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La ruine de l’école et de l’hôpital publics

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La ruine de l’école et de l’hôpital publics est due en grande partie à l’essor de l’école et des cliniques privées. Depuis un certain temps, le citoyen a vu émerger et pousser comme des champignons en terre abandonnée des écoles et des cliniques privées. Comme il n’y a pas plus beaux édifices qui séduisent l’œil et ravissent le regard que ceux de ces deux établissements privés, il n’y a pas édifices plus délabrés et plus blessants pour le regard que ceux de ces deux établissements publics. L’émergence des premiers et le déclin des seconds s’expliquent par le fait que l’Etat a abandonné le secteur de la santé et de l’enseignement à la rapacité des investisseurs qui ne sont pas allés du dos de la cuiller. En effet, l’état de vétusté avancée de l’infrastructure des écoles et des hôpitaux publics, la précarité des équipements scolaires et médicaux, le manque, l’insuffisance ou la mauvaise formation du personnel enseignant ou soignant, l’incapacité de l’Etat à mener à bon port ces deux secteurs clés, ont contribué à la dégradation de l’enseignement et de la santé et par conséquent à leur ruine. Ainsi donc, l’école et la clinique privées sont nées de la mort de l’école et de l’hôpital publics. Il s’avère, en dernier ressort, que toute concurrence entre le public et le privé est impossible à envisager car le sort du premier est scellé d’avance au profit du second. Les citoyens, faute de mieux, sont contraints de s’orientent vers le privé, non que celui-ci soit meilleur dans la qualité des soins qu’il offre ou de l’enseignement qu’il dispense mais parce qu’ils n’ont pas le choix, du moins pour ceux qui on de l’argent. Quant aux classes pauvres ou défavorisées, elles seront obligées par leurs conditions à fréquenter le public. La qualité des soins qu’offrent les cliniques privées et la qualité de l’enseignement que dispensent les écoles privées sont tributaires de la qualité des médecins et des professeurs, de l’administration privée et de l’administration publique. Or, les cliniques et les écoles privées emploient à temps partiel des médecins et des enseignants de l’hôpital et de l’école publics, que l’Etat a formés pour ses propres besoins, moyennant salaire, retraite, congés payés et couvertures sociale et sanitaire. Le privé n’a donc pas ses propres cadres mais emploie ceux du public. Comment se fait-il alors que ces cadres soient performants et compétents dans le privé et ne le soient pas dans le public ? On est peut-être tentés de répondre que le privé est mieux équipé que le public. Cela est en partie vrai pour la santé mais pas pour l’enseignement. Or, si les médecins et les professeurs sont plus compétitifs et plus performants dans le privé que dans le public, cela s’explique en premier lieu par la rémunération juteuse que leur offre le privé. C’est une véritable manne qui coule à flot et qui va directement dans leurs poches, toutes taxes comprises ou, exonérée de toutes taxes. Mais c’est également et surtout une sorte de contrebande que pratiquent les médecins et les professeurs en cumulant entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est du mercenariat puisque, si ce n’en est pas un, c’en est une forme, et des plus répandues et des moins combattues. Elle est au contraire presque légale, reconnue, qui s’exerce de manière tacite, de main à main, presque sous le manteau. Le privé se repait donc du public dans le silence ou avec la complicité des décideurs, de ceux que nous avons nommés pour qu’ils décident à notre place et en notre faveur, c’est-à-dire en faveur de la majorité des citoyens qui n’a pas les moyens de scolariser ses enfants dans les écoles privées ou se faire soigner dans les cliniques privées. Nous avons l’école et l’hôpital publics qui, d’un côté, se détériorent de jour en jour, les nombreuses vidéos que nous voyons défiler sur Facebook et whatsapp en témoignent, honteusement, et de l’autre, l’école et la clinique privées qui fleurissent et voient affluer vers elles les classes favorisées. Que reste-t-il donc de l’école et de l’hôpital publics ? Que reste-t-il donc aux pauvres citoyens qui n’ont pas d’autres alternatives que l’école et l’hôpital publics ? Si l’Etat a levé sa main sur ces deux secteurs, c’est pour les livrer à la rapacité et à la voracité des investisseurs. C’est également pour abandonner à leur sort les pauvres citoyens.

Le malheur de l’école et de l’hôpital publics leur vient des responsables politiques eux-mêmes. En effet, les responsables politiques scolarisent leurs enfants dans les écoles privées ou à l’étranger et se font soigner dans les cliniques privées ou à l’étranger. C’est pour cette raison qu’ils ont livré l’enseignement et la santé publics à la cupidité des investisseurs. Par la même occasion, ils ont abandonné les classes pauvres à se contenter de ce que leur offre le public.

La réhabilitation de l’école et de l’hôpital publics doit nécessairement s’appuyer sur la nécessité de les équiper de manière suffisante et moderne et d’interdire aux hommes politiques et à leurs familles de se faire soigner à l’étranger.

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