Le chômage des diplômés : une souffrance quotidienne
Quand un élève décroche son baccalauréat, l’euphorie bat son plein. Tout le monde rend visite à la famille pour présenter les congratulations escomptées, partager la liesse de cette famille et souhaiter à cet élève  un nouveau poste d’emploi ou s’il est fortement chanceux les visiteurs peuvent lui souhaiter un accès  à une école prestigieuse à même de lui garantir un emploi stable et bien rétribué et le pire rêve  qu’on peut souhaiter à cet élève studieux et consciencieux est de se rendre de plein gré à l’université publique en vue de décrocher un nouveau sésame qui le conduit inéluctablement à une destination connue :renflouer le rang des diplômés chômeurs qui observent des manifestations répétitives et  des sit-in devant le parlement avec un état psychique grave et une situation matérielle pathétique.
Il est clair que l’université nationale qui se débat dans une profonde crise a une mauvaise réputation car elle est devenue une fabrique de chômeurs au lieu d’être un espace rayonnant de culture et de diffusion de savoir académique de haut niveau.
Bien que nos universités regorgent de professeurs émérites qui font preuve de travail assidu et de don de soi, le niveau de nos étudiants laisse beaucoup à désirer et la formation qu’on leur dispense, aussi solide et efficace soit-elle, est en parfaite inadéquation avec le monde de l’entreprise qui exige des compétences linguistiques, méthodologiques et communicationnelles que la quasi-totalité de nos étudiants sont loin de satisfaire. Parmi les compétences requises figurent d’emblée la parfaite maîtrise des langues étrangères et en particulier le français et l’anglais pour ne pas les citer. En plus, le marché de l’emploi recommande une culture générale, des savoir-faire, de la technicité, du professionnalisme, le partage des valeurs de l’entreprise, un esprit critique, un esprit d’analyse et de synthèse.
Sans conteste, quand un diplômé titulaire d’une licence ou d’un master se présente devant un directeur des ressources humaines pour postuler  un poste d’embauche, le courant ne passe pas aisément entre eux, car la culture de l’un est diamétralement opposée avec la culture de l’autre. Ce statu quo qui est loin de changer, amène un parterre de diplômés du supérieur à ne jamais mettre les pieds au sein d’une entreprise car au fond ils sont résolument persuadés que leur véritable place est l’intégration effective et sans conditions préalables dans la fonction publique. Pour mettre la pression un peu plus sur la coalition gouvernementale, les jeunes font preuve d’innovation au niveau des actions protestataires pour inciter les responsables à leur trouver une solution rapide et immédiate. Or les experts savent pertinemment que la problématique du chômage est complexe, lancinante et épineuse. Ceci dit, il urge de trouver la solution crédible et fiable à ce fléau social à travers la refonte de notre système éducatif pour épargner les générations montantes et via une croissance économique forte susceptible de résorber ce taux du chômage qui monte annuellement d’un cran.
Le gouvernement doit s’atteler à hiérarchiser ses priorités, à mettre sur pied une politique sociale innovante, qui place l’emploi au cœur de sa stratégie. Notre pays n’a pas de pétrole, sa grande richesse est son capital humain qui doit trouver sa place respective. Nos décideurs ne doivent ni exclure cet immense trésor ni le laisser sur le carreau.
Barkaoui Khalid
Ecole :OKBA BNOU NAFIA