Vers un apprentissage organisé du vocabulaire en 4^ème AEP.

Par : HICHAM  BOUGEDRAWI

Khadija est une petite fille appartenant à une école rurale. Elle est en cinquième année et elle éprouve encore des difficultés dans toutes les matières du français. Elle a toujours de la difficulté à comprendre les textes de lecture; à comprendre les dialogues de la séance de communication ; à comprendre les corpus des leçons de langue ; à comprendre les consignes des exercices et des évaluations et enfin à lire les histoires de la bibliothèque de classe. Ce problème laisse cette petite fille enfermée sur soi et ne lui permet pas une bonne communication.

La situation de khadija et ses camarades appartenant aux écoles rurales, a propos du manque du vocabulaire en 5^ème année, nous a amenée à se poser des questions sur les pratiques d’enseignement du lexique et la place du vocabulaire dans les manuels du français.( exemple : le manuel mes apprentissages en français 4^ème année).

A travers cet article nous essayerons dans un premier temps de nous pencher sur les objectifs d’enseignement du lexique en 4^ème année du primaire et sur la palce du vocabulaire dans les disciplines du français. Ensuite nous exposerons quelques définitions qui tournent autour du mot lexique. Dans un deuxième temps nous aborderons comment enseigner le lexique en 4^ème année et nous proposerons aussi quelques outils d’aide à l’apprentissage du vocabulaire. Pour finir nous présenterons des propositions de consignes d’évaluation pour vous aider à bien préparer les contrôles en classe.

les représentations des enseignants sur l’enseignement  du lexique au 4^ème année.

L’évaluation du lexique en 4^ème année, proposée par le programme (massar), a déclenché une polémique chez les enseignants travaillant avec le manuel mes apprentissages. Ils estiment que ce manuel ne propose aucune séance spécifique à l’enseignement du lexique et aucune suggestion d’évaluation, ce qui explique leur refus d’évaluer les compétences lexicales.

Pour rapprocher ces représentations nous nous sommes référés au rapport de la classe de 4^ème année du S/S Oulad Bouariss du 22 février 2014 comme exemple et aux discutions faites avec les collègues. Ainsi les remarques et les représentations des enseignants se rencontrent sur les points suivants :

–   Le manuel mes apprentissages de la 4^ème année du primaire ne propose aucune séance propre à l’enseignement du vocabulaire par contre en 5^ème année l’enseignement du lexique se présente sous forme d’une leçon proprement dite.

–   le manuel mes apprentissage propose Peu d’occasion de travail sur le vocabulaire

( exemple :la dernière étape de la séance de lecture  ^« j’enrichis mon lexique ^» textes 2 et 4).

–  Le lexique se travaille à partir des activités ^« incidentes ^» (les mots non compris dans les différentes disciplines notamment la séance de compréhension lecture).

–  Le manuel ne propose aucune activité d’évaluation du vocabulaire donc ce n’est pas la peine de l’enseigner explicitement.

–  Le lexique s’enseigne implicitement pendant la lecture et la communication orale ce qui le rend ambigue et indéterminé pour être évaluer.

Vue les représentations des enseignants, on peut conclure que l’enseignement du vocabulaire se fait à partir des activités incidentes de la lecture et de la communication orale. Pour confirmer ou réfuter ces représentations, il est primordial de s’interroger sur les objectifs d’enseignement du vocabulaire au 4^ème année, sur sa place dans l’enseignement du français et les pratiques éfficaces de son enseignement.

Les objectifs d’enseignement du vocabulaire

       Dans le manuel du maitre (mes apprentissage en français de la 4ème année) et parmi les compétences disciplinaires sitées, on trouve une qui est  relative à l’enseignement du lexique. Elle est présentée d’une manière claire et détaillée sous la forme suivante:

« En lexique, l’apprenant doit pouvoir nommer, dans les situations de la vie quotidienne, des objets, des actions,des sentiments, mémoriser et utiliser à bon escient un vocabulaire thématique précis, identifier les familles de mots.[1]

A partir des activités proposées dans le manuel de l’élève, on peut analyser les objectifs présentés ci-dessus selon quatre dimensions:

v  Enrichissement du capital lexical de l’élève à l’aide des situations de communications et des textes proposés qui appartiennent à la vie quotidienne des écoliers.

v  Développer la mémoire lexical et la mémoire sémantique. Chaque texte est doté d’un petit dictionnaire en dessous, celui-ci contient les mots difficiles expliquée d’une manière simple pour faciliter leur compréhension et leur mémorisation.

v  La catégorisation: A partir des activités d’identification des familles de mots, proposées dans le manuel, l’élève organise ses savoirs lexical. Il ajoute le nouveau vocabulaire et organise son capital dans des trais des classements et des collections.

