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Monsieur le Caïd du quatorzième arrondissement

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Monsieur,

Entre la Mosquée Al Imane et le nouveau dispensaire aux portes encore fermées, au niveau de la rue B19,Hay El Fath Lazaret, un lot de terrain d’une grande superficie initialement destiné à la construction d’un bain-four-café s’est transformé en un entrepôt à ciel ouvert. En effet, il y a quelques mois, de gros camions venaient à longueur de journée et pendant une quinzaine de jours y décharger leur cargaison de pierres blanches. Les habitants, dont les maisons font face au lot de terrain, avaient pensé, dans leur simplicité, pour ne pas dire dans leur naïveté ( et j’en fais partie, pour qu’on ne me fasse pas de reproche) que son propriétaire allait enfin le construire. Dans leurs têtes, le Cheikh de Hay El Fath veillait sur eux et il transmettrait l’irrégularité à son supérieur, car en pareilles circonstances, et pour les gros lots comme celui-ci, une fiche technique du projet devrait être épinglée sur un panneau dressé sur le chantier. Mais il n’en était rien. Et le Cheikh n’aurait rien vu, lui qui avait les yeux ouverts sur tout. Mais au fil des jours et des mois, les pauvres habitants voyaient venir d’autres camions, moins gros que les premiers, recharger les pierres. Comme ils avaient supporté les bruits des bennes et les vrombissements des moteurs des grosses machines qui déchargeaient, ils devaient à présent prendre leur mal en patience et supporter ceux des pierres que les ouvriers jetaient une à une dans les bennes des petits camions qui venaient faire leur chargement. Seulement, les ouvriers ne rechargeaient que les pierres d’une certaine taille, laissant sur place les mottes et les gros blocs dont certains sont de la taille de dolmens que seules les pelles mécaniques pouvaient déplacer. En conséquence, le lot de terrain est devenu un habitat pour les rongeurs, les arachnides et d’autres bêtes. De plus, cette situation a engendré chez certains citoyens le sentiment de se défaire de leurs ordures et de leurs gravats sans avoir à s’inquiéter ni des autorités ni des conséquences de leur odieuse entreprise. Enfin, à la sortie des écoles, pendant les week-ends et les vacances scolaires, des essaims de jeunes garçons venaient escalader ces remblais, ouvrage malsain de la cupidité et de la rapacité de l’homme, qui n’est autre qu’un promoteur à l’appétit insatiable.

Si le Cheikh en question, je me garde de le nommer, dont dépend l’autorité de Hay El Fath, accomplissait son travail, qui est principalement fondé sur le regard et l’acuité visuelle, de manière impartiale, nous n’en serions pas arrivés au point où nous en sommes. En effet, s’il s’était agi d’ un triporteur chargé d’un sac de ciment et d’une dizaine de briques destinés à un pauvre bougre, ceci n’aurait pas échappé à sa vigilance : il l’aurait VU et IMMEDIATEMENT signalé à ses supérieurs qui auraient SANS ATTENDRE pris les mesures qui s’imposaient à son encontre. Mais comme il s’agit d’un promoteur immobilier, dont les gros camions à gros tonnages venaient pendant une quinzaine de jours décharger leur cargaison, le Cheikh en question ne les a pas vus, comme il n’a pas vu, non plus, les camions qui venaient faire le plein en pierres, comme il na pas daigné venir sur place constater de visu les opérations des chargements et déchargements quand je l’ai appelé le lundi 22 janvier 2018 . A moins qu’il n’ait pour consignes de ne signaler que le petit gibier, plus facile à farcir. Ce sont donc les petits citoyens qui sont taillables et corvéables à merci. Les promoteurs, eux, ont les reins assez solides, de plus, ils bénéficient de la complaisance des autorités.

En conclusion, je demanderais au Caïd du quatorzième arrondissement, qui n’a jamais été en faute, à ce que je sache, ni lui, ni son staff administratif, dont il doit à la fois se féliciter et s’enorgueillir, en dehors de ce Cheikh qui se croit au-dessus de la loi, en ouvrant les yeux bien grands ou en les fermant, selon qu’il s’agit du petit citoyen sans défense ou de ceux qui ont des crocs et des serres, comme ce promoteur qui vient nous intoxiquer l’existence, je lui demanderais donc de bien vouloir intervenir au profit des habitants de Hay El Fath, et principalement de ceux indiqués à l’adresse ci-dessus.

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