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Le recours à l’Internet : entre la créativité méritoire et le plagiat dévalorisant

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Le recours à l’Internet :
entre la créativité méritoire et le plagiat dévalorisant
1. l’effort de créativité
Les progrès spectaculaires réalisés depuis un certain temps  dans le domaine de ce qui est communément appelé les nouvelles technologies de l’information et la communication ont induit un bouleversement non moins spectaculaire dans notre quotidien. Nonobstant ses aspects indubitablement positifs qui feront l’objet d’une prochaine publication, ce bouleversement pourrait être qualifié de dévalorisant, voire asservissant.
L’océan dans lequel naviguent presque en non-stop ceux et celles qu’on dénomme « les internauts » étant aussi large que profond et plein de remous, je limiterai ma réflexion à quelques aspects de ce phénomène pour le focaliser sur l’exemple de la production d’un écrit.
Avant l’avènement donc de cette merveille survenu il y a quelques décennies, toute personne, physique ou morale fût-elle, appelée à produire un écrit sous quelque forme que ce fût et dans quelque domaine que ce fût, devait charger ses cellules grises à bloc, fertiliser son imagination à fond et puiser dans le plus profond de ses entrailles pour trouver l’inspiration qu’il fallait, les termes qui convenaient et la forme qui la satisfaisait et satisferait le lecteur/lectrice. En sus de ses capacités intrinsèques et son potentiel créatif, cette personne, dans le dessein d’étayer, d’amener la conviction, d’argumenter, d’appuyer, de confirmer ou d’infirmer, et au final de meubler l’ossature de son œuvre et lui donner corps, cohérence et crédibilité, avait inévitablement recours, selon le cas,  à ce qui est communément appelé « la documentation ». Ce recours à la documentation, effort personnel par excellence et illustratif du don de la créativité,  revêtait moult formes.
Pour circonscrire davantage et fixer un tant soit peu les idées, je dirai que tel était notre cas dans les années 60 lorsque nous avions le devoir de traiter un sujet de rédaction (ou de dissertation) à la demande de nos éminents professeurs. Nous devions , en plus de la matière grise déclinée plus haut, plancher sur tous les ouvrages se rapportant au sujet, compulser la presse écrite ( je dis bien écrite), passer des nuits blanches pour rassembler, synthétiser, recouper, interpréter ….. dans  l’ultime but de donner vie à un produit valable tant au plan de la forme qu’à celui du fond. Les discussions et les échanges d’idées entre camarades de classe constituaient également une pratique courante, les barrières de l’égoïsme et la folie des grandeurs étant, dans la majorité des cas, bannies des habitudes. Sans oublier la consultation de nos anciens des classes supérieures ( nos aînés) , le complexe étant, là encore, proscrit des mentalités. L’ensemble de ces efforts devaient concourir à satisfaire et nous même et notre éminent professeur, l’ultime récompense étant une bonne note. Le niveau supérieur de cette dernière ne dépassait guère le 15 ou 16/20, la complaisance et l’indulgence gratuite n’étant point au menu naguère.
Le même scénario se répétait pour les matières philosophiques, scientifiques, techniques et autres,  pour lesquelles nous devions, là encore,  compléter le cours donné en classe par d’autres lectures, toujours par le biais de livres et d’ouvrages, ces amis fidèles et irremplaçables : manuel des exercices corrigés, précis de philo, romans, oeuvres littéraires et autres publications.
Plus tard, au cours des études supérieures, nous étions appelés à réaliser des travaux personnels, soit en cours de cursus (   rapports de stage, restitution de voyages d’études, étude thématique en amphy ….),  soit en fin de parcours pour élaborer un travail de fin d’études qui donnait droit au sésame. Dans ce cas également, l’étude bibliographique, passage obligé pour tout travail de recherche, nécessitait la compulsation de tout ce qui se rapportait au sujet. Nous devions alors prendre d’assaut  toute structure à même de nous fournir cette matière première. Je l’appelle « matière première » pour la suite de mon propos. Ces structures, bien fournies et bien gérées à l’époque – contrairement au présent- étaient, par exemple,  la bibliothèque de l’Institut, le Centre Documentaire de l’Université, la bibliothèque municipale …. On y passait des journées entières, en non-stop, dans un silence de mort et une discipline de fer. Même les heures creuses étaient mises à profit pour bosser et plancher ; ce qui n’a rien à voir avec l’anarchie, le désordre, l’incorrection et le laisser-aller qui sévissent actuellement dans ce qui devrait être considéré comme  les creusets et les temples de la Science et du Savoir. Mais cela est une autre histoire qui n’intègre pas mes présents propos. Peut-être  ultérieurement.
Plus tard enfin, dans l’exercice de nos fonctions, qu’elles furent académiques, scientifiques, techniques, commerciales ou autres, dans le public ou dans le privé, nous devions, là encore, faire appel à nos capacités personnelles créatives pour être à la hauteur de notre tache. Là encore, les exemples ne manquent pas. Je n’en citerai qu’un seul, à titre illustratif : l’évaluation de tout projet  nécessitait d’ingurgiter et de compulser ces fameux rapports d’activités qui font la gloire ( ? ) de notre chère Administration, dépoussiérer les archives, fort heureusement bien tenues et bien classées à cette époque des années 80 et 90, le tout pour les besoins de ces non moins fameux bilans annuels dont l’élaboration studieuse dans un souci de perfection ont usé la plupart de nos organes sensoriels (notamment la vision et l’ouie) et détérioré ( partiellement heureusement) nos cellules nerveuses, les seules à ne pas se régénérer dans notre organisme.
Voilà ainsi décrites, ces différentes étapes franchies par la plupart de nous , nous qui sommes au crépuscule de notre vie, et qui n’avions comme seul appui et unique allié pour notre scolarité et nos fonctions, hormis nos capacités intrinsèques, que le livre. Je mets derrière ce terme, que j’emploie avec sa connotation la plus noble et son champs d’application le plus vaste, tout écrit  (roman, essai, thèse de fin d’études, journal, revue statistique , revue tout court….etc.)  qui,   pour être rentabilisé, devait  être lu, exploité , étudié et interprété. Ces diverses formes d’utilisation de ce fidèle compagnon de route d’antan ne constituait qu’une étape dans la préparation et la finalisation du travail attendu. L’effort et le mérite avaient toute leur signification et leur lettre de noblesse.
Telles sont résumées les péripéties que devaient traverser cette personne à laquelle j’ai fait camper, pour les besoins de démonstration,  les rôles successifs de lycéen, puis celui d’étudiant et enfin celui de travailleur. Un véritable parcours du combattant.
Ainsi donc, l’appréciation formulée par le professeur et la note attribuée à la rédaction-dissertation de notre lycéen ou notre collégien aura été bien méritée.
Ainsi donc également, la mention « très honorable » décernée par le jury à notre étudiant pour l’excellence de son travail de recherche et l’éloquence de sa soutenance aura été bien méritée.
Ainsi donc enfin, la promotion ou l’augmentation d’échelle décidée par la hiérarchie pour notre salarié et/ou les performances enregistrées par son entreprise auront été bien mérité
Qu’en est-il présentement ?
L’avènement de l’Internet et ses dérivés ont changé le cours des choses par une facilitation spectaculaire dans l’exécution de tout travail. Les inductions de ce phénomène sont autant positives que négatives. C’est ce que je développerai dans la prochaine partie de ma modeste contribution.

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