(Exemple tiré du manuel de l’élève: relève quatre expressions qui font penser au temps qu’il fera).

v  La production: l’élève est invité à produire des phrases ou il peut réutiliser son vocabulaire. Ces activités  amènent l’élève à s’interroger sur la langue, à entrer progressivement dans son fonctionnement, à manipuler et à jouer avec les mots.

(Exemple tiré du manuel de l’élève: Choisis un élément de A et puis un élément de B et fais une phrase).

La place du vocabulaire dans les matières du français en 4^ème année. (exemple : le manuel mes apprentissage du français de la 4^ème année).

Le vocabulaire est très présent à l’oral qu’a l’écrit. Il est mentionné explicitement dans l’expression orale et la lecture et  implicitement dans tous les autres domaines d’enseignement du français. Cette présence se distingue par:

·         L’organisation du manuel (mes apprentissages de la 4^eme année du primaire) sous forme de séquences thématiques où tous les domaines disciplinaires sont abordés autour d’un champ lexical. Ce dernier garantit la découverte et la mémorisation d’un lexique spécifique et réutilisable dans la compréhension et la production orale et écrite.

·         « tout au long de la semaine, les séances d’expression orale précèdent les séances de la lecture afin de faciliter l’accès aux thèmes et aux textes à l’étude »[2]

les activités proposées ont ,entre elles, des liens thématiques et ont aussi des objectifs d’enrichissement du vocabulaire pour faciliter la compréhension écrite.

·         Pour chaque activité d’expression orale, … »un micro-dialogue ou récit présente le matériau linguistique(lexique et expression à faire acquérir) »[3].

·         Les démarches d’enseignement du vocabulaire à l’oral contiennent : la présentation, l’explication, le réemploi du vocabulaire et l’évaluation du degré de maîtrise de l’objectif de communication. (exemple : voir le livre du maitre mes apprentissage la page 93.année 2003)

·         Les textes à l’étude dans le manuel scolaire tourne autour des thèmes proposés et correspondent à différents types d’écrits. Ils garantissent une confrontation avec un lexique divercifié et élargissent le champ lexical de l’enfant.

·         En haut des textes 2 et 4 du livre de l’élève, un objectif d’enrichissement de lexique est mentionné sous forme des expressions suivantes: se constituer un capital de mots, acquérir un lexique spécifique au thème du sport, enrichir son lexique autour du mot « jeu », acquérir un vocabulaire propre au corps humain…(exemple : voir le livre de l’élève mes apprentissage la page 50.année 2003)

·         Les textes 2 et 4 proposent, dans la rubrique j’enrichis mon vocabulaire, quelques exercices basés sur des listes de vocabulaires et parfois des activites organisées autour des relations entre les mots. (exemple : voir le livre de l’élève mes apprentissage la page 96,122,136.année 2003)

Avant d’aborder les pratiques d’enseignement du lexique nous proposons quelques définitions importantes et nous préciserons quel vocabulaire l’élève doit acquérir .

Définitions

Le lexique : c’est l’ensemble des mots d’une langue.

Le vocabulaire : c’est l’ensemble des mots dont une personne dispose.

Quel vocabulaire enseigner ?

Avant de parler du vocabulaire à enseigner, je tiens à signaler qu’il faut adapter les textes, les dialogues et nos paroles avec les capacités langagières et avec le milieu socioculturel des apprenants. Le professeur doit utiliser des mots que l’apprenant connait pour présenter et expliquer d’autres nouveaux. Ainsi nous pouvons déterminer, selon l’usage et le monde qui entour l’enfant rural, quel lexique à enseigner.

–  Le vocabulaire appartenant au quotidien de l’élève avec des noms, des verbes, des adjectifs pour : désigner les objets et les lieux, les personnes appartenant au monde de l’enfant rural.

–  Le vocabulaire lié à la découverte du monde en lien avec les séquences à étudier.

–  Le vocabulaire issu des lectures guidées et autonome : les histoires des livres de la bibliothèque de classe, et les textes de lecture proposés dans les manuels.

– Vocabulaire de communication lié aux règles et aux consignes scolaire.

Comment  aborder le lexique en 4^ème année du primaire ?

De nombreux élèves de la 4^eme année sont incapables de comprendre un texte ou une petite histoire, car ils manquent de vocabulaire. Ils acquièrent le peu de lexique qu’ils possèdent, de façon aléatoire indirect, pendant les séances de lecture ou d’expression orale. Pour combler ce manque, les interventions quotidiennes des enseignants doivent se focaliser sur cinq objectifs d’organisation des apprentissages :

L’acquisition du vocabulaire par les échanges oraux.

