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Rapport sur la régionalisation avancée Soumis à la Haute Attention de Sa Majesté Le Roi

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CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I :
Conception générale Page 1
Royaume du Maroc

Commission consultative de la régionalisation

Rapport sur
la régionalisation avancée

Soumis à la Haute Attention de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI
CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 2
Le rapport sur la régionalisation avancée, soumis à la Haute Attention de Sa Majesté Le Roi,
comporte trois livres et des annexes :

Le livre premier présente la conception générale de la régionalisation avancée. Il est
introduit par un prologue suivi d’une série de propositions organisées autour de plusieurs
axes exprimant l’articulation d’ensemble du projet.

Le livre II est un recueil de rapports thématiques ayant servi de base aux propositions
constitutives de la conception générale présentée dans le livre premier. Ces rapports
dressent l’état actuel des lieux, incluant des éléments de diagnostic, argumentent, précisent
ou complètent ces propositions.

Le livre III comporte une étude sur la régionalisation au service du développement
économique et social et un atlas sur le nouveau découpage régional.

En annexes figurent la liste détaillée et la chronologie des consultations et auditions de la
Commission Consultative de la Régionalisation (CCR) et les visions et avis des différents
acteurs consultés ou auditionnés.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 3
TABLE DES MATIERES

 

Livre premier
Conception générale

Prologue

Cette partie introductive expose succinctement les valeurs fondatrices et les finalités recherchées du
modèle proposé pour la régionalisation avancée, les grandes lignes de ce modèle, le moded’approche ayant présidé à son élaboration et les perspectives de sa mise en oeuvre.

I. Valeurs de constance et finalités de progrès

a. Le présent projet aspire à concrétiser la Haute Volonté Royale de doter le Maroc d’une
régionalisation avancée, d’essence démocratique et vouée au développement intégré et durable
sur les plans économique, social, culturel et environnemental. Ce projet constitue le prélude à une
profonde réforme des structures de l’Etat, à travers la conduite résolue et graduelle des processus
de décentralisation et de déconcentration conséquentes et effectives, de démocratisation
poussée, d’accélération du développement, de modernisation sociale, politique et administrative
du pays et de bonne gouvernance.
b. Les Hautes Orientations contenues dans les discours que Sa Majesté Le Roi Mohammed VI a
bien voulu consacrer à ces objectifs sont d’une forte teneur alliant détermination et réalisme1.
Elles constituent pour l’Etat, les citoyens, les acteurs politiques et les organes élus, à tous les
niveaux, un référentiel philosophique, historique et pratique dans l’immédiat et dans la durée
pour les générations à venir. La commission consultative de la régionalisation en a fait sa source
d’inspiration fondamentale, sur la base de l’analyse avertie, de la méditation conséquente et de
l’intériorisation engagée. Elle s’est efforcée de les traduire dans un corpus de propositions aussi
claires et concrètes que possible.
c. Fort de son unité indéfectible et riche de sa diversité assumée, le peuple marocain, en symbiose
avec le Trône, demeurera attaché aux valeurs sacrées de la nation et à ses constantes, telles que
définies par la Constitution et telles que cultivées par la communauté nationale avec fidélité tout
au long de son histoire.
d. Il va de soi que, tout en s’engageant sur la voie de la régionalisation avancée, l’Etat marocain
pérennise, sous l’égide de Sa Majesté Le Roi, représentant suprême de la nation, la plénitude de
sa souveraineté, de son intégrité territoriale et de son unité politique, législative et judiciaire.
L’Etat continuera d’exercer l’ensemble des fonctions régaliennes, communément assurées par
les Etats unitaires.
e. La régionalisation avancée apportera une contribution déterminante au développement
économique et social du pays, à travers la valorisation des potentialités et des ressources propres
à chaque région, la mobilisation des différents acteurs locaux, la participation à l’élaboration et à
la mise en oeuvre des grands projets structurants et le renforcement de l’attractivité des régions.
1 Voir texte du discours Royal du 3 janvier 2010 en annexe au présent livre

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 6

En corrélation avec cette finalité majeure, la régionalisation avancée, alliée à la décentralisation et
à la déconcentration administratives conséquentes, est aussi mue par la volonté de cultiver
d’autres grandes vertus dont l’épanouissement général des populations par leur implication
citoyenne dans la quête incessante du bien collectif de leur commune, de leur région et de leur
nation. Ainsi, la régionalisation avancée vise‐t‐elle à atteindre les buts suivants :
• libérer davantage l’esprit d’initiative et les énergies créatives des citoyennes et citoyens et
de leurs élus ;
• contrecarrer et réduire les pesanteurs et les inhibitions bureaucratiques ;
• promouvoir la proximité et instaurer l’intersectorialité et la territorialisation des politiques
publiques et des interventions de l’Etat et des collectivités territoriales, afin d’améliorer
l’efficacité de l’action publique ;
• favoriser un environnement démocratique, largement participatif, propice à la bonne
gouvernance, à la responsabilisation et à la reddition des comptes tant des services et des
fonctionnaires de l’Etat que des organismes et des responsables élus à tous les niveaux.
II. Grandes lignes du projet de régionalisation avancée
f. Le modèle proposé se veut, tout d’abord, d’essence démocratique conformément à l’appel de Sa
Majesté Le Roi auquel ont adhéré les différents acteurs, notamment politiques, consultés lors de
son élaboration. Ainsi, la gestion démocratique des affaires de la région se trouvera‐t‐elle
renforcée par des propositions consistant à consolider la démocratie représentative, appuyer
l’équité genre, élargir la participation citoyenne et les relations de partenariat avec le tissu
associatif et le secteur privé et renforcer, de manière ouverte et progressive, les compétences
décisionnelles et exécutives des conseils élus.
g. Le modèle vise à assurer une conception et une conduite concertées et coordonnées du
développement intégré dans l’espace régional, par l’émergence de la collectivité régionale en tant
que partenaire privilégié de l’Etat en la matière et par la reconnaissance de sa prééminence pour
coordonner et intégrer les visions, les plans et les programmes des autres collectivités territoriales
impactant la région, dans le respect de l’autonomie et de l’égalité juridique de ces dernières et de
leurs compétences respectives.
h. Pour assurer la prise en charge efficiente de telles compétences, une série de propositions sont
émises pour renforcer, mieux organiser et professionnaliser les capacités opérationnelles et de
gestion de la collectivité régionale et des autres collectivités territoriales et consacrer les principes
et les règles de bonne gouvernance.
i. En corrélation avec les progrès à accomplir dans cette direction, le modèle proposé ouvre la voie à
l’instauration de nouveaux rapports entre l’Etat et les collectivités territoriales basés sur le
partenariat et la régulation plutôt que sur la tutelle. Outre les droits et obligations de ces
collectivités telles que régies par la loi, la contractualisation sera le mode d’organisation privilégié
dudit partenariat, en s’assurant, dans le cadre d’un référentiel rénové, de la définition précise des
objectifs, des moyens et des modalités de suivi et d’évaluation des engagements réciproques de
l’Etat et des collectivités territoriales dans chaque cas. Vont aussi dans ce sens la multiplication
des opportunités d’écoute et d’échange, la mise en cohérence des politiques publiques nationales
et territoriales et la révision des mécanismes de supervision par l’Etat, en recourant davantage à
l’évaluation a posteriori, le contrôle préalable étant à limiter à des cas bien définis.
j. Le fonds de mise à niveau sociale, le fonds de solidarité régionale et le renforcement
significatif des ressources des régions constituent une avancée majeure du modèle
proposé. Ainsi, dans le sillage de la grande oeuvre de développement social et humain
conduite par Sa Majesté Le Roi et dont l’Initiative Nationale de Développement Humain

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constitue une illustration majeure, l’Etat s’engage à créer et à consacrer par la loi un
fonds de mise à niveau sociale des régions accusant des déficits dans les secteurs clés des
infrastructures et des services sociaux de base, sur une douzaine d’années.
Parallèlement, un fonds de solidarité régionale sera mis en place, auquel chaque région
apportera une contribution raisonnable à partir de ses ressources. Enfin, l’Etat accroitra
de manière significative ses transferts vers les régions, dans un souci de renforcement de
leur capacité d’action et d’initiative en matière de développement économique, social,
culturel et environnemental.
k. Un trait distinctif du modèle proposé tient à la nouvelle configuration des régions du
Royaume, en tant qu’entités fonctionnelles et institutionnelles essentiellement vouées à
l’oeuvre du développement intégré. Du fait même de l’unicité et de la continuité
historique plus que millénaire du Royaume et du fait du haut degré de brassage et
d’intégration de ses populations, la délimitation des nouvelles régions n’a été, et ne
pouvait être opérée que sur la base de critères objectifs : fonctionnalité économique ;
pôles de développement intégré ; relations et interactions dynamiques, actuelles et
prévisibles entre les populations concernées. Cette configuration n’a eu à souffrir ni de
pesanteurs historiques incontournables, ni de contraintes particularistes préjudiciables à
la rationalité et à la fonctionnalité sciemment recherchées. Cependant, et c’est une autre
originalité du projet, là où les contraintes environnementales posent encore des défis
majeurs, essentiellement dans les vastes étendues de territoire peu peuplées, semi arides
ou oasiennes, le choix a été fait d’ériger des régions dont cette spécificité est précisément
reconnue, dans l’intention déclarée de les faire bénéficier d’un nouvel élan de solidarité
nationale active et conséquente, pour qu’elles puissent mettre en valeur leurs
potentialités propres.
l. Tout en maintenant, dans le contexte actuel, les collectivités préfectorales et provinciales,
il est préconisé de procéder à l’avenir à une évaluation globale de l’ensemble de l’édifice
des collectivités locales, tant pour éviter le dédoublement organique des conseils élus que
pour promouvoir l’intercommunalité. Cette orientation se justifie d’abord par la
nécessité de réduire ou d’éliminer l’interférence et les conflits de compétence entre des
structures électives superposées sur un même territoire. Elle se justifie aussi par la
volonté de mutualiser les projets et les moyens des communes de base, dans le cadre de
regroupements coopératifs institutionnalisés et dynamiques.
m. Globalement, le modèle marocain de régionalisation avancée ne se distingue pas
seulement par sa substance dont les contours viennent d’être synthétisés ci‐dessus, mais
aussi par sa source même et par sa motivation. Le projet découle d’une Volonté Royale
délibérée et d’un engagement libre et souverain de l’Etat unitaire marocain. Il ne résulte
pas d’un quelconque accommodement avec des particularismes ethniques, culturels ou
confessionnels plus ou moins exacerbés. Il s’inscrit dans la continuité d’un processus
graduel de décentralisation et de démocratie locale, désormais plus que cinquantenaire,
tout en constituant un nouveau chantier fondateur. L’émergence du projet s’est amorcée
et sera consacrée dans l’atmosphère sereine et paisible d’une réflexion collective
proactive, d’une large concertation participative et d’un débat national ouvert et engagé
sur la base de grandes orientations partagées par tous les acteurs concernés. De fait, les
propositions pertinentes recueillies auprès de ces acteurs, notamment les ministères
concernés, les représentants des élus et l’ensemble des partis politiques, des syndicats et

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des organisations professionnelles, ont contribué en amont à la formulation du présent
modèle marocain de régionalisation avancée.

