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RAMADANIYAT*** 3

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2- LA RUPTURE DU JEUNE APPELE  AL IFTAR (ou F’TOUR)

L’image ci-après, illustre comme vous le voyez un lot de délicieuses dattes et un HADITH interprétant la satisfaction chez le jeûneur, dont voici une traduction : « LA SOIF EST PARTIE, LES VEINES SONT HUMECTEES ET LA RECOMPENSE EST CONFIRMEE SI DIEU LE VEUT »

Au retour de la mosquée, après avoir accompli la prière du MOGHREB, les prieures rentraient chez eux pour prendre le F’TOUR, en compagnie de leurs femmes et de leurs enfants, éventuellement d’autres membres de la grande famille.

Pour rester dans la description de nos coutumes, tel que ce FTOUR et ses composantes, essayons d’examiner les particularités de ses délices et son organisation et de ce moment crucial :

Dans la région de l’Oriental, cet important repas se résume en un café au lait accompagné de mets de forme carrée à multi couches  faites de pâte très fine  à base de farine de blé tendre (LAMSAMMAN ou RGHAYEF) cuites  dans de l’huile et badigeonnées au beurre ou à l’huile d’olive et des fois au miel, ou d’autres types de gourmandises telles les crêpes chaudes qui sont en forme de galettes pâteuses et poreuses ( KHRINGOU ou BAGHRIR appelé aussi mille trous), préparées  à la marocaine. Des fois c’est une grande galette de blé tendre appelée MATLOUAE (munie de levure) qu’on fourre au milieu de beurre, de miel ou d’huile d’olive après cuisson à la maison sur une plaque de métal et juste au moment où on veut s’en servir, ou encore celle de maïs ou de semoule appelée HARCHA (rude) ou farine quelconque appelée FTIRA (dispensée de levure), elles sont pétries dans un peu de beurre ou un peu d’huile d’olive et cuites de la même façon. Ces dernières rassembleront autour tous les membres de la famille traditionnelle présente, des grands parents aux petits fils, vivant sous le même toit. Elles comportent de la BARAKA (faveur divine).

Cette entrée est suivie d’une HARIRA, une soupe à base de bouillon, tomates, persil, céleri et d’autres herbes avec de petits morceaux de viande ou de poulet, le tout assaisonné de plusieurs ingrédients dont quelques-uns assez spéciaux et conçus à cette fin, choisis par la maitresse de maison qui les avait sélectionnés elle-même chez le marchand d’épices (L’AATTAR) quelques jours avant le RAMADAN , mis au soleil pour bien sécher avant de les écraser dans un mortier à l’aide d’un pilon, puis les bien tamiser. A ce savoureux liquide, on additionne en remuant durant un bon moment sur un feu doux et vers la fin de la cuisson une dose de farine fluidifiée laissée fermenter depuis la veille, qui sera versée dans le mélange. La soupe est garnie aussi de pois chiches tendres, d’autres féculents et de vermicelle. Pour plus de goût, elle sera agrémentée de beurre rance en fin de cuisson. Sa préparation dure à peu près quatre heures. Cette délicieuse soupe marocaine, unique au monde du point de vue aliments et ingrédients qui la composent est devenue universelle. On peut la trouver en substance concentrée dans des sachets aux épiceries modernes et sur les rayons des grandes surfaces pour satisfaire particulièrement les familles marocaines non disponibles à la préparer.

Comme repas principal au FTOUR, ou de résistance, elle est accompagnée de dattes, de figues sèches et  de CHEBBAKIYA, petits gâteaux en forme de lettres asiatiques préparés par la maitresse de maison ou à défaut achetés chez l’un des spécialistes à la MEDINA ou au village (à TAOURIRT, c’était Ssi Mohamed SFANJI- le marchand de beignets -, que Dieu ait son âme, qui se convertissait à cette tache durant le mois de RAMADAN). C’est un vrai délice ! Riches en calories, ils sont frits dans de l’huile et trempés dans du miel. Ils complètent et ornent l’envie de la table. Les œufs dure peuvent être aussi utiles pour jouer leur rôle dans cette nutrition. Quant aux différents jus, ils restent un moyen d’apaiser la grande soif, surtout dans les régions semi désertiques comme celle de l’Oriental, mais surtout un élément luxueux du repas. Dans les autres régions du Maroc, particulièrement dans la région occidentale, comme entrée, on se sert de LAHRIRA qui sera suivie de café au lait.

