Au lendemain du Discours Royal du 18 mars 2003 qui a tracé les lignes directrices de développement territorial de la région de l’Oriental, la ville d’Oujda, à l’instar des autres villes de la région, a connu une dynamique territoriale sans précédent et ce avec le lancement de plusieurs projets structurants (infrastructures routières, aéroportuaires et économiques, de santé, de formation…Etc.) et programmes de requalification et de mise à niveau urbaine (Aménagement des entrées de villes, des places et placettes, requalification des quartiers sous équipés, aménagement de la place sidi Abdelouahab et Réhabilitation de l’ancienne médina…etc). Certes, ces actions ont permis une dynamique au niveau de la ville, mais cette dernière reste limitée dans le temps et l’espace. Les efforts de développement, quoiqu’ils touchent l’ensemble de la ville, ils sont plus perceptibles au centre ville qu’aux quartiers périphériques. Selon cette optique, il est primordial de repenser le développement de la ville et sa périphérie selon une approche globale en veillant à assurer :

-La complémentarité entre le rural et l’urbain en tenant compte des impacts mutuels de l’un sur l’autre et ce afin d’empêcher la ruralisation de l’urbain en s’orientant vers l’urbanisation du rural;

-L’intégration économique et social des quartiers périphériques à la ville, ce qui nécessite une meilleure gestion du dualisme existant entre une ville aménagée et des quartiers sous équipés ;

-L’articulation entre le court terme (gestion du quotidien et les urgences) avec le moyen et long terme (vision stratégique de la ville) ; Dans cette perspective, la commune urbaine d’Oujda soucieuse de l’impérative capitalisation et, surtout, valorisation des projets et programmes initiés dans la ville et la région, devra envisager la création des espaces de dialogues et de concertation avec la population locale et les acteurs institutionnels afin de réfléchir ensemble sur l’avenir de la ville. Ce processus itératif pourra faire l’objet d’un projet de ville intitulé « Oujda ville durable ». Certes, on propose certains axes diagnostiqués lors d’une enquêtes effectuée auprès de 188 ménages peuvent constituer l’ossature de ce projets de ville,Cependant, cette liste reste non exhaustive et les axes proposés ne constituent qu’une plateforme de dialogue et qui feront l’objet d’un large processus de consultation avec les acteurs locaux et la population dans le cadre des comités de quartiers (à créer ou à dynamiser en cas d’existence) qui par leur connaissance de leurs milieux de vie constitue une force de proposition d’actions concrètes et réalisables visant la durabilité de la ville d’Oujda.

Le projet en question permettra l’institutionnalisation de la concertation avec la population locale et créera les conditions favorables à la participation des citoyens à la gestion de l’affaire locale. Le choix des axes ci-joint n’est pas fait au hasard, mais c’était un choix cadré par l’objectif principal à atteindre à savoir la ville durable. Dans ce cadre, les axes se répartissent selon les sphères de développement durable à savoir : le volet environnemental, l’économique et le social. Le projet de ville proposé à la commune est un projet de territoire orienté vers le futur à partir des décisions et actions à mettre en œuvre dans le présent puisque l’avenir d’Oujda ne se décrit pas mais se construit. Dans ce cadre, la commune a un fort intérêt à ouvrir un large processus de consultation de ville avec la population et les acteurs locaux et ce autour des axes d’intervention suivants qui demeurent une priorité pour la population enquêtée :

-Axe 1 : Environnement et Espace vert ; La ville d’Oujda souffre d’un déficit en matière des espaces verts, notamment ceux de proximité. Plusieurs jardins publics ont cédé leurs espaces à des places dans la cadre du programme de mise à niveau urbaine, ce qui nous impose à réfléchir à la mise en place des espaces verts pour la population locale. Les parcs existants (Lalla Aicha, Lalla Meryem) s’avèrent insuffisants pour une population de plus en en plus croissante. Les espaces verts faisant partis de lotissements et récupérés par la commune sont dans un état de désuétude suite à des exploitations non rationnelles et mauvais usage.