III. Mode d’approche du projet

n. Dès sa mise en place, la CCR a consacré ses premières réunions à l’examen approfondi du discours
Royal du 3 janvier 2010 considéré comme la référence majeure et la feuille de route de la
régionalisation avancée. La CCR en a ainsi tiré les enseignements pertinents quant aux objectifs à
atteindre et à la démarche à suivre.
o. Par ailleurs et conformément aux termes de la mission qui lui a été confiée, la CCR s’est fixé
comme objectif d’élaborer un modèle qui puisse être appliqué sur l’ensemble du territoire
national en attendant l’aboutissement des négociations sur le projet de plan d’autonomie des
provinces du Sud.
p. Pour avancer sur la ligne de ces objectifs, la CCR a choisi de construire sur les acquis d’une
expérience nationale de décentralisation qui a ses ombres et ses lumières, d’en approfondir les
aspects positifs, d’en élaguer les travers et d’en adapter l’architecture et la physionomie aux
exigences de l’étape historique et des objectifs à atteindre. Ceci a impliqué une évaluation du
chemin parcouru et une projection vers l’avenir à la lumière des attentes et des aspirations au
changement.
q. A cette fin et en application des termes de la mission qui lui a été confiée, la CCR a mené de vastes
consultations auprès des acteurs susceptibles d’apporter leur contribution à la construction
projetée : partis politiques, organisations syndicales, élus locaux, provinciaux et régionaux,
organisations professionnelles et réseaux associatifs d’une part, et départements ministériels,
organismes de développement, organismes d’étude et d’évaluation, institutions de contrôle
d’autre part2.
r. Ces consultations ont été réalisées soit sous la forme d’auditions portant sur l’évaluation de la
situation actuelle et l’ébauche des perspectives d’avenir, soit sous la forme de rapports écrits
portant également sur le bilan et les propositions, soit sous les deux formes à la fois3. Sur la base
des données recueillies, la CCR a procédé à l’analyse approfondie des positions des organisations
concernées sur les diverses composantes de la construction projetée.
s. Du fait de la bonne volonté et de la coopération de toutes les instances sollicitées, ces
consultations, extrêmement instructives, ont fourni à la CCR de précieuses informations tant sur
les limites de l’expérience actuelle que sur l’ampleur des attentes. Elles ont clairement montré
que, dans son principe, la régionalisation avancée fait l’unanimité et suscite de grands espoirs.
t. Sur l’esprit de la méthode, et compte tenu de l’extrême diversité des modèles de régionalisation à
travers le monde, en étroite relation avec les processus de formation des Etats et de leur
évolution historique, la CCR a observé une ligne de réflexion principale et s’est inspirée de sources
complémentaires.
• Conformément aux directives Royales contenues dans le discours du 3 janvier 2010, elle se
devait d’élaborer un projet maroco‐marocain. Elle avait donc à prendre en compte notre
culture et nos valeurs, nos institutions et nos expériences, notre histoire et notre géographie,
nos spécificités et nos particularismes, nos attentes et nos ambitions. La CCR s’est efforcée de
bâtir, pièce par pièce, le projet qui lui paraît le plus adapté aux réalités et aux aspirations du
Maroc et le plus à même d’atteindre les objectifs fixés à la régionalisation avancée. Elle s’est
inspirée en cela des Hautes Orientations Royales et des souhaits et propositions pertinents de
tous les acteurs marocains consultés dont, au premier chef, l’ensemble des partis politiques
nationaux, sans exclusive.
2 Voir liste en annexe au présent livre premier.
3 Voir en annexe au rapport de la CCR l’intégralité des documents présentés par les partis politiques, les organisations syndicales, les
organisations professionnelles et les réseaux associatifs.

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• Néanmoins, le refus du mimétisme et de la greffe des modèles ne dispensait en rien de l’étude,
fort instructive, des expériences étrangères et des réponses apportées par tel ou tel système à
telle ou telle question. La CCR a donc entrepris des études comparatives –axées notamment
sur les expériences qui s’inscrivent dans le cadre des Etats unitaires‐ et procédé à l’audition de
bon nombre d’experts étrangers. Du reste, elle n’a pas hésité, par endroits, à s’inspirer de
mécanismes qui ont fait la preuve de leur pertinence et de leur compatibilité.
u. La CCR a mené une réflexion soutenue, tant au sein de groupes de travail qu’en sessions
plénières, sur des thèmes essentiels, concernant les volets institutionnels et
démocratiques, les compétences des conseils élus et les modes de régulation étatique, le
développement économique et social incluant le financement de la solidarité, la
gouvernance, la modernisation des structures de l’Etat, la déconcentration et le
découpage régional. En fin de parcours, les produits de cette réflexion font l’objet des
rapports thématiques constitutifs des livres II et III du rapport de la CCR.
v. Concernant le corollaire de la régionalisation que constitue la déconcentration
administrative, la CCR a pris note de l’appel lancé au gouvernement par Sa Majesté Le
Roi, dans son discours du 20 août 2010, à l’effet d’élaborer une charte en la matière. Le
présent projet apporte une contribution à ce chantier.
IV. Perspectives de mise en oeuvre du projet.
w. Comme Sa Majesté Le Roi l’a indiqué dans son discours du 20 août 2010, la conception
générale de la régionalisation avancée fera l’objet d’un débat national de sensibilisation
pour assurer au projet l’adhésion et l’appropriation les plus larges possibles.
x. La mise en oeuvre du projet, de par la nature même de celui‐ci, sera marquée par la
progressivité et la gradualité. Elle sera assurée sur la base sur d’une feuille de route qui
lui sera pertinemment tracée ‐ comme l’a indiqué Sa Majesté Le Roi ‐ et conduite par un
pilotage de haut niveau. Le processus de mise en oeuvre sera accompagné d’une
évaluation continue qui soit à même de lui imprimer le rythme optimal, tout en apportant
au projet les ajustements appropriés à tout moment, au vu de l’expérience pratique.
Cette progressivité s’appliquera notamment sur les aspects suivants :
i. Sur le plan institutionnel, et bien que certaines propositions du projet impliquent
des révisions constitutionnelles, la régionalisation avancée pourrait être amorcée en
réaménageant conséquemment les dispositifs législatifs et réglementaires actuels.
Dans cette foulée, il importerait aussi de remédier à l’ineffectivité de certaines
avancées indéniables, formellement inscrites dans des textes, mais qui butent sur
les pesanteurs administratives, l’insuffisance de ressources financières,
l’inadéquation des ressources humaines ou le besoin de qualification des élus en
matière de gestion publique, notamment.
ii. Sur le plan des compétences des nouvelles régions et, en particulier, de leurs
conseils élus, le présent projet leur ouvre une large perspective d’intervention dans
tous les domaines du développement économique, social, culturel et
environnemental. Il prévoit un socle de compétences propres et de ressources
accrues des conseils régionaux, ainsi que des mécanismes de solidarité qui ouvrent
d’emblée à ces conseils un vaste champ d’initiative leur permettant de démarrer

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immédiatement leur action. Il prévoit aussi le transfert graduel, négocié et
contractualisé entre le gouvernement et les conseils régionaux, de compétences de
plus en plus étendues et des ressources y afférentes.
iii. L’assouplissement du contrôle et de la régulation étatiques sera également graduel
et arrimé au développement des capacités de gestion régionale et aux indicateurs
pertinents de transparence et de performance de cette gestion.
y. De façon générale, la régionalisation avancée fait partie intégrante de la démocratisation
du pays, aux niveaux national, régional et local. Plusieurs facteurs concourront à en
déterminer la crédibilité, le succès et, partant, l’approfondissement continu : une
participation de plus en plus large des populations à la vie et aux consultations
démocratiques ; des dispositifs et des processus électoraux de plus en plus marqués par la
compétition loyale, l’honnêteté et la transparence ; l’émergence d’élites régionales et
locales hautement qualifiées, dévouées à l’intérêt public, préparées à la bonne
gouvernance et sujettes à la reddition des comptes.
z. Un gage de ce succès a été et demeure l’adhésion spontanée et immédiate de l’ensemble
des forces vives de la nation à l’idée de régionalisation avancée telle que Sa Majesté Le
Roi Mohammed VI l’a lancée et en a défini les contours fondamentaux. En particulier, les
partis politiques nationaux ont contribué, comme signalé plus haut, à la conception de ce
modèle marocain par des avis diligents et consistants. Ils ont exprimé la pleine conscience
de leur rôle et de leur responsabilité dans la réussite de ce projet national.
Conformément à la mission que leur confère la Constitution du pays, ils proclament leur
engagement à :
i. apporter leur contribution conséquente à la mise en place de la régionalisation, à son
animation dans la pratique politique, institutionnelle et de gestion et, partant, à son
succès ;
ii. développer et mettre à niveau, notamment dans les régions, leurs structures, leurs
programmes et leurs modes d’action, afin d’y intéresser et d’y impliquer largement
les populations ;
iii. contribuer à l’assainissement de tous les aspects de la vie politique et de la
compétition démocratique ;
iv. appuyer l’émergence de nouvelles élites régionales et locales, notamment en
formant et en mettant en avant des cadres, des candidats et des élus à la hauteur des
ambitions du projet ;
v. assurer une veille responsable et innovante pour le bon fonctionnement et pour le
perfectionnement continu du nouveau dispositif institutionnel des régions et des
autres collectivités territoriales.

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Propositions
Les propositions constitutives de la conception générale du modèle marocain de
régionalisation avancée sont présentées ci‐après de manière directe, succincte et sur un
mode « prescriptif ». Le but est d’en faciliter la compréhension d’ensemble et la
transposition éventuelle ultérieure dans des textes normatifs. Il n’a pas été jugé utile de
reproduire à cette occasion l’argumentaire sous‐jacent à chaque proposition, parce qu’il est
souvent commun à plusieurs d’entre elles et parce qu’il coule de source, dans ses
fondements, par référence aux Hautes Orientations Royales et aux normes actuelles de
démocratie et de bonne gouvernance. En outre, des argumentaires plus spécifiques figurent
dans les rapports thématiques du livre II. Cependant, pour certaines matières particulières,
une explication concise sur les principes et la démarche observés s’est imposée dans le cadre
de cette présentation.
Les propositions portent successivement sur la vie démocratique régionale, la répartition et
l’articulation des compétences, le rôle des régions dans le développement intégré et les ressources y
afférentes, la gouvernance, la régulation étatique, la déconcentration administrative, le nouveau
découpage régional et les mesures constitutionnelles, législatives et d’accompagnement.
I. Une régionalisation d’essence démocratique
Les propositions incluses dans cet axe visent à renforcer la représentativité et la légitimité
démocratiques des conseils régionaux, à promouvoir l’équité genre en matière d’accès des
femmes aux fonctions électives et de gestion en région et à organiser la participation des
citoyens, de la société civile et du secteur privé au débat public sur les affaires régionales et
à la bonne conduite de ces affaires.
1. Composition et élection des conseils régionaux
1.1. Afin d’allier la démocratie représentative à l’implication institutionnalisée des
organisations professionnelles et des personnes ressources pouvant contribuer
significativement aux débats sur les affaires régionales, le conseil régional se composera
de membres élus, ayant voix délibérante et de membres de droit ou sur titre, ayant voix
consultative.
1.2. L’intéressement des citoyens aux affaires de leur région et la responsabilisation directe
des élus envers la population seront assurés notamment par l’élection de l’ensemble des
conseillers régionaux ayant voix délibérante au suffrage universel direct.
1.3. Seront membres du conseil régional avec voix consultative les membres du parlement
issus de la région, les présidents des chambres professionnelles en attendant la mise en
place de groupements régionaux de ces dernières et un membre mandaté par chacun
des syndicats représentés à la chambre des conseillers du parlement.
1.4. Chaque conseil régional élira à la chambre des conseillers du parlement un nombre de
conseillers égal au tiers du nombre prévu pour l’ensemble des collectivités locales de la