Cette recette de LAHRIRA que je viens de résumer et de tout ce qui puisse l’accompagner ne sont respectés que depuis près d’un demi-siècle à peu près, car dans le temps, souvent ce FTOUR n’était que sous forme de pauvre bouillon excessivement farineux ou à défaut, ce n’était que l’MA- TAYEB- wa- ZGHARET (de l’eau bouillante et de maigres petites choses), précédé d’un café noir ou d’un thé au pain nu si on en trouvait , la misère alors battait son plein ; ce fut l’année du BON (AAM L’BOUN – j’ai effleuré plus haut cette malheureuse époque -).

Elle reste tout de même durant les autres mois de l’année pour certains l’unique et principal repas du soir  accompagné de pain pour combler le grand vide, comme elle pourrait être en hiver aussi leur petit déjeuner pour se réchauffer les tripes afin d’affronter durant les premières heures glaciales les pénibles besognes. Il en est de même chez les familles semi-rurales résident en ville  qui la servent le matin au lendemain d’une nuit de noce comme petit déjeuner aux invités, avec du pain blanc du boulanger, ramené à la première heure du four, tout chaud encore, car c’est toute une population en mouvement qui venait d’accompagner les mariés et qui était restée à la  merci de l’orchestre  en dépensant de l’énergie jusqu’au lever du soleil sur le toit de la maison ou à l’extérieur sous la grande tente pour se sentir avec un ventre creux et épuisés ; ceci afin de leur combler un vide stomacal. C’est nutritif et moins couteux. Ceci est un autre sujet, revenons à notre F’TOUR.

Dans d’autres régions, autres que celle de l’Oriental du Maroc et du RIF, pour diversifier, d’autres types de soupes sont préparées au F’TOUR durant ce mois sacré et prises d’abord comme entrée (LAHSSOUWA dans la région de Marrakech,  potage ou légère CHORBA à Fès, L’BALBOULA au lait ici et là  …), où le diner est un peu retardé. Généralement il est servi au retour de la mosquée, après la prière de TARAOUIH, acte spirituel grandiose qui fera l’objet du quatrième épisode de ce feuilleton. Particulièrement chez les FASSIS (les habitants de la ville de Fès) un léger potage pris comme entrée avec des dattes est suivi directement du diner sous forme de tagine pour ne prendre au repas du S’HOR (dernier repas de la journée, autorisé à être pris quelque moment avant l’aube) que les fines galettes de pain beurré (LAMKHAMAR) accompagnées de café au lait. Cette dernière recette commence à gagner du terrain à travers toutes les régions.

Les membres de la famille se retrouvaient à cette heure qui est bien précise, ils sont tous assis autour d’une table, accompagnés de la maitresse de maison qui sert aussi ses gosses ayant bien le droit de participer à ce repas, même s’ils n’ont pas encore atteint l’âge où il leur est permis de faire carême et qui l’âge de la puberté. Bien avant ce seuil, et malgré les difficultés rencontrées (faim, soif, maux de tête…) ils trouvent le plaisir à faire carême en jeunant quelques jours pour s’entrainer, particulièrement le vingt septième jour, le jour le plus sacré, suivi des fois des journées restantes, où ils sont incités par les parents. Pour eux c’est aussi un défi.  Ce repas leur sert généralement de diner pour aller se coucher un peu tôt, car les grands ne mangeront qu’au moment du S’HOR. La bonne et affective mère, en avalant, elle les sert tous à tour de rôle, au fur et à mesure qu’elle reçoit et entend des commandes de chacun, par lesquelles elle se trouve chaque fois interpellée : « AMMA ZIDINI LAHRIRA ! »(Mère encore de la HARIRA !) et « AMMA KOUBBILI L’QAHOUA ! » (Mère sert moi le café !) ou encore : « AMMA BARDILI, S’KHOUNA ! » (Me refroidir mère, elle est chaude !). C’est une vrai ambiance familiale qui se crée, où tous les membres de la famille dégustent avec grand plaisir les variétés de cet exceptionnel repas et sentent le plaisir d’être ensemble.

Le père quant à lui, ayant déjà effectué son rôle à l’extérieur de la maison durant une pénible journée, avant d’entamer de manger, il confirme avoir jeûné pour DIEU et de sa nourriture et qu’il vient d’interrompre le jeûne, en balbutiant  en guise de conviction et de satisfaction ce qui suit : « اللهمَّ لكَ صمتُ، وعلى رِزْقِكَ أفطرتُ « et laisse le soin à sa femme d’accomplir son devoir comme elle l’entend.

Quant à moi, il ne me reste qu’à vous souhaiter un bon appétit au F’TOUR de votre sacré jour de carême !) et que DIEU vous accorde ses bénédictions.

A SUIVRE…

Mohammed BOUASSABA / Rabat.

e.mail : angadprojets@gmail.com

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