-Axe 2 : Appui aux potentialités touristiques de la ville ; Il est inacceptable que la ville d’Oujda, chef lieu de la région de l’Oriental, ne bénéficie pas suffisamment du tourisme développé au tour de la station balnéaire de Saidia. La diversification de l’Offre touristique impose la valorisation du patrimoine bâti, architectural et culturel de l’ancienne médina et autres sites de la ville. La fonction « habitat » de l’ancienne médina cède de plus en plus la place aux activités commerciales déstructurant ainsi l’équilibre nécessaire à la survie de la véritable fonction de l’ancienne médina. Dès lors, la réflexion en faveur des actions concrètes pour appuyer les potentialités locales en matière du tourisme et valoriser le rôle historique de l’ancienne médina lui permettant, ainsi, de redorer son image d’une ville millénaire.

Axe 3 : l’accès aux services urbains et l’intégration économique et sociale des quartiers sous équipés ; L’accès des populations des quartiers périphériques et l’intégration économique et sociale de ces derniers demeurent une nécessité, notamment avec plusieurs phénomènes d’externalités émanant des douars urbains et périphériques de la ville et qui constituent des contraintes majeures pour son développement. A cet effet, l’équipement de ces quartiers (programme de requalification des 22 quartiers sous équipés) nécessite des actions complémentaires permettant une meilleure intégration économique et sociale de la population de ces quartiers. Depuis longtemps, plusieurs problèmes du centre ville provenaient des douars et quartiers périphériques (cas des marchands ambulants) sans que la commune puisse résoudre le problème selon une approche globale. Dès lors ce projet de ville s’attèlera à résoudre ce problème selon une vision globale et ce dans le cadre de l’unité de la ville et non selon l’approche traditionnelle ville/périphérie.

-Axe 4 : Amélioration du cadre et conditions de vie de la population locale ; La croissance de la ville d’Oujda a engendré un déficit de gestion dans certains domaines : gestion des déchets solides, transport et circulation, accès aux équipements publics et espaces verts…etc. Une situation qui se répercute sur le bon fonctionnement de la ville et sur le cadre de vie des citoyens, et compromet, par conséquent les perspectives de développement futur de la ville. Il est évident que l’amélioration du cadre de vie est intimement liée à celle des conditions de vie de la population. De ce fait, et conscient de cet enjeux, la commune ouvrira un large processus de concertation avec les jeunes filles et garçons de la ville afin de trouver ensembles les actions adéquates permettant une vie descente à toute la population d’Oujda et des démunis en particulier.

-Axe 5 : Renforcement de la citoyenneté et amélioration de la gouvernance locale ; Les expériences menées avec et par les associations se sont révélées encourageantes et ont montré que le mouvement associatif fait preuve d’une vitalité et d’un dynamisme avérés et qui couvre un large spectre dans les champs de l’économie, du social et de l’Environnement.

Certes, le gouvernement marocain s’est engagé dans une politique de proximité selon une nouvelle approche insistant sur l’implication et la participation des citoyens, mais cette participation n’est pas institutionnalisée au sein des communes. Dès lors, la commune urbaine d’Oujda pense à la création d’une maison de gouvernance. Cette dernière assurera le lieu de débat, de concertation et de dialogue entre la population, représentée par les associations locales et les comités de quartiers avec les acteurs locaux, notamment les élus. En outre, la commune prévoit la création des Conseils Consultatifs Communaux (équipes mixtes composées des comités de quartiers avec les responsables des commissions municipales) hébergés au sein de la maison de gouvernance et qui ont pour rôle : -Proposer des actions possibles pour résoudre certains problèmes quotidiens des citoyens ; -Suivre les actions du conseil ; -Organiser des sessions de sensibilisation au profit des citoyens dans l’ensemble des domaines ;