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 12

région. Il élira ces conseillers par lui‐même, en tant que nouveau collège électoral
distinct. Ces conseillers conserveront leur voix délibérante au sein du conseil régional.
1.5. Il est recommandé aux acteurs politiques, au gouvernement et au parlement d’adopter
un mode de scrutin assurant un maximum de transparence et un degré raisonnable de
proximité des élus régionaux envers les électeurs. Cette recommandation s’applique
aussi aux élections communales.
1.6. Les élections communales et régionales seront tenues simultanément, dans la mesure
du possible, tout en veillant à assurer la visibilité nécessaire des conseils régionaux pour
les électeurs et l’identification des citoyens à leur instance régionale élue.
1.7. Le mandat de président du conseil régional ne peut être cumulé avec un mandat
parlementaire. Tout président de conseil régional qui se porte candidat aux élections de
l’une des chambres du parlement doit démissionner pour que puisse être assurée la
continuité et l’efficience de ses fonctions, y compris sur le plan exécutif.
1.8. Une même personne ne peut être en même temps membre des trois conseils régional,
provincial ou préfectoral et communal.
1.9. Le régime indemnitaire des membres des bureaux des conseils régionaux, préfectoraux,
provinciaux et communaux fera l’objet d’une valorisation conséquente et motivante.
2. Pouvoirs exécutifs des présidents de conseil
2.1. Afin de renforcer la gestion démocratique des affaires régionales, le président du conseil
régional disposera du pouvoir d’exécuter les délibérations du conseil :
a. Il sera l’ordonnateur des recettes et des dépenses de fonctionnement du conseil
régional.
b. Il exécutera directement les décisions du conseil à caractère administratif, individuel ou
collectif ou à caractère normatif.
c. Il disposera d’une agence pour l’exécution des projets d’investissement du conseil
régional, prévue dans la suite du présent projet.
2.2. Dans le même esprit, les présidents des conseils provinciaux et préfectoraux disposeront du
pouvoir d’exécuter les délibérations desdits conseils et seront ordonnateurs de leurs recettes et
dépenses. A ce propos, une solution doit être trouvée pour la prise en charge par le budget de
l’Etat des dépenses imputées jusqu’à présent sur les budgets de ces conseils alors qu’elles
concernent des services de l’Etat.
3. Equité genre
3.1. L’action affirmative en faveur d’une plus large participation des femmes à la gestion des affaires
régionales et locales sera renforcée par une disposition constitutionnelle autorisant le législateur
à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives.
CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 13
3.2. Des modes de scrutin et des incitations appropriés seront adoptés pour garantir l’accès des femmes
au tiers des fonctions électives et aux bureaux et autres instances des conseils des collectivités
territoriales, conformément aux objectifs de développement du millénaire.
3.3. L’approche genre sera systématiquement intégrée dans la conception, la mise en oeuvre, le suivi et
l’évaluation des politiques, des stratégies et de la gouvernance au niveau régional.
3.4. La budgétisation sensible au genre, expérimentée actuellement au niveau national et communal, sera
introduite au niveau régional, préfectoral et provincial.
3.5. Chaque conseil régional mettra en place une commission d’équité genre, composée de personnalités
compétentes des deux sexes. Cette commission consultative auprès du conseil pourra s’auto saisir de
toute question relevant de son mandat en vue de promouvoir l’égalité hommes‐femmes au niveau
régional.
3.6. Les partis politiques seront encouragés, notamment à travers leur financement public, à favoriser,
dans leurs structures régionales, la participation politique des femmes et leur accès aux
responsabilités électives et de gestion.
4. Démocratie participative
4.1. Des dispositifs consultatifs définis par la loi seront mis en place par les conseils
régionaux pour favoriser l’implication organisée et responsable des citoyens dans
l’élaboration des plans régionaux de développement et des projets de grande envergure
et ce à travers des rencontres, sondages et autres formes appropriées.
4.2. L’expression des besoins et des attentes des citoyens à propos de questions affectant
leur vie quotidienne et concernant leur région sera légalement organisée, y compris le
droit aux pétitions réglementées.
4.3. Au niveau de chaque région, il sera mis en place un mécanisme de dialogue et de
concertation avec les associations qualifiées sur la base de critères objectifs, en vue
d’optimiser leur implication dans les processus de planification et de suivi‐évaluation
des plans d’action régionaux.
4.4. Il sera élaboré, selon une démarche participative, un cadre de référence définissant les
principes, conditions et modalités des partenariats avec les associations qualifiées, dans
le respect des positions et des rôles de chaque partie prenante. Ce référentiel définira
les conditions d’octroi et d’évaluation des financements destinés aux associations
porteuses de projets faisant l’objet de tels partenariats.
4.5. Le conseil régional se mettra à l’écoute du secteur privé et veillera à impliquer ses
acteurs dans la proposition et la mise en oeuvre des visions, des plans, programmes et
projets de développement et à favoriser le climat le plus propice à l’investissement, à la
création d’emplois et aux affaires.
4.6. A cet effet, les régions se doteront d’instances de concertation avec le secteur privé.
Cette concertation organisée servira à mener et partager les diagnostics des territoires
qui constitueront les bases des partenariats public‐privé efficaces, à favoriser
l’émergence et l’intégration de réseaux et de groupes d’entreprises, à encourager toutes
les formes d’échanges d’informations, d’adoption de normes collectives ou de
programmes communs et à faciliter l’acquisition et la diffusion des connaissances.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 14

II. Des compétences étendues et mieux articulées

Est proposée, sous cet axe, une approche ouverte, évolutive et mieux articulée des
compétences régionales en matière de développement intégré, selon les règles suivantes :
a. En matière de développement économique, social, culturel et environnemental, chaque
domaine de compétence (eau, énergie, transport…) est susceptible d’être partagé entre
l’Etat et les collectivités territoriales, par application du principe de subsidiarité.
b. Dans chacun de ces domaines, le transfert de responsabilités et de tâches précises de l’Etat
vers la région ou vers les autres collectivités territoriales est cadré par la loi et intervient, sur
une base contractuelle dûment formalisée, de manière progressive, en fonction des
prédispositions desdites collectivités à les assumer ; ces transferts s’accompagnent toujours
de la mise à la disposition de ces collectivités des ressources et des moyens correspondants.
c. Cependant, les régions et les autres collectivités territoriales disposeront, dans différents
domaines, de compétences propres leur ouvrant, dans le cadre de la loi, un champ de libre
initiative à la hauteur de leurs ressources autres que celles accompagnant des compétences
transférées par l’Etat; ces compétences seront régulièrement actualisées et redéfinies en
fonction, notamment, de l’évolution des ressources propres et des capacités d’intervention
de ces collectivités.
d. Un rôle prééminent est reconnu au conseil régional envers les autres conseils élus,
dans le respect des compétences de ces derniers, en matière d’élaboration et de suivi
des programmes de développement régional, en cohérence avec les orientations de
l’Etat et après consultation des différents acteurs publics et privés dans l’espace
régional.
En outre, cette approche vise le développement de l’intercommunalité et la
reconsidération, à l’avenir, des niveaux des collectivités territoriales et de la
représentation élective des citoyens.
5. Prééminence de la collectivité régionale en matière de développement intégré
5.1. Pour autant qu’il est concerné, le conseil régional est consulté par le gouvernement, pour
l’élaboration :
– de la stratégie nationale en matière de développement économique et social ;
– des plans sectoriels nationaux et régionaux ;
– du schéma national d’aménagement du territoire et du schéma régional de développement
urbain ;
– des stratégies nationales et régionales dans les domaines de la promotion des
investissements et de l’emploi, de l’eau, de l’énergie, de l’environnement, de l’éducation, de
la formation, de la culture et de la santé.
Il sera également consulté sur tout projet d’envergure que l’Etat envisage de réaliser dans la
région.
Le gouvernement motivera tout rejet total ou partiel des avis du conseil régional lorsqu’ils
concernent sa propre région.
5.2. En cohérence avec les orientations et la stratégie de l’Etat, après concertation avec l’autorité
qui représente l’Etat en région et après consultation des autres collectivités locales, des
services déconcentrés de l’Etat, des organismes décentralisés, des organisations

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 15

représentatives du monde économique, des salariés et de la société civile, le conseil régional
élabore et adopte :
– la vision et le plan de développement de la région dans les domaines
économique, social, culturel et environnemental ;
– le schéma régional d’aménagement du territoire.
Après leur approbation par l’Etat, le conseil veillera à leur mise en oeuvre en concertation avec
l’autorité qui représente l’Etat en région.
5.3. Le conseil régional exercera un rôle prééminent par rapport aux autres collectivités territoriales,
dans la mesure où il aura la charge et la compétence de recueillir, coordonner, mettre en
cohérence et intégrer à la vision du développement régional les propositions desdites
collectivités, dans le respect des compétences spécifiques à ces dernières.
5.4. Les conseils préfectoraux, provinciaux et communaux élaborent leurs propres plans,
programmes et projets de développement en cohérence avec la vision adoptée par le conseil
régional et approuvée par l’Etat.
5.5. En cohérence avec les orientations de l’Etat et dans la limite des compétences et des moyens du
conseil régional, celui‐ci élabore, adopte et met en oeuvre, après les concertations, consultations
et approbations prévues par la loi, ses propres programmes d’action et d’équipement pour la
promotion des investissements et de l’emploi, ainsi que dans les domaines de l’eau, de l’énergie,
de l’environnement, de l’éducation, de la formation, de la culture et de la santé.
5.6. Le conseil régional contribue, en partenariat avec l’Etat et les autres collectivités locales, à la
réalisation de programmes :
– de travaux d’infrastructure et d’équipement pour renforcer l’attractivité
économique de la région ;
– d’habitat social ;
– de mise à niveau économique et sociale du monde rural et de soutien aux
populations en situation précaire.
5.7. Avec l’accord du gouvernement, le conseil régional veillera à promouvoir la coopération
internationale avec des régions et des organismes partageant avec lui des intérêts communs, au
bénéfice du développement économique, social, culturel et environnemental de la région.
5.8. En partenariat avec l’université, le conseil régional encouragera le développement de la
recherche scientifique et technologique, l’ouverture de l’université sur son environnement
régional, le rayonnement culturel de la région et la promotion de la société du savoir et de la
connaissance.
5.9. Le conseil régional pourra faire toute proposition au gouvernement, dans toutes les matières
relevant de ses compétences, avec droit à réponse, dans des délais déterminés.
CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 16
6. Composition, compétences et perspective d’évolution des conseils préfectoraux et provinciaux.
6.1. Les membres des conseils préfectoraux et provinciaux seront élus au suffrage universel indirect.
Les représentants des chambres professionnelles y auront voix consultative.
6.2. Les conseils préfectoraux et provinciaux seront recentrés sur les domaines suivants :
(i) l’élaboration et la mise en oeuvre de programmes de développement humain en cohérence
avec les plans de développement élaborés au niveau de la région ;
(ii) l’élaboration et la mise en oeuvre de programmes d’équipements et d’infrastructures de
base en adéquation avec le niveau intermédiaire de ces territoires ;
(iii) l’appui aux projets de développement local des communes en difficulté.
En outre, ces conseils auront à :
a ‐ assurer le relais d’information, de concertation et de coordination entre les conseils
régionaux et les conseils communaux ;
b ‐ servir, le cas échéant dans un cadre contractuel, de relais opérationnels pour la mise en
oeuvre des plans et programmes régionaux, dans le territoire de la préfecture ou de la
province ;
c ‐ promouvoir et accompagner le développement et la pérennisation des groupements
intercommunaux de nature à prendre en charge des projets communs et à mutualiser les
moyens.
6.3. Eu égard à l’accélération patente de l’urbanisation et au développement futur de
l’intercommunalité, et afin de prévenir les dédoublements organiques, les interférences
fonctionnelles et la dispersion des ressources humaines et matérielles, dans un même espace de
vie collective et de représentation locale des citoyens, on veillera à revoir le statut juridique, les
fonctionnalités et la composition de ces conseils.
7. Réagencement communal et intercommunalité.
7.1. Par principe de subsidiarité, les communes disposeront de toutes les compétences qu’elles sont
les plus à même d’exercer au mieux, notamment en matière d’équipements collectifs et de
services de proximité. Sera également assurée leur participation organisée à la conception et à
la mise en oeuvre des visions, des plans, des programmes et des projets de développement
régional, pour autant qu’elles sont directement concernées.
7.2. Des mécanismes juridiques, organisationnels, techniques et financiers seront définis et mis en
place pour :
– renforcer la mutualisation des projets et des moyens communaux, face aux
ressources et aux capacités limitées de nombreuses communes, notamment
rurales,
– tenir compte de l’avènement de la nouvelle réalité urbaine que constituent les
aires métropolitaines multipolaires dont les dispositifs statistiques et
administratifs devront délimiter les contours et le cadre d’organisation à la
lumière, entre autres, de l’évaluation de l’expérience en cours de l’unité de la
ville.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 17

