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Quand ça change, qu’est ce qui change ?

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  Quand ça change, qu’est ce qui change ?

    Il ya quelques mois, on a beaucoup lu et entendu cette phrase : le changement  , c’est maintenant. Mais le temps a passé depuis…Et certains font remarquer que le changement, s’il avait commencé d’avoir lieu, aurait déjà dû produire ses effets. On leur rétorque que tout changement prend nécessairement du temps

Et que ce n’est pas parce que les choses n’ont pas l’air de changer, que leur changement n’est pas en cours. On voit par là que la notion de changement, et ce sur quoi elle porte, et sa vitesse, tout cela se discute. Il faut dire que si on ne précise pas  ce qui va changer, quand on dit  ça va changer, ni à quel rythme cela va se faire,  on reste dans le vague et toutes les appréciations sont possibles.

Puis, il y a une chose bizarre avec le changement, c’est que par obéissance  à lui-même, il est sans cesse condamné à changer sa façon  d’être le changement  pour continuer à l’être. Le changement change les choses, il doit s’adapter sans cesse à ce que les choses sont devenues sous son action pour pouvoir continuer à les changer. Bref   , il doit se changer lui-même s’il veut demeurer.

Peut-être ce que je dis, n’a-t- il pas de sens. Qu’est-ce qu’au juste le changement ?

Les politiques se demandent régulièrement, à propos de tel ou tel personnage important s’il a oui non changé…. Mais aussitôt, ils se reprennent : au fond, il est resté le même. S’il a changé, ce n’est qu’en surface, le naturel qu’il avait voulu changer est revenu au grand galop.

Tout se passerait comme  si on ne pouvait évoquer le changement d’un être qu’en invoquant le fait qu’il n’a  pas  vraiment  changé. Comme si,  pour se dire, la notion de changement avait  besoin de son exact contraire, à savoir l’invariance,  le non – changement.

Valéry Giscard d’Estaing est connu pour avoir inventé l’expression « Changement dans la continuité ».

Formule en vérité bien étrange, puisqu’elle est à la fois un pléonasme et un oxymoron : un pléonasme, car un changement sans continuité serait une rupture, le remplacement de la chose par une autre chose, et non par un changement ;un oxymoron, car s’il y a une stricte continuité au cours du changement, comment pourrait-il y avoir réellement changement au bout du compte ?

Il ne s’agirait tout au plus que d’un aménagement périphérique, d’une modification à la marge, pas d’un changement véritable.

On voit apparaître là  un  dilemme, que les Grecs avaient déjà entrevu. De deux choses l’une : ou bien l’être ou l’objet particulier dont on dit qu’il change demeure le même ; ou bien il a vraiment changé, et alors on ne peut plus dire qu’il est un et le même. Il y aurait comme une incompatibilité entre le principe d’identité de soi à soi et le principe de changement.  Etre ou devenir, être ou changer, il faut choisir. Il faudrait prendre parti.

Heureusement, il est apparu quel le choix n’est peut-être pas aussi cornélien qu’il en a l’air. Car on a compris que changer n’est pas être remplacé, n’est pas cesser  d’être soi, c’est plutôt être soi autrement. Cela montre au passage-chose troublante-que nous ne parvenons à dire le changement qu’au prix d’un jeu verbal, d’un stratagème sémantique  par lequel nous considérons que le sujet du verbe

« changer », cela dont nous disons qu’il change, c’est précisément ce qui ne change pas au cours du changement.

Mais quand nous disons que « changer » , le sujet du verbe « changer », à  savoir x, est précisément ce qui ne change pas dans le changement de x…Le x d’avant le changement demeure le même x d’après le changement…/.

DE VIVE VOIX :Mohammed Essahlaoui

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