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Le lycée Oued Eddahab (Oujda) face aux professeurs docteurs

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La rentrée scolaire de cette année se caractérise par deux faits marquants : le manque de professeurs et le sureffectif auxquels l’administration du lycée Oued Eddahab, avec la  coopération de  l’association des parents d’élèves,  ont dû faire  de leur mieux  pour y pallier. En effet, la délégation du ministère de l’éducation nationale, qu’elle soit à ce propos hautement remerciée, en la personne de monsieur le délégué, a envoyé au lycée un professeur d’arabe en remplacement d’un autre professeur parti  polémiquer dans une chambre de la capitale. A peine arrivé au lycée où il est affecté pour exercer le métier pédagogique pour lequel il a été formé et nommé que le professeur en question s’était mis à rechigner arguant qu’il était beaucoup plus au-dessus des considérations de ses chefs hiérarchiques car il n’était pas un professeur comme le commun des autres professeurs puisqu’il était docteur.  Il est vrai que le lycée Oued Eddahb croyait naïvement recevoir un professeur de langue arabe du cycle qualifiant, un point à la ligne, et que par conséquent le problème du manque se trouve  résolu. Mais le professeur  était d’un avis différent puisqu’il était docteur et protégé par une note ministérielle qui lui donne un certain privilège sur ceux qui n’ont pas son titre universitaire. La note en question annule pour les docteurs et les masters l’usage du droit coutumier en pratique selon lequel le dernier à avoir rejoint le lycée tombe sous le couperet de la mise en surnombre. Le professeur docteur de la langue arabe compte ne pas se laisser faire puisque, étant étiqueté docteur, il refuse la mise à disposition qui lui est, dit-il, hautement préjudiciable : en effet, le professeur docteur devait, à ses dires, traverser la ville de bout en bout pour regagner son nouveau lieu de travail. Et comme il se sent en position de force que lui confère la note ministérielle, l’administration doit revenir sur la décision de le mettre à la disposition du lycée Oued Eddahab. Ce qui signifie qu’il doit revenir à son lycée. Ce qui signifie encore et surtout une perte de temps pour les élèves. Ceci d’une part.

D’autre part, je crois que l’école publique n’a pas besoin de professeurs qui portent à leurs boutonnières des badges sur lesquels sont inscrits en lettres dorées, les titres de leurs diplômes universitaires dont le dessein est d’ impressionner, mais de professeurs qui portent dans leurs têtes un savoir académique et pédagogique bien à l’abri du regard du profane et qu’ils peuvent transmettre à loisir à leurs apprenants. Le docteur dépêché à Oued Eddahab ne diffère en rien de celui qu’il est venu remplacer, puisque les deux docteurs étaient frappés par le sceau de la vanité et de la niaiserie du titre qu’ils portent à leurs boutonnières. Le professeur partant a cédé sa place à pareil à lui. Ni le premier ni le second n’ont su honorer le diplôme qu’ils ne portent malheureusement qu’à leurs boutonnières croyant que les gens les considèrent au regard, alors qu’ils ne les voient que comme le marchand d’eau portant sur sa poitrine les carafes en cuivre. A la différence que le marchand d’eau est honnête puisqu’il vit de l’eau qu’il vend et non des sons de ces clochettes, alors que le professeur docteur cherche à vivre de l’éclat des diplômes qu’il porte à ses boutonnières. Le professeur docteur doit ressembler au joailler qui, en travaillant les diadèmes et les couronnes destinés à orner les têtes des princesses et des reines laisse tomber la poudre d’or qui le couvre de mille paillettes dorées et éclatantes de brillance, ou comme maître parfumeur dont le voisinage embaume les senteurs enivrantes et agréables aux nez sensibles aux parfums délicats. Ainsi vois-je le professeur docteur : il doit éclairer ses élèves et son lycée et faire profiter les autres professeurs de la science qu’il emmagasine dans sa tête au lieu de, plein de vanité et d’orgueil creux comme l’est sa tête,  se dresser sur ses ergots. S’il ne donne pas beaucoup, il peut donner peu et bien.

La note ministérielle a établi une espèce de ségrégation entre les professeurs en donnant aux uns l’avantage sur les autres, alors que le seul avantage que pourrait avoir un professeur sur un autre est le mérite.

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