III. Une régionalisation vouée au développement intégré

Considérant les déficits patents dont souffrent la plupart des régions en matière de
développement humain, le projet de régionalisation avancée propose d’adopter un plan de
mise à niveau social des régions. A cet effet, un fonds de mise à niveau social et un fonds de
solidarité régionale seront mis en place.
Par ailleurs et pour permettre aux régions de s’acquitter de leurs nouvelles missions en
matière d’animation et de développement économique, social culturel et environnemental,
l’Etat opérera des transferts plus conséquents de ressources financières.
8. Fonds de mise à niveau sociale des régions
8.1. Cette mise à niveau qui intégrera les programmes engagés par les principaux départements
ministériels vise à accélérer la résorption des déficits majeurs dans des secteurs en lien direct
avec le développement humain et recoupant largement les domaines de compétence des
régions dans le cadre de cette réforme, à savoir :
a. la généralisation de l’accès à l’eau potable et à l’électricité et l’éradication des
bidonvilles et de l’habitat insalubre ;
b. en matières de santé, d’éducation et d’infrastructures routières, la
convergence des régions vers la moyenne nationale (premier scénario) ou
leur élévation au niveau des standards nationaux et internationaux (deuxième
scénario).
8.2. L’évaluation financière de cet effort se situerait entre 128 à 215 milliards de dirhams,
selon les deux scenarios susvisés. Ce montant alimentera progressivement un Fonds de
mise à niveau régionale dont les tranches seront inscrites dans les lois de finances, afin
de permettre une programmation pluriannuelle et un suivi‐évaluation adéquats. Les
critères d’éligibilité et de répartition seront définis par une commission ad hoc.
8.3. Ne s’agissant pas d’un programme d’assistanat permanent, mais d’un appui
permettant à terme aux régions de remédier elles‐mêmes à leurs déficits, la mise à
niveau sera entreprise dans un horizon de deux mandatures. Un tel délai paraît assez
proche pour imprimer à cette mise à niveau un rythme adéquat et pour que les
populations renforcent assez rapidement leur confiance dans la régionalisation
avancée. Il est, par ailleurs, suffisant pour éviter une brusque pression sur les
ressources de l’Etat et pour permettre à chaque nouvelle structure régionale de
construire ses propres capacités d’implication et d’accompagnement, en tenant compte
de ses spécificités.
9. Optimisation des ressources financières actuelles
9.1. Les conseils élus et, tout particulièrement, les conseils communaux, seront tenus
d’optimiser les ressources propres qui leur sont déjà attribuées par la législation
actuelle et, par effet de levier, la masse totale des ressources dont peuvent disposer
l’ensemble des collectivités territoriales.
9.2. Pour toute recette fiscale ou parafiscale, la détermination et le contrôle de l’assiette, la
liquidation et le recouvrement seront confiés contractuellement aux services spécialisés
de l’Etat, contre une juste rémunération des charges qui en résultent.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 18

9.3. L’effort de réforme déjà engagé en matière d’organisation des finances locales et de
fiscalité des collectivités territoriales devra être continu et soutenu dans le sens,
notamment, d’une plus grande simplification et d’un meilleur rendement.
10. Nouvelles ressources propres du conseil régional
10.1. Sans alourdir significativement la pression fiscale nationale, de nouvelles taxes régionales,
adaptées aux spécificités de chaque région, pourront être prévues, à la charge des usagers des
grandes infrastructures situées dans chaque région dont, à titre indicatif, les aéroports et les
grandes gares ferroviaires.
10.2. Les ressources d’emprunt des conseils régionaux seront renforcées à travers l’élargissement
des capacités du Fonds d’Equipement Communal (FEC) et la participation du secteur bancaire à
travers une « consortialisation » avec ce dernier, particulièrement autour de projets bancables.
10.3. Les conseils régionaux seront autorisés à recourir, dans un premier temps, au marché
obligataire intérieur et, plus tard, au marché extérieur, à condition qu’ils se préparent à
l’introduction de notations pour leurs émissions au même titre que l’Etat.
11. Ressources accrues à affecter par l’Etat
11.1. La régionalisation avancée nécessite que les ressources mises à la disposition des conseils
régionaux soient accrues de manière conséquente, afin de leur permettre de réaliser des
actions d’envergure en matière de développement économique, social, culturel et
environnemental des régions.
11.2. La part du produit des impôts et taxes actuellement versée par l’Etat aux conseils régionaux
devra être accrue notamment par :
a. Le relèvement de 1% à 5% des parts respectives des produits de l’impôt sur les sociétés
et de l’impôt sur le revenu qui leur sont affectées ;
b. Le partage à parts égales entre l’Etat et les conseils régionaux du produit des droits
d’enregistrement et de la taxe spéciale annuelle sur les véhicules automobiles.
c. L’éligibilité des régions au produit de la TVA, au titre de l’investissement.
11.3. Le gouvernement inscrira les montants des fonds à mettre à la disposition des conseils
régionaux et des autres collectivités territoriales dans le cadre des lois de finance. Il présentera
au parlement des rapports spécifiques accompagnant les projets de loi de finance et de loi de
règlement sur l’affectation de ces ressources.
12. Ressources proportionnées aux compétences transférées
12.1. Tout transfert de compétence par l’Etat à la région sera accompagné du transfert des budgets
correspondants, par le truchement de la loi et sur la base de contrats. Il reviendra à un comité
ad hoc de définir les compétences, d’arrêter les charges correspondantes et d’en évaluer la
bonne exécution.
12.2. Les budgets ainsi transférés seront régulièrement actualisés pour tenir compte de l’évolution
des coûts et des performances des conseils régionaux dans chaque compétence transférée.
13. Ventilation régionale des budgets étatiques
13.1. La loi de finances et les programmes pluriannuels des différents ministères devront être
ventilés par région, de manière à faire ressortir le total et le détail des crédits publics destinés
à chaque région, soit sous forme de subventions ou de reversements de produits fiscaux aux

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 19

collectivités territoriales, soit sous forme de charges d’investissement et de services publics
assurés par l’Administration.
13.2. Les budgets des établissements publics nationaux et régionaux devront être ventilés de la
même manière que ci‐dessus et portés à la connaissance des conseils régionaux.
14. Fonds Public de solidarité interrégionale
14.1. Le projet de régionalisation avancée devra consacrer le principe de solidarité entre les régions,
afin d’atténuer les inégalités liées à la concentration de la richesse, à l’inégal développement
des territoires et aux disparités géographiques et démographiques entre les régions.
14.2. A cet effet, le système de transfert de ressources de l’Etat vers les collectivités régionales et
locales sera maintenu avec un renforcement des effets de péréquation équitable.
14.3. Dès le départ, il sera mis en place un fonds de solidarité interrégionale dont la première
dotation proviendra du prélèvement de 10% des ressources nouvelles de chaque région et
dont l’affectation sera arbitrée en fonction des besoins des régions les moins bien loties.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 20

IV. Une gouvernance performante

La bonne gouvernance au niveau de la région est d’abord recherchée à travers le
renforcement des capacités exécutives et de gestion des collectivités territoriales. C’est
pourquoi il est prévu la mise à la disposition du conseil régional d’une agence placée sous
son contrôle et destinée à l’appuyer sur le plan technique et à mettre en oeuvre ses projets
d’investissement, appelés à prendre de plus en plus d’envergure et à devenir plus
complexes. De même, il est prévu une mise à niveau des administrations des autres
collectivités locales. Enfin, s’ajoutent des propositions visant à améliorer progressivement et
avec l’appui de l’Etat les modes de gestion, les systèmes d’information, l’évaluation et la
reddition des comptes, en les adaptant à la dimension de chaque collectivité territoriale et
aux ressources humaines et financières dont elle dispose.
15. Agence d’exécution des projets, sous contrôle du conseil régional.
15.1. Il sera créé, par voie législative, une agence régionale d’exécution des projets (AREP).
Organisme sui generis à vocation régionale, placé sous la supervision et le contrôle de chaque
conseil régional, cette agence sera dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière
et de gestion.
15.2. L’AREP sera, notamment, chargée :
a. d’apporter au conseil régional, à la demande de son président, toute forme d’assistance
juridique ou d’ingénierie technico‐financière, pour l’étude et l’élaboration de projets et
programmes de développement ;
b. d’assurer, pour le compte du conseil régional, l’exécution des projets et programmes de
développement qu’il décide et la gestion et l’ordonnancement des budgets correspondants,
tels que délégués par le conseil, ainsi que la gestion des ressources humaines et du budget
propres à l’agence, dans la limite de l’enveloppe qui lui est créditée par le conseil.
15.3. L’AREP sera dotée d’un comité de supervision et de contrôle présidé par le président du conseil
régional et composé des membres du bureau de ce conseil.
15.4. Le budget de fonctionnement de l’AREP sera adopté par le conseil régional, dans le cadre de
l’adoption du budget global de ce dernier et sera approuvé, le cas échéant, par l’autorité
légalement compétente, dans le cadre de ce même budget global. Le président du conseil
régional créditera directement l’agence de son budget de fonctionnement et des budgets
correspondant aux projets et programmes d’investissement dont l’exécution lui sera confiée.
15.5. En tant qu’agence d’exécution n’ayant pas qualité de prestataire de services rémunérés, l’AREP
ne sera pas imposable sur sa subvention de fonctionnement.
15.6. L’AREP sera gérée de manière autonome, dans le respect des lois et règlements en vigueur et
selon les normes professionnelles modernes, par un directeur général hautement qualifié.
Celui‐ci sera nommé et recruté sur contrat par le président du conseil régional, sur proposition
d’un comité de personnalités expertes et indépendantes, après appel public à candidature.
15.7. Le directeur général de l’AREP rendra régulièrement compte des résultats et des bilans de sa
gestion au comité de supervision et de contrôle susvisé. Outre les contrôles auxquels elle sera
légalement soumise, notamment pour la certification de ses comptes, l’AREP fera l’objet de
tout audit interne ou externe que décidera le comité de supervision et de contrôle.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 21

