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Quand la grippe hivernale bat des records

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Quand la grippe hivernale bat des records

· Recrudescence de bronchites, grippes, rhumes, rhinites, pharyngites, allergies…

· Selon un récent sondage, 93% des médecins interrogés sont confrontés à des cas de grippe

C’EST exceptionnel cet hiver. De l’avis de plusieurs médecins, la grippe dite saisonnière ou encore hivernale bat son plein cette année. Les cabinets de médecins privés ne désemplissent pratiquement plus à Casablanca. Les médecins sont de plus en plus sollicités pour des visites à domicile et les arrêts de travail montent en flèche.

Selon le professeur Bougrine, pneumoallergologue, en comparaison avec l’année dernière, cet hiver enregistre des pics de maladies, de plus en plus d’infections respiratoires, de bronchites à répétitition, de grippes, de rhumes, de rhinites et pharyngites… A cela s’ajoute une exacerbation des crises d’asthme.

Selon ce spécialiste, particulièrement ces dernières semaines, les consultations pour des maladies respiratoires sont plus importantes que les années précédentes. «L’hiver, période par excellence de pics de pollution et de viroses, favorise ces facteurs déterminants qui vont augmenter davantage les allergies. Ils sont souvent suivis d’asthme sévère, de rhinite, de trachéites… et de toutes ces affections liées à la sphère ORL». Même son de cloche auprès du docteur C. H. Laraqui, pneumologue et allergologue, «la tendance à l’augmentation des maladies virales est manifeste, particulièrement celle du mixovirus influenza (grippe)». Selon Laraqui, cette grippe se manifeste particulièrement pendant cette période de l’année et doit se traiter en prévention surtout chez les sujets à risque, à savoir les enfants, les personnes âgées et celles qui ont des pathologies, telles que le diabète, l’hypertension artérielle…

Pour le docteur Laraqui, il faut distinguer trois pathologies durant cette période de l’année: les exacerbations d’asthme, les syndromes pseudo-grippaux et la grippe. Les exacerbations d’asthme sont des crises chez des sujets asthmatiques en rapport avec l’humidité, le refroidissement de la température et la multiplication des acariens. Quant aux syndrômes pseudo-grippaux, ils proviennnent d’un grand nombre de virus et de microbes qui donnent des signes et symptômes semblables à ceux de la grippe. Ces syndromes relèvent d’un traitement antibiotique. Quant à la grippe, c’est une pathologie virale due à un virus (le mixovirus Influenza).

«La grippe peut se traduire par des complications graves telles que des pneumonies, une grande détresse respiratoire, voire le décès, surtout auprès des bébés et des personnes âgées», souligne Bougrine. Et pour cause, selon ce spécialiste, «l’hiver, tout un ensemble de virus circulent pendant cette période transportés par le vent».

Parmi les maladies virales les plus rencontrées cet hiver, le virus respiratoire syncicial (VRS) puis les virus Influenza et les adénovirus. Ce sont les premiers responsables des infections respiratoires du nourrisson et du petit enfant. Selon Pr Bougrine, le virus syncicial a la particularité de toucher les bronches des nourrissons et de provoquer une réduction de leur calibre.

Autre infection très fréquente cet hiver, les bronchiolites. «Elle est devenue depuis quelques années un problème de santé publique», tient à préciser Bougrine. 5% des cas nécessitent une hospitalisation. Et d’ajouter que le virus de la bronchiolite est l’un des virus le plus rencontrés, surtout d’octobre à avril, et de plus en plus de nourrissons sont hospitalisés pour cause détresse respiratoire grave secondaire à ces infections pulmonaires virales.

La bronchiolite (broncho-alvéolite) est l’infection aiguë la plus sévère des voies respiratoires inférieures chez l’enfant de moins de 2 ans et surtout chez le nourrisson de moins de 6 mois. Certains enfants présentent des récidives fréquentes. Pour l’heure, ajoute Bougrine, il existe pas encore de prévention de ce virus puisque son vaccin n’est pas encore commercialisé. A côté de cela, il y a d’autres virus simples qui provoquent le rhume. PIls sont nombreux chez le nourrisson en contact d’«agents». Ces virus sont très nuisibles pour les nourrissons parce qu’ils attaquent les voies respiratoires et provoquent une gêne, une difficulté de respirer par le nez. Or, un bébé ne sait pas respirer par la bouche, du coup il étouffe. Parfois, cela se traduit par des drames familiaux.

Selon une étude récente de l’Association de prévention et éducation pour la santé (AMAPES), effectuée auprès des médecins, la grippe saisonnière cause une mortalité élevée. 86% des médecins sondés pensent que la grippe saisonnière constitue un problème grave. Le tiers des médecins interrogés pense que le vaccin a une faible efficacité contre la grippe. D’après le sondage de l’Amapes, 93% des médecins interrogés sont confrontés à des cas de grippe, principalement en hiver (66%) contre 23% en automne. Le reste de l’année n’enregistre que 11% de cas. La grippe est donc un phénomène essentiellement hivernal et automnal. En moyenne, un médecin consulte 55 patients atteints de grippe par an. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), les épidémies annuelles de grippe causent chaque année le décès de 250.000 à 500.000 personnes dans le monde. Ces épidémies entraînent entre 3 et 5 millions de cas graves.

· Tuberculose: Cette maladie du «pauvre»!