Les échanges oraux spontanés dans le quotidien de la classe comme dans les situations d’apprentissage, entre professeur/élève et élève/élève, jouent un rôle important dans la construction du capital lexical de l’apprenant. Pour cela, Tout enseignant doit créer des situations de communication pour fournir des occasions des échanges oraux en classe où  l’apprenant utilise son bagage linguistique. Dans le cas des élèves ruraux, qui manquent de vocabulaire d’expression, Les paroles du maître sont des références et modèles qui aident les apprenants à construire et à enrichir leur vocabulaire.

Comment?

Il s’agit de multiplier et de varier les occasions de faire parler les enseignés de leurs situations personnelles authentiques et les inciter à produire des phrases signifiantes en contexte réel.

Chaque matin pendant les moments rituels, (avant de commencer les séances proposées), l’enseignant peut mener un briefing avec les apprenants pour les inciter à prendre la parole et produire des phrases.

Exemples : parler des thèmes des animaux domestiques.

L’enseignant fournit aux élèves des exemples de phrases authentiques en faisant référence à sa propre situation ou à la situation d’un ami, ou d’un proche…L’enseignant pourra dire : j’ai un chien noir. (S’il n’a pas de chien il parlera du chien du voisin ou d’un ami). Chaque élève produit sur le même modèle de phrase en parlant de son propre animal domestique. Pour faire exploiter et enrichir le vocabulaire des phrases modélisées, l’enseignant pose de nombreux questions comme :

Moi, j’ai un chien noir, gros… et toi est-ce que tu as un chien ? Comment est- il ? Mâle ou femelle ? (le cas échéant : un chat ? un oiseau ?…). Faire montrer des images d’animaux que l’élève choisit pour en parler, et à chaque fois, faire introduire des adjectifs de description, des noms de choses, des verbes pour enrichir le vocabulaire.

L’acquisition du vocabulaire par les activités de lecture

L’apprentissage du vocabulaire proprement dit, en 4ème année du primaire, passe par la lecture régulière et les activités implicites d’analyse morphologique. A ce niveau la rencontre des mots au gré des lectures ne suffit pas pour apprendre des mots nouveaux. En revanche la bonne préparation des leçons de lecture, les interventions régulières du maître et les activités de découverte et d’enrichissement du vocabulaire sont nécessaire. Celles-ci se font :

1.    pendant les séances programmées : d’abord choisissez judicieusement des textes qui conviennent aux élèves et qui contiennent des mots nouveaux, ensuite repérez les mots qui entravent la compréhension du texte avant la lecture en classe, puis essayer de les expliquer ,aux moments de la pré-lecture et des lectures individuelles, d’une façon claire et concise dans le contexte et hors contexte en utilisant du matériel concret et le langage corporel. Enfin planifier des activités, à la fin de la séance de lecture, qui permettent le réinvestissement du nouveau vocabulaire dans des contextes variés. Il faut aussi ne pas oublier de relire le même texte plusieurs fois durant la semaine pour permettre la fréquentation régulière du même vocabulaire afin de mémoriser les mots nouveaux.

2.    Pendant la lecture aux élèves et la lecture autonome : Ce sont des pratiques accrues qui peuvent jouer un rôle considérable dans la conquête du vocabulaire. Pour atteindre les objectifs désirés l’enseignant doit choisir des histoires fantastiques ou des contes amusants, faciles et illustrés que les enfants ne se lassent pas d’écouter,  ou encore de se focaliser sur des histoires ou des textes qui évoquent des thèmes plus populaire et proche des élèves ruraux( la forêt, les animaux, la cuisine, la vie à la campagne, le transport….). cette

3.    Pendant la restitution des comptines et des poèmes. Ce moment permet la découverte et la mémorisation des structures lexicales et syntaxiques.

L’acquisition du vocabulaire par la réutilisation des acquisitions dans des situations de production significatives.

Pour bien maîtriser le vocabulaire acquis il est important de créer des situations de réutilisation. Le projet de classe s’avère une occasion cruciale pour réemployer le lexique thématique de la séquence étudiée pendant les deux semaines didactique. Exemple : travailler un projet sur les animaux après avoir étudié la séquence (la nature et les animaux). Trier des mots en catégories et constituer des « familles de mots » (les animaux domestiques, les animaux sauvages)

L’acquisition du vocabulaire pendant toutes les disciplines du français.

En classe, le vocabulaire s’acquiert, la plupart du temps, de manière intégrée dans toutes les situations d’apprentissage. Les séances des leçons de langue, les moments informels (les rituels d’accueil, à l’occasion de la rencontre de mots nouveaux, avant la sortie des classes…), et les moments spécifiques(les semaines de remédiation, les activités ludiques…) sont des occasions pour acquérir un capital de mot. L’enseignant présente et explique des mots nouveaux chaque jour : mots rencontrés pendants une lecture d’une consigne, mots appartenant à un corpus d’une leçon de langue, mots tirés d’une liste affichée au mur d’affichage…il faut s’assurer que les mots expliqués soient bien retenus et que l’élève peut les réemployer dans d’autres contextes.