15.8. En cas de manquement grave à l’accomplissement de sa mission, le directeur général de l’AREP
pourra être sanctionné ou révoqué par décision motivée qui sera prise et qui lui sera notifiée
par le président du conseil régional. Cette décision interviendra sur proposition du comité de
supervision et de contrôle de l’agence, lequel comité aura préalablement écouté le directeur
général.
16. Mise à niveau des administrations des collectivités territoriales.
16.1. D’une manière générale, et en considération des sureffectifs et des faibles compétences et
niveaux d’encadrement des administrations dont disposent actuellement les collectivités
locales, il importe de :
– mettre en place un programme d’urgence, dense et ciblé, pour assurer la mise à
niveau des effectifs présentant des prédispositions à cet égard ;
– réduire les sureffectifs au profit d’un meilleur encadrement ;
– mettre en place un nouveau cadre organisationnel de la fonction publique des
collectivités locales permettant de doter celles‐ci d’organigrammes souples et
adaptés à chacune d’elles, de faciliter le recrutement de compétences avérées
et d’assurer des perspectives intéressantes de carrière et des modes de gestion
mobilisateurs, à travers des objectifs bien définis et des responsabilités
délimitées.
16.2. Pour autant que de besoin, les présidents des conseils élus pourront confier la fourniture de
prestations d’assistance technique, de formation, d’organisation ou d’exécution de travaux aux
services et organismes spécialisés de l’Etat qui seront autorisés à fournir de telles prestations, le
cas échéant contre rémunération à convenir dans un cadre contractuel.
17. Modes de gestion.
17.1. Dans un cadre de démocratie approfondie, de compétences étendues et de ressources
renforcées, les collectivités locales et, particulièrement, les conseils régionaux doivent s’obliger
à une gestion planifiée et programmée, répondant aux standards les plus modernes en matière
d’organisation et de fonctionnement, suffisamment documentée en procédures et en
descriptifs des missions et des tâches, recherchant efficience et efficacité, avec un sens
généralisé des responsabilités et un souci permanent de transparence.
17.2. Au‐delà des aspects techniques inhérents à tout effort de planification, de programmation ou
de projection que doivent maîtriser, sinon les conseils eux‐mêmes, du moins leurs
administrations et organes d’exécution, le préalable est posé d’un minimum de cadrage de la
stratégie globale, sectorielle et régionale de l’Etat en matière de développement, pour servir de
repère aux collectivités locales et pour s’assurer de la cohérence, de la convergence et de la
complémentarité de leurs plans, programmes et projets.
17.3. Plutôt que de gérer par allocation et consommation de crédits, les collectivités territoriales
doivent s’organiser pour une gestion par objectifs et moyens assignés à chaque compétence
qu’elles exercent, sur la base d’indicateurs convenus entre l’Etat et ces collectivités, pour
rendre possibles les appréciations et les comparaisons utiles.
17.4. Des plans d’action seront élaborés et mis en oeuvre par les autorités compétentes et les
collectivités territoriales pour permettre à ces dernières de disposer de descriptifs des
CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 22
postes/profils, pour chaque fonction ou emploi, et de manuels de procédures couvrant leurs
activités et les tâches à assumer au niveau des administrations et organes d’exécution et de
gestion.
17.5. Le souci d’efficacité et d’efficience dans l’exercice et la gestion des compétences des
collectivités territoriales doit s’exprimer à travers les performances réalisées en matière
d’optimisation des moyens, par rapport à des normes convenues avec l’Etat et dans le cadre de
comparaisons entre collectivités locales, en tenant compte des spécificités des contextes.
17.6. Le sens des responsabilités est à entretenir autant parmi les membres des conseils que chez les
responsables, cadres et autres agents des administrations et organes d’exécution et de gestion.
Pour le personnel, la solution est à chercher dans la mobilisation permanente, à travers des
objectifs précis et mesurables, une écoute attentive, des formations appropriées et un
intéressement adéquat. Pour les élus, un encadrement sain et permanent par leurs
organisations d’appartenance et une supervision intelligente par les organes légalement
compétents de l’Etat devraient y contribuer.
17.7. Les collectivités territoriales doivent se gérer avec un maximum de transparence. Y contribuent
le caractère généralement public de leurs sessions, l’affichage de leurs délibérations et la
publication de leurs budgets et comptes administratifs. Y contribueront, également, les
propositions ci‐dessus au titre de la démocratie participative, de la pratique d’une
communication ouverte et ciblée et d’un système d’information approprié.
18. Système d’information.
18.1. Les collectivités territoriales auront accès aux informations utiles à l’exercice de leurs
compétences auprès des administrations et organismes publics, dans les conditions à définir
par le gouvernement.
18.2. Le système national d’information statistique demande à être amélioré et développé dans le
sens d’une meilleure prise en charge des données régionales et sous régionales, pour apporter
l’information utile, notamment aux collectivités territoriales.
18.3. Avec la contribution de l’Etat, les collectivités territoriales mettront en place et développeront
un système d’information à même de les aider à prendre les décisions appropriées pour
l’exercice de leurs compétences, à évaluer leurs propres performances et insuffisances et à
rendre compte de leur gestion, à tout moment.
19. Evaluation et reddition des comptes
19.1. Outre l’obligation légale de rendre annuellement compte aux cours régionales des comptes, les
conseils élus feront le bilan de leur gestion et de celle de leurs administrations et organes
d’exécution, dans le cadre de rapports périodiques destinés à l’Etat et à leurs partenaires et à
travers des supports d’information adéquats destinés au public. Ils présenteront ainsi les
résultats et impacts de cette gestion et l’état d’exécution des plans, programmes et projets sur
lesquels ils se sont engagés. Ils s’expliqueront des écarts éventuellement constatés et
exposeront les mesures correctives à prendre.
19.2. Sera ainsi rendue possible une évaluation permanente de leur gestion tant en interne que par
leur environnement, dans le cadre de débats et d’échanges structurés et organisés. A cet effet,
ils recourront à des audits internes, pour les conseils qui disposeraient d’organes propres à cet

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 23

effet, ou externes, en faisant appel aux organismes spécialisés de l’Etat dans ce domaine ou à
des organismes indépendants.
19.3. Les conseils élus veilleront, dans le même esprit, à la mise en place d’un système de prévention
et de gestion des risques, à l’instar des bonnes pratiques de certains départements et
organismes publics en la matière.

V. Une régulation étatique modernisée et assouplie

Il est proposé de moduler la nécessaire régulation étatique des activités des conseils
régionaux et des autres conseils des collectivités locales, par rapport à la notion
traditionnelle de « tutelle », en limitant les contrôles a priori et d’opportunité, en renforçant
les contrôles et les évaluations a posteriori et en maintenant les contrôles juridictionnels de
légalité tout en conditionnant l’effet suspensif de tout recours à une décision de justice.
20. Limitation des contrôles a priori et d’opportunité.
20.1. Le contrôle par approbation préalable ne portera que sur les décisions et actes expressément
définis par les lois et règlements et sera progressivement limité, par la réduction, d’abord des
délais de réaction de l’autorité en charge, puis des décisions et actes qui y sont soumis, pour le
réserver, d’une part à l’ordre du jour des réunions et aux budgets, d’autre part, aux cas
extrêmes comportant risque pour l’ordre public, l’intérêt national ou l’équilibre financier des
collectivités territoriales.
En cas de non approbation, qui doit être dûment motivée, les présidents des conseils peuvent
recourir, selon les cas, à l’arbitrage du ministre concerné ou du Premier ministre, ou aux
tribunaux compétents.
20.2. La levée progressive du contrôle par approbation préalable tiendra compte de la qualité de
l’organisation et du système d’information de chaque collectivité territoriale, de ses
performances en matière de gestion, de la mise en place d’un système de contrôle interne et
de gestion des risques et du respect de critères réglementaires d’une bonne gestion financière.
20.3. Les contrôles exercés sur les actes d’engagement et de règlement des dépenses des
collectivités territoriales, ainsi que le contrôle financier exercé sur les établissements publics et
les sociétés qui en relèvent et les AREP, le seront dans les conditions et limites prévues par les
lois et règlements. Ces conseils et ces établissements et sociétés bénéficieront de tout
assouplissement accordé en la matière aux administrations et organismes de l’Etat,
notamment sous forme de contrôle modulé ou d’accompagnement.
21. Renforcement des contrôles a posteriori
21.1. Corrélativement à la levée progressive du contrôle par approbation préalable et aux
assouplissements à apporter aux contrôles budgétaires et financiers évoqués ci‐dessus, les
contrôles a posteriori sur les comptes et la gestion des collectivités locales seront renforcés.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 24

21.2. Particulièrement, le contrôle juridictionnel par les cours régionales des comptes sera intensifié
et les moyens nécessaires seront mobilisés à cet effet.
21.3. Il sera fait recours, le cas échéant et à l’initiative de l’Etat, à des audits externes, par des
cabinets indépendants.
21.4. Les rapports issus de ces contrôles et audits et soumis à la procédure contradictoire donnant
aux présidents des conseils le droit de réponse seront communiqués aux conseils concernés.
Ceux‐ci délibéreront sur les mesures de redressement à prendre, indépendamment des
sanctions qui seront engagées, le cas échéant, par les instances légalement compétentes.
22. Maintien du contrôle juridictionnel de légalité des actes et décisions
22.1. Seuls les tribunaux administratifs seront habilités à exercer le contrôle de légalité de toute
décision ou acte des conseils élus et de leurs présidents, pour autant que l’administration les
en saisisse, après concertation infructueuse avec lesdits présidents.
22.2. Le recours ne peut avoir d’effet suspensif que si l’Administration le requiert expressément et si
le juge y consent.

VI. Une contribution au chantier de la déconcentration

A ce jour, le processus de déconcentration administrative subit encore des pesanteurs et des
freins, en dépit d’avancées indéniables et malgré l’existence de textes réglementaires et
d’engagements officiels des responsables à différents niveaux qui consacrent des choix et
des mesures essentiels en la matière.
Un nouvel élan est insufflé à ce chantier par l’Appel Royal à l’élaboration, par le
gouvernement, d’une charte de la déconcentration. Une telle charte, suivie de tout l’effet
souhaité dans la pratique, devra apporter à la régionalisation avancée un soutien
indispensable : celui de mettre en face des conseils régionaux et des conseils des autres
collectivités territoriales des administrations étatiques disposant, à chacun de ces niveaux,
de réelles marges d’initiative et de pouvoirs effectifs de décision, tout en étant efficacement
coordonnées et mises en synergie, au service du développement intégré et au plus près des
populations concernées et des élus.
Au‐delà de ses importants aspects organisationnels et techniques, la déconcentration
poussée et effective est tributaire de la consécration normative et pratique de principes
touchant à la conception et à la mise en oeuvre des politiques publiques, au style de
gouvernement et d’administration, à l’affectation et à la gestion optimale des ressources
humaines et budgétaires et à la coordination efficiente de l’action publique à chaque niveau
territorial d’intervention de l’Etat dont, désormais et principalement, le niveau régional.
De plus, la déconcentration est à envisager, non pas séparément, mais en lien avec
l’évaluation, la mise en cohérence et l’optimisation de l’ensemble des modes et des organes

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 25

d’intervention de l’Etat : services de l’Administration, établissements décentralisés et
agences à vocation sectorielle et/ou territoriale spécialisée, sociétés d’Etat, partenariats
public privé, externalisations des services publics. Une vision et une politique d’ensemble à
cet égard devraient accompagner la mise en place de la régionalisation avancée.
Un mécanisme de suivi et d’évaluation périodique du processus de déconcentration, en
rapport avec ceux de la décentralisation sectorielle et de la régionalisation avancée, sera
proposé dans le cadre des mesures d’accompagnement préconisées à la fin de ce Livre
premier.
23. Territorialité et intersectorialité des politiques publiques
23.1. L’efficience des interventions de l’Etat à chaque niveau d’organisation territorial, leur
pertinence aux yeux des citoyens et l’effectivité de leur impact réel seront assurées par leur
mise en cohérence programmatique, leur synchronisation opérationnelle et la complémentarité
des services aux populations, sans dédoublement ni déphasage. Les autorités
gouvernementales en charge de tels secteurs veilleront, de manière coordonnée, à concevoir
des politiques publiques territorialisées et à une synergie intersectorielle. Elles y associeront les
services extérieurs et les organismes publics ayant la même compétence territoriale, ainsi que
les organismes élus concernés et, le cas échant, le secteur privé.
23.2. Sans préjudice de l’approche spécifique nécessaire à la résolution de la problématique
de la déconcentration poussée et effective des services de l’Etat, au sens restrictif des
services extérieurs des départements ministériels, cette approche devra s’inscrire dans
une vision globale, envisageant de manière cohérente l’ensemble des instruments et
des modes d’intervention de l’Etat et de ses différents démembrements sectoriels et
territoriaux dans la conception, la mise en oeuvre et l’évaluation des politiques
publiques. Dans le triple objectif de cohérence, de convergence et d’optimisation des
actions et des ressources publiques, il est recommandé de :
a. Mettre en cohérence les attributions et le déploiement territorial des services extérieurs de
l’Administration et des organismes publics décentralisés agissant dans des secteurs clés tels
que l’éducation, la formation, l’hydraulique, les infrastructures de transport, l’habitat,
l’urbanisme ;
b. Veiller à corriger ou à prévenir les interférences d’attributions, les dédoublements
organisationnels et l’emploi inadéquat ou non économe des ressources humaines et
matérielles entre les différents types de services et de structures déconcentrés ou
décentralisés en charge de l’action publique de terrain.
23.3. Sera consacré et traduit dans les faits le principe de confier :
– à l’administration centrale, les missions d’orientation, de conception, d’animation,
d’accompagnement et d’assistance, d’évaluation et de contrôle, dans le sens d’une
délégation progressivement étendue des missions opérationnelles et de gestion aux
services extérieurs et de proximité avec les administrés ;
– à l’administration régionale, les missions de coordination et de mise en cohérence des
programmes et actions des services et organismes publics, de contractualisation avec
l’administration centrale ainsi que de suivi de mise en oeuvre ;
– aux administrations préfectorales et provinciales les missions de mise en oeuvre des
actions et projets, de leur maintenance et de leur gestion courante.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 26

