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LA PEUR DE LA PAUVRETE

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  LA PEUR DE LA PAUVRETE

   La pauvreté est chez nous un phénomène dont un large secteur des élites nie la réalité de masse. Nous avons tellement honte de nous-mêmes qui avons pris l’habitude de supporter l’insupportable ! On préfère ne pas y penser.

Le lien direct entre l’extrême accumulation de fortune et l’extrême pauvreté est occulté. De façon évidente, le système libéral a rationné le grand nombre pour donner aux privilégiés. Alors ceux qui avaient peu n’ont plus rien eu.  Mais surtout, en faisant reculer les droits du travail au nom de la flexibilité, on a désarmé et atomisé la classe des salariés.

La maltraitance sociale des femmes diffuse la peur dans tous les foyers. La peur du déclassement joue un rôle terrible dans la diffusion de l’égoïsme social. Ce cercle vicieux s’autoalimente si bien ! La visibilité des pauvres, sauf dans les lieux de séjour des riches, ne chagrine pas le système alors même qu’elle prouve son échec humain.

Plus il y a de pauvres visibles, plus on craint de le devenir. Et moins on se bat de peur de perdre ce que l’on a. Moins on se bat, plus la déréglementation avance et plus il y a de nouveaux pauvres. Cet enchaînement, aux allures de machine infernale, explique qu’autant de gens augmentent leurs revenus de façon aussi indécente et que si peu se révoltent.

Ce que le rapport des forces social ne permet plus dans le moment, il faut donc le récupérer par l’usage des droits civiques. Autrement dit, la révolution citoyenne sera le bras législatif de la récupération sociale à laquelle il faut procéder.

Mais entre temps les riches ne cessent de reprendre leur refrain de prédilection : « il ne faut pas avoir peur de prendre.  Et de prendre beaucoup à ceux d’en haut ». Quelle fête permanente est notre époque pour les puissants ! Ainsi le nombre  des riches s’est envolé en même temps que celui des pauvres.

Comme le dit « pudiquement » un journal, « les inégalités se creusent irrémédiablement et irréversiblement par l’extrémité supérieure » ! Qui peut croire qu’une telle goinfrée va s’arrêter de bon gré ?

Les gavés se sentent dans leur bon droit. Pour leur reprendre l’assiette, il faut  que s’instaure un rapport de forces,   et de prise de conscience civique de haut niveau.

Et pas moins qu’une révolution franchement citoyenne, pour que certaines grosses bouches à fric soient disciplinées et que toutes les bouches des pauvres n’aient plus faim ni soif.

Cependant, au lieu de se contenter des richesses qu’ils possèdent, certains riches multiplient des transactions parfois même frauduleuses, dans le but d’accumuler des fortunes faramineuses. Ils essaient, des fois, malgré tout, de se faire bonne conscience, en invitant un groupe de pauvres à une sadaka de couscous, de viande de brebis, et du thé à la menthe.

 Evidemment, ce ne sont pas des offrandes de ce genre qui vont faire en sorte que les pauvres deviennent riches, un jour. La règle impitoyable à  laquelle se réfèrent ces riches ne permet guère de penser ni d’agir dans cette direction !

Toujours « pudiquement », ils reprennent leur refrain de prédilection : « ce n’est pas de notre faute si les pauvres demeurent indéfiniment démunis ! ».

« Mais, c’est  bien pour cette raison que je me bats, s’exclame un richissime du village, comme un forcené de peur de devenir comme ces pauv’gars ; je tremble, je frissonne  rien qu’à l’idée de le devenir,  un jour ! »

DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui

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