LA tuberculose est un excellent indicateur du niveau économique d’un pays, tient à préciser Bougrine. Selon lui, tant que la tuberculose affiche des taux élevés dans un pays, tant le sous-développement y est enraciné. Au Maroc, selon Bougrine, la tuberculose n’a pas encore été éradiquée. Et pour cause, il n’y a pas eu cet acharnement qui existe sous d’autres cieux et qui consiste à remonter la filière par des dépistages, de manière à détecter éventuellement toute personne porteuse du bacile. Au Maroc, l’on se contente de traiter uniquement au cas par cas les sujets qui consultent.

La vaccination a le mérite d’éviter les cas graves de tuberculose, les miliaires tuberculeuses, les excavations… des formes foudroyantes qui peuvent causer la mort, précise le spécialiste. Un enfant vacciné a une protection, et même lorsque cette protection est franchie, il ne pourra pas développer une forme grave de tuberculose.

Selon Dr Laraqui, Le problème de la tuberculose n’est pas du tout lié au médicament. Le traitement a fait ses preuves, et les médicaments sont assez efficaces. Aujourd’hui encore, «le gros problème de la tuberculose est d’ordre socio-économique», précise le pneumologue. «C’est généralement la maladie du pauvre. Elle se manifeste dans des milieux assez précaires, des zones péri-urbaines et chez les dénutris. La promiscuité favorise la propagation de la maladie». Inversement, un climat sain, bien ensolléilé améliorerait la guérison. Ce qui explique l’existence des anciens sanatoriums, destinés au traitement de maladies chroniques et de la tuberculose notamment. Actuellement, avec le traitement le plus moderne, si le tuberculeux n’est pas bien nourri, pas bien reposé, les risques de rechute sont élevés. Mieux, un tuberculeux qui vit dans un endroit agréable, ensolleillé et bien nourri, bien reposé, aurait toutes les chances de guérir le plus vite possible par rapport à un patient qui vit dans un endroit enfermé et précaire, affirme Laraqui.❏

· Le «lit chaud»

DANS certains milieux ouvriers ou commerçants, l’on pratique, selon Dr Laraqui, la technique du «lit chaud». C’est à dire que 2 ou 3 personnes partagent parfois le même lit ou se relaient dans des conditions d’insalubrité et de promiscuité. Ce qui, il va sans dire, favorise la propagation des infections. Par ailleurs, ajoute le spécialiste, compte tenu du froid, il y a un confinement de la population, plus de tenture, de draps, de laine et de couvertures… et c’est le milieu idéal pour la multiplication des acariens. Il faut, selon Laraqui, distinguer trois pathologies durant cette période de l’année: les exacerbations d’asthme, les syndromes pseudaux-grippaux et la grippe. Les exacerbations d’asthme sont des crises chez des sujets asthmatiques en rapport avec l’humidité, le refroidissement de la température et la multiplication des acariens. C’est clair que les acariens se manifestent le plus, en hiver, à Casablanca entre septembre et décembre, affirme Laraki.

· AMO: Seul l’asthme «grave» est couvert

«Le patient asthmatique, particulièrement marocain, est indiscipliné», déplore Laraqui, et ce, dans la mesure où il suit peu traitement, pour deux raisons. D’abord par ce qu’il n’a pas été assez sensibilisé autrement d’une éducation sanitaire. Ensuite, pour des raisons socioéconomiques. L’Assurance-maladie obligatoire (AMO) ne rembourse que les asthmes graves. «Faudrait-il attendre que l’asthme soit très grave pour rembourser une consultation et un traitrement?», s’interroge le spécialiste. Selon ce dernier, «un asthme grave coûterait très cher à l’Etat». Autrement dit, si en amont, les asthmatiques ne sont pas remboursés, et s’ils ne peuvent consulter parce que leur maladie n’est pas couverte, ils vont attendre que leur cas s’aggrave. A ce moment-là, la facture sera lourde aussi bien pour l’individu que pour la société, prévient le pneumologue.

· Lorsque l’asthme est héréditaire

S’il y a de plus en plus d’asthmatiques, c’est d’abord à cause de la pollution. A cela s’ajoute un autre facteur tout aussi important: l’hérédité. Selon Mohamed Bougrine, de façon empirique, il a été démontré que lorsque les deux parents sont asthmatiques, les enfants sont eux aussi asthmatiques dans 70 à 80% des cas. En revanche, quand seul un des deux parents l’est, les enfants courent un risque d’allergie dans 40 à 50% des cas. Mais quand c’est un seul membre de la famille qui est asthmatique, on descend à une proportion de 10 à 20% chez les enfants.

En général, résume Pr Bougrine, plus il y a de membres asthmatiques au sein d’une même famille sont, plus il y a de risque que les enfants le soient.

Autre explication de l’augmentation de l’asthme: les diagnostics et autres dépistages dès le bas âge: «A mon avis, cette recrudescence de l’asthme est due certainement à un meilleur diagnostic chez les nourrissons. Aujourd’hui, les diagnostics se font assez tôt chez les enfants contrairement à quelques années auparavant. Avant, on pensait que l’on ne pouvait parler d’asthme avant l’âge de 4 ans.

Le tabagisme est un autre facteur mentionné. En irritant les bronches, il permet la propagation d’un certain nombre de maladies virales. Il est prouvé scientifiquement que «le tiers de la cigarrette fumée est paratgée avec les fumeurs passifs». C’est dire que les enfants et autres nourrissons sont ceux qui paient le plus lourd tribut du tabagisme passif au Maroc.

A. R.

 L’ECONOMISTE

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