23.4. Les stratégies et politiques publiques gouvernementales seront déclinées au plan territorial, par
région, avec l’implication de l’administration régionale, en concertation avec les autres acteurs
publics dans la région, notamment le conseil régional, et en tenant compte des principes
d’intersectorialité, de convergence des projets et d’optimisation des moyens.
24. Délégation de compétences aux services déconcentrés
24.1. Les expériences sectorielles de déconcentration acquises devraient être évaluées en vue de
leur généralisation à l’ensemble des secteurs et départements ministériels dont la
représentation territoriale est indispensable de par leurs missions.
24.2. Les modalités et les seuils de délégation de pouvoirs et de crédits budgétaires aux responsables
des services extérieurs dont, notamment, les directeurs ou délégués régionaux des ministères,
doivent être clarifiés et modulés de manière à :
a. Doter ces responsables de marges d’initiative et de compétences décisionnelles leur
permettant d’assumer, de manière crédible, des engagements suffisamment proactifs et
diligemment réactifs, dans leurs rapports aux différentes administrations, aux autres
acteurs publics et privés et aux conseils élus agissant dans le même champ de compétence
territoriale;
b. Limiter au strictement nécessaire, sur la base de normes réglementaires communes et, le
cas échéant, spéciales, la nature et le seuil d’importance des questions où s’impose la
remontée dans la chaîne décisionnelle jusqu’à l’Administration centrale, de sorte à alléger
les procédures et à écourter les délais d’interaction et de collaboration positives entre
différents services et instances intervenant dans un même territoire;
c. Proportionner la responsabilisation des chefs d’administration régionale, provinciale et
locale, ainsi que leur obligation de reddition des comptes à l’étendue des pouvoirs et au
volume des crédits qui leur sont délégués.
24.3. Pour une meilleure optimisation des structures organisationnelles et des ressources humaines
et financières, il conviendrait que certains départements ministériels qui ne peuvent prétendre
à une vaste représentation territoriale déconcentrée, mais qui en ont besoin, au niveau
régional, préfectoral ou provincial ou local, se fassent représenter par d’autres administrations
techniquement connexes et qui en ont l’envergure et les moyens, et ce sur la base de
conventions conclues entre les ministères concernés.
25. Généralisation des contrats‐programmes et de la gestion par objectifs
25.1. Nonobstant la nature hiérarchique des relations entre les administrations centrales et leurs
services déconcentrés, il convient d’évaluer, pour les développer, les expériences acquises en
matière de recours aux contrats‐programmes entre ces deux niveaux pour la déclinaison
territoriale des plans d’action sectoriels et pour le transfert corrélatif des compétences et des
ressources de l’administration centrale vers les services extérieurs. Cette formalisation
périodique des engagements réciproques des deux niveaux est de nature à rendre plus
transparent, plus motivant et plus responsabilisant le processus de déconcentration.
25.2. Des modèles de contrat‐programme seront établis, en y consacrant les principes de
planification stratégique centrée sur les résultats, la gestion par objectifs et les engagements au
reporting et à la reddition des comptes.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 27

26. Développement des ressources humaines de l’administration déconcentrée
26.1. Le déploiement territorial de ressources humaines qualifiées recevra une attention prioritaire
et sera considéré, outre les délégations de compétences et de crédits, comme un levier
indispensable à la réussite de la déconcentration administrative.
26.2. Les organigrammes et les descriptifs postes/profils des fonctions des services déconcentrés,
ainsi que l’affectation à ces derniers des cadres indispensables seront mis en adéquation
qualitative avec la nature des compétences que ces services seront appelés à exercer, l’ampleur
des responsabilités qu’ils auront à assumer, l’envergure des plans d’action dont ils auront la
charge et l’importance des crédits qu’ils pourront gérer. Un effort planifié, soutenu, diligent et
inscrit dans la durée devra être consenti pour atteindre un rééquilibrage raisonnable et
judicieux de la répartition des cadres hautement qualifiés entre les administrations centrales et
les services extérieurs au profit de ces derniers.
26.3. Des modalités créatives de motivation des cadres hautement qualifiés à exercer dans les
services extérieurs et de leur encouragement à la mobilité territoriale seront recherchées et
instaurées, y compris en modulant à cet effet les grilles indemnitaires et de prime et les
rythmes d’avancement. De même, les promotions aux postes de responsabilité au niveau des
administrations centrales pourront être conditionnées par l’exercice réussi de responsabilités
au sein des services déconcentrés.
26.4. Tout spécialement au niveau régional, et eu égard au nouveau rôle attendu de la région en
matière de développement intégré, il importe de relever les niveaux de qualification requis des
responsables régionaux des départements ministériels concernés, ainsi que leur statut et les
modalités de leur intéressement et de leur motivation axées sur les résultats de leur action.
27. Coordination de l’Administration publique en région
27.1. De par leurs missions de veiller à l’application des lois, des règlements et des décisions du
gouvernement, et de représenter l’Etat dans les régions, les préfectures et les provinces, les
walis et gouverneurs devront disposer de prérogatives claires et effectives pour assurer la
coordination des services déconcentrés du territoire de leur ressort, veiller à leur bon
fonctionnement et s’assurer de la bonne conduite de leurs projets et programmes.
27.2. Les conseils régionaux, provinciaux, préfectoraux et communaux devront trouver dans les walis
et gouverneurs leurs interlocuteurs étatiques directs et privilégiés, dans leurs rapports à
l’ensemble des administrations publiques, en matière d’information, de planification et de
réalisation de leurs projets, d’assistance technique des services de l’Etat aux conseils élus et de
partenariat entre ces deux parties.
27.3. La responsabilité et les prérogatives des walis et gouverneurs, en matière de coordination des
services déconcentrés et de l’ensemble des organismes publics de leur territoire de
compétence, devront être redéfinies de la manière la plus claire possible, afin de satisfaire à
deux impératifs d’ordre politique et institutionnel, outre leur dimension administrative :
a. D’une part, la nécessaire sauvegarde de la responsabilité juridique et politique des
ministres concernés eu égard à l’activité des services, y compris déconcentrés, placés
sous leur autorité ;
b. D’autre part, la nécessaire instauration de mécanismes d’animation, de suivi et
d’évaluation par les walis et gouverneurs rendant leur responsabilité de coordination
effective et efficiente.
27.4. Sur cette base, les walis et gouverneurs seront informés des projets de contrats‐programmes à
conclure entre chaque administration centrale et ses services déconcentrés et pourront

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 28

émettre des observations à leur sujet, avant leur conclusion, en veillant à cette occasion, à la
cohérence et à la convergence des programmes et projets de l’ensemble des services
déconcentrés et des conseils élus et à la bonne prise en charge des besoins des périmètres de
leur ressort.
27.5. Les walis et gouverneurs veilleront aussi au suivi de la mise en oeuvre de ces programmes et
projets et disposeront ainsi d’un droit de regard et d’information sur le fonctionnement et sur
les résultats des services déconcentrés, ainsi que du droit d’interpeller ces derniers et de
proposer les mesures correctives éventuelles aux ministres concernés.
27.6. Ils pourront proposer aux ministres concernés tout regroupement fonctionnel des services
extérieurs qui ont des vocations connexes, dans le but de mutualiser les moyens et d’optimiser
les résultats.
27.7. Dans les formes définies par le règlement, ils informeront régulièrement le premier ministre et
les ministres concernés de l’évolution du processus de déconcentration dans leur périmètre de
compétence, ainsi que de leur appréciation du fonctionnement des services déconcentrés et de
la conduite de leurs projets et programmes.

VII. Mesures constitutionnelles, législatives et d’accompagnement

28. Révision constitutionnelle
28.1. La nécessaire révision constitutionnelle décrite ci‐après et qu’impliquent certaines des
propositions émises dans le présent projet devra s’inscrire dans un échéancier particulier. En
effet, la construction du modèle général de la régionalisation avancée nécessite, à l’instar de
toute entreprise contribuant à la réforme profonde des structures de l’Etat, des ajustements et
des évolutions sur le plan juridique, aussi bien constitutionnel que législatif. Se fondant pour sa
réalisation sur la nécessaire idée de progressivité, cette construction devrait constituer,
conformément à la conception exposée par Sa Majesté Le Roi dans son discours du 20 août
2010, le point de départ d’un processus long et ardu, appelé à progresser conformément à une
feuille de route clairement définie. En relation avec l’échéancier qui sera celui de cette feuille
de route et pour un domaine aussi sensible que la révision constitutionnelle, celle‐ci ne saurait
être une condition pour la mise en oeuvre des autres propositions relatives à la régionalisation
avancée.
28.2. La délimitation de l’espace des modifications constitutionnelles, puis de leur amplitude
concrète, exige de prendre en compte, d’une part, la nature du processus de régionalisation et,
d’autre part, le rôle de substitution transitoire que peut jouer la loi en attendant le
mûrissement de telles modifications constitutionnelles.
a. Il a été souligné, dans le prologue du présent document, le caractère fonctionnel de la
régionalisation avancée, décidée par le Maroc en dehors de toute pression. Cette
régionalisation est souverainement choisie pour ses vertus que sont la diffusion de la
démocratie au niveau territorial, l’expression plurielle d’un Maroc uni, solidaire et riche de
ses composantes multiples, et la formation d’une élite capable d’assurer une bonne gestion
des affaires de la région. Il en résulte que la formalisation juridique de la régionalisation
avancée peut et devrait s’opérer de manière progressive, d’abord au niveau législatif, puis
au niveau constitutionnel.
b. En effet, toute constitutionnalisation confère aux dispositions juridiques une valeur, une
stabilité et des significations qui imprègnent nécessairement et durablement la
régionalisation dans ses relations avec les structures de l’Etat. Or, le fait avéré dans plusieurs
Etats ayant adopté la régionalisation fonctionnelle, est que la loi peut assumer dans ce

