité de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée le 12 décembre 2000, sous l’égide de Bouteflika avec la bénédiction des Américains.

 Depuis, la diplomatie algérienne s’est mise en hibernation. L’orgueil et la fierté d’une diplomatie présente et active ont définitivement marqué le pas et le  département algérien des Affaires étrangères peine à s’imposer sur l’échiquier géopolitique.

La seconde question que l’on se pose donc naturellement est bien celle-ci :

II/ quels sont les facteurs  qui ont conduit à la faillite de la diplomatie algérienne ?

Tout d’abord la centralisation drastique  des décisions et des initiatives au niveau du Palais dEl Mouradia et à l’intérieur des murs de la DRS bloquant l’émergence d’une nouvelle génération de diplomates aptes à appréhender le monde d’aujourd’hui et de soumettre aux politiques des notes objectives et rationnelles

Ensuite, les différentes accélérations de l’histoire ont sonné le glas de la diplomatie algérienne. Avec la chute du Mur de Berlin les idées anti impérialistes chères à l’Algérie sont tombées en désuétudes plaçant ce pays sans aucune doctrine de politique étrangère à défendre.

Aujourd’hui, la diplomatie de  l’Algérie peine à s’imposer auprès des pays qui comptent sur la scène internationale .en raison de son manque de consistance et de cohérence. Elle est maladroitement et réagi avec beaucoup de retard. Elle est également sans perspective ni stratégie.

L’illustration parfaite de ces ratages  diplomatiques sont la gestion des évènements qui ont secoué la l’Egypte, la Tunisie, la Libye et la Syrie.

Pour ce qui est de la Libye  la position algérienne est diplomatiquement incompréhensible. . L’Algérie aurait dû coordonner sa position avec les pays africains pour que Kaddafi quitte le pouvoir sans l’intervention des Occidentaux. Elle avait les moyens et les compétences pour réussir une telle action diplomatique. Elle ne l’a pas fait.

De plus, alors que la communauté internationale reconnaissait les nouvelles autorités tunisiennes et libyennes, Alger s’enfermait dans un black out effarant  et s’enfermait dans une stratégie de démentis toujours contradictoires.

Pour ce qui est de la Syrie, l’Algérie semble muette, ou plutôt inaudible, sur ce dossier. Alors que l’armée de Bachar Al Assad  se comporte comme des criminels et tue des civils en toute impunité, Alger met sur un pied d’égalité l’oppresseur et la victime. Quelle serait la réaction des autorités algérienne si la Ligue Arabe venait à suspendre la Syrie ?  A mon avis pas très confortable, ni sur le plan régional, ni sur le plan continental ni devant la communauté internationale.

III/ Un dossier explosif aux mains des autorités militaires et civiles algériennes : le dossier du Sahara marocain.

Il faut souligner que ce dossier est entre les mains exclusif de la DRS, nul Chef d’Etat algérien, depuis la mort de Boumedienne, ne gère ce dossier, et encore moins les diplomates ; La seule fois où un chef d’Etat algérien a tenté de trouver une solution, il a été éliminé physiquement. Il s’agit de feu Mohamed Boudiaf.

Le refus de reconnaître la souveraineté marocaine sur ces provinces sahariennes et son soutien stérile et contre-productif au polisario ; représente un boulet que traîne la diplomatie algérienne, en raison d’un monopole de la DRS sur ce dossier, depuis plusieurs décennies

Un léger retour en arrière pour expliquer ce non sens algérien  s’avère à mon sens nécessaire pour expliquer aux lecteurs le fin fond de ce dossier.

Dès son indépendance, Alger s’est échinée à devenir le leader du continent africain et du Monde Arabe. Une stature que lui contestait naturellement le Maroc et l’Egypte nassérienne.

Aussi, l’Algérie a usé de tous ses moyens, essentiellement financiers, pour déstabiliser le Maroc et lui porter préjudice au sein des instances internationales.

Suite à la récupération, légitime et reconnue internationalement, par le Maroc de ces deux provinces sahariennes en 1975, Alger, avec l’aide de la Libye de Kaddafi, accouche d’un soit- disant mouvement de libération, le polisario.

La répartition des tâches entre Boumedienne et Kaddafi s’établissait comme suit :

Alger offre un sanctuaire au polisario à Tindouf, un soutien diplomatique et militaire. Tripoli amenant les fonds financiers.

Grâce à ce partage des tâches, et avec l’argent des revenus pétroliers de ces deux pays et la diplomatie financière, la pseudo RASD sera admise au sein de l’OUA en 1982. Une admission qui s’est faite  en violation des règlements et de la charte de cette organisation continentale et avec l’aide très bien récompensée de son secrétaire général Edem Kodjo

D’ailleurs, après ce holdup diplomatique, la RASD n’a jamais pu intégrer une autre organisation internationale et aujourd’hui les reconnaissances qu’elle avait obtenues suite aux largesses financières de ces protecteurs  ne sont plus qu’une peau de chagrin. Sur le plan continental, elles ne représentent 30% des Etats. Un simple vote au sein de l’Union Africain suffirait pour l’exclure.

Enfin la question de la RASD constitue un facteur essentiel de blocage dans la coopération Euro Maghrébine  et Africaine et de déstabilisation de la région sahélo-saharienne en raison de son implication dans des activités de terrorisme et de criminalité  transnational  en matière de trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, mais aussi un vecteur de freinage au développement de la région du Maghreb et pour  Lesquels l’Algérie à une grande part de responsabilité.

En conclusion, tous ces faits attestent d’une perte de vitesse de la diplomatie algérienne sur la scène mondiale et ce recul à un prix à payer. Je citerais comme exemple remarquable le contrôle humiliant infligé au ministre algérien des affaires étrangères, Mourad Medelci, à l’aéroport de Washington. Une scène qui a fait le tour du Monde.*

Aujourd’hui, la seule diplomatie qui est prônée en Algérie c’est celle du régime. Les diplomates algériens ont pour missions, définies par la DRS,  de défendre le régime imposé par l’oligarchie qui gouverne l’Algérie depuis son indépendance afin qu’elle puisse conserver le pouvoir et s’enrichir et non celle de défendre les intérêts supérieurs de leur pays et de promouvoir son image à l’extérieur.

. Farid Mnebhi.

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