La structuration du vocabulaire en favorisant l’organisation des mots en réseau

      Apprendre les mots isolés de leur contexte d’emploi serait une perte de temps puisqu’ils seront aussitôt oubliés. Il semble plus utile de travailler les mots en relation avec d’autres en s’interrogeant sur le radical qu’ils partagent, sur les différences et les ressemblances. Cette stratégie  permet aux apprenants, après un entrainement et une exposition régulière, de déterminer d’une manière autonome la signification des mots nouveaux qui appartiennent au réseau. 

Pendant les séances de lecture faire découvrir aux élèves les relations qui existent entre les mots à partir des activités ludiques. Exemple : Donner des synonymes pour reformuler des phrases du texte, trouver l’antonyme, regrouper des mots par catégories  ou trouver d’autres mots de la même famille, initier les élèves à utiliser le dictionnaire, trouver le radical connu dans un mot et deviner le sens, classer les mots par catégories sémantiques (noms de personnes, d’animaux, de choses…)

Quelques outils d’aide pour enrichir le vocabulaire

Pour conserver les mots appris et permettre leur réinvestissement. Nous vous proposons quelques outils à utiliser régulièrement dans toutes les disciplines du français.

Les cahiers ou carnets de vocabulaire.

–  le cahier de mots est un outil important pour l’apprentissage du vocabulaire proprement dit. Il pourra accompagner l’élève tout au long de sa scolarité comme un petit dictionnaire. A chaque mot appris l’élève note le nouveau mot avec sa définition ou ses synonymes ou ses antonymes.

–  Le carnet de mots : D’après un texte ou une histoire lue, le professeur définit des critères de tri et demande aux élèves de trier les mots selon leur nature ou ce qu’ils désignent :

Exemple : classer les mots rencontrés  dans le texte selon leur nature ou ce qu’ils désignent : nom de personne, nom de chose, d’animaux, d’insecte…

Caractères d’un personnage (intelligent, bon, courageux…)

Les activités ritualisées

–  La phrase du jour : proposer un mot et demander de construire une phrase. Elle sera notée au TN et dans le cahier du vocabulaire.

–  Retrouver un mot : chaque élève choisit  un mot du texte étudié et le propose à ses amis isolé ou dans une phrase.

–  Mots à compléter : proposer un mot et demander de compléter la série.

Le mur d’affichage

–  faire des listes thématiques et les faire affiché en classe:

Exemple : après avoir découvert le nom d’un animal, amener les enseignés à donner le nom d’autres animaux qui vivent dans le même milieu.

–  Faire des collections : les mots qu’on a besoin pour :( travailler en classe, pour se présenter, décrire une personne…)

Le dictionnaire

L’initiation à l’utilisation du dictionnaire est un objectif important pour tout enseignant. L’enfant doit comprendre que le dictionnaire est un référent crucial qui englobe tous les mots de la langue avec leurs définitions. Pour son importance, le professeur doit organiser des activités afin d’habituer les enseignés à se repérer dans un dictionnaire.

Comment évaluer ?

   Les séquences à thème qui font partie du quotidien de l’apprenant, en plus de leur importance dans l’enseignement du vocabulaire, permettent d’aider les enseignants à déterminer le champ de mots qui sera l’objet d’une évaluation. Alors le professeur doit déterminer le vocabulaire à évaluer et bien structurer ses situations d’évaluations.

Pour vous aidez dans le choix des consignes d’évaluation, nous vous proposons quelques exemples :

·         Trier des mots en catégories et constituer des « familles de mots » (les animaux domestiques, la nourriture, les couleurs…)

·         Constituer des groupes de mots : Exemple : fruits. légumes….

·         Relever, dans un texte, des mots qui tournent autour d’un sujet ou d’un mot clé.

·         Relie chaque mot avec sa définition.

·         Choisis dans la liste suivante, ce qui fait penser à la mer.

·         Voici une liste de….. classe-les en deux groupes.

·         Proposer deux groupes de mots. Relie les contraires.

·         Relève dans cette liste le mot qui n’appartient pas à la famille du mot ….

·         Relève l’intrus.

Conclusion

En bref, nous tenons à signaler que l’acquisition du vocabulaire en 4^ème année, suppose que l’enseignement du lexique soit l’objet de tout apprentissage. Les enseignants doivent donner plus d’importance et de temps à cet apprentissage en dehors des activités de lecture. Ils doivent outiller leurs élèves de stratégies pour faciliter l’accès au sens des mots nouveaux et acquérir une certaine autonomie.

Pour réussir ce dernier objectif,  l’enseignant doit se former à savoir mettre en œuvre des activités d’apprentissage de vocabulaire, à fournir les outils de travail, à préparer les conditions favorables et les ressources suffisantes pour enseigner la lexique.

HICHAM BOUGEDRAWI