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 29

domaine, par rapport à la constitution, au moins à titre provisoire, une fonction de
substitution. Dans ce cadre, la loi ordinaire qui peut être modifiée selon des procédures
relativement rapides et par une majorité simple des instances législatives, représente
souvent pour l’Etat le moyen d’expérimenter et, éventuellement, d’améliorer des aspects
essentiels d’une régionalisation avancée mise en chantier. Ce mécanisme probatoire qui
concerne souvent des aspects mettant en jeu les relations de l’Etat et des entités
décentralisées, est destiné, à travers d’éventuels amendements des lois, à réaliser les
ajustements nécessaires à une régionalisation apaisée et acceptée de la part de l’Etat et des
collectivités territoriales. C’est cet équilibre rassurant pour l’Etat unitaire qui, souvent, le
persuade dans une seconde phase, de stabiliser dans un texte constitutionnel des
dispositions qui naguère figuraient dans des lois ou des règlements. La loi apparaît ainsi
comme l’antichambre de la constitutionnalisation de matières virtuellement ou
éventuellement constitutionnelles, mais provisoirement législatives.
28.3. Ainsi encadrée, l’expression constitutionnelle des modifications proposées inclut des
ajustements permettant le passage d’une régionalisation naissante à une régionalisation
avancée et cela, d’une part, par la suppression des limitations qui sont notamment consignées
dans l’article 101 de la Constitution et, d’autre part, par la constitutionnalisation de nouvelles
matières.
28.4. Les ajustements constitutionnels consisteraient à :
a. Supprimer les limitations insérées dans l’article 101. Le second alinéa de cet article déroge,
en effet, pour les Conseils préfectoral, provincial et régional aux principes de la
décentralisation impliqués par le premier alinéa du même article. L’alignement de ces trois
collectivités locales sur la collectivité communale suppose l’abrogation des dispositions de
cet alinéa.
b. Modifier l’intitulé du Titre XI de la constitution qui deviendrait « Des collectivités
territoriales » au lieu de l’actuel libellé « Des collectivités locales ». Ce dernier intitulé tend
à se référer plus aux vertus d’une gestion de proximité qui, est à titre essentiel, celle de la
commune, qu’à la nouvelle mission de développement qui est conférée à la régionalisation
avancée et en vertu de laquelle l’entité régionale décentralisée dispose d’une certaine
prééminence. Une telle modification devrait être reprise dans les articles 3 et 46 de la
Constitution.
c. Faire mention dans l’article 101 du caractère universel du suffrage. Cet ajustement est
essentiel dans la mesure où il permet de conférer à la régionalisation une assise territoriale
pleinement démocratique. Cet article serait ainsi libellé : « Elles élisent au suffrage
universel des assemblées chargées de gérer démocratiquement leurs affaires…. »
d. Amender l’article 38 de la Constitution de manière à prévoir, pour la représentation des
collectivités locales à la chambre des conseillers, deux collèges électoraux au lieu d’un seul,
l’un composé des membres du conseil régional, l’autre des représentants des autres
collectivités locales au niveau de la région.
e. Compléter l’article 12 de la constitution par un alinéa qui disposerait que la loi pourrait
contenir des dispositions de nature à encourager l’égal accès des hommes et des femmes
aux fonctions électives.
28.5. La constitutionnalisation de nouvelles matières pourrait concerner un certain nombre de
principes de la régionalisation qui figurent actuellement dans des textes de valeur législative ;
l’objectif étant de conforter l’autonomie, notamment financière, des collectivités territoriales et
de compléter les critères juridiques figurant dans l’article 101. Les principes visés seraient les
suivants :
i. Le principe de la libre disposition des ressources dans le cadre de la loi. Ce
principe n’est pas absolu comme tendent à le démontrer les contributions

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 30

particulières instaurées au sein de la dotation de décentralisation, obligeant les
collectivités territoriales à n’utiliser certaines ressources que dans un but
déterminé par le législateur. Néanmoins la consécration constitutionnelle de ce
principe a pour objectif d’empêcher un recours fréquent à de telles
contributions particulières.
ii. Le second principe concerne l’équivalence entre les ressources et les
compétences. Il s’agira en fait de la promotion constitutionnelle de dispositions
figurant dans l’article 8 de la loi n° 47‐96 relative à l’organisation de la région :
« Tout transfert de compétences ou de charges de l’Etat aux collectivités
territoriales s’accompagne nécessairement de transfert de ressources
correspondantes »
iii. Le troisième principe concerne la coopération entre collectivités territoriales.
Dans l’exercice de leurs compétences, celles‐ci peuvent mutualiser leurs
moyens dans les formes et les conditions déterminées par la loi (premier alinéa
de l’article 5 de la loi n°47‐96), cette coopération ne pouvant avoir pour
conséquence l’établissement d’une tutelle d’une collectivité sur l’autre
(deuxième alinéa du même article).
iv. Le quatrième principe concerne la solidarité qui se concrétiserait par la mise en
place de mécanismes et de fond appropriés.
29. Adaptations législatives et réglementaires
29.1. La mise en place de la régionalisation nécessite l’adaptation des lois et règlements applicables
aux conseils régionaux, préfectoraux, provinciaux et communaux, en y incluant les propositions
émises dans le présent document et qui sont compatibles avec la Constitution actuelle. Lorsque
la révision constitutionnelle susvisée sera intervenue, ces textes seront mis à jour en
conséquence.
29.2. Ce travail d’adaptation législative et réglementaire pourrait s’inscrire dans le cadre de
l’élaboration d’un code général des collectivités territoriales.
30. Instances de pilotage et d’évaluation
30.1 Il sera institué un comité de pilotage de la régionalisation avancée, présidé par le premier
ministre et composé des ministres concernés, des walis et des présidents des conseils
régionaux.
30.1. Il sera de même institué une instance d’évaluation des processus de régionalisation, de
décentralisation et de déconcentration, chargée d’examiner ces processus et d’émettre des
propositions en vue de mieux les synchroniser et de les optimiser. Cette instance sera
composée de personnalités expertes et indépendantes.
CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 31

VIII. De nouvelles régions à caractère institutionnel et fonctionnel

Le découpage représente un volet important dans le projet de réforme régionale. Dans Son Discours
du 3 Janvier 2010, Sa Majesté Le Roi a évoqué des « régions viables », alliant cohérence et stabilité
qui soient constituées sur la base des critères les plus pertinents. L’évaluation du découpage
régional en vigueur depuis 1997 montre, en effet, qu’il pose des problèmes de pertinence des
critères adoptés et, partant, de cohérence et de viabilité des entités territoriales qui en ont résulté.
Du reste, tous les acteurs auditionnés par la CCR, surtout politiques, se sont exprimés sur le bien
fondé de cette évaluation et sur l’opportunité d’entreprendre un nouveau découpage.
31. Concepts normatifs et principes directeurs
31.1 Dans tout projet de régionalisation, le découpage est généralement perçu comme très sensible
et constitue une facette des plus visibles, focalisant les intérêts, les attentes et les commentaires.
Cette entreprise fait toujours face aux questions récurrentes et épineuses bien connues : Quels
critères ? Quel nombre de régions ? Quel profil et gabarit pour ces régions ? Dans le cadre de la
régionalisation avancée, souverainement adoptée par le Royaume en tant qu’Etat unitaire, le
découpage régional n’est pas en soi l’enjeu premier, mais un volet subséquent dont le socle est
déterminé par le contenu institutionnel qu’est la démocratisation poussée et par la pertinence
fonctionnelle d’une régionalisation au service du développement économique, social et culturel
intégré.
31.2 Aussi, la validité du découpage se mesure‐t‐elle à sa pertinence quant à la viabilité qu’il peut
assurer au projet de régionalisation avancée. Celle‐ci vise à organiser des bassins de vie sociale et
de démocratisation politique appropriés à la conduite efficiente de politiques de développement
intégré et au déploiement d’une décentralisation effective allant de pair avec une
déconcentration conséquente.
31.3 La diversité des milieux naturels, des genres de vie, du peuplement, des patrimoines culturels et
linguistiques et les vicissitudes historiques du degré d’encadrement des territoires constituent,
pour le Maroc, une richesse qui n’est toutefois pas doublée d’une « tradition» régionale
contraignante ni, encore moins, de régionalisme politique. La distinction marquante du Royaume
est d’avoir été et de demeurer continuellement doté d’une structure territoriale unifiée et d’un
haut niveau d’intégration sous l’égide d’une monarchie en symbiose avec les populations. Dans
ce cas d’espèce, les critères académiques de définition des régions ne sauraient être
mécaniquement transposés.
31.4 La région institutionnelle et fonctionnelle correspond à une entité déterminée par la logique
fondatrice du projet de régionalisation avancée, en tant que chantier à travers lequel l’Etat
unitaire et souverain entend moderniser ses structures et adopter de nouveaux modes de
gouvernance dans des cadres administratifs et géographiques propices à l’éclosion et au succès
des initiatives de développement. Les régions à mettre en place et dont le Royaume a donc
besoin sont des bassins de déploiement de l’option démocratique et des espaces idoines pour la
conduite des politiques de développement, avec la participation effective des populations et de
leurs élus à l’élaboration et à la mise en oeuvre de ces politiques. Elles doivent aussi permettre au
pays de faire face aux multiples enjeux présents et futurs (population croissante ; urbanisation
galopante ; création des opportunités d’emploi ; rattrapage des retards d’équipement ; gestion
économe des ressources), dans un contexte de compétition et d’ouverture continue à
l’international.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 32

31.5 Le principe de la complémentarité intra régionale, appliqué déjà au découpage régional adopté
en 1971 et selon lequel chaque région devait avoir sa part de tous les milieux physiques (plaine,
montagne, désert, littoral) avait un sens dans des contextes de pénurie de moyens et
d’économies relativement fermées où prévalait l’échange local. De nos jours, ce principe a perdu
de sa pertinence avec l’ouverture économique, la mondialisation et le développement
d’infrastructures de circulation des hommes, des biens et des idées.
32 Règles et modalités de découpage
32.1 Suivant une démarche pragmatique, l’établissement d’un projet de découpage régional a été
assis sur l’application de règles techniques communément admises et sur l’ajustement de
chacune de ces règles aux objectifs de la régionalisation et aux réalités du fonctionnement du
territoire national. Ces règles sont l’efficience, l’accumulation sur l’existant, l’homogénéité, la
fonctionnalité, l’accessibilité et la proximité, la proportionnalité et l’équilibre.
32.2 Le principe de l’efficience concerne la question de la taille (superficie, population) et donc aussi
du nombre de régions à mettre en place. Plus qu’une simple question géographique, le gabarit
régional est davantage une question de dimension éminemment politique et, par bien des
aspects, économique. En cherchant à renforcer la participation démocratique à l’action du
développement économique intégré, à améliorer le fonctionnement de l’Etat et à ériger la région
en un échelon d’intermédiation entre ce dernier et les collectivités territoriales, il a paru évident
de s’orienter vers un nombre plus limité de régions. Chacune de celles‐ci doit avoir une taille
suffisante pour pouvoir recevoir une prééminence par rapport aux autres collectivités locales, en
termes de compétences de planification, de coordination et d’animation à l’échelle régionale. De
fait, la quasi‐totalité des tendances politiques et tous les autres acteurs consultés partagent
cette même option de réduction du nombre des régions. Par ailleurs, la compétition économique
internationale dans laquelle s’est inscrit le Royaume exige de ne pas disperser ses avantages
comparatifs sur un grand nombre de régions. Les retombées positives attendues des grands
chantiers structurants et des actions engagées ou projetées pour atténuer les déficits des zones
pauvres dépendront de l’ancrage efficient à des entités motrices de la croissance et ayant
vocation à structurer de grands ensembles régionaux.
32.3 Le découpage régional s’est appuyé sur le maillage administratif provincial actuel, afin de
construire sur l’existant et de profiter de la longue tradition de décentralisation administrative
du Royaume. Le projet proposé se base sur le regroupement d’ensembles pertinents à base
provinciale, se conformant ainsi à la triple exigence de la continuité, de la contiguïté et de
l’intégrité des entités administratives.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 33

