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Bataille de leadership au sein de La Gauche entre l’USFP et le PPS

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Par : Abdelhak Riki
Le scrutin électoral du 07 octobre 2016 présente plusieurs facettes, la plus importante est celle du plébiscite du parti qui dirigera le gouvernement : apparemment, ça se jouera entre le PJD et le PAM. L’autre, est celle du leadership de Gauche, entre deux formations, l’USFP et le PPS, issues du mouvement national, alliées de longue date avant de consommer une rupture stratégique en 2011.
En effet, l’USFP avait décliné l’offre des islamistes du PJD de rejoindre la coalition gouvernementale issue des élections anticipées de 2011, alors que le PPS avait décidé de répondre favorablement à la proposition du PJD en participant à un gouvernement singulier dans l’histoire politique marocaine.
Aujourd’hui, les deux principaux partis, de la gauche historique marocaine, sont diamétralement opposés sur la vision des enjeux politiques et des stratégies à poursuivre. L’USFP a décidé de se reconstruire dans une démarche d’opposition aux islamistes et donc d’alliance avec le principal parti d’opposition, le PAM, qu’il décriait hier encore comme étant le « nouveau venu » des Partis administratifs. Quant au PPS, il n’a pas hésité à renouer son alliance avec les islamistes du PJD pour participer à une nouvelle coalition gouvernementale présidée par ce dernier en cas de sa victoire en 2016.
Il est évident que les résultats de ces deux partis, USFP et PPS, aux prochaines élections auront un impact sur les structures organisationnelles internes propres et renforcement ou affaibliront les alliances avec les deux protagonistes majeurs de la scène politique nationale, le PJD et le PAM.
Mais avant de se prononcer sur des projections futures, il serait utile de tirer le bilan de ces deux partis durant les dernières années, depuis les élections législatives de 1997 à celles de 2011. Ensuite, entre les élections législatives de 2011 et celles locales de 2015, ces dernières pouvant être considérées comme une réponse citoyenne aux stratégies des deux partis.

Graphique 1 : Évolution de l’USFP et du PPS en nombre de sièges parlementaires
entre 1997 et 2011
Le graphique n°1 nous permet de relever trois indicateurs importants. D’abord, le leadership incontestable de l’USFP en 1997, premier Parti de la gauche marocaine avec presque 60 députés dépassant de loin le PPS avec sa dizaine de parlementaires. D’ailleurs l’USFP présidera en 1998, le premier gouvernement d’alternance au Maroc avec la participation, entre autres, du PPS. En 2002, les deux partis semblent perdre des députés, l’USFP passant de 57 à 50 parlementaires et le PPS presque laminée passe de 9 à 3 parlementaires.
Avec ces 50 parlementaires et sa pole position, l’USFP sera privée de la reconduction de son leader Abderrahmane El Youssoufi dans ce qui sera connu comme la renonciation à la « méthodologie démocratique ». En 2007, l’USFP payera chèrement sa participation « incomprise » au gouvernement du technocrate Driss Jettou, nommé Premier ministre en 2002. L’USFP perdra 20 députés par rapport à son meilleur score, celui de 1997. Et depuis, il semble stagner dans cette position.
Quant au PPS, il semble s’être mieux tirer d’affaire en remontant la pente, grâce à ses 17 élus en 2007 contre trois en 2002, soit un gain de 14 sièges. Les élections de 2011, les premières du printemps arabe, maintiennent ces deux partis de gauche dans le statu quo (39 pour l’USFP et 18 pour le PPS) et consolident les islamistes du PJD comme première force nationale.
Première conclusion : le déclin de la gauche est réel, il commence en 2002 et s’accentue en 2007 et se maintient en 2011. Il est plus prononcé pour l’USFP qui perd sa position de principal parti d’opposition. Quant au PPS, petit Parti de gauche, il semble mieux résister, en montrant une capacité d’adaptation aux enjeux politiques changeants.
Il serait utile de se pencher sur la valorisation citoyenne à travers les urnes des deux stratégies antagoniques des deux partis de gauche, l’USFP et sa stratégie d’opposition frontale au gouvernement islamiste du PJD et celle plus pragmatique du PPS qui a décidé une alliance avec les islamistes dès 2011.
Alors qu’en est-il des résultats de ces deux partis de gauche lors du scrutin local de 2015, soit au bout de quatre années de gestion gouvernementale du PPS avec le PJD et d’opposition dans le cadre d’une alliance de l’USFP avec le PAM ?

Graphique 2 : Évolution en nombre d’élus locaux de l’USFP et du PPS
entre 2009 et de 2015
Le graphique n°2 indique une évolution ascendante des deux partis en nombre d’élus locaux. Mais c’est l’analyse en taux de progression qui est la plus significative. Ainsi si l’USFP semble se maintenir en glanant 2656 élus en 2015 contre 2534 en 2009, soit 122 nouveaux élus; le PPS enregistre une progression fulgurante en gagnant 816 nouveaux élus portant sa représentativité locale de 950 élus locaux en 2009 à 1766 en 2015, un taux de croissance de 86 % contre 5 % pour l’USFP.
Toutes choses égales par ailleurs, on peut conclure que la stratégie du PPS, de conclure une alliance avec le PJD et de participer au gouvernement, est mieux valorisée par les électeurs que celle de l’USFP dans l’opposition et son penchant pour le PAM.
Et qu’en-il de la progression en terme de bulletins de vote? À ce niveau, on prendra comme base de départ, le score obtenu par l’USFP depuis sa participation au processus électoral en 1976. C’est celui de 1997 avec presque 900 000 bulletins de vote en sa faveur. Un record historique à l’époque.

Graphique n°3 : Évolution en nombre de voix de l’USFP et du PPS
entre 1997 et 2015
Le graphique n°3, confirme de manière nette, d’une part la confiance des citoyens dans la stratégie choisie par le PPS,  d’autre part le grave déclin de l’USFP, et enfin la réduction du gap électoral entre ces deux Partis de gauche. Ainsi l’USFP a perdu 320 927 électeurs entre 1997 (884 061 votants) et 2015 (uniquement 563 134 bulletins) ; alors que le PPS a gagné 147 897 nouveaux électeurs entre 1997 (274 862 votants) et 2015, année record pour le PPS, avec 422 759 bulletins en faveur des camarades de Nabil Benabdellah…
Quant au gap entre les deux partis, qui était énorme en 1997 et en faveur de l’USFP avec 609 199 voix de différence par rapport au PPS (884 061 voix pour l’USFP contre 274 862 voix pour le PPS), il a chuté de manière drastique en 2015 aux alentours de 140 375 (563 134 voix pour l’USFP et 422 759 voix pour le PPS)…
En conclusion, il est évident que la stratégie adoptée par le PPS semble la plus valorisée par les électeurs et que la politique et les positions de l’USFP ne trouvent pas d’écho auprès de l’électorat de Gauche.
Alors, au vu de ce qui précède, on est en droit de se demander si cette tendance va se confirmer lors des élections législatives du 07 octobre 2016 au point de bousculer le leadership de Gauche en faveur du PPS au détriment de l’USFP et créer « un sorpasso » à la marocaine ?
Abdelhak Riki
Rabat, le 27 septembre 2016

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