32.4 Le découpage est modulé suivant les deux règles de la fonctionnalité et de l’homogénéité pour
prendre en charge la forte distinction qui caractérise le territoire national entre deux grands
domaines, aux plans géographique, économique et géostratégiques. Ces deux domaines sont
partagés par une ligne allant de Sidi Ifni à Taza, en s’appuyant sur les diverses chaines
montagneuses de l’Atlas au Rif Oriental, vers le Sud d’Oujda. Il s’agit, d’une part, du domaine
atlantique, méditerranéen et intermédiaire, qui abrite 87 % de la population et, d’autre part, du
domaine semi‐désertique à saharien (au Sud, Sud‐Est et Nord‐Est) qui compte seulement 13%.
La problématique de la régionalisation se pose en des termes différents dans chacun des deux
domaines en question.
32.5 Le domaine atlantique, méditerranéen et intermédiaire s’étend sur des espaces de plaines et
surtout de plateaux, partiellement de montagnes, ouverts aux influences océaniques et
bénéficiant des apports d’eau de l’arc montagneux. Ce sont des espaces de très fortes densités
humaines et qui sont dotés d’armatures urbaines hiérarchisées : des villes impériales : Fès,
Marrakech, Rabat, Meknès) ; de grands ports : Agadir, Tanger et surtout Casablanca ; et des
métropoles régionales : Oujda, Béni Mellal, Laayoune. L’économie des territoires n’y est pas le
produit des seules ressources primaires qu’offre le milieu physique mais, principalement et de
plus en plus, le fait des biens, services et échanges qui s’organisent dans et autour des grandes
villes et de leurs aires d’influence. Cet atout métropolitain s’impose aujourd’hui bien plus
fortement encore comme un avantage qu’il convient de promouvoir, dans le contexte de la
mondialisation. L’armature urbaine constituée autour de quelques centres puissants étant un
atout essentiel, le principe fonctionnel lié à la polarisation urbaine doit occuper une place
déterminante dans la délimitation des régions appartenant à ce premier domaine.
32.6 En contraste affirmé par rapport au précédent, le domaine « ultra atlasique », au Sud, Sud‐Est et
Nord‐Est, formé par le grand arc qui va de Jerada à Guelmim, en passant par Errachidia, inclut
les bassins de la Moulouya à l’Est, du Ziz et du Draa supérieur au Sud‐Est et les bassins de l’Oued
Noun, Seguia al Hamra, et Oued Eddahab au Sud. Subissant des conditions très
contraignantes de relief et de climat, ce domaine se caractérise aussi par des milieux naturels
fragiles, un peuplement peu dense et des niveaux de vie peu élevés. En raison de la faiblesse
relative actuelle de ses locomotives urbaines, il n’est pas paru adéquat d’y procéder à un
découpage sur la base du principe de fonctionnalité tel qu’appliqué au premier domaine. Les
spécificités de ce domaine (peuplement discontinu, faiblesse relative des ressources naturelles et
prévalence de vastes étendues vides) gagneraient à être plus pertinemment abordées sous
l’angle de l’homogénéité, en reconnaissant et en y délimitant des entités régionales distinctives
telles qu’elles sont. Le découpage doit y être basé sur l’homogénéité, en tenant compte de
l’importance reconnue de ces contrées sur les plans historique, environnemental, culturel, et
géostratégique (zones frontières). Il ne paraît pas justifié que les régions y soient rattachées à la
marge d’espaces riches. Au contraire, leur mise en évidence pourrait favoriser l’application du
principe de solidarité à leur égard. Les associations précédentes dans un même ensemble entre
des zones trop inégales n’ont pas été génératrices d’avantages tangibles (à l’image du Tafilalet,
vu comme une annexe lointaine du Saiss, et des régions du Dra’a qui n’ont pas de raison d’être
rattachées au Souss).
32.7 Deux règles complémentaires et de second ordre ont guidé le projet de découpage :
l’accessibilité et la proximité. La notion d’accessibilité traduit la distance kilométrique entre deux
entités (200 à 250 Kms) et donc la durée du trajet (deux à trois heures) et le coût du
déplacement, sauf lorsque la disposition du terrain ou la faiblesse des densités de populations ne
le permettent pas. La notion de proximité renvoie à une distance relationnelle, la région devant
être un lieu d’identification et un cadre d’implication des acteurs locaux où les citoyens
partagent un minimum de repères communs et perçoivent, globalement, un tel espace régional
comme pertinent. Cependant, la notion de proximité, en tant que modalité synthétique incluant
diverses composantes de la définition d’un espace régional touchant à l’histoire, à l’économie, à
CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 34
la culture, au cadre physique, etc.) doit être relativisée. Outre les considérations principielles
développées plus haut, il y a lieu de noter, à titre d’exemple, que l’analyse des espaces de
conjugalité (les mariages) à l’échelle de tout le territoire national, à partir d’un sondage, révèle
une forte dynamique de brassages qui corrobore le très haut degré d’intégration nationale. Les
différenciations socio‐historiques, réelles ou présumées, qui auraient pu influer le découpage des
espaces, ne sont que peu ou pas du tout prégnantes en termes de relations territoriales ; même
la coupure relative instaurée par la colonisation entre zones française et espagnole ne produit
plus d’effet spatial. In fine, quelle que soit l’importance qu’on entend lui donner, le principe de
proximité relationnelle implique, non pas l’enfermement dans des perceptions ou des croyances
subjectives, mais la prise en compte des espaces où s’activent des dynamiques réelles de
relations et d’interactions actuelles et effectives entre les populations concernées.
32.8 Quant aux deux autres règles de la proportionnalité et de l’équilibre, leur importance provient
du fait qu’elles questionnent la pertinence et la validité d’une préoccupation fréquente, celle de
devoir établir « un équilibre » hypothétique entre les régions (en fonction de leur poids et de
leur gabarit) pour se prémunir contre le risque de voir les grandes régions écraser les petites.
Dans les Etats unitaires, cette préoccupation s’applique directement et plus particulièrement
aux modalités de la gouvernance des grandes métropoles dans le découpage (dont, pour le
Maroc, celles de Casablanca et Rabat‐Salé au premier chef). Or, les villes capitales ont toujours
tendance, par la concentration de ressources, de services et d’activités de haut niveau, à se
tailler des aires de rayonnement et de commandement très étendues. Par conséquent, la
logique de la régionalisation avancée est de prendre en charge cette réalité incontournable, par
la formation de régions d’interaction qui ne peuvent se confiner aux limites de la grande ville.
La crainte de la constitution de méga‐régions, pouvant être ressenties comme une gêne et un
risque, est injustifiée et cette tendance ne devrait donc pas être combattue par une démarche
artificielle de « resserrement » et de « confinement » des régions puissantes dans des limites
étroites ; a fortiori, dans un état unitaire qui se décentralise, comme c’est le cas du Royaume, la
mise en valeur des potentialités des grandes métropoles implique de se départir de cette
double attitude de partition et de confinement à leur égard.
33 Configuration globale des régions proposées
33.1. La prise en compte croisée des différents principes, règles et critères généraux évoqués cidessus
conduisent à une proposition principale en 12 régions. Aussi, le nombre actuel des
régions se trouve réduit d’au moins 25%. Les nouvelles régions ont la particularité d’abriter une
masse de population plus forte, couvrir des territoires plus étendus et regrouper des
circonscriptions administratives (provinces, préfectures et communes) plus nombreuses.
33.2. De même, et sans remettre en cause la charpente du nouveau découpage, ni toucher au
nombre de régions qui en découle, des sous variantes alternatives de détail sont mentionnées
pour pouvoir prendre en compte deux situations assez problématiques concernant les provinces
de Figuig et de Midelt. Dans ces deux provinces, il est recommandé, du reste, qu’un ajustement
du découpage provincial ait lieu, ce qui permettrait de dissocier le secteur Beni Guil‐BouArfa ‐
Figuig pour le rattacher à l’oriental, tandis que la partie Est (autour de Bouanane), qui fait
franchement partie du domaine du Tafilalet, pourrait seule être rattachée à ce dernier.
Concernant la nouvelle province de Midelt, elle rassemble diverses entités distinctes, dont
l’une, au Sud, fait partie du Tafilalet (Rich et Gourrama). En attendant ces ajustements
administratifs, le modèle principal du découpage proposé est considéré comme préférable aux
deux autres sous options.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 35

33.3. Deux grands types de nouvelles régions bien délimitées (abstraction faite des régions sahariennes
méridionales) sont à distinguer :
a. Les régions définies à partir de grands pôles ou même de bi‐pôles urbains rayonnant sur
des espaces de croissance économique ;
b. Les régions non‐polarisées, qui couvrent les montagnes atlasiques ainsi que les zones des
steppes et déserts plus ou moins oasiens et qui nécessitent un appui fort en termes de
solidarité nationale.
Cette distinction traduit, au stade d’aujourd’hui, les formes réelles d’organisation et de
fonctionnement de l’espace national, telles que façonnées par la longue évolution de
l’économie, de l’équipement territorial, de l’encadrement administratif, des conditions
naturelles et des relations de vie qui en découlent. Cette distinction corrobore une orientation
consistant à ajuster la régionalisation institutionnelle recherchée aux réalités régionales
dessinées par l’économie et la société.
33.4. Pour ce qui est des provinces du Sud, et eu égard aux enjeux stratégiques y afférents, le projet
de découpage propose le maintien de la configuration en 3 régions arrêtée en 1997 moyennant
une révision de la composition des provinces qui les constituent :
‐ La région de Guelmim‐Oued Noun, comprendrait, les provinces : Assa‐Zag, Guelmim, Tan
Tan et Sidi Ifni;
‐ La région de Laâyoune‐Seguiet el Hamra qui réunirait les provinces : Tarfaya, Laâyoune, Es
Smara et Boujdour ;
‐ et la région d’Ed Dakhla‐Oued Dahab qui comprendrait les mêmes provinces définies
actuellement : Ed Dakhla et Aousserd.
Compte tenu de ces différentes options dans les provinces méridionales, le découpage de
l’ensemble du territoire national aurait donc une configuration en 12 régions.
34 Descriptifs du découpage proposé
34.1. Une caractérisation cartographique et statistique de la proposition susvisée figure dans ce qui
suit.

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 36

CCR/Rapport sur la régionalisation avancée/Livre I : Conception générale Page 37
Projet de découpage régional : Distribution régionale de la population urbaine et rurale et des circonscriptions administratives
Régions
Population en 2008 Provinces et Préfectures
Effectif total
Part du
rural
Part de
l’urbain
Nombre Liste

Région 1 :

Tanger‐Tétouan 2 830 101 41,72% 58,28% 7

Tanger‐Assilah (Préfecture)
M’Diq ‐ Fnidq (Préfecture)
Chefchaouen (Province)
Fahs‐Anjra (Province)
Larache (Province)
Tétouan (Province)
Ouezzane (Province)

Région 2 : Oriental et Rif 2 434 870 42,92% 57,08% 8

Oujda Angad (Préfecture)
Al Hoceima (Province)
Berkane (Province)
Jrada (Province)
Nador (Province)
Taourirt (Province)
Driouch (Province)
Guercif (Province)

Région 3 : Fès‐Meknès 4 022 128 43,51% 56,49% 9

Meknès (Préfecture)
Fès (Préfecture)
Boulemane (Province)
El Hajeb (Province)
Ifrane (Province)
Sefrou (Province)
Taounate (Province)
Taza (Province)
Moulay Yacoub (Province)

Région 4 : Rabat‐Salé‐Kénitra 4 272 901 32,31% 67,69% 7

Rabat (Préfecture)
Sale (Préfecture)
Skhirate‐Temara (Préfecture)
Kenitra (Province)
Khemisset (Province)
Sidi Kacem (Province)
Sidi Slimane (Province)

Région 5 : Béni Mellal‐Khénifra 2 611 499 53,07% 46,93% 6

Azilal (Province)

Béni Mellal (Province)
Khénifra (Province)

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
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